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Les cours me barbaient. Enfin, j'adorais la psycho, je trouvais ça très intéressant ; le problème, c'est que je comprenais assez rarement. J'avais dû surestimer mon intelligence, en m'inscrivant à la fac. D'ailleurs, je ne m'y serais sûrement pas inscrit si ma mère ne m'y avait pas poussé. En arrivant à Miami, j'étais complètement perdu. Mon anglais était pitoyable (il n'y a pas eu beaucoup d'améliorations de ce côté là, ce qui est vraiment risible vu que je suis anglais) et le mode de vie américain ne me seyait pas. Mais le pire, c'était de vivre dans un minuscule appartement avec mes cinq petites soeurs, encore en pleine adolescence. Je n'en pouvais plus de vivre parmi les serviettes hygiéniques et les posters d'un quelconque chanteur prépubère. J'adorais mes soeurs et je serais prêt à tout pour les protéger, de même pour ma mère. Mais très franchement, à mon âge, j'avais du mal à les supporter quotidiennement. Leurs conversations se limitaient à un beau gosse du lycée et à la nouvelle copine de celui-ci. Je m'étais donc dépêché de trouver un appart ; or, il fallait payer le loyer, et quasiment tout l'argent que je me faisais grâce au trafic de drogue ne me suffisait pas à tout faire. Je payais évidemment mon loyer, mais cet argent couvrait aussi toutes mes dépenses diverses (dont ma propre consommation de drogue, c'est à dire un budget assez élevé). Sur les 1400$ que je me faisais par mois, j'en donnais également environ 500 à Adela, la mère de ma fille, et 250 à ma mère, pour l'aider financièrement. J'avais besoin de réussir mes études et d'obtenir un métier. Parce que j'aurais aimé avoir de l'argent propre et arrêter une fois pour toute les conneries. Même si j'ignorais si j'allais réussir à en sortir, vu comment j'étais enfoncé dedans depuis maintenant cinq années.

Je me rendis donc à pied à l'université. Autant vous dire que je n'y allais pas avec beaucoup d'entrain, d'autant plus qu'il faisait incroyablement beau. J'aurais adoré aller à la plage avec Lumen, la plus âgée de mes soeurs (elle avait dix-huit ans) et me fumer un pétard avec elle. Ça, ça aurait été le planning parfait. Lumen prenait un peu le même chemin que moi, et je devais admettre que ça ne me plaisait guère. Mais elle était très têtue et il était presque impossible de lui faire entendre raison. J'avais décidé de passer par le centre-ville. Lunettes de soleil sur le nez, vêtu d'un débardeur qui laissait apercevoir mon torse maigrichon et pâle, je marchai lentement, avec mon habituelle démarque trémoussante. Je pensais à diverses choses, et je ne faisais pas réellement attention où je posais les pieds. Si bien que je rentrai littéralement dans quelqu'un. Nous nous bousculâmes assez violemment, et impulsif que je suis, je m'écriai aussitôt : « Eh eh eh ! R'garde où tu vas, tête de… » Je m'arrêtai alors que le garçon que j'avais bousculé (oui, je l'avais bousculé, mais c'était moi qui l'embrouillait, ne cherchez pas la logique) se retournait vers moi. Je le connaissais, j'en étais persuadé ! C'était quelqu'un que j'appréciais, mais avec ma mémoire de poisson, je ne savais plus d'où je le connaissais. « Wow, on se connait ! Comment ça va, mon pote ? » Mon attitude était passée de noir à blanc. Ce gars, je savais que c'était mon pote et que l'on s'était rencontrés lors de vacances en Angleterre, mais je ne me souvenais même plus de son nom. Il était blond, grand, très charismatique. Un peu mon contraire, quoi. « Kit… Kevin… Keith… Kenny… enfin quel que soit ton prénom, mec, c'est dingue, ça fait tellement longtemps ! Qu'est-ce que le petit anglais que tu es vient foutre à Miami ? » lui demandai-je en souriant. Je parlais très fort et les gens se retournaient, en passant près de moi. J'essayais de soigner mon accent, mais il trahissait mon origine mexicaine.

