J’avais tenté d’être sympa même si c’était le moins que je puisse faire après l’avoir drogué ce soir. Seulement, Madison semblait avoir récupéré du poil de la bête. Même si l’effet de la drogue était toujours là et la rendait de temps en temps euphorique, elle me renvoyait dans les cordes quand je tentais de lui accorder de l’importance. J’aurais aimé lui répondre que je m’inquiétais pour elle mais je me sentais hypocrite. Je ne cessais de me répéter dans ma tête que c’était entièrement ma faute. Tout dérapait toujours quand j’étais dans les parages de Madison Campbell. Je lui demandai alors ses clés, en espérant pouvoir la faire ramener chez elle mais, c’était une nouvelle fois perdue d’avance. Elle était morte de rire puis d’un coup à la limite de s’endormir par terre. « Non. Tu n’as pas besoin de mes clés et je ne rentrerai pas chez moi. » Avait-elle dit me provoquant un soupire. J’étais mal barré. Dire que je pourrais être en train de m’amuser et danser jusqu’à l’épuisement. Je me retrouvais dans la rue en train de me battre pour récupérer des clés. « Je ne me sens pas bien Kenneth.  Je crois que j’aurai du moins boire ce soir. » Me dit-elle avant de se mettre à pleurer. Merde. Je m’étais agenouiller pour m’asseoir prêt d’elle. Elle transpirait et j’espérais seulement ne pas être obligé de ma main dans sa bouche pour la faire vomir. Mon cœur s’était accéléré, j’étais clairement en train de paniquer. Je ne savais pas comment réagir. Finalement, je m’étais tourné vers le videur avec l’intention de lui demander d’aller me chercher un verre d’eau mais Madison ne m’en laissa pas l’opportunité. Elle riait à présent. « Laisses moi, je veux dormir. Retournes voir ta petite amie, tu dois sortir de ma vie. » C’était une mauvaise idée. Madison était plus chiante quand elle était complètement sous l’effet de la drogue. Par chance, je savais où elle habitait. Je m’occuperais des clés plus tard. Je l’avais attrapé par le bras pour la relever et avait fait signe à un taxi de l’autre côté de la rue. Une fois à notre hauteur, j’avais ouvert la portière pour nous faire rentrer à l’intérieur. « Laisses-moi t’aider, Madison. » finis-je par dire pour éviter qu’elle ne se débatte face à moi. J’échangea quelques mots avec le chauffeur pour l’obliger à rouler en direction de son appartement. J’avais tourné la tête vers elle. « Est-ce que tu vas me frapper ce soir ou tu vas me laisser te déposer chez toi pour que tu ailles te coucher ? »

Une nouvelle fois, elle m’avait repoussé. J’aurais dû m’en douter. Ça ne servait pas à grand-chose. Seulement, je ne pouvais pas partir et la laisser toute seule. J’avais déconné et j’étais prêt à assumer quitte à gâcher aussi ma soirée. Le point positif c’est qu’elle ne comptait pas me frapper et j’appréciais le geste. Elle en avait déjà fait assez l’autre soir. Celui négatif, c’est qu’elle ne voulait pas rentrer chez elle. Sa tête se posa sur mon épaule et je n’avais pu m’empêcher de la regarder. Je détestais ce que je ressentais en ce moment. Elle me répéta une seconde fois qu’elle ne voulait pas rentrer chez elle. Seulement, elle ne m’apportait pas plus de solutions. « Mon frère me déteste et il couche avec cette merde de McKay qui a mis ta sœur enceinte. Je ne veux pas rentrer. » J’avais froncé les sourcils en l’entendant. Qu’est-ce qu’elle venait de dire là ? Je n’arrivais pas à le croire. « McKay ? Sebastian ? Il couche avec ton frère ? » la questionnais-je subitement très intéressé par ses paroles. Pendant un moment, j’avais réussi à rester sérieux. Sans doute à cause de la surprise. Puis, je m’étais mit à rigoler. Un fou rire incontrôlable. Je n’arrivais pas à le croire. Ce con couchait avec son frère. Il mettait vraiment sa queue dans tous les trous. « Tu t’y feras, j’en suis sûr. » finis-je par dire entre deux fous rires pour tenter de la rassurer. Cette soirée était exceptionnelle. « Ton frère doit être canon. » rajoutais-je pour l’embêter un peu avant de poser ma tête contre la sienne en pouffant de rire de temps en temps. J’essayais d’être discret mais c’était plus fort que moi. Finalement, la regard du chauffeur me ramena à la réalité. Si j’avais bien compris, son frère devait habiter chez elle parce que son excuse était qu’elle refusait de le voir. Je ne savais pas vraiment quoi faire. Je n’avais pas de logement pour le moment et le taxi me coûterait une fortune si je ne trouvais pas de destination. Je me poussa un long soupire avant de lui donner l’adresse de Lily. J’espérais que cette dernière ne m’en veuille pas trop. Je savais qu’elle ne portait pas sa cousine dans son cœur. Je me repositionna sur mon siège et adressa un sourire à Madison. « Ça pourrait être pire. Imagine que ton frère tombe enceinte de McKay. » Le pire étant que je me trouvais très drôle à ce moment-là et que je n’avais pas pris de drogue. Le trajet fût plutôt court mais il m’avait tout de même allégé de quelques billets de ma poche, durement gagné plusieurs minutes auparavant. « Allez Campbell, ne t’endors pas sur moi et ne me force pas à te porter. » dis-je en ouvrant la portière de mon côté.

