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 We're just outdated children, but still [16 juin] ft Juliet

 :: Saison douze - treize :: sujets et autres

Dean Hassani
Dean Hassani
Desigual

- messages : 4538
- feat. & crédit : Phoom Naret Promphaopun
- anniversaire : 19/11/1994
- activité : Il a longtemps rencontré des difficultés, et le manque de motivation l'a conduit à s'engager très tôt dans l'armée. Aujourd'hui, il a l'honneur et la fierté de faire partie d'un bataillon des forces spéciales américaines. Au grand damne de ses parents adoptifs, il s'est même décidé à gagner du galon. .
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(#)Sujet: We're just outdated children, but still [16 juin] ft Juliet  |   Mer 16 Juin - 15:19
Comme la veille, Dean avait commencé sa journée en accompagnant Yaël jusqu'aux portes de l'hôpital où elle travaillait. Si, d'habitude, il préférait la quitter une ou deux rues plus tôt, aujourd'hui la météo de la mi-juin leur permettait de faire quelques pas supplémentaires ensemble, en toute discrétion, sous un parapluie gris foncé. Il lui avait promis de venir la chercher, sans omettre de la charrier avec un : sauf si tu t'inquiètes encore que mes jambes ne le supportent pas. Ces quelques mots avaient fait écho au message qu'elle lui avait envoyé le jour précédent, dans lequel elle avait insinué l'embêter avec tous ces allers-retours ; comme si ça avait déjà été le cas. Elle avait montré cet air boudeur qui lui était propre, puis avait confirmé qu'ils se reverraient aussitôt ses responsabilités professionnelles terminées.

Il avait ensuite retrouvé l'appartement de ses parents, là où il avait grandi, et où il passait la majeure partie de ses permissions depuis l'été dernier. A vingt-six ans, cela paraissait étrange aux yeux de beaucoup, surtout lorsqu'on savait que quatre de ses frères et sœurs avaient pris la porte dès leur majorité, ou très peu de temps après, une fois mariés. S'ajoutaient à cela les privilèges qu'offrait l'armée, dont un appartement tous frais payés, et qui aidaient à prendre son envol. Mais Dean n'en avait jamais vu l'utilité. Célibataire et sans enfant, il ne se voyait pas bloquer un logement, encore moins pour le peu de semaines qu'il passait sur le continent. Autre détail important : il n'aurait su dans quel état s'établir, car la Floride n'avait pas toujours été son choix de prédilection ; maintenant qu'il avait repris contact avec sa famille, Miami semblait davantage être une évidence.

Il n'avait rien prévu pour combler le vide de la journée, et la pluie n'aidait pas. En pleine semaine, il était rare que ses anciens camarades de collège soient disponibles pour le voir, car ils travaillaient. Il pouvait toujours se rendre chez l'une de ses deux sœurs, puisqu'elles n'avaient pas d'emploi, mais elles étaient souvent chez leurs beaux-parents, ou visitaient leurs copines. Quant aux belles-sœurs, il n'était pas très bien vu, dans leur religion, de s'inviter en l'absence des époux, surtout lorsqu'on était un homme. Les enfants étant à l'école, il ne pouvait profiter d'eux non plus. C'était ce qui arrivait le plus souvent lorsque ses congés tombaient entre le lundi et le vendredi. Dean détestait s'ennuyer, lui qui était avant tout un homme d'action ; on pouvait alors comprendre que les missions militaires pouvaient beaucoup lui manquer dans ces moments-là.

Il s'était décidé à ouvrir l'ordinateur de Soraya, sa troisième sœur, de deux ans son aînée. Absente du foyer pour avoir trouvé un boulot tout aussi éphémère que le précédent, elle avait tout de même cédé son bien le plus précieux au militaire, dans l'espoir qu'il puisse lui tenir compagnie. Il avait alors fouiné dans les propositions Netflix afin de trouver un feuilleton à dévorer, mais Dean n'étant pas cinéphile, il s'était lassé au bout de deux épisodes, se promettant de préférer les films aux interminables saisons de séries la prochaine fois ; il n'y avait qu'auprès de Yaël que ça paraissait être intéressant. Un énième soupir avait rejoint la ribambelle de souffles chauds qui l'avaient précédé, avant qu'il ne se décide à prendre son téléphone en main pour envoyer quelques SMS à sa belle. Il avait prié pour qu'elle ne soit pas positionnée sur une longue chirurgie.

Allongé sur le dos, il avait contemplé longuement les fissures qui s'étaient formées sur le plafond. Immobile comme lorsqu'il était dépêché à cueillir des informations visuelles en zone dangereuse, son corps avait repris vie qu'au moment où il avait été appelé à déjeuner par la voix rassurante et connue de sa mère adoptive, iranienne d'origine. Il s'était levé du lit et avait rejoint la table une fois ses mains lavées. Autour de celle-ci, il s'était tu et avait simplement écouté les Hassani échanger quelques phrases brèves. Depuis qu'il avait décidé de rejoindre l'armée, ses parents et lui n'avaient plus grand-chose sur quoi converser, ils semblaient éviter d'inviter tout risque de tensions entre eux, et préféraient ainsi choisir le silence.

Seulement voilà, une idée d'activité germa soudainement dans son esprit, et Dean n'eut d'autre option que de couper court au mutisme général. Je vais aller à l'orphelinat cet aprem, prévint-il, ça fait un bail que je n'y suis pas retourné. Dans leur communauté, il était important de donner de soi sans rien n'attendre en retour, et le soldat avait sans cesse envoyer de quoi aider sa famille à subvenir à leurs besoins, mais également à quelques structures ou associations locales. Savoir son enfant faire preuve d'autant de générosité était une fierté, cela montrait à quel point leur éducation avait été bonne. Pour autant, il y avait une certaine retenue à avouer les bonnes actions effectuées, et certains mots n'étaient jamais employés dans ce sens. Un hochement de tête du patriarche et un sourire timide de Madame suffirent à acquiescer son action.

