It's you and me babe.
It's always going to be you and me.

Vous m'aviez sorti il y a encore une semaine, quand j'avais rencontré ce blondinet bouclé pour la toute première fois que j'allais me retrouver de l'autre côté de la frontière séparant le Mexique et les Etats-Unis à ses côtés, je vous aurait probablement rigoler à la figure. Je vous jure, Charlie et moi n'avions pas entamer notre relation du bon pied, mais pour dire vrai, la plupart de mes meilleures relations avec le reste des humains de cette planète de commençaient jamais bien. J'avais tenter de l'emballer lors d'une soirée beaucoup trop arrosée et il m'avait clairement rembarrée, ce qui pouvait se comprendre vu que je ne tenais plus debout. J'allais être embarquée à l'étage du dessus par un autre inconnu quand contre toutes attentes, le blondinet avait voler à mon secours tel le Batman qu'il était. Il avait pris soin de moi cette nuit là, allez savoir pourquoi. Et au petit matin, au lieu de le remercier comme toute jeune fille normale l'aurait fait (on sait tous que je ne suis pas normale) je lui avait hurler dessus comme j'hurle sur tout le monde en lui faisant bien comprendre que je n'avais besoin de personne pour s'occuper de moi. Je n'étais plus une petite fille et j'avais horreur qu'on essaie de me sauver. Etrangement, Charlie est ce genre de gars à qui tu peux répéter la même chose pourtant simple une centaine de fois, il n'écoutera pas parce qu'il n'en as tout simplement pas envie. Il était têtu et ça me rendais folle. Pas dans le bon sens au début, mais je n'avais pu résister longtemps à ce visage angélique et ces abdos plutôt bien caché sous ses airs d'ado retardé, comme il aimait lui-même s'appeler. Plus je le croisait et plus ce mec là m'intriguais. Il était super bizarre, faut ce le dire !  Enfin, il s'énerve jamais ! Puis il s'amuse de tout et il donne l'impression de jamais se prendre la tête. Le total opposé de moi, qui réfléchissait toujours beaucoup trop et qui aimait être en colère contre le monde entier. Il m'agaçait d'être toujours aussi souriant et il m'agaçait d'avoir toujours un truc à me répondre, un truc qui me donnerais envie de sourire, parce qu'il était marrant en fait. Et puis il s'entêtait à vouloir me protéger et j'avais beau me retourner la cervelle je n'arrivais pas à comprendre pourquoi il s'intéressait autant à ce qu'il pouvait bien m'arriver, on ne se connaissait pas. Mais enfin, le fait est qu'on c'était recroiser dans un club il y a quelques jours, trois jours pour être exacte. J'avais envie de m'amuser, il semblait d'attaque aussi. On avait passer la soirée ensemble et décider de faire un truc dingue, rien que pour le fun. Avec le bordel monstre qu'il y avait dans ma vie en ce moment, j'avais besoin d'un break. D'un week-end de simple folie. C'est comme ça que Charlie et moi nous étions retrouvé à rouler jusqu'au Mexique où nous avions passer un week-end mémorable. J'étais pas sûre d'avoir été sobre une seule minute durant ses derniers jours. Alcool, drogues, sexe. On avait fait ça à répétition sans redescendre durant trois jours entier. J'avais jamais fait ça de ma vie, et ça faisait un bien fou, le temps que ça durait. Rien que tout les deux, complètement couper du monde, dans un autre pays, rien que lui & moi. Un gars plus âgé de qui je ne savais pratiquement rien et je pense que c'était encore ça le meilleur là-dedans, je ne le connaissais pas. Il ne me connaissais pas. Ce week-end on avait pu apprendre à se voir l'un et l'autre sans masques, sans barrières. Rares, très rares étaient les personnes m'aillant vu sans mon masque de petite peste insupportable & intouchable. Charlie était un parfait inconnu et pourtant lui m'avait connu aussi vulnérable que je ne le serais jamais plus.

