Non je ne voulais pas y aller. Je ne savais même pas à quoi j’avais pensé en cochant la petite section : OUI, sur le formulaire que m’avait tendu mon psychologue. Il m’avait pourtant dit que ça allait être une journée super amusante où j’allais me faire plein d’amies. Est-ce que je voulais vraiment plein d’ami? Je ne pensais pas… j’étais la fille avec le moins d’habileté sociale du monde. En gros, je n’étais pas apte socialement… donc me faire des amis était en soi un réel défi. J’étais plantée devant l’autobus scolaire depuis quelques minutes déjà. Des moniteurs trop contents de vivre saluaient les gens qui entraient dans l’autobus. Ils portaient tous le même chandail jaune qui affichaient : LE CAMP DE L’AMITIÉ ET DU BONHEUR. Je ne voulais pas faire ma rabat-joie… mais disons que je n’avais pas trop envie d’y mettre les pieds. Surtout qu’on allait au parc d’attraction et à part y avoir été une fois à mes 5 ans avec ma maman, je n’avais pas de souvenir d’y avoir été. Donc… je n’étais même pas certaine d’apprécier la chose. Ce fut en plein lorsque je tournai les talons pour faire demi-tour que je fis face à face avec mon psy. Merde.

« Elizabeth! Vous êtes là! Pile à l’heure en plus… » me dit-il, tout heureux d’être tombé sur moi.

Je m’étais contentée de sourire faussement. Je ne pouvais plus faire marche arrière maintenant. Il m’accompagna même jusqu’à la porte de l’autobus où on me donna une bouteille d’eau à l’effigie du camp.

« Merci… » dis-je bien doucement avant de monter les trois marches de l’autobus.

Ce dernier était déjà bien rempli et plusieurs regards se posèrent sur moi. Je détestais ça… j’avais juste envie de partir en courant. J’avançai timidement dans l’autobus en trainant des pieds. Je devais avoir les joues bien rouges et je souhaitais tomber sur un banc libre… mais je voyais bien que c’était impossible. Ce qui voulait donc dire que j’allais devoir m’asseoir avec quelqu’un… au risque de toucher cette dernière. Je ne voulais pas que ça soit un homme… c’est pourquoi je me mis à regarder les bancs libres où il y avait des filles. Je passai d’abord devant une fille qui se balançait de l’avant vers l’arrière en fredonnant des chansons. Le genre de fille que tu fais que regarder et qu’elle te fou des frissons dans le dos. C’est en tournant la tête que j’eus un bref contact visuel avec une jeune femme de mon âge. Je m’étais donc approchée timidement d’elle.

« Est-ce que la place est libre?… s’il vous plait… »  

Oui, mon s’il vous plaît avait pas trop rapport… quand je disais que je n’étais pas apte socialement! Je la regardais dans l’espoir qu’elle me répondre oui… limite, j’étais prête à m’asseoir directement dans la rangée centrale de l’autobus si elle refusait car je ne voyais pas vraiment avec qui d’autre je pouvais prendre place.

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Le désavantage d'avoir un trouble mental, c'était qu'on devait constamment voir des psychologues et des docteurs. J'adorais mon médecin. Il était jeune, sympa et il semblait vraiment me comprendre, même si on savait bien que ce n'était pas le cas. Il essayait au moins. Mon psy lui, voulait que je m'ouvre aux autres. J'avais pas envie. Voilà, c'était dit. Les autres m'énervaient, ils ne comprenaient rien. Je préférais être seule avec mes bouquins, c'était moins compliqué. Pourtant, j'avais déjà essayé, mais ça ne fonctionnait juste pas. Pourtant, j'avais été forcé de me rendre à l'activité de groupe d'aujourd'hui. Il trouvait que je faisais des progrès dans tout, sauf mes compétences sociales. C'était un peu important comme point disons. Pour l'activité d'aujourd'hui, on allait au parc d'attraction. Qui ça excitait, honnêtement? C'était un truc pour les enfants. On aurait pu aller au musée à la place ou encore dans une galerie d'arts. Ça aurait été plus instructif.