Il partit de son quartier aux alentours de quatorze heures sous un ciel gris et humide, paré d'une simple surchemise en tweed ouverte sur son T-shirt blanc. Il connaissait le trajet qui menait à l'orphelinat par cœur, si bien qu'il n'eut pas besoin de l'option GPS de son téléphone portable. Il y avait de ces endroits qu'il ne retrouvait pas facilement après avoir passé presque sept années loin de Miami, mais celui-ci n'en faisait nullement partie. Il emprunta les bus plus que le métro, car malgré la pluie, les températures n'avaient pas tant chuté que ça. Il prit un titre de transport et un siège dans chacun d'eux, se laissant guider à travers la ville jusqu'à son point d'arrivée. Il sortit du long véhicule, et fit quelques centaines de mètres supplémentaires avant de passer les portes; à la deuxième, il s'annonça au vigile et accepta une fouille au corps.

Connu de la dame de l'accueil, il s'avança directement vers le comptoir qui était le sien et tapota gentiment sur le bois pour l'inviter à lever la tête vers lui. Lorsque leurs regards se croisèrent, les yeux de la plus âgée s'écarquillèrent de surprise, et Dean ne put que rire face à sa réaction. Toi, ici, fit-elle, toute déboussolée de le revoir dans les locaux. Ça fait un moment, il paraît, joua-t-il avec les mots, tout en posant ses avant-bras sur le meuble, ça n'a pas vraiment changé ici. Ils attendent quoi pour faire des rénovations, interrogea-t-il sa vis-à-vis qui, plutôt que de répondre, soupira longuement ; les budgets étaient vus à la baisse, comme toujours. Je viens faire ce que j'ai à faire, coupa-t-il court au sujet qui fâche, tout en se redressant pour choper le porte-feuille qu'il avait glissé dans la poche arrière de son jeans troué.

Comme d'hab', dit-il lorsqu'il céda l'argent d'une valeur quasi équivalente à son salaire entier du mois de février, je repasserai de toute façon ; c'était une promesse qu'il tenait toujours. Tu devrais rester un peu au moins, rien que pour croiser l'équipe et les enfants, tenta la quinquagénaire, ce qui le fit hésiter. Et, lorsqu'il allait pour refuser l'invitation, des haussements de voix l'en empêchèrent. Il tourna la tête vers leur provenance quand il vit foncer, droit sur lui, une fillette bien décidée à s'extirper des mains d'adultes en service. Il recula à temps du comptoir pour l'attraper avant qu'elle ne le contourne ; on remerciera ses réflexes plus tard. Elle le supplia alors de la lâcher, mais il répliqua : pas encore cette fois. Tiffen était bien connue de l'équipe, à chaque fois que l'heure de prise de médicaments approchait, elle essayait de s'échapper.

Son frère jumeau et le personnel arrivèrent enfin. Âgés tous deux de sept ans, Dean les connaissait pour avoir passer du temps avec eux l'année passée, et il avait été témoin de leur admission alors qu'ils n'étaient encore que deux tout petits bébés. La maladie de Tiffen avait de quoi freiner son adoption, car le traitement quotidien qu'elle se devait de prendre coûtait cher, et il était hors de question de séparer Sébastian de sa jumelle. Ils étaient destinés à finir leur vie à l'orphelinat, jusqu'à être lâchés dans la nature une fois l'âge atteint ; Dean priait beaucoup pour qu'une belle âme s'arrête sur eux. Le militaire défit son étreinte une fois la petite en sûreté avec la soignante, et il leva les yeux sur les personnes majeures qui lui faisaient face. Étrange, l'une d'entre elles lui semblait familière, mais il ne sut dire d'où.

T'es venu jouer au basket avec nous, fit Sébastian, sortant l'asiatique de ses pensées. Ce dernier fit quelques grimaces qui se voulaient négatives, mais Mary gratta sa gorge avant d'adresser un signe insistant à son « grand garçon ». Bon, laissa-t-il sortir après quelques secondes de silence pendant lesquelles le petit homme avait agrippé un bout de tissus de sa surchemise, peut-être un peu, si ça ne dérange pas, lança-t-il à la personne qui semblait s'occuper du petit groupe.

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@Juliet Tremblay
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Juliet Tremblay
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- activité : le petit papillon s'est posé dans un champs de fleurs pour s'épanouir (vendeuse chez un fleuriste depuis le 13/08/21).
- double compte : Eden, le calme avant la tempête.
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(#)Sujet: Re: We're just outdated children, but still [16 juin] ft Juliet  |   Mar 22 Juin - 15:38

