Miami m'avait manqué. Enormément même. C'est ici même que j'avais vécu tellement de chose, et que toute ma vie résidait, seulement le jour où mon professeur m'a proposé de partir à l'aventure pendant un an pour mes études de journalisme, je n'ai pas pu rater une telle occasion. C'était une opportunité en or. Bien sûr, j'y ai longuement réfléchi, j'ai pesé le pour et le contre. Cette réflexion fut plus dure que prévu. Pour la simple et bonne raison que j'avais un homme dans ma vie, Noah. Un homme qui a marqué ma vie à sa manière. Il n'avait rien de l'homme parfait, mais pourtant, à mes yeux il l'était. J'en étais tombée follement amoureuse après m'être trop longtemps retenu. Mais ma carrière était importante pour moi, je n'ai pas toujours été heureuse dans ma vie, mon père m'en a fait baver suite au décès de ma mère, alors là, je me suis dis que je ne pouvais pas refuser une telle offre. Evidemment, quitter Noah a été la chose la plus douloureuse que j'ai du faire, mais je n'avais pas le choix. Je ne voulais pas le priver, je ne voulais pas l'empêcher de vivre sa vie pendant un an, alors j'ai rompu, mentant sur la vraie raison de mon départ. Cette année m'a été bénéfique. J'ai appris énormément de choses, je me suis perfectionnée dans le domaine que j'aime le plus à savoir la photographie. Une vrai passion. De plus, j'ai fais des rencontres extraordinaires, qui ont marqué mon voyage à tout jamais. J'ai gardé contact avec certains. Mais désormais, je suis de retour à Miami plus tôt que prévu, et oui, mon père a encore frappé. Tout porte à croire qu'il devait sentir que j'étais bien trop heureuse dans ma vie pour tout briser. Au début, quand j'ai reçu ce coup de téléphone m'informant qu'il avait été retrouvé inconscient évidemment cela m'avait fait quelque chose, mais finalement, je repensais au passé qu'il m'avait fait subir, et au moins, désormais j'étais totalement libérée de son emprise.
Mes meilleures amies étaient venues me chercher la veille à l'aéroport. Quel bonheur que de les retrouver, et pouvoir les serrer fort dans mes bras. Je pense que c'est ce qui m'avait le plus manqué ici, ma seule famille qui était ma cousine et mes amis. Heureusement que la nouvelle technologie et les réseaux sociaux existaient pour garder contact malgré la distance. Je devais avouer que lorsque j'ai pris l'avion pour le Canada, j'ai eu particulièrement peur que tout change avec mes proches, mais finalement, nous avons réussi à vaincre cette distance pour continuer de parler, de s'appeler, de penser les uns aux autres. D'ailleurs, aujourd'hui je m'étais permise d'appeler un ami de longue date Mathis. Ce garçon était un véritable amour. Nous nous étions rencontrés lorsque nous avions travaillé ensembles pour le journal du lycée. De plus, nous partagions la même passion, alors évidemment ça aidait au rapprochement. Je lui proposais de le voir aujourd'hui même, tant il m'avait manqué, ce dernier me proposait alors une petite escapade en forêt pour prendre des petites photos. Et comment, j'étais carrément partante. Voilà ce que j'aimais chez lui, sa spontanéité. Ca lui était venu comme ça.
