Mes pieds tapotaient contre le sol au rythme des chansons qui sortaient des enceintes du club alors que mes fesses étaient confortablement posées sur l’un des canapés à l’écart de la piste de danse. Je discutais depuis plus d’une trentaine de minutes avec Avery mais ça ne semblait servir à rien. Il ne voulait pas m’écouter ou prendre mon avis en considération. Pour lui, c’était juste un moment d’égarement ou une idée stupide que j’avais dans la tête et qui me passerait dans quelques jours. Il faut dire que je n’avais pas beaucoup d‘arguments face à lui. J’en étais au même point que l’année précédente quand je lui avais demandé de me faire confiance et de me prendre dans son équipe d’escort. Je n’avais toujours pas d’emploi, j’étais en manque cruel d’argent et aucun logement. Si je ne trouvais rien, j’allais finir par me retrouver à la rue et je me demandais ce qui serait le pire. Reprendre mon job d’escort boy ou ne plus avoir un dollar et finir mendiant sur le bord d’un trottoir en ville. Je dois avouer que je pensais de plus en plus à reprendre juste pour quelques soirées, histoire de me retourner et de récupérer un véritable emploi. Après ça, je pourrais arrêter à nouveau. C’était si simple à dire mais je savais que ça ne se passerait pas comme ça. Si je reprenais, aucune chance que je veuille arrêter par moi-même. J’avais dis ça de trop nombreuses fois et même si j’avais fait des efforts, je ne me faisais pas encore confiance. La discussion tournait en rond mais elle fût vite interrompue quand une jeune fille d’une vingtaine d’années s’était assise sur les genoux d’Avery pour l’embrasser à pleine bouche. Escort. J’en mettrais ma main à couper vu sa façon de se tenir et sa tenue. Je m’étais finalement relevé, affichant une mine dégoûtée. La musique retentissait dans mes oreilles tandis que je traversai la foule. Je pensais pouvoir atteindre le bar mais la main d’Avery se posa sur mon bras avant qu’il ne me tire en arrière. Au milieu de la piste de danser, je m’étais retrouvé face à lui. Il rapprocha son visage pour me chuchoter quelques mots à l’oreille. Je n’avais pas totalement compris mais en sentant sa main glisser dans ma poche pour y déposer un sachet de comprimés, ses paroles prirent un sens. Si j’arrivais à vendre la totalité ce soir, j’aurais un pourcentage. Mes yeux se posèrent sur lui et un étrange sentiment me parcourra soudainement. Il voulait m’aider. C’est l’impression qu’il me donnait à cet instant. Il me tendait la main pour me faire un peu d’argent ce soir et sans rien demander en retour. J’hocha la tête comme simple réponse avant de me frayer un chemin à travers les danseurs pour pouvoir rejoindre le bar. Je m’installa à un siège et fis signe au barman de me donner une bière avant de repartir sur la liste. Je ne mis pas trop de temps à trouver une partenaire avec qui danser et me défouler. J’avais le sourire aux lèvres et même s’il arrivait que quelques mains se baladent, je n’en oubliais pas Bailee. J’avais simplement envie de m’amuser sans réfléchir aux conséquences et retrouver cette phase de séduction que je trouvais réconfortante quand j’étais encore escort boy.