( we're just outdated children, but still )
@Dean Hassani
Passer d’un monde à un autre, en l’espace d’une journée, n’était pas l’épreuve la plus simple qui soit. C’était même tout l’inverse, et Juliet avait beaucoup de mal à s’adapter à la vie mouvementée de Miami, après avoir connu une certaine stabilité et tranquillité là où elle se trouvait avant, bien plus au nord du pays, près de la frontière canadienne. Auparavant, son quotidien était rythmé par une certaine routine, presque les mêmes gestes chaque jour, les mêmes responsabilités, les mêmes tâches à exécuter et surtout les mêmes personnes. Elle n’avait pas besoin de se poser trente-six questions, ses mouvements étaient spontanés, irréfléchis, comme si son cerveau était réglé en pilotage automatique. Et ça lui convenait, car elle n’avait connu que cette façon de faire, d’exister. Mais il y avait eu cette journée. En un claquement de doigt, le chaos, et tout ce qui constituait les fondations de son quotidien s’était écroulé sous ses pieds.
Le climat humide et frais que la belle avait toujours connu était devenu un air sec et étouffant. La verdure que l’on pourrait associer aux belles forêts était devenue des arbres appelés palmiers, avec l’herbe remplacée par du bitume ou des kilomètres de sable fin. Tous les visages qu’elle avait connus étaient désormais des inconnus, des personnes avec qui elle ne pouvait converser, faute de sujets communs à partager. Et l’environnement familier était devenu une belle maison, où vivaient son grand frère Ugo, et sa belle-soeur April. Des personnes que la plus jeune des Tremblay ne connaissait pas, il y a encore quelques mois, et qui étaient à présent sa famille. Pour une personne extérieure, ce serait comme revivre l’histoire de Cendrillon. La pauvre et malheureuse jeune femme qui trouve son sauveur, et découvre les joies de la vraie vie, du luxe et de la simplicité. Sauf que pour Juliet, les impressions étaient différentes. Elle ne voyait pas ça comme une chance, comme la fin d’un calvaire et d’un retour à la réalité. C’était l’inverse, car cette réalité était nouvelle pour elle, hostile, incompréhensible. Au final, la jeune femme qui devrait profiter de cette nouvelle chance avait beaucoup de mal à s’épanouir, malgré toute l’aide extérieure qu’elle recevait. Juliet n’était pourtant pas malheureuse. Elle trouvait du réconfort dans certains petits détails, des plaisirs nouveaux qu’elle n’avait jamais connus avant d’arriver en Floride. La lecture, et l'inépuisable source d’ouvrages. Des mets culinaires divers et variés. Des activités et des loisirs associés à la ville, comme la natation, les rollers ou le surfs. Pour résumer, Juliet avait la sensation d’être au milieu de quelque chose. Un pied encore dans sa vie d’avant, et l’autre dans celle qu’elle pourrait avoir. Le hic, c’était de ne pas savoir lequel bouger, choisir la bonne direction. Pour l’instant, cette position n’était pas encore trop désagréable, mais à force, elle risquerait le grand écart.

Dans son adaptation, Juliet avait réussi à trouver une petite bulle d’oxygène. Ugo, son frère aîné, était fixé sur l’idée que sa sœur puisse s’ouvrir aux autres, partager avec d’autres personnes, par le biais d’une passion commune. Une idée qui faisait encore grincer des dents la jeune femme, qui voyait ses quelques passions comme un jardin privé, sans ressentir le besoin de les partager avec qui que ce soit. Mais ayant constaté la bonne intention de son aîné, elle avait consenti à sortir de la maison quelques heures par semaine pour aider les autres, et en particulier les enfants dans le besoin. De là où elle vient, Juliet passait le plus clair de son temps à gérer les mini humains. Les choses étaient plus simples avec eux. L’innocence d’un enfant pouvait être une bouffée d’air quand on vivait dans un monde où les adultes étaient brutaux, avec très peu de respect pour les femmes. Naturellement, la jeune femme avait eu envie de retrouver ce sentiment de liberté, de fraicheur, le temps d’une heure ou deux par-ci et par là. Si elle avait du mal à se faire une place dans cette société, ça avait été très simple de s’en faire une dans l’un des orphelinats de la ville, auprès des enfants. Grâce à Ugo, Juliet avait pu montrer patte blanche et intégrer l’une des équipes de bénévolat.
Cela faisait déjà quelques semaines que la belle venait de temps en temps. Le feeling passait bien avec les enfants, plus avec certains mais ça, c’était également le cas quand elle se trouvait dans la secte. Chaque individu avait un comportement propre à lui, et il pouvait arriver que deux personnalités ne soient pas compatibles. Adulte ou enfant, il n’y avait aucune différence. En ce mercredi, Juliet ne dérogeait pas à la règle, et avait répondu présente. Les enfants étaient un peu agités, probablement à cause de la mauvaise météo. Cette pluie mettait du baume au coeur à la jeune femme, qui avait un peu de mal à se faire aux fortes températures, et au soleil cuisant presque chaque jour. Grâce à l’humidité, elle avait l’impression de pouvoir respirer, même si c’était une sensation passagère, car il y avait une certaine lourdeur dans l’air. Une désagréable sensation qui agitait également les enfants. Cette session de bénévolat serait un peu plus sportive que les autres fois. Cela commençait par Tiffen qui tentait de s’échapper, car elle ne voulait pas prendre son traitement. Suivie de près par son frère jumeau, qui ne quittait jamais sa petite sœur. Et ainsi de suite, jusqu’à ne presque plus avoir aucun enfant dans le groupe de Juliet, qui devait se résoudre à quitter sa place pour comprendre d’où venait cette agitation. Dans le couloir se trouvait un homme qu’elle n’avait jamais vu. Son visage ne lui disait pas grand chose en tout cas. Avec le nombre de nouveaux visages qu’elle voyait chaque jour, ce n’était pas si étonnant. Lui semblait connaître les lieux, et la plupart des enfants. L’un d’eux le sollicita pour faire une partie de basket, une demande qui semblait le faire hésiter, jusqu’à demander l’accord de Juliet. Du moins, le regard qu’il posait sur elle lui faisait comprendre que la question lui était destinée. « Ce n’est pas à moi qu’il faut demander la permission, je suis encore nouvelle ici. » dit-elle en levant les mains devant elle, comme pour se dédouaner de toutes responsabilités. Elle n’avait aucun statut ici, son rôle était de tenir compagnie aux enfants, comme une grande sœur, rien de plus. « Tout ce que je peux dire, c’est que la pluie ne se prête pas à un jeu d’extérieur, si c’était vos intentions. » Elle avait déjà entendu le mot basket, alors elle ne se sentait pas complètement ignorante non plus, mais pour le reste, elle préférait laisser le personnel de l’orphelinat gérer, pour ne pas être à l’origine d’un incident. « Tu peux me coiffer ? » lui demanda alors une petite fille répondant au doux nom Mily. Elle avait quatre ans, et un petit zozotement sur la langue parfois. De quoi faire fondre n’importe qui. « Oui, je peux te coiffer, si tu me dis comment. » dit alors Juliet, en se mettant à la hauteur de la petite fille pour la prendre dans ses bras. « Comme Elsa, dans la Reine des Neiges !! » La réponse avait le mérite d’être claire, et de faire rire légèrement la jeune femme, car elle n’avait malheureusement pas la référence. « D’accord, mais je ne connais pas Elsa, donc il va falloir que tu m’expliques comment elle est coiffée… » avoua la plus jeune des Tremblay, tout en tournant les talons pour retourner dans la pièce où elle se trouvait précédemment, pour visiblement débuter un atelier de coiffure improvisé.  