Je venais d’ouvrir la portière et j’espérais que Madison me suive mais elle délirait un peu. Je retiendrais la leçon. Ne plus jamais mettre un comprimé dans le verre d’une fille. Par chance, le chauffeur fût plutôt de mon côté. En réalité, je pense qu’il voulait surtout se débarrasser d’elle et faire une nouvelle course pour avoir plus d’argent. Ce dernier augmenta le son de sa radio au maximum pour la réveiller et la faire sortir de son taxi. Il avait gagné. C’était plutôt efficace. Malgré quelques critiques de la part de Madison, il resta calme et attendit que je l’aide pour descendre pour me demander de fermer la portière et se barrer le plus rapidement possible. « Pourquoi on est là ? » me questionna-t-elle en apercevant l’immeuble. Elle ne devait pas se souvenir que je vivais chez Lily. En réalité, je crois que je ne lui avais même pas dit. Je n’en sais rien. Mes souvenirs étaient plutôt confus. Je m’apprêtais à lui répondre quand elle s’arrêta brusquement en parlant de sa tête. Ses yeux s’étaient fermés et je la sentais tombée avant que je ne la rattrape de justesse. L’un de mes bras entoura sa taille alors que l’autre descendit un peu plus bas pour la faire basculer dans le but de la porter. Elle était moins légère que ce que je pensais mais ça devrait le faire. Ce n’était qu’une histoire de quelques marches. Je ne savais pas trop si elle s’était endormie ou si elle avait perdu connaissance. Je parierais sur la seconde hypothèse. Cependant, malgré les palpitations de mon cœur traduisant mon anxiété, elle respirait toujours et c’était une excellente nouvelle. Je ne l’avais pas tué. J’avais profité de son état pour monter les étages sans qu’elle ne puisse opposer de résistance avant de la faire rentrer dans l’appartement. Puis, je l’avais allongé sur le canapé en prenant soin de faire attention à sa tête. On aurait dit un gros bébé dont je devais m’occuper. Je m’étais redressé dans l’intention de prévenir Lily mais elle n’était pas dans sa chambre. Il n’y avait personne. Je repartis donc sur mes pas et m’installa dans l’un des fauteuils. Je ne pouvais pas faire dormir Madison dans la chambre de Geane et encore moins dans celle de sa cousine. Elle allait devoir squatter le canapé qui était censé être le mien. Ça craignait un max. Je m’étais finalement relevé pour me rapprocher du canapé et me baisser à sa hauteur. J’avais rapproché ma tête pour poser mon oreille contre son ventre. C’était assez bizarre, je devais l’avouer. J’avais des réactions un peu étrange mais je voulais juste vérifier qu’elle respirait toujours et qu’elle n’était pas en train de mourir sur mon canapé. Ma main s’était alors posé sur son front. Elle était en sueur et sa température élevée. Je m’étais donc relevé pour me diriger vers la cuisine pour prendre un verre d’eau fraîche avant de revenir vers elle. « Madison ? » murmurais-je pendant que mes doigts se posaient sur l’un de ses bras. Pitié mon dieu, ne m’obligeait pas à l’emmener aux toilettes pour la forcer à vomir cette merde. « Madison ? Est-ce que tu m’entends ? » L’appelais-je tout bas. Peut-être que je devais la laisser dormir. Je n’en savais rien. C’était elle le médecin, pas moi.

