Il insista avec Lily-Anne, voulant savoir, refusant de rester sur cette impression vague qu’il n’avait absolument aucune emprise sur ce qu’il se passait. Et contrairement à la jeune femme, il ne jouait pas que son cœur : si Derek décidait de le mettre à la porte, il n’aurait ni toit, ni argent, ni… rien. En fait, il se retrouverait comme il y avait un an, et cette fois-ci il n’aurait aucune chance de retourner auprès du brun.
Juste quand il lui avait avoué l’aimer… Bon sang, tout cela était trop bête. Bête et trop dur moralement. Il avait l’impression sordide de se tenir devant un gouffre et de risquer d’y tomber à chaque instant. La tension était telle qu’il serra les mâchoires quand le milliardaire insista sur le fait qu’il ne leur parlerait pas devant eux deux ensemble, désirant préserver l’amour-propre et l’honneur de celui qui serait rejeté.
Il baissa la tête, essayant de calmer l’angoisse latente qui dévastait son cœur, mais Lily-Anne n’était pas de la trempe de celle qu’on met de côté sans réponse : elle explosa de nouveau, lui crachant sa peur et sa colère à la figure, mais rien n’y fit. Le brun resta intraitable, et folle de colère – Thompson la comprenait parfaitement – elle finit par prendre la porte, argumentant qu’elle devait aller voir Violette.
Un point pour elle : elle était capable de communiquer et d’apaiser la famille de Derek alors que lui savait qu’on lui fermerait la porte au nez automatiquement… Il n’avait aucune chance dans la famille de Watts, ni avec ses filles ni avec ses amis proches, et il craignait que cela ne joue en sa défaveur : après tout, Derek tenait tellement à sa progéniture qu’il n’irait certainement pas contre leur volonté.
La porte claqua et ils se retrouvèrent seuls, chacun assis dans un fauteuil, incapables de briser ce silence étouffant qui régnait entre eux.
Puis Thompson releva son visage et toisa Derek d’un regard noir. S’il eut envie de dire quelque chose, rien ne franchit la barrière de ses lèvres et il finit par secouer la tête en soupirant. Il se releva, quittant le confort du fauteuil, et fit quelques pas, s’arrêtant à hauteur de Derek sans pour autant être proche de lui. Il avait tellement froid tout d’un coup.
« Dire que ces vacances commençaient si bien… »
Mais tout était gâché, irrémédiablement gâché, et Thompson n’avait plus aucune envie de rester ici. En tout cas, pas tant que Derek n’aurait pas enfin fait son choix, ce choix qu’il redoutait tellement…
Alors il continua de marcher jusqu’aux escaliers, et alors qu’il commençait à monter à l’étage, il lâcha d’une voix sèche :
« Je préfère dormir seul cette nuit. »