( Pando )
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Dean Hassani
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(#)Sujet: Re: We're just outdated children, but still [16 juin] ft Juliet  |   Jeu 24 Juin - 10:36
Nouvelle ? Alors ce n'était clairement pas au sein de l'orphelinat qu'il l'avait sans doute déjà croisée. Dean avait une excellente mémoire visuelle, de celles capables d'enregistrer le faciès de chacune des personnes ayant croisé sa route, qu'elles soient d'ici ou d'ailleurs. Et il fallait dire qu'il y en avait eu depuis qu'il avait signé avec l'armée, tant et si bien qu'il ne pouvait pas toujours mettre un nom ou un lieu sur ces dits visages. C'était ainsi le cas pour cette jeune femme qui était restée un peu en retrait de la scène, mais qu'il avait sentie proche des enfants venus soutenir Tiffen dans sa prise de médicaments. Elle n'a pas tort, fit-il remarquer à Sébastian qui perdit son enthousiasme, et troqua son sourire contre un long soupir, avant de marmonner ô combien il détestait la pluie et tout ce qui l'empêchait de pouvoir s'amuser.

Il fallait vite penser à trouver une activité de secours avant que la déception ne gagne le groupe tout entier telle une bactérie en pleine prolifération. Et ce fut à ce moment précis qu'une petite puce aux yeux pourvus de longs cils épais se tourna vers « la nouvelle » pour lui réclamer une coiffure digne de princesses de dessin-animé. Dean se rappelait avoir déjà été invité par ses nièces à se prêter à l'exercice, non pas pour faire valoir son talent de coiffeur, mais pour être le cobaye de ces demoiselles. L'idée n'avait pas été déplaisante, car ça avait eu le don de faire rire la galerie, mais Sébastian répliqua aussitôt : hors de question qu'on joue à un truc de filles, nous. C'était ce qui arrivait lorsqu'on lui donnait l'opportunité d'être entouré par un homme, peut-être parce qu'il lui manquait un peu de ce repère masculin.

Il y a toujours la malle de déguisements dans la salle de jeu, demanda Dean, traversé soudainement par une idée qui pourrait faire s'amuser les garçons et les filles, ensemble. La réponse positive reçue, tout en emboîtant le pas de la jeune femme et d'autres enfants, il proposa : et si on mettait en place une scène de théâtre ? Vous pourriez jouer devant tout le monde avant de prendre le goûter. Ce jeu de rôle sembla faire l'unanimité puisque des sauts de cabris accompagnèrent les cris joyeux et impatients des petits. Moi, je veux être une pirate, dit une des gamines du groupe, heureuse de pouvoir se mettre dans la peau d'un autre personnage, reprise aussitôt par Sébastian qui ne pouvait l'imaginer déguiser autrement qu'en princesse. Stop, stop, stop, arrêta-t-il les premiers jugements, chacun pourra choisir le personnage qu'il voudra incarner.

D'ailleurs, prit-il un ton rempli de suspens avant de murmurer : j'ai déjà rencontré une pirate. Les yeux des enfants s'écarquillèrent aussitôt, stupéfaits. Ici même, mit-il ensuite son doigt au niveau de ses lèvres, pour signifier aux mini-pousses qu'il s'agissait d'un secret, et je crois bien qu'elle a caché un trésor qui ne peut être ouvert que si garçons et filles travaillent ensemble sur cette pièce de théâtre, alors on ne perd pas une minute, s'exclama-t-il. Exclamation qui eut le don de faire courir la ribambelle de gamins jusqu'à la pièce d'amusement. Dean ne put s'empêcher de rire gaiement, témoin de leur pureté et leur bon entrain, avant de gagner les mètres qui le séparaient du duo, et il se tourna vers Mily. Il me semblait t'avoir vue avec une poupée Elsa la dernière fois, spécifia-t-il, tu devrais aller la chercher.

Un bon moyen de pallier à la difficulté qu'elle aurait d'expliquer comment cette dernière était apprêtée, si bien qu'elle hocha la tête et demanda à être posée pour s'affairer à la tâche. Elles sont toutes accro à la « Reine des Neiges », adressa-t-il alors à celle qui prenait soin de leur faire passer de bons moments, je n'ai jamais vu un dessin-animé avoir autant de succès, pourtant il y en a des tonnes qui content l'histoire d'une princesse. Et on n'avait pas assez d'une paire de mains pour les énumérer, d'ailleurs. Vous ne connaissez vraiment pas, interrogea-t-il sa voisine, plutôt surpris,  parce que... qui ne connaissait pas ? Vous devriez vous y mettre, ça se laisse regarder, lui conseilla-t-il ensuite ; même lui s'était prêté au visionnage. J'espère, en tout cas, que vous êtes douée en coiffure, la prévint-il que ça n'avait rien d'évident.

Ils arrivèrent ensemble et, à peine l'entrebâillement de la porte passé, ils purent constater l'engouement qu'avait lancé le projet. Le coffre avait été pris d'assaut, et chacun avait plus ou moins une idée de déguisement en tête. Dean contempla le dragon à pois multicolore rugir de colère face à un chevalier muni d'une épée, qui protégeait un petit chien aux oreilles tombantes, satisfait. Puis il demanda : et vous, vous voulez être déguisée en quoi ? Oui, il s'adressait bien à la jeune femme aux cheveux bruns ; ne devaient-ils pas s'inclure dans le jeu, eux aussi ?