J'arriva au lieu de rassemblement et je devais monter dans un autobus jaune. Le genre d'autobus qui fait beaucoup trop de bruit. J'embarqua donc et évita tout contact visuel avec les autres. J'alla m'asseoir dans un banc vers le fond et mit mes mains sur mes oreilles. Le bruit du moteur était terrible. « Tu vas bien Mackenzie? » me demanda mon psy alors qu'elle passait dans les rangées. J'hocha simplement de la tête en retirant mes mains et me concentra sur la fenêtre. Elle était sale. Je pense que ces autobus n'étaient pas lavés très souvent. C'était particulier, pourtant ils servaient à transporter des jeunes, des enfants même. Ça aurait dû être plus salubre. Il y avait des motons de poussières à mes pieds. L'air climatisé les faisait bouger. C'était dégoûtant. Je détestais ce bus et je voulais en sortir le plus rapidement possible. Ce bruit me rendait folle. Qu'il cesse de faire tourner le moteur pour rien, nous n'étions même pas complet.

Après plusieurs minutes insupportable, le chauffeur annonça finalement notre départ. Super. La journée allait être longue. Sans que je ne m'en rendre trop compte, on s'adressa à moi. Une fille blonde d'à peu près mon âge. Elle ne semblait pas trop atteinte comme la schizophrène devant moi. Elle semblait.. normale. Mais timide. Je n sais pas. Je jugeais généralement très mal les gens. « S'il vous plait? Assieds toi c'est tout. » lui répondis-je simplement. Elle pouvait s'asseoir où elle voulait. Tant qu'elle ne faisait pas plus de bruit que ce fichu moteur, ça m'allait j'imagine. Après un peu d'hésitation, elle se joignit à moi. « Tu te rends compte que le moteur tourne depuis plus de 15 minutes? Comme ça, sans raisons? Ridicule. » dis-je à ma compagne en fixant la fenêtre. Après on disait, prenez le bus c'est écologique.

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À quoi est-ce que j’avais pensé sérieusement en m’inscrivant à cette activité? Est-ce que j’étais désespérée à ce point de faire de nouvelles rencontres? Non… j’étais bien avec mes deux trois personnes dans mon entourage mais ça… mon psy ne trouvait pas ça complètement normale. J’avais donc décidé de l’écouter pour aller passer cette journée au parc d’attraction. Je me lançais un peu dans le vide et je devais avouer que ça me stresser car je ne savais pas à quoi m’attendre. Je n’avais pas dormi de la nuit et ça me prit tout mon petit change pour enfin mettre les pieds dans l’autobus scolaire. J’avais avancé dans la rangée en me disant que je devais bien m’arrêter à un moment. C’était bien quand je remarquai à la moitié qu’il n’y avait pas de banc libre que je me risquai à demander à une jeune femme d’environ mon âge. Elle avait beau m’avoir répondu… j’hésitais à prendre place car elle me faisait pas sentir comme si j’étais la bienvenue ni même que ça lui faisait plaisir.

« Hum ok. » dis-je en avalant ma salive.

Pourquoi est-ce qu’elle était aussi directe? Elle me faisait un peu peur pour la peine. Je pris place sur le coin du banc en plaçant mes mains sur la bordure du banc devant nous. J’allais faire gaffe sur ce que j’allais lui dire à l’avenir. Je ne voulais pas déranger… et elle ne semblait pas non plus vouloir être dérangé. Du moins, c’est ce que je cru c’était bien pour ça que je fus surprise lorsqu’elle m’adressa la parole. C’était assez rare d’ailleurs qu’on me parlait, déjà que je pensai qu’elle allait me trouver bizarre et avoir hâte que le trajet à mes côtés soit terminé. Pourtant, elle ne me regardait pas en m’adressant la parole. Je regardai donc autour de moi en passant qu’elle parlait peut-être à quelqu’un d’autre… mais non rien. Je me raclai la gorge.