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J'avais l'impression qu'à Miami vivaient un nombre considérable d'anglais. Cassidy, Wayne, Elea, Kyle… Et moi, même si j'ignorais si l'on pouvait réellement dire que j'étais britannique. Je l'étais de par le droit du sang, vu que mes parents étaient deux anglais purs et durs. Ma mère set un cliché ambulant. Suivant de très près la famille royale, prenant son thé sans sucre mais avec du lait, toujours très polie et s'excusant en permanence. Tijuana n'avait rien changé chez elle, pas même un gramme de son accent prononcé. Mais j'étais né au Mexique, et j'avais le droit de naissance. Officiellement, j'étais anglo-mexicain, en somme. Drôle de mélange, je vous l'accorde. Mon accent était absolument terrible : un peu de la théâtralité anglais avec la chaleur des accents espagnols. Je parlais bizarrement. Et surtout, quand je m'agaçais, j'avais tendance à insulter en espagnol. En tout cas, j'étais très surpris de revoir Kyle. On s'était connus quand j'allais en vacances en Angleterre avec ma mère. Si mes souvenirs étaient exacts, il avait eu quelques soucis avec la justice, parce qu'il était hacker.

« Kyle, c’est Kyle mon prénom ! » me répondit-il alors que je butais plusieurs fois sur son prénom. Oui, j'avais une mémoire de poisson rouge. Enfin, Kyle, Keith, ça se ressemblait, tout de même. « Excuse, tu sais à quel point je suis une tête d'oeuf » dis-je. J'avais entendu dans sa voix qu'il était un peu vexé que je ne me souvienne même pas de son prénom. Je lui demandais ensuite ce qu'il faisait ici. C'est vrai, pourquoi était-il là ? J'éprouvais, en le voyant à Miami, la même sensation que j'avais eu en retrouvant Elea. Ces gens-là étaient sensés habiter à l'autre bout du monde, alors que diable faisaient-ils ici ? Ceci dit, on aurait pu me poser la même question. « Et bien mes parents ont déménagé il y deux ans et finalement je me plais bien ici, et toi ? » fit-il. Hm, est-ce que je devais vraiment lui dire que j'étais ici parce que trop de gens voulaient ma mort au Mexique ? C'était peut-être un peu effrayant. « Ma mère a déménagé là, et elle nous a embarqué avec mes soeurs. J'aime pas plus que ça la ville. Enfin, c'est sympa, mais Tijuana me manque ». Tijuana, malgré sa sale réputation de ville la plus violente du monde, me manquait terriblement. J'avais grandi là-bas, et même si les lieux étaient malsains, je m'y sentais réellement à l'aise. Mais j'avais causé trop de problèmes, et rester au Mexique aurait été du suicide. Je ne voulais surtout pas que ma mère ou mes soeurs fussent blessées par ma faute. Trop de gens avaient déjà soufferts à cause de moi. « Et alors, fini les hackages ? Plus de soucis avec la justice ? Tu fais quoi maintenant ? » lui demandai-je. « Et puis les filles ? Ça se passe comment ? ». J'étais curieux. Mais Kyle était un gars que j'appréciais et mon questionnement était sincère. Je voulais réellement savoir ce qu'il devenait.