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@Juliet Tremblay
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Juliet Tremblay
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(#)Sujet: Re: We're just outdated children, but still [16 juin] ft Juliet  |   Lun 5 Juil - 10:28

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@Dean Hassani
Si la future activité était toute trouvée pour Juliet, grâce à la demande de la petite Mily, ce n’était pas le cas des autres enfants, un peu plus grands. Certains avaient eu envie de profiter de cette présence masculine pour s’adonner à une activité un peu plus sportive, mais malheureusement, la météo semblait capricieuse aujourd’hui, en Floride. Le ciel était gris, la pluie tombait par averse de temps à autre. Des conditions loin d’être idéales pour sortir à l’extérieur. Et la dernière chose souhaitée par le personnel de l’orphelinat était d’avoir plusieurs enfants atteints d’un rhume passager. Des enfants de mauvaise humeur, ça allait. Mais des enfants à l’humeur bougonne doublés d’un rhume, il faudrait beaucoup de patience pour parvenir à les occuper, et ça, ce n’était pas donné à tout le monde. Une chance pour ce beau monde, le nouveau venu semblait avoir des idées plein la tête, et l’une d’elles fit le bonheur de la petite troupe. Une idée que Juliet n’aurait pas spécialement pu avoir. Sa présence dans ces lieux était encore récente, sans compter ses connaissances assez limitées en matière de jeux dans cette société. C’était à se demander comment elle avait pu décrocher une place ici, non ? Tout simplement car elle n’était pas payée, elle le faisait gracieusement, avec le sourire. D’autant que l’aspect psychologique de son profil était un atout avec certains enfants. Ce que la belle avait vécu par le passé pouvait servir, elle pouvait être l’oreille à l’écoute manquante dans le personnel, un visage familier et rassurant à qui se confier, plutôt que de devoir s’ouvrir à un inconnu sous prétexte qu’il avait les diplômes nécessaires pour comprendre. Les diplômes devaient avoir une certaine utilité ici, Juliet n’en doutait pas, mais elle était la preuve vivante que l’expérience pouvait faire la différence, qu’on pouvait se démarquer de cette façon, en ayant appris sur le terrain, plutôt que dans une tonne de bouquins. Elle adorait lire, c’était son échappatoire, mais elle avait conscience dans un coin de son esprit que ça ne serait jamais suffisant, que tôt ou tard, il faudra sauter le pas pour vivre sa vie, plutôt que de l’imaginer.

Si la majorité des enfants étaient captivés par le discours de cet homme, Juliet se retrouvait un peu embêtée par la demande si particulière de la charmante Mily. Elle avait une idée précise de la coiffure qu’elle désirait, mais le nom qu’elle évoquait ne faisait aucun écho dans le cerveau de la Tremblay. Elle n’était pas encore parvenue à se mettre à la page dans les films, les séries, et encore moins les dessin animé destinés à un jeune public. Par chance, elle avait un très bon imaginaire, et avec les explications adéquates, Juliet était certaine de pouvoir faire des merveilles. Pourtant, l’intervention de cet homme toujours sans nom allait lui être d’une aide précieuse, car il suggéra à l’enfant d’aller chercher une poupée Elsa dans sa chambre pour que la jeune femme puisse s’en inspirer. Il n’en fallait pas plus pour que Mily demande à être posée sur le sol, ce que Juliet fit sans tarder, pour ne pas risquer de subir le débordement d’énergie de l’enfant. « Ça semble être une chose difficile à croire, mais non. Je ne connais pas cette “Reine des Neiges”. Je suis un cas à part, mais je vais noter précieusement que c’est un classique à ne pas manquer. Et que j’ai tout intérêt à être attentive aux coiffures d’Elsa, pour pouvoir faire le bonheur des princesses de l’établissement. » Pour arriver à un tel niveau, nul doute que la jeune femme allait devoir regarder plusieurs fois ce dessin animé, mais elle ne savait pas encore quand. Plusieurs mois déjà qu’elle était en ville, et pour l’instant, elle n’avait pas encore sauté le pas des films. Ce loisir n’avait pas d’attrait pour Juliet, qui gardait ses distances, préférant donner la priorité aux livres, et à de rares moments, l’apprivoisement de l’ordinateur offert par son meilleur-ami, pour permettre à la jeune femme de découvrir le monde en douceur, sans mettre le pied dehors. « Ne vous en faites pas, je suis douée avec doigts. Si elle voulait me demander une coiffure avec des fleurs, et des centaines de nattes sur sa tête, je pourrais le lui faire. Juste à savoir si elle aura la patience d’attendre. Je ne suis pas ici depuis longtemps, mais j’ai pu constater que certains enfants ne tenaient pas en place. Il faudrait peut-être réduire les doses de jus d’orange le matin. » dit-elle, en affichant un sourire discret, le regard posé sur les petites têtes blondes qui s’agitaient dans tous les sens dans la pièce. C’était agréable de la voir ainsi, l’esprit occupé sur un plaisir enfantin plutôt que sur les soucis de leur quotidien.

Les mots de l’homme sortirent Juliet de son état second. Des mots qui mirent quelques secondes avant d’arriver dans le cerveau de Juliet, puis quelques secondes supplémentaires pour prendre un sens, avant qu’elle affiche un visage surpris. « J’ai déjà l’impression de jouer un rôle au quotidien, alors je crois que je vais passer mon tour pour cette fois. Après, si de petits yeux larmoyants viennent me voir pour que je porte un diadème, je pourrais me laisser convaincre. » Son rôle était de divertir les enfants, d’occuper leur journée pour qu’à la fin de celle-ci, ils aient des étoiles dans les yeux, plutôt que l’esprit embrumé de nuages gris. Si pour cela, Juliet devait accepter de porter un accessoire, elle le ferait. Le sourire d’un enfant était la plus belle des récompenses. « Et vous, vous allez endosser le costume d’un pirate ? Celui que vous avez déjà rencontré ici même. » Oui, elle avait entendu sa discussion avec les enfants, même si elle était occupée avec Mily à ce moment-là. « Je m’appelle Juliet, au fait. Je ne travaille pas ici, pas comme certaines personnes, je viens seulement sur mon temps libre pour jouer avec les enfants. » dit-elle alors, se rappelant qu’il était d’usage ici de se présenter avant de réellement entamer une discussion. Une habitude que la belle n’avait pas encore totalement acquise, notamment à cause de cette crainte qu’elle avait de l’autre, des inconnus.