Dans les 5h30 du matin, le soleil réchauffait ma peau. Je me tournait sur le ventre en grognant, gardant les yeux fermés et enfouissait mon visage dans le cou de Charlie tout en resserrant mon étreinte autour de son buste. 5h30 allongés à l'arrière d'un pick-up, emmitouflés dans une couverture, roulant sur des petites routes désertiques du Mexique en direction de notre pays natal. La monté avait été fulgurante, la descente était longue et douloureuse. J'avais l'impression qu'un troupeau d'éléphants c'étaient assis sur mon crâne durant mon sommeil. Trois jours de fiesta non-stop, fallait se douter que le retour à la normal allait être éprouvant. J'en pouvais plus, personnellement. C'était de la folie dans ma tête, j'avais des tambours dans les oreilles et même si je m'entêtait à garder les yeux clos, le petit matin faisait son entrée & il allait falloir se réveiller. Je grognais une nouvelle fois, avant de remonter ma main droite jusqu'au visage de Charlie que je penchais en ma direction. Je sortais le mien de son cou pour venir coller mes lèvres au siennes et ainsi lui dire bonjour, par simple envie. « Mh.. Dis-moi que quand je vais ouvrir les yeux je serais dans un bon lit douillet sur le sol américain. » Je pouvais sentir malgré la couverture le métal froid du pick-up sous nos corps, je savais que nous n'étions pas encore "à la maison" mais j'avais envie d'y croire juste quelques secondes avant de redescendre pour de bon & d'enfin soulever mes paupières.

It's you and me babe.
It's always going to be you and me.

« Eh bien, aux dernières nouvelles, on est toujours sur une route désertique et poussiéreuse du Mexique, à l'arrière d'un pick-up pas confortable du tout » Je soupirais, il venait de détruire les derniers semblant de rêves et d'espoirs que je pouvais encore avoir sur mon doux réveil. Le "doux" n'avait rien à faire là. J'ouvrais les yeux et posait mes mains sur mes paupières presque aussitôt. J'étais fatiguée, épuisée, j'avais mal partout, j'avais froid, chaud, besoin d'un bain. Le truc cool pendant la transe, c'est que tu ne te soucis de rien. Tu va bien, tu pourrait faire tout et n'importe quoi sous l'effet d'un rail de coke. T'es défoncé, ton cerveau est tellement bousillé que tu pourrais même pas te mettre à réfléchir si tu le voulais. Tout ce qui compte c'est l'instant présent, tu suit tes instincts primaires : la bouffe & le sexe. Charlie & moi avions passer ses trois derniers jours à enchaîner toutes formes de dépendances et maintenant qu'il fallait redescendre sur terre, c'était très, très dur. La chute est rude, pour ma part c'est l'atterrissage complet qui me faisait le plus peur. Rentré à Miami, affronter la vie là-bas. Pour beaucoup la Floride c'était le paradis, pour moi c'était comme partout : remplis de gens qui n'en avaient absolument rien à foutre de moi. Là où tout ce qu'il m'attendait était des problèmes. Problèmes avec mon assistante sociale pour avoir disparue dans un autre pays durant trois jours, problèmes avec tout le monde, dont avec Wayne. Je n'avais pas envie de penser à ça. Je n'avais pas envie de replonger dans mon cauchemar de vie à Miami. « Je te rejoins sur le "pas confortable du tout". » Marmonnais-je. Charlie se redressait et se mit à jouer avec une mèche de mes cheveux tandis que je scrutait l'horizon complètement désertique. On aurait pu se faire attaquer par une bête sauvage ou une bande de cannibales à la "Colline à des yeux". Je frissonnais légèrement à cette idée puis fut ramenée à la réalité par un Charlie qui à peine réveiller, commençait déjà se poser des questions. En gros, il essayait de me faire comprendre qu'on était des potes et uniquement des potes. J'étais dos à lui, et cette remarque me fit esquisser un léger sourire. Un sourire ironique. Un de plus apeuré à l'idée de m'avoir baiser et de maintenant devoir me supporter plus longtemps. « C'était bien le Mexique. » Lâchais-je simplement. Je tournait mon visage en sa direction et il déposait un baiser sur mon front. Ce geste aurait pu me faire sourire de nouveau, mais au lieu de ça je me mettais debout, avec un peu de difficulté et remontais la couverture dans laquelle j'était encore enveloppée sur mes épaules. Je reposais mon regard sur l'horizon bercée par une légère brise matinale puis lui dis : « T'en fait pas, blondinet. On c'est défoncé, on a fait ce qu'on avait à faire. On est pas mariés pour autant, de retour à Miami je te laisse tranquille. » Sur ses paroles je sautais en bas du pick-up, envie présente. Je me mise à marché sur la route jusque trouver des roches typiquement mexicaines où je faisait donc pipi. Pipi rose à paillette comme la princesse que je suis voyons. Puis je reviens vers le pick-up. « On devrait y aller avant qu'il ne fasse trop chaud. »

It's you and me babe.
It's always going to be you and me.