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Même si je ne me souvenais plus de son prénom, je me rappelais encore très bien de lui. Nous avions passé de très bons moments ensemble ; en fait, nous étions assez proches à une époque. Au début, je n'aurais jamais cru que nous puissions nous entendre aussi bien, parce que nous étions assez différents. Kyle, malgré ses petits démêlés avec la justice, était bien plus doux et sage que moi. Il était sérieux et très intelligent, tandis que j'étais un petit branleur surexcité qui cherchait les embrouilles partout. Mais malgré tout, on avait réussi à bien s'entendre. Il faisait partie de ces rares personnes pour qui j'avais du respect, un vrai et sincère respect. Tout simplement parce que c'était un gars bien, gentil, et surtout qui respectait les gens. Il avait toujours un mot gentil pour vous. Et il s'intéressait aux gens, aussi. Son monde ne tournait pas autour de lui ; il se souciait de ceux qui l'entourait. Non, vraiment, j'appréciais Kyle et je me sentais un peu bête d'avoir oublié son nom, qui pourtant n'était pas compliqué. J'étais un vrai boulet par instant. « Et t’y retournes pour les vacances ? » me demanda-t-il quand je lui évoquais le fait que Tijuana me manquait. En fait, ce n'était pas tant la ville, c'était plus les souvenirs que j'y avais. J'avais tout vécu, dans ce bled ; les pires choses, comme les meilleures. J'avais eu des moments de bonheur intense là-bas, sûrement les seuls de ma misérable vie. Même si tout était en train de changer avec l'arrivée d'Hannah dans ma vie. « Évidemment ! J'pourrais pas rester constamment à Miami. Trop calme, comme ville. Et puis, j'ai des attaches au Mexique » lui répondis-je. Je préférais rester vague sur le sujet, car je n'avais pas vraiment envie de lui dire que j'avais eu une fille l'année dernière. J'ignorais s'il était au courant, mais bon. Autant faire profil bas de ce côté ci.

Je lui demandais ensuite ce qu'il faisait dans la vie, et surtout s'il faisait toujours ces petites activités de pirate du web. Je n'étais pas vraiment doué en informatique, et j'admirais son espèce de don. Il suffisait de lui donner un ordinateur et hop ! il vous hackait le site du gouvernement en deux temps trois mouvements. C'était impressionnant. « Et ben, disons que je fais en sorte de plus me faire prendre. Je pense qu’ils doivent me surveiller, mais je reste quand même plus malin qu’eux ! » plaisanta-t-il. Je lui souri. J'étais un peu dans la même situation que lui, mais avec le deal. Je savais bien que les autorités devaient m'avoir repéré ; rien que la présence de Ryan Daniels en ville me mettait un peu la pression , je devais l'admettre. Il avait toujours eu des soupçons sur moi, quand j'étais jeune et qu'il travaillait près de la frontière mexicaine, et je n'avais pas vraiment envie qu'il me dénonce aux autorités. Parce que vu l'étendue de mon réseau, j'allais prendre très cher. « Faut toujours s'assurer d'être le plus malin. Enfin bon, j'me fais pas de soucis pour toi, t'as toujours été un as en informatique, y'a plus de raisons que tu te fasses prendre ». Maintenant qu'il avait été attrapé une fois, il savait quelles étaient les erreurs à ne pas commettre. « J’ai fait une formation de tatoueur et si j’ai mon diplôme, je compte ouvrir mon salon dans l’été » Mon sourire s'agrandit et je le gratifiai d'une tape sur l'épaule. « Ah ! J'serais ton premier client, alors » Ma passion pour les tatouages était assez flagrante. Sa reconversion en tatoueur m'étonnait quand même un peu. « Et toi alors, qu’est ce que tu fais depuis tout ce temps ? » Je passais une main dans mes cheveux. Si sa reconversion en tatoueur m'étonnait, la mienne le choquerait encore plus. En me connaissait depuis plusieurs années, il devait savoir que je n'avais jamais posé les pieds au lycée. « Ben figure-toi que j'ai commencé des études de psychologie ! Me demande pas pourquoi ni comment j'me suis retrouvé là, mais j'ai miraculeusement réussi les tests d'admission. Du coup, bah… j'vais en cours. Bizarre hein ? Mais j'fais toujours mes petites affaires. Faut bien vivre » commentai-je. J'avais des bouches à nourrir ; mes cinq soeurs, ma mère, Adela et ma fille. Ça commençait à faire beaucoup de personnes à ma charge, aussi, le trafic de drogue se révélait bien utile.