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(#)Sujet: Re: We're just outdated children, but still [16 juin] ft Juliet  |   Lun 12 Juil - 12:10
Impressionné, ça avait été ainsi que Dean s'était senti lorsque la jeune femme, à qui il emboîtait le pas, avait avoué être douée pour produire des coiffures très élaborées sur les têtes de fillettes. A l'entendre, il avait pu imaginer des mèches de cheveux colorées de rubans, des tresses fleuries de spécimens sauvages au teint pur, et des boucles à n'en plus finir. Ça l'avait naturellement renvoyé à son enfance, plus particulièrement à ces premiers jours de rentrée où garçons et filles étaient magnifiquement apprêtés pour faire bonne impression. Les mères de famille mettaient tout en œuvre pour faire de leur fille une véritable princesse, et peut-être qu'elles regrettaient un peu de n'avoir mis au monde qu'un garçon. Certaines étaient douées, d'autres un peu moins. Heureusement, les salons de beauté étaient prêts à faire des merveilles, et restaient le choix numéro un ; pour peu qu'on prenait rendez-vous à temps.

Les restreindre de jus d'orange, ou en consommer davantage, lâcha-t-il dans un souffle rieur, tout en pensant qu'une bonne dose de vitamines ne ferait de mal à personne ici, car il en fallait de l'énergie pour s'occuper de tous ces petits bouts montés sur piles. La plupart avait un bon rythme, acquis à force d'années passées à l'orphelinat, quant aux autres, ils étaient encore réveillés par quelques tourments. Les nuits pouvaient paraître longues pour le personnel, et les litres de café ingurgités n'aidaient plus vraiment. Malgré le roulement de l'équipe, ces épisodes d'insomnies fatiguaient physiquement et mentalement les employés du centre d'accueil, et ils étaient heureux de pouvoir compter sur quelques bénévoles la journée, histoire de pouvoir connaître un tempo moins soutenu. Les personnes comme cette demoiselle, au cœur sur la main, n'étaient pas nombreuses, et Dean était bien placé pour le savoir.

Coiffeuse et comédienne, s'exclama le militaire, vous avez plus d'un tour dans votre sac on dirait. Il avait supposé que les rôles dont elle avait parlé étaient ceux que l'on pouvait percevoir lors de spectacle, similaire à celui que les enfants s'apprêtaient à mettre en place. On va donc pouvoir compter sur vos précieux conseils, affirma-t-il, heureux d'apprendre qu'ils comptaient parmi eux une professionnelle. Quant à lui, il était un bien piètre acteur, tant et si bien qu'il refusa d'endosser le rôle d'un pirate dans la pièce : je pense plutôt que la panoplie du présentateur m'ira comme un gant. Un chapeau haut-de-forme, une cape de magicien et une baguette magique, pour simuler la présence d'un micro, pourraient faire l'affaire. Dean était loin d'être terrifié par un paraître pathétique, il était même habitué à l'autodérision. C'était un homme marrant dans la vie de tous les jours, et on l'appréciait d'ailleurs pour ses élans positifs.

Et c'est super honorable de votre part, plissa-t-il les yeux, tout en lui offrant un sourire sincère. Offrir de soi n'était pas naturel chez monsieur et madame tout-le-monde, et l'Asiatique était enchanté de voir que des personnes comme elle pouvait donner de son temps libre. Le soldat n'avait pas grand-chose à donner, il était très souvent appelé à partir en opérations à l'autre bout du monde, à s'entraîner sans relâche pour se préparer à un départ éventuel, ou à se former dans l'espoir d'être encore et toujours plus performant, alors il réservait une partie de ses gains aux associations auxquelles il s'était attaché ; et l'orphelinat en faisait partie. Je m'appelle Dean, et je ne travaille pas ici non plus, ajouta-t-il, pour faire écho à ce qu'elle avait enchérit à sa présentation. Il n'était pas du genre à en dire plus sur son métier, encore moins sur la raison qui le poussait à faire quelques apparitions en ce lieu.

Ce fut le moment où Mily revint, accompagnée de sa poupée toute bichonnée. Ayant entendu la fin de la conversation, elle murmura sans discrétion à Juliet : c'est un super-héros. Il combat les méchants pour sauver la planète. Et, comme si cela ne suffisait pas, elle opina plusieurs fois de la tête, les sourcils relevés, et les yeux arrondis. Un rire léger sortit de la bouche du dit super-héros, et sa main vint ébouriffer les cheveux de la petite fille : c'était pas censé être un secret, ça ? La jolie frimousse au cheveu sur la langue haussa les épaules comme pour se dédouaner de toute responsabilité avant de prendre la main de Juliet. La curiosité des enfants avait poussé le sous-officier à inventer une histoire autour de ses propres aventures, et ça ne les avait plus jamais quitté, à tel point qu'il avait gagné le surnom de « Superman » ; ils croyaient dur comme fer avoir affaire à cet homme à la culotte rouge sur collants bleus.

Embarquée vers ce meuble muni d'un miroir que l'on appelait plus communément une « coiffeuse », Juliet n'eut d'autre choix que d'apprivoiser les cheveux emmêlés de la gamine pendant que Dean s'échappa vers le coin des déguisés pour parfaire quelques costumes mal ajustés, mais aussi choisir la ligne de conduite à tenir parmi toutes celles proposées par les petits acteurs. A peine dix minutes plus tard, il décida de faire irruption à l'atelier plus féminin mis en place, coiffé d'un grand chapeau pailleté et habillé d'une cape noire, et ne put s'empêcher de commenter : vous ne rigoliez pas quand vous disiez être douée. La longue tresse volumineuse n'était pas encore totalement achevée, mais la technique utilisée semblait avoir été la bonne pour donner un résultat aussi bluffant. Tu aimes, interrogea-t-il la petite fille avant de s'adresser à la brune, vous avez appris à faire ça où ?