« Euh ouais… c’est pas super bon pour l’environnement. Je suppose qu’on va partir bientôt… »

Qu’est-ce que je pouvais ajouter d’autre à ce qu’elle venait de me dire aussi? Je parlais rarement aux gens juste comme ça moi… et voilà qu’elle me sortait un sujet de conversation complètement pas inspirant. J’avais donc fait de gros en tournant la tête vers la fille qui chantait toujours toute seule. Cette dernière me sourit en se glissant dans ma direction. Oh non. Je l’ignorais, préférant tournant la tête vers la jeune femme à mes côtés.

« T’as l’air normale… qu’est-ce que tu fais ici? »

Bon… dit comme ça… ça avait l’air bizarre. Je me tapai le front de la main avant d’ajouter.

« Je voulais pas dire ça comme ça mais… enfin… ouais bon… tu sais quoi? Il faut ne pas m’écouter… »

Je soupirai. Je devais arrêter de faire des efforts, je faisais que me ridiculiser.


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Ce voyage s'annonçait très lourd. Est-ce que j'avais l'air d'avoir envie de perdre mon temps dans une montagne russe ou dans la grande roue? En quoi c'était amusant? Ça ne nous instruisait pas du tout. Je pense que les psys présents savaient que je n'étais pas très enthousiaste dû à cette sortie parce qu'ils me laissait en paix. Ils savaient comment j'étais et j'imagine qu'il ne voulait pas trop m'embêter avec ça. J'étais là, c'était déjà ça.

La fille qui s'assied à mes côtés semblait cool. Je ne sais pas. J'avais du mal à bien saisir les gens. Peut être qu'elle ne l'était pas aussi. Elle semblait timide, vraiment trop. Elle allait voir qu'avec moi, valait mieux s'enlever les deux doigts du nez. Lorsqu'elle posa ses fesses sur le banc, je cru qu'elle allait tomber par terre tellement elle était loin. Je décida d'ignorer un peu ça. Je lui fis part de mon opinion sur ce bus et l'environnement. Elle semblait d'accord. « J'imagine. On attendait après toi. C'est con, il aurait pu l'éteindre le bus. Il fait pas si chaud, on a pas besoin de l'air clim. D'ailleurs, qui vient vivre à Miami sans être capable de tolérer la chaleur? C'est tellement mauvais l'air climatisé. En plus dans un vieux bus comme ça. » rétorquai-je. en fixant toujours la fenêtre. Je pourrais débattre et parler de ça toute la journée. Ma compagne n'avait pas l'air si à l'aise par contre. Elle ne semblait pas comprendre. C'était pour ça que je n'aimais pas parler aux autres, ils ne comprenaient jamais.

Je décida donc de me taire un peu. Le silence me faisait du bien de toute façon. Et puis, enfin le bus bougeait. Ma petite compagne de banc aussi parce qu'elle regarda autour et me posa une question. Enfin, je pense que c'était une question. Elle était bizarre finalement. Elle semblait avoir du mal à vivre dans son corps. Je me demande de quoi elle était atteint. Je la regarda se taper le front et se parler un peu toute seule. « Merci. C'est rare qu'on me dit ça. » lui répondis-je. « Toi, t'as l'air un peu bizarre. Mais je pense que tu es plus normale que moi. » lui dis-je en la regardant. Elle avait l'air seulement très timide et refermée sur elle-même. Qui sait, peut être qu'elle était très atteinte aussi. « Syndrome d'asperger, tu connais? » me contentai-je de lui dire. Je ne voulais pas détailler. Ni en parler. Je n'étais pas ici pour ça. Je me retourna vers la vitre. On arrivait. Génial! On descendit en rang du bus et les accompagnateurs nous comptaient. « Essaie de t'amuser un peu, Mackenzie, ok? Tiens, va avec Elizabeth, vous allez bien vous entendre. » m'indiqua mon psy. Je lui fis un sourire forcé et alla un peu plus loin avec ma compagne de bus, qui s'appelait désormais Elizabeth. Je fixa la grande roue de façon plutôt intense et la petite blonde vint se joindre à moi en se demandant clairement ce que je faisais. « Elle tourne à 8.75 km/h, tu savais? » J'avais deviné juste en la regardant tourner. C'était mon truc ça.