Je sentais la situation m’échappait de seconde en seconde. J’avais été tout simplement un crétin sur ce coup là. C’était encore pire quand elle s’était réveillée et qu’elle semblait totalement perdue. Elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait et je n’avais plus trop le choix. Cette stupide blague avait assez durée. Je devais juste lui dire la vérité même si ça me semblait insurmontable. Je n’étais vraiment pas bon pour l’honnêteté et encore moins pour les excuses. Je ne comprenais pas pourquoi elle se mettait dans un état comme celui-ci. Ce n’était qu’un petit comprimé, bon sang. J’en avais avalé une vingtaine dans le passé. « Mes symptômes me font penser à un état de transe provoqué par la drogue. Et je crois que c’est Oliver. Il est dans les toilettes. » J’allais finir par me faire chopper. Ce n’était plus qu’une question de temps. Peut-être que je devais laisser Oliver porter le chapeau après tout. Il était médecin. Ce n’est pas comme si ça allait changer sa vie si on l’accusait de droguer des filles. Madison n’irait pas jusqu’à porter plainte contre lui. Sebastian… c’était Sebastian. Lui, il le méritait. Elle aurait besoin d’une preuve contre Oliver et elle n’en avait aucune vu qu’il n’avait rien fait. Il n’y avait rien contre moi non plus. Enfin, je crois. J’étais totalement perdu. Dire la vérité, la cacher. J’avais déconné mais en même temps je l’avais aidé quand Oliver avait voulu couché avec elle. Ça faisait de moi, quelqu’un de bien. Je n’étais pas le méchant. Je voulais juste qu’elle arrête de me faire chier, qu’elle se décoince et qu’elle rigole. Mon plan avait marché à moitié. « Pas d’hôpital... La douche… l’eau froide... » La voix de Madison m’avait ramené à la réalité soudainement. Il fallait que je me concentre au lieu de la laisser là. Je devais faire comme elle a dit. La mettre sous une douche froide. Je m’apprêtais à m’exécuter lorsqu’elle avait tourné la tête pour me dégueuler dessus. « Putain ! » criais-je. Ma tête avait littéralement changé de couleur. Elle avait vomit sur moi. Je n’arrivais pas à le croire. C’était dégoûtant. Je n’écoutais même plus ce qu’elle racontait, j’avais du vomit partout. J’aurais pu en pleurer. Je m’étais levé pour me laver les mains dans la cuisine et m’essuyer un peu avec une serviette avant de revenir vers elle pour l’aider à se relever. Je ne préférais pas la porter. Ma chemise était immonde et cette odeur me piquait les yeux. Je me contentais d’essayer de la retenir à distance en la dirigeant vers la salle de bain. Arrivée à l’intérieur, j’avais descendu la fermeture éclair de sa robe sans même lui demander la permission. Je l’avais retiré d’un coup puis j’avais fait asseoir Madison sous la douche avant de l’allumer sur elle. Ce n’est pas comme si j’allais en profiter pour la regarder en sous-vêtements. Elle venait de vomir sur moi. Elle avait perdu tout son charme. Je m’étais quand même retourné dans un premier temps pour lui laisser son intimité et pour retirer ma chemise. Cette grimace dégoûtée ne quittait pas mon visage. C’était un coup du destin. Sa vengeance pour ce que j’avais fait. J’étais sortit de la salle de bain pour retirer mon pantalon à son tour. Je me sentais beaucoup mieux et surtout un peu plus propre. Une fois qu’elle aurait récupéré, cette douche serait à moi. De retour dans le salon, j’avais fouillé dans mon sac pour récupérer deux tee-shirts et un short puis j’étais repartit une seconde fois dans la salle de bain. Il ne fallait pas qu’elle se noie. J’étais persuadé qu’elle en était capable. Je les avais posés sur la bordure du lavabo puis je m’étais glissé sous la douche pour m’asseoir à côté d’elle. « Est-ce que tu te sens un peu mieux ? » la questionnais-je en posant ma main sur son front. Sa température semblait avoir baissé à moins que ce soit l’eau froide qui me donnait cette impression. « C’était pas Oliver. » dis-je en soupirant après avoir retiré ma main. Je ne sais pas pourquoi j’avais dit ça mais j’en avais trop dit pour pouvoir reculer à présent. « J’ai mis de l’ecstasy dans ton verre… Je ne pensais pas que ça en arriverait là. » Rajoutais-je. Autant le dire avant de se faire coincé. Elle l’aurait bien découvert un jour ou l’autre. « Je suis désolé. »