Il s'attendait à ce qu'elle lui donne le nom d'une école, ou le prénom d'une marraine aux doigts de fée ; peut-être serait-il encore plus surpris ?

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(#)Sujet: Re: We're just outdated children, but still [16 juin] ft Juliet  |   Mar 3 Aoû - 21:29

( we're just outdated children, but still )
@Dean Hassani
Le trouble - ressenti au moment où cette fameuse Reine des Neiges avait été évoquée - revenait chez Juliet, qui sentait la conversation avec Dean lui échapper. Que ce soit dans les mots, que dans les formulations, la belle ne comprenait pas totalement où il souhaitait en venir, quand il parlait de comédie, et de conseils. Le mieux, dans cette situation, serait de poser des questions, avouer son ignorance, assumer que - malgré ses efforts - elle était encore une personne en dehors de la société, en plein apprentissage. Toutefois, la blonde était lassée de toujours devoir se justifier. Si elle avait opté pour le bénévolat, et l’aide aux enfants, ce n’était pas pour vivre ce qu’elle vivait déjà au quotidien, mais inspirer une bonne bouffée d’air frais dans un environnement où personne n’était apte à juger les autres. Aussi, et même si elle avait conscience que ce n’était pas la bonne solution, Juliet opta pour un joli sourire, et un silence parfait. Un silence qui n’était pas sans fin, car la belle prit l’initiative de se présenter. Ou d’au moins décliner son prénom, ainsi que son rôle dans l’orphelinat. Elle était parfaitement à l’aise dans ces lieux, mais si elle pouvait éviter qu’on lui pose une question trop complexe, pourquoi s’en priver. « C’est un plaisir de vous rencontrer, Dean. Nous sommes donc deux personnes extérieures au lieu, prêt à donner de notre temps libre pour égayer le quotidien de ces jolies têtes blondes. » dit-elle alors, en guise de résumé sur leur situation. L’attention de la demoiselle fut attirée par le retour de Mily, qui fit un geste vers Juliet pour l’inciter à se baisser. Dans le langage de l’enfant, ça voulait dire : j’ai un secret à te dire. La jeune femme, amusée par tant de manière, se prêta au jeu, et se baissa vers la fillette pour l’écouter lui dire que Dean était un super-héros, et qu’il combatait les méchants pour sauver la planète. Encore un résumé qui, dans la bouche d’un enfant, ne pouvait qu’attendrir le cœur de la Tremblay. Une information visiblement placée secret d’État, mais à Mily, avec sa petite frimousse, on pouvait tout lui pardonner. Elle avait un visage qui poussait quiconque à lui donner le bon dieu sans confession. « Un super-héros alors ? Est-ce que j’aurai le droit d’en savoir un peu plus plus tard, quand il n’y aura plus de nombreuses petites oreilles indiscrètes ? » Elle avait l’audace de demander Juliet, car on lui avait plusieurs fois répété (depuis son arrivée à Miami en tout cas), qu’il fallait oser dans la vie, que ça ne coûtait rien. Mais ça, avant d’avoir plus amples explications, Juliet allait devoir patienter, et se plier au jeu de la coiffure, comme elle l’avait promis à l’enfant, quelques minutes plus tôt.

Installées à la coiffeuse, l’ambiance était au beau fixe entre Mily et Juliet. Il y avait également d’autres petites filles qui venaient et s’en allaient, curieuse et impatientes de voir le résultat. La blonde avait eu un instant de crainte à cause des mots de Dean, mais en voyant la poupée de l’enfant, la peur s’était envolée, et elle s’était mise à l’outrage. Des petits doigts de fée. Voilà ce qu’avait la belle, à l’aise pour imaginer et créer des coiffures en tout genre. C’était un passe-temps comme un autre pour elle, mais voir un sourire se dessiner presque à chaque fois sur le visage de l’enfant coiffé, ça n’avait pas de prix. « Vous trouvez ? » s’exclama Juliet, à l’attention de Dean, qui venait de faire irruption près de la coiffeuse. Elle croisa son regard par le biais du miroir, avant d’en faire de même avec Mily, qui confirmait à Dean qu’elle aimait ce que Juliet avait déjà fait sur sa tête. La tresse était presque terminée, c’était une question de secondes avant que la fillette ne puisse aller fanfaronner auprès de ses amies, et peut-être donner à la jeune femme de nouvelles têtes à coiffer. « Vous n’allez sûrement pas me croire, mais j’ai appris toute seule, en pratiquant. Là où j’étais avant d’arriver à Miami, je passais une grande partie de la journée à m’occuper des enfants. Et là-bas, les petites filles aussi sont coquettes, voulaient être jolies. Alors elles étaient mes modèles, et je faisais un peu tout ce qui me passait par la tête. » C’était une activité idéale pour passer le temps, se vider la tête pour ne plus songer à ce qu’il se passait en-dehors des murs, et ce qui pouvait lui arriver si elle avait l’affront d’ouvrir la bouche, élever un peu trop la voix. De très mauvais souvenirs, que Juliet était soulagée de savoir derrière elle. La tresse terminée, elle ne manqua pas de nouer son œuvre à l’aide d’un élastique, de vérifier l’intégralité de la coiffure, avant d’affirmer : « Terminé. Tu peux aller chercher une jolie robe de princesse dans la malle. Et si tu as besoin d’aide, je ne bouge pas de ce tabouret. » Elle n’eut pas besoin de répéter ses mots, la fillette s’en allait déjà rejoindre le groupe d’enfants, toute fière d’avoir la même coiffure que sa poupée. Une joie contagieuse, qui faisait naître un sourire sur les lèvres de Juliet. « Cette tenue vous va comme un gant. Le chapeau est très… pailleté. Rassurez-moi, vous n’allez pas me forcer à passer une tenue aussi extravagante ?! » dit-elle alors, en remarquant enfin les accessoires choisis par Dean.