Je me sentais un peu petite dans mes shorts lorsque ma compagne de banc d’autobus mentionna que c’était de ma faute si on était tous pas très écologique avec l’autobus. J’avais baissé la tête en l’écoutant toujours… elle connaissait tellement de chose que j’avais l’impression d’être la pire conne de tous les temps à ses côtés car j’étais incapable de répondre quoi que ce soit. Elle semblait bien normale et c’était bien maladroitement que je lui en fis part. Elle sembla surprise par mon semblant de compliment bizarre et elle me répondit que je semblais l’être aussi un peu… même si j’étais bizarre. Ça… ce n’était pas la première fois qu’on me le disait. « Oui, je connais un peu. » répondis-je à sa question à propos du syndrome. C’était ce qu’elle avait probablement.  Bref, l’autobus quitta finalement pour se rendre jusqu’au parc d’attraction. Les moniteurs chantaient des chansons mais moi… je ne les connaissais pas… et je n’étais pas très l’aise de chanter ainsi en public. Je m’étais donc contenté de regarder mon téléphone et jouer à deux jeux… parce que bon, il n’y avait rien d’autre à faire.

Nous arrivâmes au bout de quelques minutes à l’endroit tant attendu de plusieurs – mais pas de moi. J’attendis que tout le monde sorte de l’autobus avant de me lever. Je ne savais pas si ça avait énervé la jeune femme à mes côtés mais bon, elle n’avait pas passé de commentaire. Je regardais autour de moi en attendant qu’on me donne mon billet d’entrée. Une fois que ce fut, j’entendis mon prénom, ce à quoi je me tournai. J’étais Elizabeth et ma compagne d’autobus répondait au prénom de Mackenzie. C’était une bonne chose à savoir maintenant qu’on venait nous jumeler sans vraiment nous demander notre avis. Nous étions toutes les deux devant la grande roue à la fixer… je me demandais bien si elle avait envie de la faire… je n’eus même pas le temps de lui poser la question que Mackenzie me sortit un truc complètement étrange… qui était capable de dire la vitesse exact de mouvement d’une grande roue?  Elle visiblement. « Bah… non…. comment est-ce que tu peux savoir ça? T’es forte! »

J’avais tourné la tête vers la jeune femme en attendant sa réponse avant que je ne sente quelqu’un me prend les deux bras par derrière et commencer à enfoncer son visage dans mes cheveux. C’était la petite creepy de l’autobus de tout à l’heure qui chantait et parait toute seule. « CHEVEUX SENTENT BON… MIAM MIAM MIAM… » Je me figeai sur place. Mes yeux se remplirent aussitôt de larmes et je fixai Mackenzie en ne sachant pas quoi faire. « Lâche-moi… » avais-je d’abord chuchoté… mais ça ne servait à rien, on continuait de me toucher, de jouer dans mes cheveux sans que j’en donne la permission. Je bouillais à l’intérieur de moi Je détestais ça et je savais que je perdais le contrôle. « LÂCHE-MOI!!!!!!!!!!!!!! » avais-je crié du plus fort que je le pouvais. Tout le monde autour de nous s’étaient tournés vers moi alors que je me débattais finalement pour me décoller de la fille et qu’elle me lâche finalement. Je m’étais alors mise à courir vers la toilette la plus près pour m’enfermer dans une cabine et me laisser tomber au sol. Je me frottai aussitôt les bras comme pour enlever le sentiment de touché que j’avais toujours sur moi. Des flash me revenaient et je secouai la tête en fermant les yeux. « Non… non… » Je répétais continuellement en ramenant mes jambes vers moi. Je détestais quand ça arrivait, je venais de faire une folle de moi-même en plus. Ça venait tellement de me revirer l’intérieur, que j’eus à peine le temps me tourner vers le bol de toilette pour être malade.

