Elle n’a pas eu une belle vie, Gabriella. C’est une paumée. Mais une paumée qui s’est toujours battue, et qui a toujours voulu s’en sortir.

Née à Sydney, seule enfant d’une famille aimante. Certes ça ne roulait pas sur l’or, mais quand l’amour est là, ça suffit largement. Mais un jour, Monsieur Bates déclare un cancer, de façon totalement inattendue, et à un stade plutôt inquiétant. Les soins coutent chers, le père ne peut bientôt plus vraiment travailler, et la famille tente tant bien que mal de s’en sortir. Gabriella n’a presque aucun souvenir de son père, emporté par la maladie lorsqu’elle n’avait que trois ans.

A partir de là, c’est la descente aux enfers. La mère de Gabi enchaine les petits boulots, mais ça n’est jamais suffisant. Trop de frais, et des factures qui sortent de nulle part… En désespoir de cause, elle abandonne Gabriella, qui ne comprendra jamais vraiment cet acte.

Gabriella, elle sourit peu. Elle n’est pas joyeuse comme devrait vraiment l’être une enfant. Parce que malgré son jeune âge, elle sait que rien de tout ça n’est normal. Forcément, elle ne donne malgré elle pas envie d’être adoptée, d’être choisie. Alors elle est trimballée de foyer en foyer, ou son comportement est toujours le même au fur et à mesure des années, un je m’en foutisme constant. De l’insolence. En soi, simplement des mécanismes de défense développés à cause des moments difficiles.

Une fois en l’âge de travailler, elle devient serveuse, puis vendeuse dans des petites boutiques, baby sitter parfois… Tout ce qu’elle pouvait. Elle voulait réussir là ou sa mère avait abandonné. Le but ? Amasser l’argent nécessaire pour partir loin, très loin. Et elle finit par y parvenir.

Elle ne sait même pas pourquoi elle a choisi Miami. Le hasard. Un sentiment qui la guidait vers là bas. Elle démarre des études, en travaillant toujours à côté dès qu’elle le peut. Gabi choisit d’étudier les langues et le tourisme, un milieu qu’elle trouve intéressant et qui n’est pas encore trop compliqué. La vie commence alors à prendre un autre tournant et la jeune femme se sent de mieux en mieux.

Puis vint Gabriel. Cet homme qui bouleversa sa vie. Ils sortent rapidement ensemble et sont plutôt heureux. La brune finit par tomber enceinte de façon accidentelle. Mais cette grossesse réveille quelque chose en elle. Une évidence. Comme si elle était faite pour être mère, et qu’elle se rendait compte que toute sa vie, elle avait attendu ce moment sans le savoir. Mais Gabriel prend peur et fuit. Gabi est dévastée. Alors que tout commençait à s’illuminer un peu dans sa vie, l’ombre revenait dans le tableau. Gabriel revient, à peine deux jours plus tard. Mais il ne veut pas être père. Gabriella ne prend pas réellement ça au sérieux, et voit seulement ça comme de la peur. Lors de la première échographie, il change d’avis.

Gabriella vit plutôt bien sa grossesse. En fait, elle n’a jamais été aussi heureuse qu’enceinte. Pour une fois sa vie semble suivre un réel chemin. Puis tout s’effondre. Gabriella perd le bébé au bout du septième mois. Lorsqu’elle apprend ça lors d’une simple visite de contrôle, elle se sent sombrer.  Le coeur de son bébé s’est arrêté. Elle devra l’accoucher mort né. Tout en pâtit. La jeune femme perd tout ses repères. Sa relation avec Gabriel se dégrade, et rien ne va plus. Elle part en hôpital psychiatrique ou elle est suivie chaque jour. Elle ne se renferme même pas et parle, beaucoup. Elle dévoile tout, tout ce qu’elle cache habituellement. L’abandon de sa mère, la mort de son père, le bonheur qu’être maman lui aurait apporté. Au bout de deux ans, elle sort. Deux ans ou sa fragilité semblait encore à fleur de peau. Elle ne pouvait seulement pas y rester éternellement... Mais une fois sortie, Gabriella développe une espèce de phase maniaque, une euphorie qui la poussera à nouveau à sa perte.

Gabriella n’a qu’une idée, un objectif, avoir un nouveau bébé. Réussir une grossesse. Elle est persuadée que son bonheur ne se trouvera que dans le fait de devenir mère. Elle n’est alors plus que l’ombre d’elle même, à l’air d’une folle. On la surprend en train de faire les boutiques de maternité alors qu’elle n’est même pas enceinte. Elle harcèle Gabriel dans l’espoir de retomber enceinte. Et c’est lui, son sauveur. Mais pas de la façon dont elle le pense. Gabriel la fait interner de force. Il n’y a plus d’ordre choix si elle ne veut pas se perdre définitivement. Et si les grossesses, les enfants et l’abandon restent des sujets sensibles pour Gabriella, après six nouveaux mois d’internement, elle est prête à reprendre sa vie. Sainement, et pour de bon cette fois.