Je me préparais alors prête à le rejoindre au lieu indiquée. J'étais littéralement impatiente de le revoir. J'avais eu la chance de croiser sa route, et pour rien au monde je ne voudrais perdre ce jeune homme. Je crois que c'est son handicap qui nous avait autant rapproché. Au début, nous n'étions que des "collègues" du journal du lycée, mais très vite, il s'est ouvert à moi, m'expliquant qu'il avait perdu bon nombre de ses proches suite à sa perte d'audition. Autant vous dire que cela m'avait vraiment fait mal au coeur pour lui, alors je me suis très vite attachée à ce petit bout d'homme adorable. Avec le coeur sur la main, toujours prêt à rigoler. Ce que j'admire le plus chez lui, c'est son optimisme et sa force. Son handicap a fait de lui la personne qui l'est aujourd'hui. Il a toujours su aller de l'avant malgré ça, et rien que pour ça je l'admire. Je ne suis pas sûre que j'aurais été aussi forte que lui, me connaissant. Tiens en pensant à lui, je le voyais arriver au loin. Un large sourire se glissait sur mes lèvres, je me munissais alors de mon appareil photo, pointant mon objectif sur ce dernier. « Souriez vous êtes filmé beau gosse ! » m'exclamais-je souriant grandement. Je prenais un cliché de lui particulièrement top, et m'approchais de lui le sourire aux lèvres, avant de le prendre dans mes bras pour le saluer. Je lui déposais un baiser sur la joue avant de me détacher de lui pour le regarder. Il n'avait pas changé, si ce n'est qu'il faisait plus homme qu'adolescent. « Hey mais attendez, où passé le petit Mathis que j'ai laissé y'a un an de ça ? Tu t'es mis à la muscu ou quoi pour être baraqué comme ça ? » dis-je pour le taquiner, mais il est vrai que tu le trouvais beaucoup plus homme désormais. Il était beaucoup plus musclé que lorsque tu l'avais laissé.

Retrouver ma petite maisonnette me faisait un bien fou, bien que j'avais l'impression qu'elle soit encore plus vide que lors de mon départ. Heureusement que je l'avais gardé cette maison. En même temps, c'est tout ce qui me restais de ma mère, c'était le seul souvenir d'elle. Je ne pouvais me résoudre à la vendre. Elle me rappelait tellement de bons souvenirs. Des mauvais aussi, ceux où mon père nous faisait la misère. Mais bon, j'essayais de garder uniquement les souvenirs de ma petite maman qui me manquait un peu plus chaque jour. D'ailleurs, ce matin, je m'étais rendue sur sa tombe, afin de m'occuper un peu de cette dernière, la nettoyer, mais aussi lui apporter de nouvelles fleurs. Je m'étais même recueillie sur sa tombe, elle aussi elle avait le droit de savoir comment c'était passé mon année entre le Canada & l'Australie, même si j'avais la certitude qu'elle m'avait suivi durant tout mon périple, là, juste au dessus de mon épaule. Tout ce que j'espérais c'est qu'elle soit fière de moi. Enfin, alors que je rentrais chez moi, et que je me posais sur le canapé, je m'emparais de mon téléphone pour appeler mon petit Mathis. C'est que sa bouille d'amour m'avait littéralement manqué, heureusement que visio existait durant mon périple, au moins je pouvais le voir malgré la distance. Et j'étais heureuse de voir que malgré tout nous ne nous étions mutuellement pas oublié, mais qu'au contraire nous avions entretenu notre relation. Son sourire sur mon écran lorsque je l'appelais me faisait sourire à mon tour. Lorsqu'il acceptait de me voir aujourd'hui même, me donnant rendez-vous une heure après notre appel, je ne pouvais que me réjouir. Mathis avait toujours les bonnes idées, il me proposait une escapade en forêt, muni de nos appareils photos. Comment refuser une telle proposition quand elle rallie notre ami et notre passion. Ce n'était purement et simplement pas possible. C'est donc la banane sur le visage que j'acceptais de le rejoindre. Heureusement j'étais prête, je n'avais plus qu'à me munir de mon appareil photo pour regagner le lieu indiqué.