Je pense que ma compagne de banc ne voulait pas parler de son trouble à elle. Elle en avait forcément un sinon elle ne serait pas ici. Je n'insista pas, elle en parlerait si elle en voulait. Je lui fis vaguement part du mien, sans rentrer dans les détails. Ce n'était pas une chose dont j'aimais parler. Le reste du trajet se fit en silence. La fille à mes côtés jouait sur son téléphone. Je préféra observer le paysage. C'était vraiment plus intéressant. Les moniteurs chantaient, mais ils étaient plus énervants qu'autre chose. J'avais mis mes écouteurs sans musique, simplement pour couper le bruit un peu.

Une fois arrivé, on nous jumela ensemble et on nous donna nos tickets d'entrés. Pratiquement tout le monde se lança à la course comme des débiles - sans mauvais jeux de mots - vers les montagnes russes ou les autos tamponneuses. Trop bizarre. Nous, on s'attarda à fixer la grande roue. On échangea quelques mots, puis une fille s'attaqua à Elizabeth. Et bien, je ne sais pas trop si elle l'attaqua, mais je vivais un moment bien bizarre là. Je fixais la petite blonde ainsi que la bizarre qui lui mangeait les cheveux. Elizabeth semblait paniquer. Genre.. Vraiment. Je la regardais, plutôt la dévisageait et entendit Elizabeth crier. « Je.. pense que tu devrais lâcher prise. » dis-je en haussant un peu le ton à la folle. Finalement, je pense qu'Elizabeth l'effraya parce que les deux partirent en courant chacune de leurs côtés. Je ne savais pas quoi faire. Elle n'était pas mon amie, mais on m'avait jumeler avec elle. Je ne voulais pas être blâmer pour ça. Je décida donc de la suivre. Par chance, elle ne verrouilla pas sa porte de toilette chimique et j'en profita pour entrer. Elle vomissait. « Euh.. Ça va? » lui demandai-je. Je regardais autour de moi, c'était dégueulasse. Je lui pris les cheveux pour ne pas qu'ils glissent dans son vomi. Elle semblait paniquer encore plus que je la touche. Je les lâcha donc immédiatement. « Ok, excuse moi. » dis-je en levant mes deux mains dans les airs. Je pense que je commençais à comprendre un peu. Elle termina de vomir et me regarda. « Tu n'aimes pas être touché. » dis-je simplement. Chacun son truc. Je n'allais donc pas la prendre dans mes bras. Elle avait un peu de vomi sur le bord de la bouche de toute façon. « Dégueu, t'as du vomi juste là. » dis-je en pointant à distance. Elle me fit toute une tête. « Ouais, pardon. » dis-je en lui tendant un bout de papier à mains. J'ouvris la porte de la toilette pour qu'on puisse finalement en sortir. Enfin de l'air frais. Ça sentait le rat mort là dedans.

Ça avait été la panique au moment où cette femme c’était approché de moi dans le but de me toucher, et de me renifler. Mais qu’est-ce qui lui prenait? Bon… elle n’était pas saine d’esprit… comme beaucoup aussi d’ailleurs mais quand même. J’avais été incapable de me contrôler. Je m’étais mise à crier avant de me diriger à toute vitesse vers la salle de bain dans le but de reprendre sur moi. C’était difficile de le faire sachant que des souvenirs remontaient en moi. Des souvenirs qui me troublaient tellement que j’en étais malade à chaque fois que j’y pensais trop. Je n’y échappai pas une fois de plus. La porte derrière moi s’ouvrit et lorsqu’on me prit les cheveux, je me penchai vers l’avant. « Lâche-moi. » dis-je simplement en tenant moi-même mes cheveux. Je savais que cette fois-ci… c’était Mackenzie mais même encore, je n’étais pas à l’aise qu’elle le fasse. Je ne voulais pas non plus qu’elle me voit continuer à être malade.

