Madame Johnson, la bonne petite dame qui avait accepté avec joie de ma louer une partie de son sous-sol pour que j’y vivre avait injustement perdu la vie il y avait deux semaines de ça. Ses enfants avaient jugé bon de mettre la maison en vente et de ce fait, j’avais perdu l’endroit où je vivais. Je m’étais donc empressée de faire de la recherche sur internet pour des appartements mais il faut se le dire : à Miami, tout était ridiculement trop cher. J’étais limite en train de désespérer et me dire qu’il serait envisageable de sortir de la ville pour me trouver quelque chose de plus abordable. D’un autre côté, en sortant de la ville, je devais quitter mon travail donc une solution ne valait pas mieux que l’autre.  Par chance, j’étais tombée sur une annonce posté par un propriétaire d’un appartement qui recherchait des personnes pour occuper deux chambres dans un de ses appartements. Le tout me semblait bien et c’est pourquoi j’avais appelé afin de savoir si la place était comblée. HEUREUSEMENT pour moi, il restait une chance et l’autre venait d’être loué par une jeune femme d’environ mon âge. Je trouvais ça bien, au moins ce n’était pas un garçon. D’un autre côté, je ne savais pas trop si j’étais fait pour la vie en colocation mais pour le moment, je n’avais pas d’autre choix qui se présentait à moi.

On emménageait la même journée cette fameuse Joana et moi. Une autre petite blonde comme moi… qui ne semblait pas plus sociable que je pouvais l’être. Ça me plaisait dans un sens, je n’aurais pas besoin de me forcer à parler ou à endurer quelqu’un qui n’était pas capable de se la fermer.  On s’était rapidement salué en apportant nos trucs dans nos chambres respectives. Elle était arrivée la première donc j’avais pris la chambre qui restait sans dire quoi que ce soit.

C’est après deux heures passées à ma chambre à ranger des trucs – il faut dire que je faisais surtout naviguer sur internet car bon, des trucs… j’en avais pas des tonnes! C’était d’ailleurs une chance que l’appartement était meublé. – que je sortis finalement pour passer devant la chambre de Joana. Cette dernière était assise sur son lit. Je pris une grande respiration avait de cogner à l’intérieur du cadre de sa porte, question d’être polie malgré le fait que sa porte était ouverte. Elle releva la tête vers moi et je lui souris. « Question de rendre ça officiel : Moi c’est Elizabeth. » On connaissait le prénom l’une de l’autre mais on ne s’était pas réellement présenté alors voilà, c’était rare que je faisais les premiers pas. C’était surement même une première. « Je vais probablement appeler pour commander une pizza. Tu en veux? »

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Je ne savais pas trop quoi penser de ma coloc’ à première vue. J’avais toujours eu beaucoup de difficulté à cerner certaines personnes bien qu’en soit, j’étais quelqu’un de très observatrice. De nos jours, il était tout simplement impossible de pouvoir se faire une première impression uniquement en se basant sur l’apparence physique d’une personne. C’était bien pour ça que j’avais fait le premier pas pour aller lui parler, ma présenter de manière plus officielle – disons que c’était beaucoup pour moi, l’antisociable, que de parler à quelqu’un la première - j’attendais toujours qu’on vienne jusqu’à moi habituellement. Elle s’appelait donc Joana et je me disais que c’était un très joli prénom.

Elle trouvait bonne mon idée de commander une pizza et sa réflexion concernant son habilité à faire la cuisine me fit sourire.  « Alors là-dessus on est deux. » Je la regardai ranger ses photos. Je ne cherchais pas à comprendre, si elle les rangeait, c’est qu’elle ne voulait pas que ça se voit et je respectais entièrement ça. Je l’avais peut-être même dérangé dans ce qu’elle faisait. Cette pensée me mit aussitôt mal à l’aise. Je lui demandai alors ce qu’elle voulait comme garniture et je quittai sa chambre aussitôt question de lui laisser de l’intimité et pouvoir appeler la pizza, bien évidement. Et puis de toute façon, je ne savais pas trop quoi lui dire de plus. Pendant l’attente de cette très chère pizza qui se faisait largement désirée, j’avais commencé à sortir quelques trucs pour la cuisine. Lors de mon déménagement, j’avais décidé d’amener la nourriture qui était encore très bonne, question de pouvoir économiser là-dessus aussi. Après tout, des cannes de conserves, des biscuits et des sacs de popcorn, ça se garde pendant un bon moment, non?