Aussi étrange que cela puisse paraître j'étais arrivée la première. Ne le voyant pas, je mettais mon appareil photo autour de mon cou, et prenais quelques clichés pour le plaisir. C'est alors que j'attendais craqueler des petite branches tombées au sol, je me retournais pour voir au loin mon ami arrivait. Je pointais mon objectif en sa direction avant de prendre un cliché de sa belle bouille. Il avait toujours ce même visage, ces même traits, quoi qu'il était nettement plus musclé qu'avant, s'en était presque frappant. Il était devenu un homme, un vrai, avec une petite barbe de deux jours. Je m'approchais de lui pour le serrer fort dans mes bras tant il m'avais manqué. « T'es vraiment pas doux ! Moi qui pensais t'avoir un minimum manqué » lâchais-je alors d'un air amusé. Je savais pertinemment qu'il me taquinait, mais j'aimais mon aussi le taquiner. Malgré son handicap, je mettais tout en oeuvre pour qu'il se considère comme une personne avec ses cinq sens, c'est pour cette raison que je prenais le temps de bien articuler de sorte qu'il puisse lui sur mes lèvres et qu'il me comprenne. Moi qui avait tendance à parler plutôt vite, je m'épatais moi-même d'être aussi calme. Le jeune homme se rattrapait cependant en m'avouant être content de me revoir, pour finir par me dire que je lui avais manqué. « Et moi dont, toi aussi tu m'as manqué ! On peut quand même remercier la nouvelle technologie, car sans elle, la communication aurait sans doute était plus compliquée » Je laissais échapper un léger rire, tandis que mon ami me fit signe de la tête de le suivre. Je ne bronchais pas, et suivais ce dernier, je lui faisais entièrement confiance, il savait ce qu'il faisait et j'étais sûre qu'il nous trouverait un petit coin de paradis pour prendre de merveilleux clichés. « Si tu savais, je ne regrette rien, c'était merveilleux. J'ai fais de superbes rencontres, j'ai appris énormément de choses, j'ai même géré la chronique d'un petit journal, j'ai d'ailleurs pensé à toi, ça m'a rappelé l'épisode tumultueux de notre rencontre où on comprenait rien au logiciel, qu'ils nous avaient lâché avec leur indication papier, sans avoir prit le temps de nous expliquer comment faire, dis-je en riant légèrement face à ce souvenir. J'ai découvert de nouvelles cultures. J'ai vu des choses magiques. Des choses pas données à tout le monde. Et j'adore l'accent des québécois! m'exclamais-je en souriant grandement. Et puis en Australie, il fait toujours beau! Mais surtout chaud, c'est impressionnant. Et y'a des Koalas partout. C'est trop mignons, ils sont perchés dans les eucalyptus, ils ont la belle vie, ils mangent, ils dorment, ils dorment, ils mangent, j'aimerais trop avoir leur vie! Je riais légèrement. Et toi alors, comment ça va de ton côté ? Le bénévolat se passe toujours aussi bien ? » Tout en marchant sur le sentier, j'avais l'impression de redécouvrir Miami, mais ça faisait un bien fou de retrouver ses terres, ses proches. Me retrouver là avec Mathis me réchauffait le coeur, c'est alors que je me disais que malgré mon expérience dingue, c'est ici que je me sentais le mieux, à leurs côtés.