C’est un petit instant plus tard que je sortis des toilettes et c’est à ce moment que la jeune femme mit directement le doigt sur le problème en disant que je n’aimais pas être touché. Je ne répondis rien, je me contentai d’essuyer ma bouche lorsqu’elle me dit que j’avais encore du vomi. J’avais vraiment l’air d’une grosse dégueu. Je tremblais toujours par la situation… mais également après avoir été malade ainsi. « Je… je vais aller… je vais aller me chercher quelque chose pour… enfin… pour essayer de changer… le… gout. » C’était un peu dégeulasse de dire ça mais je supposais qu’elle préférait largement ça que de se tenir avec une fille qui sentait le vomit. Non? Bref, on marcha sans vraiment parler jusqu’à un petit kiosque qui coutait ridiculement trop cher pour acheter des trucs. Mais bon, il fallait ce qu’il fallait han! Je m’achetai à boire et un paquet de gomme.

On se recula ensuite pour laisser d’autres personnes payer. « Tu as raison… traumatisme… je suis incapable de me faire toucher… c’est… ça mon problème…. Du moins, en partie. » Parce que j’étais également timide et tout ce que j’avais vécu… l’isolement, la dégradation… la honte, n’aidait pas du tout à ravier ne serait-ce qu’une petite flamme de confiance en moi. Cette partie de moi était morte à jamais. Je trouvais ça étrange en fait d’en parler ouvertement comme ça… car je le faisais que très rarement. Probablement que j’étais à l’aise avec Mackenzie car elle aussi, elle ne l’avait pas facile. J’ouvris mon jus d’orange pour en prendre une gorgée et le refermer pour l’enfoncer dans mon sac à dos. Je relevai timidement la tête vers ma compagne de la journée. « Désolée d’ailleurs…pour tout… ça. » Je n’avais pas voulu lui faire honte en criant, ni même lui faire peur ou je ne sais pas trop quoi. J’avais eu l’air bien folle… mais probablement un peu moins quand même de la folle qui s’était permis de me sentir les cheveux sans aucune raison. Bref, je pris un chewing gum et je lui tendis le paquet… si elle en voulait elle aussi.

Elle semblait plutôt fragile Elizabeth. Plus que je ne l'avais jamais été. Je ne sais pas trop ce qui lui était arrivé, mais ça semblait assez important pour l'avoir détruite. C'était dommage, mais je savais trop bien ce que c'était de se laisser définir par son passé. Elle tremblait et semblait sur le bord des larmes. Elle mentionna qu'elle voulait se.. Changer le goût de vomis dans la bouche. Je grimaça un peu et la suivi. Je resta silencieuse parce qu'elle l'était aussi. Je pense qu'elle n'avait pas envie de parler de ce qui venait de se passer. Elle acheta ses choses et je la regarda faire. C'était toujours intriguant de rencontrer quelqu'un qui avait un problème, comme moi. Je côtoyais des gens normaux depuis beaucoup trop longtemps, je les sentais toujours très différents de moi. Là, non.

Après avoir bu son jus d'orange, Elizabeth me confirma enfin ce que je savais déjà. Elle ne voulait pas être touché. Du moins, c'était qu'une partie de son problème. Je me doutais que le reste touchait la confiance en soi et la timidité. Le premier était a -0% et le deuxième à 100%. À chacun sa personnalité après tout, non? Je la regarda en haussant les épaules. « C'est pas un problème, c'est un aspect de toi. » lui dis-je en la regardant. Comme moi. Maintenant, ma maladie n'était plus un problème, juste un côté de moi qui me rendait différente. J'imagine qu'elle avait vécu tout un traumatisme lié à ça, chose que je n'avais pas moi, mais c'était le passé et elle devait maintenant vivre avec. Elle s'excusa pour la scène qui venait de se passé. « Pourquoi tu t'excuses? » lui demandai-je. « C'est qui tu es.. C'est correct. Tu devrais t'assumer un peu plus. Et puis, je ne pense pas que j'aurais aimé me faire manger les cheveux alors je peux comprendre. » lui confiai-je. Ça devait être bizarre.