« Tu trouves pas qu'on est bien dans ce pick-up ? Loin de tout. Loin de Miami et de toute sa merde. J'aimerais bien pouvoir rester là au lieu de rentrer » Ouais, moi aussi j'aurais plutôt préféré rester ici éternellement. Ou encore mieux, continuer à rouler sans savoir où aller, mais surtout sans avoir à rentrer. Je n'avais vraiment pas envie de rentrer, de toutes manières pour rentrer où ? J'avais décider de me tirer de chez Noah et je n'avais clairement nul part où vivre de retour à Miami. Je n'avais certainement pas envie de retourner là-bas, traîner dans les rues pour essayer de survivre dans un monde que je détestais un peu plus de jours en jours. J'étais défaitiste sur mon avenir comme sur mon présent. Je crois que plus le temps passait et moins j'avais la force de me battre pour survivre. Je n'en trouvais plus ni l'envie ni le pourquoi. Ma vie se transformait en un gigantesque bordel. Elle l'avait toujours été mais avant j'avais la force de garder la tête en dehors de l'eau, maintenant j'avais juste envie de me laisser couler. Depuis ma dernière dispute avec monsieur Wayne Everden à la fête foraine juste avant mon départ pour le Mexique, j'avais arrêter mon traitement. Jeter les petites pilules miracles qui me tenaient les pieds sur terre. Plus les heures sans la médication passait, plus je sombrait, j'en avais conscience, mais j'étais plutôt douée pour le cacher. Et puis durant ses trois jours, puisque nous n'avions pas été sobres, les effets de ma maladie n'avaient pas encore eu le temps de se faire ressentir. Ce que j'aimais. Je remplacerais probablement les médocs des médecins par ceux d'un des dealers de rue que je connaissais. « Tu voudrais pas te construire une maison, là ? Genre loin de tout. Sans personne pour t'emmerder. Et avec une grande piscine parce qu'il fait chaud » Charlie me sortais de mes pensées et je lui souris alors sincèrement. « Ce serais le paradis. Mais je crois que t'es encore un peu défoncé. » Lui fis-je remarquer avant de lâcher un petit éclat de rire et de m'installer à ses côtés à l'avant du pick-up. Charlie c'était habillé, tandis que moi je restais en short en jean & haut de maillot de bain, toujours avec mon éternelle couvertures autour de moi. Avant d'allumer l'auto et de commencer à rouler, il me confiait que de retour à Miami, il voulait qu'on se revois. Selon lui j'étais marrante et gentille, dans le fond. Je posais mon regard sur lui et esquissait un nouveau sourire, un peu plus amusé cette fois. « Awh. T'es mignon et on se reverra, cherche les ennuies et tu me trouvera certainement. » Plaisantais-je.. Ou pas. Je me redressait pour m'approcher de lui, poser ma main droite sur sa nuque tandis que la gauche se posait sur son torse nu et guidais ses lèvres vers les miennes. Je l'embrassait un peu plus fougueusement que plus tôt puis je le regardais en me mordillant la lèvre inférieur tout en restant proche de son visage. « Tu sais que tu devrait pas traîner avec moi ? Je suis pas une bonne fréquentation pour toi. »

It's you and me babe.
It's always going to be you and me.