Mathis faisait parti des personnes que j'avais le plus envie de revoir. Heureusement que durant mon périple la nouvelle technologie m'avait permis de voir sa petite bouille d'amour. Bon évidemment, c'était loin d'être le grand luxe, car malgré tout, cela ne fonctionnait pas toujours à merveille, mais au moins, c'était un moyen de ne pas s'oublier. Autant vous dire que lorsque je l'avais appelé en visio et que ce dernier m'avait proposé de se voir, je n'avais pu qu'accepter sa demande. Je devais avouer que je l'avais appelé un peu pour ça, mais ce dernier m'avait devancé, comme souvent d'ailleurs. Je me préparais rapidement pour ne pas être en retard, car c'était mon truc ça, d'arriver toujours en retard, mais aussi surprenant que cela puisse paraître, lorsque j'arrivais devant le petit sentier où nous devions nous retrouver, personne. Mon ami n'était pas encore arrivé. Mais il ne tarda pas à pointer le bout de son nez, et autant dire que lorsque mon regard à croiser le sien, un large sourire s'est dessiné sur mon visage. Mon petit Mathis, j'allais enfin retrouver mon ami en chaire et en os. A peine j'ouvrais la bouche que ce dernier ne perdit pas de temps à me taquiner, je crois que ça en était devenu son passe-temps favoris. Mais ça ne me dérangeais pas, au contraire, j'étais plutôt du genre à rentrer dans son jeu. « Non mais c'est bon, finalement je vais peut être rentrée chez moi, j'ai plus envie de te voir » Susceptibilité bonjour. Bon c'était plus pour m'amuser qu'autre chose, mais j'aimais bien jouer les filles susceptibles. Bon ceci dit, il se rattrapait plutôt bien lorsqu'il me dit que si nous n'avions pas eu les réseaux sociaux ce dernier m'aurait harcelé par pigeon voyageur, c'était quand même mignon alors bon, je faisais la mou, avant de légèrement rire. « Ah tu vois que finalement tu ne peux pas te passer de moi Brown ! » m'exclamais-je du tac au tac, en souriant fièrement. Bon c'était réciproque ceci dit, j'avais besoin de cet homme dans ma vie, qui représentait la joie et la bonne humeur en toute circonstance. Un véritable petit rayon de soleil malgré son handicap. Il me demandait d'ailleurs comment s'était passé mon voyage, et c'est alors que je me lançais dans une grande tirade, tout en faisant malgré tout attention à ma façon de lui parler, de sorte que ce dernier puisse lire sur mes lèvres. J'avais parfois du mal à me contenir, m'emportant dans mes paroles, et il ne manquait pas de me faire signe de me calmer quand ce genre de chose arrivait. Alors que je lui rappelais notre raconte, ce dernier se mit à rigoler, me rappelant à son tour que nous avions cherché la difficulté en jouant les parfaits journaliste. Evidemment mon rire se joignait au sien. Il est vrai que nous l'avions cherché, mais c'était tellement drôle de repenser à tout ça. « Arrêtes, on avait quelques bases quand même... Bon j'avoue qu'on était de véritables calamités, mais c'était drôle ! » m'exclamais-je tout sourire. C'était vraiment drôle de repenser à notre rencontre. Je revenais sur mon voyage, lui racontant que cela m'avait vraiment plu, rien que d'en parler, j'avais l'impression d'y être encore. C'était une superbe expérience que je referais si on me le re-proposait. Toutefois, après lui avoir parlé de moi, j'en venais à son sujet, lui demandant comment se passait son bénévolat. Je savais que ça lui tenait à coeur et qu'il était vraiment impliqué là dedans, et j'étais ravie de savoir qu'il était toujours aussi bien au sain de cette association. Il m'expliquait qu'il avait même réduit son temps de travail dans l'agence de photographie pour pouvoir y consacrer plus de temps. Je trouvais ça vraiment remarquable. Et tant qu'il était comblé dans ce qu'il faisait c'était l'essentiel. « Ah oui ? L'agence n'a rien dit que tu réduises ton temps de travail ? En tout cas, je suis contente pour toi » répondis-je tout en articulant suffisamment pour qu'il me comprenne, poursuivant notre route. « C'est vachement beau ici, je n'y étais jamais venue auparavant. Tu connais cet endroit comment ? » Je souriais tout en continuant de marcher, prenant de temps en temps des clichés à droite, à gauche.

