Je n’avais plus le goût de rire ces derniers temps ou de faire des petites blagues. Je ne faisais plus attention à rien. Je ne voulais qu’une seule chose : être seul. J’y arrivais plus ou moins. Je ne voyais plus Nate ni William. Les deux sont bien trop occupés à fréquenter leur copine. Même ma meilleure amie, Eliza, était occupé à accoucher et je n’avais pas encore eu le goût d’aller la voir. J’attendais son message pour venir mais il ne venait pas. J’étais de trop un peu partout. Je ne me sentais plus à ma place nulle part. Et c’est surement pour ça que j’ai commencé à faire mes cartons. Je compte quitter l’appartement d’Edward. Si je continue d’habiter avec cet hypocrite, je risque de lui casser la figure et puis je ne veux plus vivre là. Je ne m’y suis jamais réellement senti chez moi. Je ne sais pas où je vivrai mais il est certain que très prochainement, j’aurai changé de domicile.

Quoi qu’il en soit, une réunion avec le conseil m’attend à quinze heure. Ce qui m’énerve puisque d’habitude, je m’arrange pour partir à quatorze heure pour aller faire du sport. Je carbure toujours le matin pour me libérer l’après-midi. Mais il fallait que ce conseil me retienne à l’université ! J’espère que ça ne vas pas durer trois heures.
Je m’étais donc levé de ma chaise en cuir pour aller devant le miroir situé dans le bureau. Je me regardais. Physiquement, je n’avais pas changé. J’étais toujours présentable. Je sentais toujours bon enfin je continuais de vivre, de me laver etc mais à l’intérieur, je ne me reconnaissais pas. C’est comme si j’avais cessé de vivre. Enfin bref, j’ouvris un bouton supplémentaire de ma chemise à cause de la chaleur et je partis tout droit vers la salle de réunion.

Quinze heure dix, j’ouvris la porte. « Je suis en retard, veuillez m’excuser. » Dis-je en entrant avec mes dossiers en main. Sauf qu’aucun membre du conseil ne me fit face. La seule personne présente semblait être une femme et quand j’aperçu son visage, je fus surpris d’y trouver Lysianna. « C’est pas… Lys ! T’es de retour ! Depuis quand ? » Dis-je en souriant pour la première fois depuis bien longtemps. Je ne perdis pas de temps pour la prendre dans mes bras et la faire tourner doucement tellement j’étais heureux de la voir.  «  Je suis content de te voir ! Mais où est le conseil ? J’ai une réunion. Je ne comprends pas… » Dis-je simplement en cherchant moi-même une réponse à tout ça.

La venue de Lysianna était une si belle surprise. Je ne m’y attendais clairement pas. Depuis son départ, nous parlons par internet régulièrement et jamais elle n’a mentionné son éventuel retour. Maintenant qu’elle était là, je devais peut-être lui confier quelques trucs par rapport à Willy. C’est sa meilleure amie également et je me sens concerné. Quoi qu’il en soit, c’est pas vraiment le moment d’en parler. Là, je n’en reviens juste pas. Lysianna est face à moi, dans mes bras plus exactement. C’était dingue…  J’avais d’ailleurs fini par lui demander où était le conseil en lui expliquant que j’avais réunion mais cette dernière m’expliqua qu’ils étaient partis à cause de mon retard parce qu’ils en avaient marre d’attendre. Je sentais l’énervement s’installer en moi à cet instant précis. Mes émotions ne tardaient plus à sortir depuis quelques temps. J’étais bien trop tendu pour me contrôler. Je me voyais déjà leur envoyer un mail très désagréable mais je sortis cette idée de ma tête en voyant Lys rire aux éclats.. Elle essayait de m’informer que c’était une blague et apparemment ma tête était trop bonne à voir. Je ne réagissais pas sur le coup. J’étais surpris. Lys avait l’air bien plus différent e que je ne l’aurai pensé. Elle était capable de faire ça maintenant… des grosses blagues. Impressionnant… Elle était quand même partis jusqu’à orchestrer tout ça dans mon dos avec l’aide de ma gouvernante.