Je lui demandai ensuite comment se passait ses amours. J'avais l'art de poser les questions un peu gênantes ; je voyais bien dans son regard que cela l'embarrassait. « Et tu te souviens d’Elizabeth, la fille avec qui j’étais à l’époque ? Et beh on s’est séparé… Elle était pas vraiment franche avec moi. » Je devinais bien ce qui avait du se passer. « N'en dis pas plus ! Les filles sont des teignes, parfois ». En disant cela, je pensais à Alayna, avec qui je n'arrêtais pas de me disputer dès que nous nous croisions, ou même Daniella qui avait apparemment décidé de ruiner ma vie. « Enfin j’ai quelqu’un d’autre. Bon est pas ensemble, du moins on l’est plus…enfin c’est compliqué quoi…et toi ? » Kyle avait toujours eu des histoires de coeur assez compliquées. « J'suis content pour toi, mec, j'espère que ça marchera bien » Je remettai mon sac à dos correctement sur mes épaules. « Moi… Il se trouve que j'suis avec une fille, depuis peu. Mais genre… J'crois que c'est sérieux. C'est bizarre » répondis-je d'un ton un peu vague. Après les études, voilà que Bellamy, alias le gars qui ne savait pas se poser dans une relation, avait une copine ! Et c'était du sérieux ! Kyle allait aller de surprise en surprise.

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Je jetai un rapide coup d'oeil sur ma montre. Cela faisait déjà dix minutes que j'aurais dû être en classe ! J'étais déjà en retard quand j'étais parti de chez moi (enfin... si on pouvait appeler le tout petit appart' que je partageais avec Cassidy ainsi), mais si je discutais avec Kyle... Au fond, je m'en contrefichais. Je préférais largement être avec lui qu'en cours. J'étais ingrat, quand j'y pensais ; j'avais la chance inespérée de pouvoir faire des études —et de bonnes, en plus— alors que je n'avais même pas eu mon diplôme de fin de lycée, et je gâchais tout. Je n'étais pas très assidu et mes résultats scolaires faisaient du yoyo. Quand je m'appliquais, je pouvais obtenir de bonnes notes ; mais généralement, je ne rendais pas les devoirs ou de ne me présentais pas aux DST. Mes notes commençaient cependant à remonter un peu. Les premiers mois de l'année scolaire avait été durs, étant donné mon niveau d'anglais alors assez pitoyable. L'expression avait été véridique : je parlais anglais comme une vache espagnol. Outre les fautes d'orthographes, ma syntaxe était totalement à revoir et je ne trouvais pas toujours les mots pour exprimer ma pensée. En clair, j'avais de grosses lacunes à rattraper et une langue à maîtriser. Mais j'avais fait des progrès considérables ces temps-ci. Le truc, c'était que je n'allais pas trop en cours. Ce n'était pas ma priorité, dirons-nous ; j'y allais si je pouvais. « Trop calme ?! Je crois que t'es le premier que j'entends dire que Miami est trop calme ! ». Je souris. C'était vrai que la ville était animée. L'agitation qui régnait déjà dans les rues du centre-ville le montrait. Mais je la trouvais calme dans le sens où elle était sûre. Il n'y avait pas trop de scandales, à part cette fille que l'on venait de retrouver à la plage. S'il n'y avait que ça....

« Surtout que je ne suis plus mineur alors là, si je me fais prendre, ce sera la prison ferme ! » m'annonça-t-il d'un ton plutôt jovial. Ah oui, effectivement, il ferait mieux d'éviter ! Bon, en même temps, il fallait dire qu'il jouait un peu avec le feu. Généralement, les hackers se pensaient invisibles mais c'était justement ce que les autorités cherchaient à leur faire croire. Mais bon, Kyle était vraiment doué et le fait qu'il ne se soit fait prendre qu'une seule fois (alors qu'il avait fait un nombre incalculable de trucs très illégaux) prouvait qu'il était doué. Et réellement discret. Intraçable, somme toute. Je lui annonçai ensuite que je serais son premier client, quand il ouvrirait son salon de tatouage. Je ne m'étais jamais fait tatouer dans un vrai salon, à chaque fois c'était un peu à l'arrache par des amis plus ou moins tatoueur. D'ailleurs, l'oiseau que j'avais dans le cou, je ne savais même pas comment il était arrivé là. Je m'étais réveillé avec, un matin. Bon ! « Et c'est pour faire quoi, psychologue ? Ouais ma question doit te paraître sûrement débile mais... c'est un domaine que je connais vraiment ! » me dit-il en rigolant. Sa question n'était pas du tout débile, elle était même très pertinente. J'aurais bien aimé lui répondre... Mais je ne savais pas non plus vers quoi ce diplôme (si j'arrivais à l'obtenir, ce qui n'était pas dit) me ménerait. « Je n'en sais pas plus que toi, en fait. Sans blague, tu me vois psy ? » dis-je en rigolant. J'avais à peu près autant de compassion pour les gens que l'aigle en avait avant de dévorer le rat. « J'ai un peu choisi ça au pif, du coup je sais pas où ça va me mener... Je sais même pas si je vais aller jusqu'au bout, pour tout te dire ».