Je le regarda et pris un chewing-gum, puis continua à avancer. J'avais pas spécialement envie de faire un manège et je me doutais bien qu'Elizabeth non plus. Qu'est-ce qu'on pouvait bien faire dans un parc d'attraction? Alors qu'on marchait, les psy - plutôt les animateurs- passèrent avec le reste du groupe. « Mackenzie, Elizabeth! Venez, on fait un manège en groupe. » nous dirent-ils très enthousiaste. On eut même pas le temps de protester qu'on fut entrainer avec le groupe. Génial. Ils chantaient encore en plus. On se retrouva bien vite dans la file pour une grande montagne russe et j'en avais pas très envie. « Savais-tu qu'il y avait déjà eu deux morts à cause de ces grandes montagnes russes? » dis-je à la petite blonde qui me tenait compagnie. Je pense que je l'effraya.

Malheureusement, je ne pouvais retourner à l’arrière pour effacer tout ce qui s’était passé et même si c’était à recommencer, je ne savais pas trop si j’aurais pu faire autrement. Il y avait des limites à mon self control et là… cette fille bizarre avait largement dépassé le truc avec son obsession sur mes cheveux.  J’avais fait une folle de moi-même à cause de ça et je m’en voulais. Non pas seulement pour moi, mais pour Mackenzie qui avait assisté à tout ça. Pourtant, cette dernière se montra plus que gentille à mon égard et super compréhensive. J’appréciais ça… car des gens comme ça… eh bien ça se faisait rare. Dans la société dans laquelle on vit, c’était beaucoup plus facile de juger les gens que d’essayer de les comprendre… malheureusement. « Bah… je m’excuse parce que…. » Parce que j’avais juste l’habitude de m’excuser en fait… pour tout et pour rien. Je me pinçai les lèvres en écoutant me dire que je devais avoir plus confiance, que je devais m’assumer. Je me contentai d’hausser les épaules, ne sachant pas trop quoi répondre à ça. Je me contentai de sourire quelque peu… après tout, ce n’était pas plaisant pour personne de se faire manger les cheveux et elle avait bien raison.

On nous sortit un peu de notre conversation par quelques membres de notre groupe pour aller faire une grande montagne russe tous ensemble. Alors que je secouai la tête, sur le point de refuser… Mackenzie, elle, en décida autrement. J’avais donc tourné la tête vers elle pour la regarder avec de gros yeux. Ça chantait et c’était bien heureux d’être content ici… alors que moi, je paniquais plus qu’on s’approchait de l’attraction. Mon accompagnatrice de la journée ne m’aida pas en me parlant de mort.  « Je crois que… que je n’avais pas envie de le savoir ça. » dis-je ayant toujours la tête levé vers l’énorme tourniquet qui allait nous mettre la tête à l’envers… et ce, plus d’une fois. J’avais ma salive et lorsque je rebaissai la tête, le reste du groupe était déjà en train de marcher pour monter l’escalier. Je m’empressai donc de les suivre en tenant les bretelles de mon sac à dos. Je prenais de grandes respirations… j’étais très stressée. Placée en arrivant de Mackenzie… je tapais un peu du pied nerveusement… et fis un petit sourire peu convaincue lorsque cette dernière me regarda. « Je n’ai jamais fait de montagne russe de ma vie. En fait, la dernière fois que je suis venue dans un parc d’attraction, j’avais en bas de 10 ans. » Et donc, les manèges étaient largement différent entre les deux tranches d’âge, disons-le. Je regardais nerveusement les gens embarquer et c’était déjà notre tour. Je me disais que ça aurait été bien que la ligne soit plus longue. En plus de ça, tout le monde s’était dirigé vers les premiers wagons et ça faisait en sorte qu’on se trouve première rangée à l’avant. J’allais clairement mourir d’une crise de cœur.