Joana se pointa à la cuisine quelques minutes plus tard. « J’ai apporté quelques trucs à manger en attendant d’aller en acheter. Donc si t’as faim ou quoi que ce soit, n’hésites pas! » Je ne l’avais pas regardé en disant ça, c’était beaucoup trop intimidant mais bon, je faisais part d’un courage immense pour lui parler de la sorte. C’était bien parce que je ne voulais pas qu’elle me prenne pour une cinglé, c’était arrivé beaucoup trop de fois auparavant. « Alors… est-ce que tu viens d’ici ou bien t’es une exilée? » J’avais redressé les yeux pour croiser son regard et lui sourire timidement.

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Edward me l’avait dit et je le réalisais peu à peu : je faisais un grand pas d’emménager comme ça avec quelqu’un d’autre. Je n’étais pas apte socialement. Ce n’était pas du tout un secret et ça devait bien se voir dans ma manière d’être à regarder les autres à peine dans les yeux, d’avoir toujours la tête penchée et de jouer nerveusement avec mes mains. C’était typique des gens timides mais d’un autre côté, je pouvais même aller jusqu’à dire que je n’aimais tout simplement pas les gens. Je détestais faire de nouvelles rencontres…. Même si je savais que ça pouvait amener de bonnes choses. Je savais toutefois qu’avec Joana, je devais faire un effort et c’était pour ça que je lui avais proposé de commander un pizza, chose qu’elle avait accepté après m’avoir rejoint à la cuisine quelques minutes plus tard. Je tentai le plus possible de me montrer sociable mais je savais très bien qu’un manque de sujet allait bientôt se faire sentir puisque bon, faire la conversation avec un inconnu n’était pas vraiment dans mes capacités. Je lui demandai néanmoins si elle venait du coin. Elle me répondit qu’elle venait de Washington. J’avais hoché la tête positivement en faisant glisser mon doigt contre le comptoir. Elle m’avait retourné la question. « Hum… je suis née à Boston, puis j’ai été quelques mois au New Jersey ensuite à New-York quelques années et voilà que je suis à Miami depuis un peu moins qu’un an. » La sonnette de l’appartement se fit entendre et ma colocataire quitta vers la porte afin de répondre.

Je pris une grande respiration. Car j’avais le cœur qui battait fort à force d’avoir parlé de tout ça. Je n’aimais pas parler des places où j’avais vécu… car beaucoup de mauvais souvenirs suivaient et y étaient imprégnés. Joana revint avec la boite de pizza en me posant une nouvelle question. « C’est pas… personnel. Je travaille comme Barista au Starbucks… je tente de me ramasser de l’argent pour retourner aux études… dans une école d’art… probablement. Mais je doute d’être assez doué. On verra! » Je sortis de l’argent de la poche arrière de mon pantalon.  « Tiens, c’était mon idée… donc je compte payer. » Je lui tendis deux billets mais Joana refusa. J’enlevai donc la moitié. « Laisse-moi au moins payer la moitié. » Je haussai les sourcils, comme pour lui montrer que je le voulais. Elle prit donc l’argent et ça me fit plaisir. Nous dûmes nous installer au sol puisque la table était là… mais les choses n’étaient pas encore montées… il manquait les pattes! C’était étrange et ça nous obligeait à le faire nous-même… comme pour la plupart des meubles ici, si ce n’était pas du canapé qui venait en une pièce, heureusement. Ce qui était chouette, c’était que tout semblait relativement neuf, on avait de la chance à ce niveau. « Et toi, est-ce t’as un emploi? Tu fais des études? » Aussi bien lui retourner la question, non?

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