La discussion en vint ensuite aux relations amoureuses. Pour le coup, j'avais des choses à lui dire, et lui aussi ! Malheureusement, Kyle n'avait pas eu beaucoup de chance en amour. C'était un gars sérieux, donc je l'imaginais du genre romantique, fleur bleu. Peut-être que je me trompais. Mais il avait une belle gueule et il était gentil, donc ce rôle de beau prince charmant lui allait bien. Quant à moi... Pfiou ! J'étais du genre « tombeur ». Je ne m'étais attaché qu'une fois dans ma vie... Et c'était en train de recommencer. Je n'étais pas amoureux d'Hannah. Pas encore. Disons que j'étais très attaché à elle et qu'il était très probable que je le devienne sous peu. Si je m'autorisais à le faire. Et ça non plus, ça n'était pas sûr. Chaque aspect de ma vie était incertain, sans rire ! « Oh mais c'est que le grand Bellamy est en train de tomber amoureux ! » me taquina-t-il. Un sourire gêné apparu sur mon visage. Bellamy et amoureux dans la même phrase. Ça sonnait bizarre à mon oreille. Je n'arrivais toujours pas à croire que je m'étais embarqué dans quelque chose d'aussi sérieux. Ça me faisait peur, honnêtement. « Ma réputation me précède, à ce que je vois » En vérité, si Kyle pensait que je m'étais calmé en grandissant... Il s'était trompé. Jusqu'à Hannah, j'avais continué à enchaîner conquête sur conquête et à briser les cœurs. Les filles ont souvent la mauvaise idée de s'attacher à moi, et je prenais toujours un malin plaisir à leur apprendre qu'il ne faut jamais s'attacher à un gars de mon genre. Jamais. « Amoureux, amoureux... C'est un bien grand mot. Par contre, toi.... Tu m'as tout l'air d'un gars amoureux ! » Je lui renvoyais juste sa taquinerie. Je sortis une cigarette de ma poche et lui en proposai une, ne sachant pas si il fumait ou non. J'avais dû le savoir fut un temps, mais j'avais oublié et de toute façon, il pouvait s'y être mis ou avoir arrêté. « Tout a changé, n'est-ce pas ? Qui aurait dit que j'aurais une relation sérieuse après... » Je me tus soudainement. Je n'allais quand même pas lui parler d'Andrea. « Et toi alors, qui aurait dit que tu aurais hacké le site du FBI ? » souris-je.