J’eus à peine le temps de réaliser ce qui se passait que j’étais à bord de la montagne russe et qu’on montait la super grande montagne de fer. « Oh mon dieu, qu’est-ce que je fais ici? Oh mon dieu… Oh mon dieu. » Je regardais autour de moi. La vue était en soi magnifique… on voyait la mer au loin mais je n’avais clairement pas le temps d’apprécier le moment. J’avais tourné la tête vers la jeune femme à mes côtés pour lui crier : « Tu crois que ça va être pire si je ferme mes yeux? » Parce que bon, si je fermais mes yeux je n’allais pas savoir quand on allait arriver au sommet pour finalement descendre à toute vitesse. Je tenais fort mon harnais de sécurité. Comme si ma vie en dépendait. Bon en fait, il faudrait que le mécanisme fasse en sorte de tout ouvrir les trucs de sécurité pour que ça soit réellement efficace que je m’accroche autant. Mais disons que c’était pas mal psychologique mon affaire. Je ne pouvais pas comprendre les gens qui criaient les mains dans les airs pis toute. Des vrais malades!

Je pense qu'Elizabeth n'était pas d'accord dans le fait de faire la montagne russe. Autant la faire maintenant sinon les animateurs n'allaient pas nous lâcher. Je nous laissa donc entrainer par le groupe. Je regardais autour de moi, je pense qu'on nous amenait dans le plus haut manège du parc d'attraction. Ça s'annonçait chouette, ou pas. Je mentionna une petite information à ma compagne et celle-ci semblait terrifiée. « Oups. Ça va aller, vu les probabilités que j'ai calculé, ça ne devrait pas nous arriver. » dis-je en lui donnant une fausse petite tape sur l'épaule. Je ne voulais quand même pas la toucher. C'est vrai, j'avais fait des petits calculs vite comme ça et je pense qu'on était safe. Je regarda devant moi et vit que la file avançait assez rapidement. Elizabeth semblait se taper une crise d'angoisse. Elle avait la bougeotte et respirait assez fort. Elle tentait de me sourire, mais ça ressemblait à une petite grimace. « Ouais j'ai pu.. Remarqué ça » dis-je en la voyant taper du pied et tout.

Personnellement, je n'avais jamais été dans un parc d'attraction. J'en avais souvent vu dans des films par contre alors c'était un peu comme si. Elizabeth regardait vers le sol pleine de regrets alors que c'était à nous d'y aller. « Aller vient, on va avoir les pires places. » lui dis-je en lui faisant signe. Comme de fait, on était tellement à la fin du groupe qu'on avait dû se mettre à la première rangée. « L'important, Elizabeth, c'est de rester en vie durant le trajet, ok? » lui demandai-je sérieusement. Elle avait vraiment l'air d'être sur le bord de perdre connaissance. On s'assit et je pris aussi le temps de regarder le paysage. C'était bien beau Miami. « Calme toi, tu me fais angoisser. » dis-je de façon neutre à ma nouvelle amie. Elle tourna sa tête vers moi et me cria par la tête. « Ben.. Je sais pas, essaie pour voir. » lui criai-je après à mon tour.

Tout le long du voyage, je resta bien tranquille, je regardais autour de moi pendant que ma compagne criait à pleine capacité. Mon dieu, elle s'épuisait à faire ça. Finalement, le manège s'arrêta sec et on fut libéré. « C'était terrifiant quand même. » annonçai-je à Elizabeth. Elle devait être d'accord avec moi vu la façon dont elle avait hurlé. « Tu dois manquer de voix, non? » lui dis-je avec un sourire en coin. Je regarda mon téléphone et remarqua l'heure. On allait bientôt pouvoir rentrer, mais d'abord, j'avais très faim. « Je pense que j'aimerais manger un truc de parc d'attraction. Genre une barbe à papa ou un popcorn. » dis-je à mon amie en pensant au film Aquamarine. On se dirigea vers un stand avec la petite mousse coloré. On aurait dit un nuage rose. « Tu penses que je peux la tourner moi-même? Aquamarine l'a fait, elle. » dis-je.