Je crois que je me serais bien plus ici au final. C'était désertique, tout comme mon coeur, j'aurais été dans mon élément. Mais trêves de plaisanteries ou de rêveries farfelues, je crois que les vapeurs de la soirée de la veille faisaient encore des leurs. Charlie était installé côté conducteur & moi à ses côtés. Nous nous apprêtions à reprendre malgré nous la route nous conduisant à Miami, cette ville que visiblement ni lui ni moi n'avions envie de retrouver si rapidement. Mais il venait de me dire qu'il aimerais me revoir de retour là-bas et je n'avais pas su quoi dire d'autre qu'il était mignon, parce qu'il l'était. Il avait beau être plus âgé que moi, parfois j'avais l'impression que Charlie était l'ado. Il était infiniment gentil et attentionné. Souriant, même si parfois il semblait tellement submergé par la tristesse que ça l'engloutissait complètement, il restais un être merveilleux j'étais persuadée de cela. Après lui avoir offert un baiser fougueux, je trouvais juste de l'informé de la vérité, je n'étais pas une bonne fréquentation pour lui. Je n'étais pas une bonne fréquentation pour personne. On ne m'avait dis que trop souvent que partout où je passait, tout ce que je touchais, je finissais par le détruire. Je n'avais pas envie de détruire Charlie. Pas cette petite bulle d'oxygène qui m'avait été donné malgré toutes les mauvaises choses que j'avais pu faire dans la vie. « Ah ouais ? Et qu'est-ce que tu vas faire, dis-moi ? Me briser le coeur ? Quand on a atteint le fond, on peut pas aller plus bas » J'aimais cette phrase, parce qu'elle me décrivait presque autant qu'elle le décrivait. Un petit sourire ironique se hissait sur mes lèvres, y a des moments comme ça où Charlie semblait aussi perdu et bouleversé dans la vie que moi et c'est ce que j'aimais. C'était égoïste d'aimer voir que quelqu'un pouvait être aussi paumé que moi, mais j'étais un peu égoïste. Pour autant, j'espérais que lui finirait par ressortir la tête de l'eau. « Ca serait dommage de briser un si joli coeur. » Me contentais-je de lui dire, sincèrement. Charlie posait son regard sur moi et je vient poser mon front contre le sien, les yeux clos. « Tu remontera Charlie, tu es fort. Et puis tu le mérite. Tu peux pas rester en bas, je te laisserais pas. » Lâchais-je simplement. Il me fit ensuite remarqué que je ne connaissais rien de lui et qu'il pouvait être un véritable tueur en série, je ris doucement à cette idée parce qu'il était beaucoup trop gentil pour en être un. « Dans ce cas là je ne risque rien ! Entre barges on va se comprendre ! » Me contentais-je de m'exclamer tandis qu'il déposait un baiser sur mes lèvres qui me fit sourire. "Barge", j'avais utilisé ce mot si facilement alors que c'était si dur à accepter que c'était ce que j'étais, en quelque sortes. Ou ce que je deviendrait. L'idée de cette foutue maladie qui me hantais avec ou sans médication me fit perdre mon sourire. Je posais mes jambes sur le tableau de bord, ma main droite par la fenêtre et fit signe à Charlie de commencer à rouler, nous ne devions pas prendre trop de retard. Il faisait déjà beaucoup trop chaud alors qu'il était bien trop tôt.

It's you and me babe.
It's always going to be you and me.

Mais pour qui je me prenais ? Nessa Tate qui donne des leçons pour remonter la pante.. C'est une blague ? Sérieusement, je me serais bien dis à moi-même de m'occuper de ma petite personne avant de vouloir faire un discours d'encouragement tout à fait hypocrite aux autres, mais j'étais bien trop fatiguée à ce moment là. Puis la fatigue avait eu raison de moi et sans le vouloir j'avait lâcher un de ses mots que je détestait plus que tout au monde, en l'occurrence c'était "dingue", mais ça aurait très bien pu être "folle, hystérique, malade", tout ça c'était un peu la même pour moi. Je n'aimais pas ses mots parce que dans l'esprit des gens, ils étaient censés me décrire et ils étaient faux. Je n'étais pas folle, je me refusait à le penser. Malheureusement je devait avouée le fait que depuis que j'avais stopper mon traitement, ça n'allait plus très bien dans ma tête. Je me contrôlait au mieux, mais je n'étais pas dans mon état normal. Ou peut-être étais-ce ça, mon état normal ? Je pouvait être rayonnante un instant, complètement dépressive l'autre. T'apprécier de dingue, puis t'insulter de tout les noms. Mon humeur n'était pas stable, je n'avais pas encore fait de crises, mais j'étais consciente que bientôt elles arriveraient. Les hallucinations, les délires. Ca ne faisait que quelques jours mais je pouvait déjà ressentir les premiers signes de la maladie refaire surface. Je ne mangeais presque plus, je ne dormais presque plus, je n'avais plus envie de rien si ce n'est me foutre en l'air de toutes les façons possibles. Mon regard posé sur la route tandis que Charlie avait commencer à rouler je me perdais dans mes pensées, jusqu'à ce qu'il se penche pour attraper quelque chose dans la boite à gants. Des cachets, qu'il avalait rapidement avant de me faire part de ses explications : « Si je les prends pas, tu vas me retrouver les veines ouvertes, j'voudrais pas te faire ça » Le terme "entre dingues on se comprend" était bel et bien réel. Visiblement, il était lui aussi sous traitement. J'hésitait à lui parler du mien, parce que je n'en avais jamais parler directement à quelqu'un. Alors, je me contentais de demander curieusement : « Dépression ? » Je connaissais ça, un des cadeaux de la bipolarité passait par des phrases de dépressions plus ou moins graves. Il me demandais, probablement pour changer de sujet où je vivais et je haussais les épaules. « Partout. Nul part. » Ou je squattais. Je n'avais pas de réel chez moi parce que je ne me sentais en sécurité nul part et ça n'allait pas allé en s'arrangeant.