Nous semblons plus proches que jamais l'un à côté de l'autre. Ce qui peut paraître assez étrange quand on sait ce qu'il y a pu se passer entre nous ces dernières heures. Je me suis faites remballer en beauté après avoir ouvert mon coeur pour la première fois à un homme, à cet homme plus particulièrement. Il m'a avoué que son coeur était partagé avec une autre femme, puis il m'a embrassé, me demandant de ne pas tenir compte de ce baiser, de ne pas lui donner de signification particulière, de mettre ça sur le dos de l'impulsion du moment. Et pourtant, malgré tout ça, j'étais toujours auprès de lui, à faire comme si de rien était, a faire comme si je ne lui en voulais pas, à échanger sur le ton de la plaisanterie, à me laisser franchir en croisant son regard. Je préférais la naïveté à la réalité, et puis nous étions loin de Miami, on peut considérer que c'était une sorte échappatoire à nos problèmes. Ca nous permettait de faire une pause dans cette guerre que nous nous livrons depuis nos retrouvailles au beau milieu du centre ville de Miami. Personne pour nous observer, personne pour nous juger, nous étions livrés à nous même et forcés de nous supporter, pas de fuite de possible. Et depuis ce moment passé sur le ponton, aucun de nous ne voulait écourter ces instants passés à deux. On sait très bien où ça nous a mené ensuite... La panne, le restaurant... Il m'affirme qu'il ne m'abandonnera pas, une fois de plus. Ca me touche, mais je ne parviens pas à y croire. Pas que je doute de sa sincérité, mais je pense que s'il venait à couper court à ce début de pseudo relation entre nous, il ne resterait que des morceaux brisés de ce nous, et que d'une certaine manière, nous serons obligés d'abandonner cette fois. Notre relation avait subi trop de choc, tout ne tenait plus qu'à un fil, et bien qu'il me semblait bien solide, je savais très bien que cette fois ça signerait la fin de notre histoire, même d'un point de vue amical. C'est sûrement la raison pour laquelle je tâchais de profiter de lui librement tant que j'en avais encore l'occasion. Enfin... pas si librement puisque je devais éviter de le charmer, et ça c'était assez difficile puisque j'avais envie que d'une chose c'est qu'il cède à cette attirance entre nous.
Nous quittons le restaurant alors que je prends enfin le temps de réaliser que se retrouver dans ce lit pourrait poser problème. C'était déjà le cas la nuit dernière, mais là, ça allait être notre décision commune, pas par manque de chambre ou à cause d'une erreur administrative. Nous avons connus un rapprochement des plus surprenants, parce que oui, j'ignorais qu'il pouvait y avoir une telle attraction entre nous, et là nous allions prendre le risque d'être si proche sans avoir le droit de se toucher, ca allait être dur. Mais je prends pourtant ce choix final une fois devant l'accueil. Mon échange de regard avec James est assez évocateur, je pense qu'on doute clairement de notre capacité à y survivre, mais il faut croire que ca nous semblait impossible de survivre quelques heures sans la présence de l'autre, alors.... Et puis, c'était certainement les dernières heures avant que nous regagnons la vie réelle. Notre entrée dans la chambre se fait silencieusement. Je pense que chacun de nous réalise la situation. Il est rare que je dorme avec des hommes, et il est encore plus rare qu'il ne se passe rien avec eux dans ces circonstances. James sera donc l'exception à la règle! Nous nous attardons pas trop sur cette pièce. Nous n'avons pas d'affaires, et il va de soit qu'elle nous servira uniquement pour nous reposer avant de pouvoir contacter un garagiste dès le lendemain matin. Je fais cependant remarquer au jeune homme qu'il est à ma place alors qu'il trône à côté du lit." Je n'ai pas oublié non ! C'est noté, bien enregistrer, on n'sait jamais si ça devait arriver encore une fois.." Mon regard se perd dans le sien dans un moment délicieux. Je ne sais pas si ce sont ses paroles où les yeux qu'il me lance, mais je suis définitivement sous le charme. Une petite voix au fond de moi me met cependant en garde, je dois me montrer sage!SAGE! Ouais... Je dois m'y tenir. Je l’évite donc à travers l'obscurité de la pièce qui est uniquement éclairée par la pleine lune. Je m'installe sur ce lit, affrontant mes choix en pleine face! J'ai choisi cette situation, je n'ai qu'à me tenir tranquille à présent! Le silence de James me trouble. Il suffit que nous soyons dans le noir pour que la parole nous manque, et j'ai peur de mal interpréter ce silence, je ne