La musique était vraiment géniale. C’était bien mon club préféré pour une bonne raison. Il n’y avait pas une chanson qui ne nous permettait pas de danser et d’évacuer tous nos problèmes en oubliant tout le reste. Les morceaux s’enchainaient sans aucune pause. J’adorais ça. Je ne voulais plus quitter cet endroit. Le contact avec les autres était aussi d’une facilité incroyable. Personne ne se connaissait mais tout le monde dansait ensemble. Je passais d’une partenaire à une autre sans vraiment faire attention et toujours avec une énergie débordante. Une fille blonde d’à peine une vingtaine d’années avait attrapé l’une de mes mains pour la passer autour de sa taille. Nos hanches se balancèrent au rythme de la musique et je n’arrivais même pas à définir le temps qui s’était écoulé depuis que j’étais là. Personne ne semblait pouvoir m’arrêter et pourtant une voix se glissant à mon oreille me fit arrêter net avant que mon regard se pose sur Avery à l’autre bout du club. Une brune avec des mèches violettes dans les cheveux. Elle me montra quelques billets qu’elle fourra dans la poche de mon pantalon sans attendre ma réponse. Je chercha le sachet dans ma poche et en sortis un comprimé. Elle ouvrit la bouche et je le fis tomber sur sa langue tandis qu’elle referma ses lèvres autour de mes doigts pour les sucer en avalant la drogue. Cette sensation qu’elle avait en ce moment, je la connaissais que trop bien. L’extase de sentir ses muscles se décontracter un à un, l’engourdissement dans la bouche. Je dois même dire que ça me faisait envie mais je préférais encore la sentir se frotter contre moi plutôt que de replonger. Nous étions collés l'un à l'autre et ce moment plutôt sexy aurait pu être parfait si Madison n’avait pas fait son apparition. Elle avait sans doute un radar pour découvrir quand j’étais heureux et quand elle pourrait tout interrompre. « J’aimerai passer. » dit-elle avant de nous pousser sans même attendre. Apparemment, elle ne s’était pas assagit depuis notre dernière rencontre. Je ne devais pas rester à côté d’elle. Elle était trop violente. Pourtant, je ne sais pas pourquoi, ma main avait atterrit sur son bras pour l’arrêter. Je l’avais tiré vers moi avant de rapprocher mon visage du sien. Tout comme je l’avais fait dans l’ascenseur, ma bouche s’était positionnée à son oreille. « Je m’excuse pour l’autre soir. J'étais en colère et c'est inacceptable. Toi et moi, on devrait rester amis. » Rajoutais-je en murmurant alors que mon sourire en coin s’était agrandit. Je ne savais pas si elle allait me croire. Ce que je savais par contre c’est qu’elle n’avait pas fait attention depuis quelques secondes à mon autre main qui avait jeté un des comprimés du sachet dans son verre. Puis, mon visage s’était éloigné et je lui avais adressé un sourire avant de m’enfoncer à nouveau dans la foule à la recherche d’une nouvelle partenaire sans lâcher Madison du regard. Une table VIP. Elle n’était pas loin de celle d’Avery. J’allais bien rigoler… Toutefois, un sentiment de doute était apparu. Je pouvais être con quelques fois. Elle ne me pardonnerait jamais ça. Après tout, peut-être qu’elle finirait par ne pas boire ce verre. Mince. J’avais encore déconné. L’alcool ne me réussissait pas.

Rapidement, j’avais arrêté de regarder Madison pour reprendre mes activités. Je dansais en prenant soin de m’arrêter pour vendre les pilules d’ecstasy dans le sachet pour Avery. A la fin de la soirée, j’aurais une partie de l’argent pour me racheter une moto. J’en étais persuadé. Tandis que je m’éclatais pris en sandwich entre deux fabuleuses jeunes femmes, je remarquai rapidement que Madison n’était plus à sa table. Un rapide coup d’œil dans tous les coins du club avant que je ne la retrouve en réalité pas loin de la table en train de danser ou plutôt de remuer les fesses. Je ne sais pas trop ce qu’elle fabriquait mais ça ressemblait plus à des coups de fesses dans tous les coins plutôt qu’à de la danse. A mon avis, les effets du comprimé commençaient déjà à faire leurs effets à moins qu’elle danse toujours comme ça et là, ce serait problématique. Mon regard était rivé sur elle quand des lèvres se posèrent sur les miennes. Même si je jouais avec le feu, je ne tromperais jamais Bailee. Je repoussa la fille sans ménagement et marcha sans me retourner pour me rapprocher discrètement des tables. Mon plan était pitoyable mais j’imaginais que si les choses dérapaient et que je me retrouvais dans le coin, totalement par hasard, pour l’aider, tout s’arrangerait entre nous. Je serais une espèce de héros. Une nouvelle fille se posta à côté de moi. Encore une cliente. Nous avons fait l’échange en un temps record avant que je cherche Madison à nouveau. Elle était avec un garçon. Pas vraiment étonnant. Je m’étais mit à marcher vers eux sans même le remarquer avant que je ne m’arrête face à eux. « J’aimerai passer. » me contentais-je de dire avec un sourire narquois avant de les séparer pour pouvoir passer. J’étais vraiment un connard. C’est à ce moment que je l’avais remarqué. En plus, je n’allais pas du tout dans la bonne direction. Je fis donc demi-tour pour revenir sur mes pas en les séparant une seconde fois pour passer. Si j’avais un jumeau, je suis sûr que je me détesterais.