Spoiler:


( Pando )
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Dean Hassani
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(#)Sujet: Re: We're just outdated children, but still [16 juin] ft Juliet  |   Lun 9 Aoû - 10:23
Deux personnes extérieures au lieu, oui et non. Dean était bien plus attaché à ce lieu qu'il n'y paraissait, mais il avait toujours autant de mal à parler de cette partie de son existence. Rares avaient été les fois où il avait évoqué son adoption d'ailleurs, que ce soit auprès de ses amis comme avec de parfaits inconnus. Un sujet presque tabou, une époque dans laquelle il ne se sentait pas de fouiner. Sa famille, quant à elle au courant, avait une fois tenté de cueillir le sentiment prédominant de l'asiatique face au flou de ce passé, mais ce dernier ayant décidé de garder cela sous silence, plus personne n'avait osé réessayer. Alors, bien qu'il n'avait pas été « sauvé » de cet orphelinat, l'histoire avait débuté grâce à lui. Il avait simplement souri devant le résumé succinct de Juliet et, pour ce qui était du secret qui tournait autour de ses activités héroïques, il lâcha simplement un lever d'épaules qui supposait que cela dépendrait d'ô combien la brune saurait se montrer sage ; infantilisant ? Peut-être un petit peu. Mais ils se trouvaient entourer d'enfants, alors le jeu s'y prêtait plutôt bien.

Ce n'est pas donné à tout le monde d'être autodidacte, commenta-t-il, tout en gardant un œil sur les derniers mouvements qui finissaient la tresse, j'vous épargnerai mes premiers essais en poésie, ou mes premières mélodies sur la guitare d'un de mes frangins. Une qualité d'écriture médiocre qui s'était ajoutée à une calligraphie des plus illisibles, ainsi que des notes vrillées aux cordes très souvent éclatées. Le jeune homme n'avait jamais été doué en quoi que ce soit, et n'avait jamais été pris d'une passion dévorante ; quoi que, sa copine de l'époque comptait-elle comme telle ? J'imagine que toutes les petites filles du monde aiment se trouver jolies, plissa-t-il les yeux en se rappelant d'une gamine, croisée dans un camp de survivants, qui avait vu dans une arête de poisson la possibilité de faire naître un brin d'élégance dans ses cheveux. Depuis, il avait pris le pli d'emporter avec lui une brosse qu'il prêtait aux têtes ébouriffées qu'il croisait sur son chemin. Il ne revenait jamais avec, perdue dans l'empressement des combats qui ne laissaient à personne de répits.

Je crois qu'ils n'ont pas mis le grappin sur la robe bleue, tu devrais te dépêcher à aller la trouver, jugea-t-il bon d'ajouter aux mots doux de la coiffeuse attitrée des petits comédiens du jour. Il avait presque oublié l'accoutrement dans lequel il s'était engagé à présenter, plus tard, la pièce de théâtre, alors, utilisant le miroir du meuble pour s'admirer, il réajusta le dit-chapeau avant de dire, rieur : entre nous, vous n'êtes pas obligée de jouer la carte de la politesse. J'ai l'air ridicule, mais ça fait plaisir aux gamins alors... Et en ce qui concernait le fait de forcer Juliet à faire de même, il répondit : je vais vous rassurer alors, je suis bien loin de forcer qui que ce soit à quoi que ce soit. Il lui adressa un sourire gentillet. Même si, je dois avouer que vos cheveux se mêleraient parfaitement avec un serre-tête de fleurs en tissus que j'ai croisé dans les accessoires, fit-il. Peut-être parce qu'elle avait tout d'une marraine « la bonne fée » : l'allure, les traits, la voix. Il leva les mains, l'air de se dédouaner, puis articula : mais je vous l'ai dit, je ne force en rien.

Ils ont décidé de remanier l'histoire de Roméo et Juliette en votre nom, informa-t-il la bénévole, vous connaissez : deux familles de Vérone qui se détestent, la fille et le fils qui se déclarent leur flamme à la fenêtre, et s'aiment jusqu'à ce que mort s'en suive. Une œuvre de Shakespeare connue de tous, et qui a fait son succès. Jouée en tout temps, à tout âge, l'histoire avait été contée dans un livre pour les plus jeunes, afin que les cinq à quatre-vingt dix-neuf ans puissent en profiter équitablement. Elle avait fait partie d'une sélection faite dans la maigre bibliothèque de l'orphelinat cette année, et avait ravi les enfants. Bien entendu, leur imagination débordante allait ajouter quelques effets spéciaux et d'autres personnages à la pièce. Ne vous étonnez pas si un chien passe en plein milieu de la sérénade, ou qu'un dragon fait surface au banquet des Capulet, se mit-il à rire, car il avait entendu un petit garçon être motivé à cracher le feu sur le poulet prévu au festin, de façon à le cuire sous les yeux médusés des invités-fantômes attablés autour de la piste du bal.

Vous m'avez fait comprendre ne pas être du coin, cela fait combien de temps que vous vous êtes installée sur Miami, demanda-t-il, attendant la réponse avant d'ajouter une question : et qu'est-ce qui vous a fait choisir cette destination ? Le rêve de la Floride, peut-être. Il était certain que l'état était connu pour les beaux paysages de cartes postales, avec ses jolies plages et ses palmiers. Miami était souvent choisie pour être la ville de films appréciés dans le monde entier, mais pas que. L'atmosphère y était festive, et malgré quelques pluies de-ci de-là, on ne pouvait pas vraiment se plaindre de la météo. Pour les habitants de cette planète tournés vers la nature, et tout ce qui s'y rapportait, la présence d'animaux et de verdure diversifiés avait son pesant d'or, et les balades ne se résumaient pas qu'aux kilomètres parcourus. Pour finir, si on appréciait le côté « latino », alors on était largement servi. Mais, probablement que l'autodidacte en coiffures avait rejoint ces côtes pour son patrimoine culturel ; encore fallait-il qu'elle en ait eu le choix...  

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