veux pas qu'il soit synonyme de malaise entre nous. Nous avons beau faire comme si de rien était, ce moment dans cette pièce traduit assez bien la complexité de notre relation. Et bien que nous faisions les malins précédemment, nous étions désormais dans une mauvaise posture. Je me tourne vers lui, ayant envie de parler, pour dire quoi je n'en sais rien. Mais cette envie disparait alors que je perçois les traits de son visage. Je perds mes moyens. Il n'a rien à dire. Cet homme me touche plus que n'importe qui, et je n'ai pas envie de le perdre. Ma gorge se noue alors que je ressens le besoin de sentir une dernière fois son corps contre le mien. Il faut croire que je deviens une habituée des étreintes dans le noir puisque ca fait déjà la deuxième fois en 24h. Il ne me repousse pas. Je pense qu'il comprend tout comme moi que la situation peut nous échapper et que nous vivons peut être ces moments là pour la dernière fois. Ce n'est pas un câlin amical, ou amoureux, c'est juste un besoin de profiter de sa présence une dernière fois, comme nous étions. Je tente d'enregistrer son odeur qui me semble désormais si familière, j'ai le sentiment de ne pas avoir pu assez en profiter. Je prends une grande inspiration alors que je m'efforce à relever le visage. Mes lèvres viennent se poser longuement sur sa joue, a défaut d'autre chose, afin de lui faire savoir par ce contact à quel point il compte pour moi. Le noir rend les choses plus faciles pour ce genre de chose. Ou plus difficile... J'avais sous estimé l'attirance à laquelle je me confrontais par une telle proximité. Je suis prise au piège. Mes lèvres sont définitivement attirées par les siennes et je me fais souffrance en tentant de résister. Enfaites, je sens que je n'y parviens pas, j'en suis incapable. Je suis obnubilée par lui et la meilleure des volontés ne suffit pas à me tenir à distance. Nous sommes tous les deux sur le point de fléchir une fois de plus, et aucun de nous ne semble vouloir s'arrêter. Je m'approche dangereusement de sa bouche, refusant l'appel de mon esprit qui semble vouloir me remettre sur le droit chemin. J'ai peur qu'il me repousse, parce qu'on ne peut pas dire que c'est pas complètement fou ce qu'on est entrain de faire. On va se faire du mal... mais ça m'importe peu. La distance qui sépare nos deux visages est minime, et j'ose à peine le regarder de peur d'interrompre ce moment en provoquant chez lui une prise de conscience. Ma respiration se fait haletante, et bien que je suis clairement entrain de perd le contrôle, je pense faire en sorte de le faire succomber par une telle attitude. Et il succombe, sa main se dépose sur ma joue afin de rompre cette attente interminable. Je prends une grande respiration tout en sentant mes lèvres contre les siennes, c'est une explosion de bonheur mêlée de plaisir qui envahi tout mon corps à une vitesse fulgurante. Mon corps se cambre vers le sien alors que ma tête se relève légèrement afin de profiter pleinement de sa bouche. Ma langue rencontre la sienne avec sensualité alors qu'il semble reprendre ses esprits quelques secondes après. " C'est pas bien du tout ce qu'on fait... Mais j'en ai tellement envie". Ma respiration vacille alors que mon coeur manque un battement. Cet homme me rend complètement dingue, et je suis ravie de voir qu'il ne sait pas se tenir plus que moi alors que ses lèvres retrouvent rapidement les miennes. Ce baiser se fait plus tendre, plus amoureux, remplis de sentiments que nous ne sommes pas en mesure de pouvoir s'avouer. Je pense qu'il parle pour nous, à défaut de pouvoir être franc. Mon corps est collé contre le sien alors que je suis prise par une bouffée de chaleur soudaine. Je sens surtout mes joues rougir alors que ce baiser se prolonge et que les mains de James ont pris possession de mon corps. Ma jambe quand à elle est venue se glisser par dessus la sienne, souhaitant le sentir d'avantage dans mon emprise. Je sens à son manque d'action que ce baiser va prendre fin et tente de savourer ces quelques secondes de plus qu'il m'accorde. Mes yeux restent fermés alors qu'il s'est détaché de moi. J'ai peur de ce qu'il va dire, j'ai peur qu'il me rappelle combien il est perdu et qu'il me demande de me tenir à distance désormais. J'ai été trop loin une fois de plus, mais je ne parviens pas à regretter, encore moins maintenant. " Je sais que ça parait complètement dingue ce que je vais dire... Mais on ferait mieux de dormir... " Je me pince les lèvres après le passage de son pouce sur ces dernières. Être sage..."