Après avoir fait mon cirque, je m’étais décidé à relâcher un peu ma surveillance sur Madison. Elle était juste en train de danser avec un gars et je doutais que ce soit les effets de la drogue. En réalité, j’étais persuadé qu’elle le voulait vraiment. D’autant plus, qu’ils avaient l’air de se connaître. Sans doute encore un médecin. Elle avait un sérieux problème avec les médecins. Cette profession était parfaite pour coucher avec ses collègues. Bref, je me chassai l’idée de la tête et partis en quête des derniers clients pour finir ce putain de sachet qui pourrissait dans ma poche. Je ne supportais pas de le sentir et encore plus de contrôler mon envie d’en piquer une ou deux juste pour m’amuser. Mon programme de cure me faisait pisser dans un bocal toutes les semaines et je me ferais sans doute enfermer une nouvelle fois si je déconnais avec ça. Au bout de plusieurs minutes, j’étais finalement revenu vers Avery pour lui donner l’argent mais ce dernier s’était contenté de me dire de tout garder, un cadeau. Ce mec était vraiment mon ange gardien. Je m’apprêtais à le remercier quand l’absence de Madison me sauta aux yeux. Merde. Personne sur la piste de danse et je n’arrivais même pas à trouver son petit copain de tout à l’heure. Elle avait le don pour me faire chier et ne pas rester en place. Les toilettes, le seul endroit, où un mec pouvait baiser une fille dans un club. C’était ça ou il l’avait ramené chez elle… ou chez lui. Je tentais de ne pas être inquiet mais je l’étais. J’avais mit de l’ecstasy dans son verre et elle ne devait pas être au meilleur de sa forme. En tout cas, pas en capacité de se défendre. Je soupira un bon coup en traversant la foule. Il ne fallait pas penser au pire. Elle le connaissait. C’était forcément un ami qui lui voulait du bien et qui avait appelé un taxi pour la ramener chez elle. J’avais fait seulement quelques pas dans les toilettes lorsque mes doutes s’étaient envolés. Elle était complètement défoncée et morte de rire alors qu’il posait ses mains sur elle pour la toucher. C’était écœurant et je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même. Pourtant, c’est à lui que j’en voulais. Mon sang n’avait fait qu’un tour en voyant la scène. Je l’avais attrapé par le bras pour le tirer en arrière et les séparer. « Madison, tu m’attends ici. J’en ai pour une minute. » Lui dis-je d’un ton ferme en la regardant. Elle n’avait pas intérêt à se barrer. Quoi qu’il en soit, mon regard s’était porté sur le gars que j’avais réussi à pousser jusqu’aux toilettes en prenant soin de refermer la porte derrière moi. Je crois qu’il avait deviné ce qui allait se passer parce que ce fût le premier à foncer sur moi pour me plaquer contre le mur. J’avais rapidement inversé la tendance en lui foutant mon poing dans la figure et en l’attrapant pour le jeter dans l’une des cabines. Sans lui laisser le temps de réagir, mon pied s’était écrasé dans la zone creuse derrière son genou pour le forcer à se retrouver à terre alors que mes deux mains poussaient sa tête à l’intérieur de la cuvette des WC. Je voulais juste le noyer dans cette saleté de cuvette bouchée pleine de merde et de pisse. Je sentais sa tête et ses bras s’agiter pour me forcer à le laisser respirer mais je ne bougea pas d’un millimètre pendant encore plusieurs secondes. Ce n’est que lorsqu’il fût totalement à bout de force et incapable de se défendre que mes mains avait relâché leur pression pour le pousser en arrière. J’avais beau essayé de changer, j’en étais encore à des années lumières. Il sentait mauvais mais je m’étais tout de même mit à sa hauteur pour lui parler. « Si tu t’approches encore une fois d’elle, je te tue. » dis-je en prenant soin d’articuler chacun de mes mots. « Ce n’est pas une menace à prendre la légère ou une blague. Je reviendrais te voir, je te découperais membre par membre en faisant en sorte que tu sois conscient pour