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J'étais content que Kyle ait arrêté les conneries. Je n'y comprenais pas grand chose en informatique ; pour tout dire, je n'allais quasiment jamais sur l'ordinateur. Nous en avions un, quand nous habitions à Tijuana, mais comme j'étais rarement chez moi en ce temps-là... Maintenant, je n'en n'avais même pas un. Cassidy en avait un mais ça ne m'intéressait pas vraiment de mettre tant d'argent dans un truc pareil alors que mon téléphone remplissait très bien les mêmes fonctions. Aussi, je ne comprenais rien au charabia de Kyle quand, étant plus jeunes, il essayait de m'expliquer ses hackages. C'était vraiment un gars bien et ça aurait été vraiment bête qu'il se retrouve en prison pour quelque chose d'aussi stupide que cela. En plus, ça ne lui apportait rien, pas d'argent, juste du divertissement, et à mon avis, ça ne valait pas la peine qu'il risque sa liberté pour s'amuser. Pour moi, le deal n'était pas un divertissement mais la chose qui me permettait de gagner de l'argent et de soutenir financièrement toute ma petite famille, ma mère ne trouvant pas d'emploi à Miami et mes sœurs étant trop jeunes pour travailler. Et de toute façon, j'étais trop embourbé dans ces sales affaires pour en sortir, maintenant. Plus jeune, oui, ça m'amusait beaucoup de faire passer la drogue entre le Mexique et les États-Unis, je trouvais ça très drôle que les douanes ne me soupçonnent pas. Mais maintenant que j'étais plus âgé, et que je savais à quel point c'était dangereux... Ça ne me faisait plus trop rire et je devais faire très attention pour que personne ne soit blessé par ma faute. Quoi qu'il en soit, Kyle avait changé d'orientation et entamait maintenant une formation de tatoueur. Je ne l'aurais jamais vu comme ça, mais si ça lui plaisait ! Et puis, ça lui permettrait de continuer ses petites activités sur le net. Quand je lui appris que je faisais des études de psychologie, il parut surpris, comme je le prévoyais. Même moi j'étais encore tout étonné de suivre ce genre d'études sérieuses. Je n'en menais tout de même pas large en cours, et j'y allais un peu quand ça me chantait. Je lui avouais également que je ne savais pas du tout où ces études allaient me mener. J'ignorais si j'avais envie d'être psychologue, mais tout ce que je voulais, c'était trouver une source de revenu qui me permettrait d'arrêter le deal. C'était une bien belle ambition et je n'étais pas sûr que cela marcherait. Comme je l'ai déjà dit, j'étais trop enfoncé dans les histoires pour en ressortir vivant. J'en savais trop, en fait, et ils ne me laisseraient jamais sortir. « Remarque, en voyant ta tronche, les patients sortiraient rapidement de leur dépression. » me taquina Kyle. Je souris. Il avait pas tort, je n'avais pas franchement le physique pour l'emploi. « Tu parles, je serais plutôt du genre àR rire de leurs malheurs que de les aider » continuai-je. On ne pouvait pas dire, en plus, que j'étais particulièrement doué pour aider les gens. J'étais une quiche niveau sentiment, en plus. Bref, le psy parfait !

« Si ça te plait, te poses pas ce genre de question. Fonces et puis c’est tout. » Il avait pas tort sur le fond. « Le soucis c'est que je ne sais même pas si ça me plaît. J'ai pris ça parce que ça avait l'air cool, mais je ne suis pas particulièrement doué ou passionné » Non, j'avais vraiment fait ce choix d'études par dépit. Et puis bon, c'était pratique d'étudier la psycho. Je pouvais examiner le comportement des gens autour de moi, c'était drôle ; d'ailleurs Cassidy me trouvait insupportable quand je l'analysais. Enfin, de toute façon, mes études n'étaient pas du tout ma priorité dans la vie. Je n'espérais pas les finir, étant persuadé que quelque chose me détourneraient d'elle tôt ou tard. Mine de rien, ça prenait un temps fou les études, un temps que j'aurais pu passé à faire autre chose de plus utile. Pendant un temps, j'imaginais que je pourrais peut-être devenir psychologue dans une maison de jeune délinquant, vu que je connaissais moi-même pas mal le milieu, mais je m'étais tout de suite sorti de la tête cette idée ridicule. Comment j'aurais pu aider ces jeunes-là alors que je ne parvenais même pas à aider ma sœur aînée, Lumen, qui suivait parfaitement mes pas ? Elle avait dix-huit ans et faisait n'importe quoi. Elle n'avait pas obtenu son diplôme et ne comptait pas faire d'études supérieurs. En gros, elle comptait sur ma mère pour subvenir à ses besoins tandis qu'elle passerait son temps à glander et à se défoncer. C'était bien ma digne sœur ! Mais son immaturité m'énervait et nous n'arrêtions pas de nous prendre la tête. Elle n'était pas bête et me balançait tout le temps comme argument que je n'avais rien à lui dire étant donné que j'étais pire qu'elle, dans le genre. Et chaque fois, je ne savais pas quoi lui répondre. C'était en partie cela qui me poussait à changer de direction de vie, à devenir quelqu'un de meilleur. Je ne voulais pas que mes sœurs, en grandissant, prennent exemple sur moi, et par-dessus tout, je ne voulais pas que Charlotte, ma fille, ait une mauvaise image de moi.