L'endroit où Mathis m'avait donné rendez-vous était tout simplement superbe, et encore, je n'étais qu'à l'entrée du sentier. Comme mon ami n'était pas encore là, je me baladais au pied de ce dernier, à droite, à gauche, dégainant mon appareil photo à la moindre belle chose qui s'offrait à moi. Un papillon sillonnant dans les airs, une fleurs aux couleurs estivales, et j'en passe. Je pouvais prendre à la fois tout et rien, et en fait une chose. C'était d'ailleurs la passion commune de Mathis et moi, la photographie. C'est pour cette raison qu'il m'avait proposé de me rendre ici, pour faire une petite cession photo. Bon j'avoue j'avais craqué en commençant avant lui, mais mon petit doigt me dit que c'était quelque chose qui allait sans doute le faire venir et pas manqué, des bruits de branches se mirent à craqueler, et lorsque je me retournais, je me retrouvais face à mon ami qui me taquinait aussi vite que l'éclair. Il n'avait pas perdu l'habitude le coco. « Tu t'enfonces Brown, tu t'enfonces ! » m'exclamais-je lorsqu'il essayait de me rassurer en me faisant comprendre qu'il voulait me voir, seulement il ne manquait pas d'ajouter que s'il avait le choix entre la bombasse de Beyoncé et moi, le choix serait vite fait, quelle enflure quand même, je ne m'étais pas retenue de le mettre une tape amicale sur l'épaule. « Ne me regardes pas comme ça, tu l'as mérité sale gosse ! » repris-je au sujet de ma tape. En même temps, monsieur l'avait bien mérité, non mais depuis quand il préférait passer un moment avec Beyoncé plutôt qu'avec moi. Heureusement que je savais qu'il plaisantait car dans le cas contraire, j'aurai été vexée.
Tout en nous enfonçant dans le sentier, nous continuions de discuter. J'en avais pleins les mirettes comme on dit, tant plus nous nous avancions et plus les paysages étaient splendide. J'ignorais totalement sur quoi donnerait ce sentier, mais tout ce que je savais c'est que pour le moment c'était superbe, Mathis avait toujours de bonnes idées. Et même si je connaissais Miami par coeur, il y avait toujours des recoins à explorer, et celui-ci en faisait parti, donc j'étais bien contente de ne pas le connaître pour que mon ami me le fasse découvrir. Un cliché par-ci, un autre cliché par-là. J'allais avoir de quoi trier demain au vue du nombre de photos déjà prises. « Je vois, après faut voir le bon côté des choses, cela te permet de pouvoir prendre plus de temps pour ton association et ça ce n'est pas négligeable, surtout quand on sait combien tu es impliqué dans cela » Avec Mathis, j'essayais toujours de relativiser la chose, bien qu'il le fasse de nature. Je ne voulais pas qu'il pense que je le plaigne ou que je le considère comme tout le monde à savoir un handicapé qui n'entend pas et qui du coup a du mal à parler. J'avais toujours fait en sorte de le considérer comme une personne "normale", beaucoup trop de proches l'avaient rejeté suite à son handicap alors que c'était un garçon avec le coeur sur la main, très cultivé, avec de la conversation. De plus, j'avais toujours admiré sa force de caractère qui lui avait permit d'aller de l'avant. « Je suis vraiment contente pour toi » articulais-je suffisamment de sorte qu'il me comprenne. J'étais sincère, il méritait de pouvoir faire ce qu'il voulait.