Ouais t'as raison" soufflais-je tant que je suis encore capable de penser à son intérêt. Pour dire vrai, je suis bouleversée par la force de nos échanges physiques, mais je dois m'en remettre. Mon regard se relève finalement alors que je me mordille un moment la lèvre, comme si je venais de me faire rappeler à l'ordre suite à une bêtise. " Après ce que je t'ai dit... Ça pourrait paraitre à une pulsion sexuelle... Je ne veux pas de ça entre nous... Pas comme ça... Je veux que ce soit beau et magique ! Tu comprends ? "Je hoche négativement de la tête, pas que je ne sois pas d'accord, au contraire. Plutôt parce qu'il n'a même pas a devoir se justifier, il a déjà été assez clair avec moi précédemment, il a besoin de temps.
"Je sais" répondis-je rapidement alors qu'un léger sourire se glisse sur mes lèvres, un sourire qui se veut rassurant. Je comprends, et je ne lui en veux pas. Ma tête se repose à mon tour sur mon oreiller alors que je reste tout de même tourné vers lui. Je n'ai pas le temps de rester dans cette position bien longtemps puisque James se retrouve sur le dos et m'attire contre lui afin de venir déposer ma tête sur son torse. Je me laisse entraîner, profitant qu'il ne voit pas mon visage pour que mon regard se perde sur cette fenêtre. Je sens ses doigts jouer avec mes cheveux et je n'ose plus bouger. J'aimerai rester contre lui toute ma vie, j'aimerai ne pas dormir afin de savourer chaque petite seconde qui me permet d'être proche de lui, malheureusement, mon corps n'est pas d'accord, et je cède au fur et à mesure à l'appel du sommeil.
...
Nous nous trouvons face à ce garage alors que l'homme nous y avait donné rendez-vous à 10h précise. Il avait proposé de nous déposer au lieu où nous avions laissé la voiture de James et de faire la réparation sur place puisque ce n'était à priori pas grand chose. Le réveil a été difficile, mais nos échanges avec James sont restés assez léger, bien que nous semblons plus silencieux que la veille. Ce sont nos regards qui nous trahissent, et on peut dire que régulièrement ils se rencontrent depuis que nous sommes sortis de ce lit. J'ai repris mes esprits, je ne compte pas lui sauter une fois de plus dessus. Je pense que la veille était un moyen de profiter de lui avant qu'il ne soit trop tard. Mais là, le soleil s'est levé, et la vie a reprit son cours. Nous devons aller de l'avant, et je dois enfin me comporter en adulte! J'ai des petits yeux, mais j'estime avoir bonne mine après un week-end plein de rebondissement comme celui-ci. Mon pied joue nerveusement avec un cailloux qui se trouve sur le sol alors que je relève le regard vers l'homme qui semble se démarquer de la population par sa joie de vivre et sa sympathie.
"On y va les amoureux?" Je fronce les sourcils, alors qu'un air amusé s'empare rapidement de mon visage après avoir croisé le regard de James.
"Oh non, on est pas..." tentais-je de justifier en nous pointant du doigt mutuellement. Le garagiste nous observe en souriant tout en contournant sa camionnette.
"C'est dommage, vous feriez un très beau couple!" Je hausse les sourcils, surprise par tant de franchise d'un homme que je connais depuis 30 secondes, et ne peut retenir un large sourire en observant James. Je n'avais rien dis, mais il faut croire qu'il y a des choses qui parlent d'elles-même. J'observe une dernière fois ce paysage alors que ma main vient trouver la poignée du véhicule, un brun nostalgique face à tout ces souvenirs qu'on y laisse et finit par grimper dans le fourgon, suivi par James.
Emi Burton