Petite fille sage tu seras … Adolescente rebelle tu deviendras.

Je ne peux pas dire que je me souvienne grand-chose de mon enfance. J’ai peu de souvenirs de cette période-là. Mes parents ont souvent dit que j’avais été la plus adorable des petites filles. Mon père aime dire que ce fut le calme avant la tempête. Si les 13 premières années de ma vie s’étaient passées sans accroche, les cinq suivantes ne furent pas de tout repos.

J’intégrai un lycée privé catholique réputée de New-York, dans laquelle tous les enfants des plus riches habitants de l’uper west side allaient. Cette école était très bien, l’enseignement y était de qualité, les professeurs très bienveillants mais pour ce qui était des élèves c’état tout autre chose … Je fus très rapidement intégré au cercle le plus populaire de l’école et qui disait popularité, disait aussi image. Je ne saurais pas trop dire comment, ni pourquoi, ni quand ce pseudo-groupe d’amis commença à avoir une mauvaise influence sur moi. Sans doute que c’était arrivé doucement et personne n’avait rien vu venir. Mes parents avaient toujours eu une entière confiance en moi et je pense qu’ils ne se sont pas doutés quel type de gens je fréquentais. Tous les week-ends je partais faire la fête dans d’immenses appartement, sans la moindre surveillance parentale. Je tombai rapidement dans l’alcool et la drogue (Marijuana, MDMA). Avec le recul, je me demande même aujourd’hui comment j’ai pu faire pour continuer à obtenir des notes quasi excellentes dans mes cours. Et c’est sans doute ça aussi qui empêcha mes parents de voir que je tombais de plus en plus bas.

Un soir alors que je participais à une énième soirée dans un bar clandestin pour notre jeunesse dorée, je le rencontrai. Jonas. Il était beaucoup plus âgé que mes dix-sept petites roses mais je m’en fichais. Il y avait eu cette alchimie entre nous lors de cet échange de regard que je ne pourrais jamais oublier. En faite, quelque part, je ne souhaitais ne jamais l’oublier car ce fut unique des expériences avec un autre être humain. J’avais fréquenté des garçons auparavant, mais avec lui c’était différent. Peut-être était-ce cette différence d’âge qui rendait les choses plus exaltantes, ou bien parce que je savais quelque part que si mes parents l’apprenaient cela les mettrais sans doute en colère. Très rapidement, il arriva ce qu’il arriva quand on était jeunes et insouciants et qu’on avait une vie sexuelle plus qu’épanouie sans protection … un bébé. Mes parents me sommèrent d’avorter mais je refusai. Cet enfant était le fruit de sentiments véritables et il était hors de question que je le fasse disparaitre. Je quittai la maison pour aller vivre ma vie avec Jonas. Nous qui avions toujours connus la richesse et le confort, voilà que nous tombions dans la misère. La beauté des premières heures de notre relation laissa place à de vives orages entre nous. Avoir un enfant, sans un sou, sans diplôme c’était loin d’être facile. De plus, je commençai à douter de ma capacité à être mère alors que j’étais tout jeune majeure.

Le 25 décembre 2011 un petit garçon pointa le bout de son nez. J’aurais du être heureuse. J’avais voulu cet enfant. Mais je n’y arrivais pas. Le chamboulement de mes hormones en moi ne me faisait pas ressentir ce que j’aurais aimé ressentir pour lui. Ce ne fut malheureusement pas le plus beau cadeau de toute ma vie … J’avais l’impression de ne pas être à la hauteur, de ne jamais rien fait de correct. On disait que la maternité c’était inné, que l’instinct me guiderait mais c’était faux. J’en avais clairement pas. Toute cette dépendance de la part de ce petit être sans défense c’était beaucoup trop pour moi. J’étouffais dans cette vie. Un matin, je fis ma valise et quitta Jonas et le bébé, laissant juste un mot sur la table.

Je retournai chez mes parents décidés à prendre un nouveau départ. Je changeai de numéro et parti en France dans un pensionnat, là où l’on ne me demanderait pas pourquoi j’avais disparu pendant deux ans. Les relations avec mes parents avaient changé et je savais qu’il valait mieux pour moi que je m’éloigne. Les rumeurs avaient couru pendant mon absence et cela n’avait guère plût. L’image et la réputation m’avait paru être plus important que la bonne santé de leur fille sur le moment …


De l’adolescente rebelle … à la femme indépendante.

Je terminai mon lycée en France puis revint à l’université de Columbia aux Etats-Unis. J’intégra une sororité et tomba de nouveau dans le monde de la fête. Seulement cette fois, hors de question de me faire de nouveau avoir par de beaux yeux. Non, il n’était question plus que d’amusement et rien de plus. Je décrochai mon diplôme en journalisme trois ans plus tard (2016).

De là, je décidai de partir à Miami. Je ne voulais plus avoir à faire avec ma famille. Des nouvelles de temps en temps pour s’assurer que tous le monde était encore en vie. Un diner de noël tous les deux ans et puis c’était tout. Je me trouvais un job dans un magazine féminin au courant très féministe « Savage Woman ». Je vis avec Pascal mon caméléon dans un petit appartement au bord de mer en se tournant essentiellement vers son avenir, sans penser à son passé.

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