Au fur et à mesure que l'on s'enfonçait dans le sentir, curieusement je lui demandais comment il avait découvert cet endroit, et finalement j'aurai peut être dû me taire. Je connaissais Mathis et son amour pour l'adrénaline. Il adorait ça, je le savais pertinemment, et au fond, ça ne m'étonnais pas qu'il ait découvert un tel endroit de la sorte. Mais bon je ne pouvais m'empêcher d'imaginer le pire, il était quand même vraiment fou, il aurait pu mourir comme ça. C'est pour cette raison que je ne m'étais jamais aventurée à sauter en parachute, j'avais bien trop peur, déjà, je crois qu'en haut je ne serais jamais capable de sauter, car même si j'adorais prendre l'avion, il n'en demeure pas moins que j'avais quelque peu le vertige, mais dans l'avion, j'essayais de prendre sur moi, par contre sauter dans les airs, non merci. « T'es complètement malade, imagines qu'il te soit arrivé quelque chose de pire, c'est dangereux ce genre de chose » Je n'avais pas envie de passer pour la fille qui fait la morale, mais c'était plus fort que moi, j'avais toujours le don de m'inquiéter pour mes proches, d'autant plus quand je tenais vraiment à eux. « Désolée, je voulais pas te faire la morale, je sais que tu adores ça, mais essais au moins de faire attention à toi » repris-je de sorte qu'il comprenne que je m'étais rendue compte de ma réaction légèrement excessivement, mais il me connaissait assez pour comprendre que si j'avais réagi comme ça, c'est parce que c'était dans ma nature de m'inquiéter pour mes proches. « Vas-y moques toi de moi je te dirais rien ! Au pire, je te tomberais dessus » plaisantais-je lorsque ce dernier se moquait de moi, me rappelant combien de fois je m'étais crêpais en pleine descente, en même temps, on avait toujours tendance à aller vagabonder dans des lieux complètement improbable et loin d'être très pratique d'accès, au moins ça nous faisait les jambes. Néanmoins, je faisais tout de même attention car bon, vêtue de mon petit short, ça m'embêterais de l'abîmer, et ça m'embêterais également de finir sur les fesses, raison de plus pour qu'il se moque de moi, chose que je souhaitais éviter. « Sinon, y'a quoi au bout de ce sentier ? » demandais-je curieusement avant de prendre sa tête en photo. « Oops » lançais-je d'un air angélique.

A l'heure actuelle, j'avais l'impression ne jamais avoir quitté Mathis, il était tel que je l'avais laissé un an auparavant, toujours aussi taquin. Je devais avouer adorer ce côté de sa personnalité. Il était si attachant. Et puis, il fallait dire que j'aimais aussi beaucoup le taquiner, même s'il demeurait parfois être meilleur que moi dans ce domaine, je ne pouvais me retenir de mordre à l'hameçon et de jouer les filles susceptibles. Evidemment, je plaisantais, comment pourrais-je mal prendre ce que le jeune homme pouvait me dire, je savais pertinemment qu'il rigolait, et qu'il ne pourrait jamais se montrer blessant à mon égard. Ce n'était pas dans ses gênes d'être ainsi. C'était plutôt quelqu'un de gentil, et doux. Je n'avais d'ailleurs jamais vu Mathis en colère, ou alors une fois peut être, mais il fallait y aller fort pour le mettre en colère car ce n'était pas son style de s'énerver, il était plutôt calme contrairement à moi et ma fâcheuse tendance à monter en pression dès lors où me dit quelque chose. « Qu'est-ce que tu crois, je vais pas me laisser faire non plus » lançais-je sur le ton de la plaisanterie. Non mais qu'il ose me dire que je lui ai fais mal, je ne le croirais pas, vu ma force de tilt. « Au moins j'aurai le dessus sur lui » lâchais-je fièrement avant de rire. Non mais il me faisait vraiment passer pour une fille violente. Comme si j'étais du genre à taper qui que ce soit. Et puis franchement, vu la tape que je lui avais mis, je suis sûre qu'il n'avait même pas senti, mais qu'il faisait uniquement ça pour m'embêter. Je fis par la suite mine de bouder, mais bon, Mathis savait toujours comment s'y prendre pour que je craque face à sa bouille d'ange, et qu je cesse de bouder. Evidemment, le baiser qu'il me fit sur la joue avait pour don de me faire décrocher un sourire. « Tu m'énerves! Je peux jamais être sérieuse avec toi ! » m'exclamais-je avant de rire. Cependant, il reprit par une taquinerie, je vous jure, ce mec n'est pas croyable, dès lors où il se rattrape, deux minutes après, il recommence, pour ensuite se rattraper avec une phrase beaucoup trop mignonne à mon goût. Je passais alors mon bras autour de sa taille pour me rapprocher de lui et lui fis à mon tour un bisou sur la joue, me hissant légèrement sur la pointe des pieds pour arriver au niveau de son visage. « Tu m'as manqué aussi crapule! » Je fis un large sourire tout en continuant de marcher. Ca pour m'avoir manqué, il m'avait manqué, et j'étais vraiment heureuse de voir que malgré la distance et l'année qui nous avaient séparé rien n'avait changé entre nous.