Tout était dit. J’avais l’impression d’avoir retiré une épine de mon pied mais au moins je lui avais dis. Je ne craignais plus qu’une autre personne ne le fasse à ma place ou que je me fasse attraper. Sans doute, avais-je avoué pour de mauvaises raisons. Mais c’était fait et je ne le regrettais pas. J’étais prêt à recevoir des coups ou entendre les cris de Madison, même si je me doutais qu’elle n’en aurait pas. Je n’y avais pas pensé à l’origine mais j’avais trouvé le meilleur moment pour le faire. Sa tête s’était tournée. Je l’avais rapidement remarquée. Elle ne voulait plus me regarder en face. Elle devait être déçu ou même écœuré. Son comportement me faisait un peu culpabiliser. « Mon corps ne réagit pas bien à ce genre de pilule. Il doit y avoir une substance à laquelle je suis allergique. J’aurai d’ailleurs des maux de ventre pendant au moins une semaine. » M’avait-elle dit. Je ne sais pas si c’était pour faire en sorte que je m’en veuille mais elle avait réussi. Toutefois, je comprenais mieux son état. Elle était vraiment mal au point. Je n’avais jamais été dans un état tel que le sien et j’avais déjà pris bien plus qu’une pilule d’ecstasy. Soudain, elle me demanda ce qui m’était passé par la tête en me regardant enfin. Je ne savais pas quoi lui dire. Je n’avais pas tellement réfléchis et ma réponse ne justifierait pas ce qui s’était passé ce soir. « Tu me détestes autant que ça ? » me demanda-t-elle. Un silence s’était installé entre nous. Elle ne me regardait plus et je ne la regardais pas non. J’étais dans mes pensées. Je repensais à ma discussion avec Edward dans ce bar et la dispute que j’avais eu avec elle devant l’hôtel. Tout me paraissait tellement plus compliqué avec elle. L’eau qui tombait sur ma tête était gelée. Pourtant, ça me faisait beaucoup de bien. Les pulsations de mon cœur avait ralentit. J’avais la sensation de pouvoir y rester encore pendant des heures. Finalement, mon visage s’était tourné vers elle. Aucun son ne sortait. Je ne détestais pas Madison mais mes sentiments contradictoires et ma colère me mélangeait les idées. « Bien sûr que non. » murmurais-je. Ce fût les tous premiers mots que j’avais pu prononcer. « Je ne te déteste pas. » rajoutais-je sur le même ton avant de reprendre. « J’étais en colère contre toi et j’ai fait une connerie. Je pensais que ça serait drôle mais… c’était juste idiot. » Lui confiais-je. Après quelques secondes, je posai ma main une seconde fois sur son front. Elle avait l’air d’aller mieux mais peut-être avait-elle besoin de rester encore un peu plus longtemps. J’étais vraiment nul comme médecin. A court d’idée, je m’étais relevé. Je n’avais pas besoin de rester plus de temps sous l’eau. Ce n’était pas pour moi et au moins, je ne sentais plus le vomit. Par contre, je devais encore nettoyer le salon et jeter mes anciens vêtements dans la machine à laver. J’étais sortit de la douche pour attraper ma serviette et me sécher rapidement avant d’enfiler un des tee-shirts posé sur le lavabo. « Tu pourras prendre le tee-shirt et le short. Si tu as besoin de moi, tu n’auras qu’à m’appeler. » lui annonçais-je en la regardant avant de sortir la pièce. J’avais été cherché des draps dans l’une des armoires pour les poser sur le canapé avant d’attraper mes vêtements sales pour les jeter dans la machine à laver et de prendre une serpillère dans le but de nettoyer par terre. L’odeur resterait sans doute mais au moins, c’était propre.