ressentir la douleur jusqu’à la fin. Je commencerai certainement par ton pénis et je finirai par ta tête. » Ajoutais-je en le fixant avant de reprendre. « Je t’interdis de lui envoyer des messages, de la toucher, de lui parler, de la regarder ou d’être la même pièce qu’elle. Compris ? » J’avais attendu un signe positif de sa tête pour me redresser et me diriger vers les lavabos. Je m’étais lavé les mains puis j’étais ressorti des toilettes comme tout était déjà oublié. Un soupire s’était échappé de ma bouche en remarquant qu’elle n’était plus là. Elle n’écoutait vraiment rien à rien. Ce n’était qu’un comprimé, je ne lui avais pas donné le sachet non plus. Par chance, je la retrouvai bien assez vite à quelques mètres en train de remuer les fesses. Si j’avais su dans quel état ça la mettait, je me serais abstenu. Je m’étais positionné face à elle, bien déterminé à arrêter ça. « Madison, tu devrais rentrer chez toi. Il y a des taxis devant le club. La soirée est terminée pour toi. »

Je pensais pouvoir la convaincre assez rapidement. Il me suffisait de lui parler durement et de lui faire comprendre qu’elle était vraiment dans un autre monde et qu’elle devait rentrer chez elle. Cependant, j’aurais dû me douter que ça ne se passerait pas aussi facilement et qu’elle ne m’écouterait pas le moins du monde. Elle s’était mise à rire encore une fois. Je dois avouer que c’était assez amusant de la voir dans un état tel que celui-ci. Elle paraissait un peu moins chiante et énervée après moi. Je n’avais même pas peur de me prendre un coup comme l’autre soir. Puis, ses paroles devenaient de plus en plus incompréhensibles. Au début, c’était un discours pour m’expliquer à quel point elle détestait les hommes. Je ne savais même pas qu’elle avait un frère mais au moins je n’étais pas le seul avec qui elle avait un souci en ce moment. Puis, sa main s’était posée dans mes cheveux. Je détestais qu’on les touche mais avec Madison ça passait toujours. Et puis, selon elle, mes cheveux étaient gentils. Elle en était même amoureuse et voulait les épouser. Je m’étais mit à rigoler. C’était n’importe quoi mais c’était en même temps très amusant. Elle avait même décidé de les mettre sur sa brosse dans son sac. « Je couperais mes cheveux pour te les donner. » répondis-je en riant. Cette fille était complètement dingue. Elle s’était mise à marcher et j’avais voulu lui attraper le bras pour la retenir mais elle sautait déjà comme une sauterelle au milieu de la piste. Elle me faisait limite honte. Quand elle percuta un groupe de filles, les choses s’aggravèrent rapidement. Madison les avait carrément traitées de putes. J’avais soupiré. Elle ne m’attirait que des ennuies. A chaque fois que je la voyais, il y avait toujours des bagarres. « J'ai pas peur moi! Je sais me battre! Venez ! Je vous attends! » Entendis-je soudainement. Elle avait commencé par les pousser et je m’étais glissé entre les gens pour pouvoir l’atteindre. Je n’avais pas eu le temps d’arrivée qu’une des filles avait foutu un coup de genoux dans la tête de Madison. Mon dieu ce que les filles étaient brutales. J’avais attrapé Madison pour l’empêcher de repartir vers elles et de se faire caser la gueule. Elle se débattait quand même avec pas mal de force mais je l’avais trainé jusqu’à la sortie contre son gré. Une fois dehors, j’espérais que l’air frais allait lui faire du bien et surtout la calmer. « Rien de cassé ? » la questionnais-je en la regardant. « Tu dois rentrer chez toi, Madison. Donne-moi tes clés ! » Réclamais-je en tendant la main dans sa direction. Je ne savais pas ce que j’allais pouvoir faire d’elle. Elle ne pouvait pas venir chez moi vu que je n’avais pas de logement et que je vivais chez Lily. Elle devait rentrer chez elle. C’était la seule solution. Je pourrais peut-être la pousser dans un taxi et vérifier qu’elle soit bien dans son appartement avant de revenir au club.