La conversation tourna ensuite sur un sujet pour le moins intéressant, les relations amoureuses. Et pour le coup, ce sujet tombait très bien ! J'étais en couple depuis peu, moi, Bellamy alias le mec qui brisait les cœurs juste pour s'amuser. Avant, je me fichais bien de savoir qui je m'étais dans mon lit ou non et surtout de savoir si la fille m'appréciait ou pas. En général, je trouvais que toutes les filles étaient chiantes. Parfois, j'en dégotais une qui était moins casse-bonbons que les autres, et il arrivait qu'une fille cool s'attache à moi, et elle voulait que nous soyons ensemble, alors je disais oui. Ça m'était arrivé quelque fois, la dernière en date étant Alayna (qui elle était chiante mais particulièrement bonne au lit), mais même quand j'étais en « couple » avec ces filles-là, je n'étais pas attachée à elle et je ne me gênais pas pour les tromper avec la première inconnue. Mais Hannah, c'était différent. Jamais je ne l'aurais trompé car j'avais trop de respect pour elle. Je ne voulais pas qu'elle soit malheureuse par ma faute, même si je lui avais fait beaucoup de mal inconsciemment. C'était très compliqué entre nous, mais j'étais foutrement attaché à elle et je savais que je n'étais pas avec que pour le cul. J'étais avec elle parce que je l'aimais, même si ça me tuait de me l'avouer et que je ne prononçais jamais ces trois petits mots effrayants. « Oh moi, je le suis totalement, j’avoue ! » m'avoua-t-il en riant. « Mais ça ne m'étonne même pas ! T'es un grand romantique, toi. J'suis sûr que tu vas finir marié, avec une grande maison et des gosses que tu chériras. Avoue que tu rêves d'une vie comme celle-là » le taquinai-je. Il avait vraiment la tête pour l'emploi du « mari parfait, gendre idéal, père de l'année ». Typiquement le genre de vie qui m'aurait ennuyé. Certes, je cherchais à devenir quelqu'un de meilleur mais cette part de... violence, ce côté sauvage que j'avais m'auraient empêché de mener une petite vie bien rangé. Je lui avouai ensuite que je ne pensais pas que je pouvais encore m'attacher après... et je n'avais pas fini ma phrase. Je pensais à Andrea et à notre histoire qui n'avait pas connu de fin, enfin si, une fin plus que brutale que je ne considérais pas comme telle. Disons que son frère, son poignard et les tribunaux s'étaient chargés pour nous de mettre un point final à ce qui aurait été la meilleure chose qui me soit jamais arrivé. Tout cela me restait encore en travers de la gorge. « toutes ces autres filles ? » compléta Kyle. « Oui, qui aurait cru qu'un jour je me caserais sérieusement avec quelqu'un ? Pas moi en tout cas ! » fis-je d'un ton plus léger. Kyle, comme tout le monde dans cette ville, ignorait tout de ma bisexualité et je n'allais pas le lui avouer. En vérité, ça ne m'aurait pas gêné qu'il le sache parce que j'étais sûr qu'il s'en ficherait comme de sa première chaussette, mais je n'assumais que très moyennement, et puis les ragots se colportaient si vite ici ! Surtout avec les articles de Nightmare, je n'avais pas vraiment envie d'être le sujet de son prochain article. En proie à un peu de nostalgie, je lui demandais qui aurait cru que l'on en serait là dans nos vies actuellement. « Oh sûrement pas mes parents quand ils vont vu débarquer les flics chez moi ! » plaisanta-t-il. Je souris à sa blague. « Aha j'imagine ! J'me demande encore pourquoi ils t'ont pas tué ». Je tripotai nerveusement mon avant-bras gauche, à l'endroit du pli du coude, là où se trouvaient mes cicatrices. « Ça va, dans ta famille sinon ? J'ai appris que ta sœur allait se marier. Ça à l'air de rouler pour elle ! Et avec un acteur en plus ! » Je ne connaissais Sky que très vaguement, je ne lui avais jamais vraiment parlé. « Faudra que tu m'invites à ton mariage avec ta copine, là... Comment elle s'appelle, d'ailleurs ? ».