Le sentier dans lequel Mathis m'entraînais était vraiment splendide. J'avais bien fait d'accepter de le suivre, il avait toujours des bons plans et des bons endroits à me faire découvrir. De plus, je ne connaissais pas cet endroit, c'est comme si je redécouvrais Miami un an plus tard. Comme nous avions parlé de moi, maintenant il était temps de parler de lui, ce n'est pas parce que j'étais partie qu'on devait obligatoirement parler de moi. Et puis, j'avais envie de savoir où il en était de son travail et de son bénévolat. « Je vois ce que tu veux dire, mais ne prends pas ça comme une faveur, dis toi que c'est aussi une chance de pouvoir donner un coup de main à ton association, comme tu l'aimes tant » Je savais combien c'était dur pour lui parfois ce handicap. Il ne supportait pas que l'on puisse le considérer comme tel alors qu'il était capable de tout faire. Et même s'il parlait avec une certaine difficulté, contrairement à la majorité des sourds, il avait encore la chance de pouvoir parler et se faire comprendre. Le tout c'était que la personne en face de lui soit assez coopérative pour pouvoir parler posément de sorte qu'il puisse nous comprendre à son tour.
Appareil photo en main, je ne m'arrêtais plus, un cliché par-ci, un cliché par-là. Heureusement que j'avais vidé ma carte mémoire avant de sortir, car je savais pertinemment qu'en compagnie de Mathis je passerais mon temps à prendre des clichés. D'ailleurs lorsque je lui demandais comment il avait découvert cet endroit, finalement j'aurai préféré tourné ma langue sept fois dans ma bouche avant de l'ouvrir, car ce que j'apprenais était loin de me rassurer. Je lui avais toujours dis que son hobbie était quelque chose de dangereux. Et le discours qu'il te tenait était loin de te ravir, même si tu savais qu'il n'avait pas tord, quoi qu'il en soit tu n'iamais pas qu'il tienne ce genre de propos. « Arrêtes de dire n'importe quoi, puis changeons de sujet, on est pas venu ici pour parler de mort » Ce n'était pas forcément un sujet que j'aimais aborder, surtout vis à vis du décès de ma mère. Il reprit la parole à propos de sa deuxième passion pour le saut en parachute. Il m'avait souvent proposé de sauter avec lui, mais honnêtement, j'étais pétrifiée rien qu'à l'idée de me jeter du haut d'un avion, j'aurai trop peur que le parachute se bloque et que je me scratch. « Pour peu que le jour où je décide de sauter mon parachute ne s'ouvre pas, non merci ! » Une descente approchait, et Mathis me faisait une remarque qui me fit particulièrement rire, alors je lui répliquais que de toutes les façons, si je venais à descendre sur les fesses, monsieur amortirais ma chute. « Tas tout compris ! Je me gênerais pas en plus ! » riais-je aux éclats, m'imaginant dégringoler sur ce dernier. Arrivée face à la descente, je faisais moins la maligne, j'avais peut être enfilée une paire de chaussure adaptées à la marche, j'étais moins sûre de mon quant à cette pente plutôt abrupte. Heureusement, tandis que je descendais à tâtons, Mathis me proposait sa main que j'acceptais volontiers pour finir ma descente. « Ah bah on va le découvrir ensembles alors » souriais-je tandis que j'étais enfin arrivée sur la terre ferme. J'en profitais d'ailleurs pour prendre une photo du jeune homme en pleine action. « Non mais vas-y jettes moi ! Tu me fais pas peur, puis je sais que toute façon t'en seras pas capable ! » lâchais-je du tac au tac, tandis que nous nous avancions dans le sentier quand nous tombions sur un splendide petit lac entouré d'herbes et de petites fleurs, c'était carrément ouf cet endroit. « Wah, mais c'est magnifique ! » m'exclamais-je en regardant partout autour de moi.