La nouvelle Lys me plaisait déjà beaucoup ! J’adorai l’ancienne mais la nouvelle me faisait mourir de rire en fait même si présentement, je ne riais pas encore.
« Pas du tout Lys. » Dis-je en souriant voyant qu’elle baissait sa tête. Je m’étais avancée légèrement pour remonter son menton délicatement avec mon doigt. «  Je ne t’en veux pas. Je n’aurai pas pu rêver d’une meilleure surprise mais t’es carrément dingue d’avoir fait ça. » Dis-je en riant légèrement avant de passer la main qui avait servi à redresser sa tête sur ma tête justement et plus précisément dans mes cheveux. «  Aller viens, je t’offre une crème glacée. Il y a plusieurs glaciés sur le campus. Je pense que tu as plein de chose à me raconter. » Dis-je avec le sourire avant d’ouvrir la porte de la salle de réunion pour la faire sortir.

Ensemble, nous marchions en direction du premier vendeur de glace.   « Qu’est-ce qui t’a fait revenir à Miami soudainement ? »  Demandais-je en souriant. .   « Parce que je doute que tu sois revenu pour mes beaux yeux bien qu'ils soient magnifique et qu'ils auraient pu justifier ton retour. »  Dis-je sur le ton de la rigolade. J'étais vraiment très heureux de la voir. Elle semblait être la seule bonne nouvelle ou onde positive dans ma vie en ce moment.

La revoir me changeait catégoriquement les idées. Je n’avais pas pensés aux mauvaises choses qui font que mon moral est à plat en ce moment. C’est bon signe pour moi. C’est un progrès. Un progrès minime mais un progrès quand même. La route de la solitude est bien longue donc si je peux avoir des moments comment ceux-là qui me rendent un peu plus joyeux, je serais bien con de dire non. C’est pourquoi j’avais proposé à Lys d’aller nous rafraichir. On se sentira bien frais avec une crème glacé à déguster. « J’avais pour habitude de me libérer l’après-midi pour aller faire du surf sur la plage. C’est mon sport préféré et je crois que c’est la chose la plus précieuse que je possède, le surf… » Dis-je en souriant avant de poursuivre : «  T’as pas de soucis à te faire Lys’, c’est fini pour aujourd’hui. » C’est l’été, la rentrée n’a pas encore repris. Je n’ai plus grand-chose à faire. Et puis j’ai envie d’aller manger une glace, pour une fois que l’envie de sucre prime sur le reste. En fait, j’ai besoin de cochonnerie. Je ne connaissais pas ça avant. Je mangeais toujours saint mais en ce moment, je me laissais aller.

Je profitais de ce petit moment à deux pour essayer d’en savoir plus sur les raisons de son retour parce qu’il est clair qu’elle n’était pas revenu comme ça. Elle a beaucoup souffert à Miami et je pense que l’Afrique lui avait donné un bon coup de neuf dans sa vie. La preuve, elle n’était vraiment plus la même. Cette Lys là ne pourrait jamais sortir avec Edward par exemple, ça ne collerait plus du tout.  «  Ok mais je suis pas vraiment convaincue... J’ai l’impression que Will t’a raconté ce qui se passait pour lui en ce moment. Cette histoire de tricherie qui fait qu’il est suspendu six mois et qu’il doit repasser son examen. Et si c’est pour cette raison, je suis fière de savoir que Willy a une meilleure amie en or parce que malheureusement, son meilleur ami n’a pas réussi à faire grand-chose. Je sais qu’il est innocent mais j’ai été obligé de suivre la procédure faute de preuve. Et je ne peux pas m’empêcher de me sentir coupable.  » Dis-je avec beaucoup de sincérité parce que ça me fait chier plus que n’importe qui que Willy se retrouve dans cette situation par ma faute. Je n’ai pas trouvé le moyen de le sortir de là et ouai, je m’en veux.   « Je comprends qu’il préfère passer du temps avec Leyla qu’avec moi. J’ai totalement merdé, je le reconnais. J’aurai dû trouver une solution pour lui épargner ça. »  Rajoutais-je simplement. Je n’avais pas envie de m’éterniser sur ma culpabilité. Il fallait que je passe à autre chose. C’était bien trop tard pour changer la donne.   «  Aussi longtemps que tu le pourras. Je suis égoïste mais j’espère te garder ici pour un moment. Et quand tu auras besoin de respirer, souviens-toi que je suis là et que tu ne seras jamais toute seule. »  Dis-je en posant ma main sur son épaule en signe de soutien. Lys compte pour moi. J’ai appris à la connaître plus que je ne l’aurai jamais imaginé et je sais que je ne l’abandonnerai jamais.

Nous continuons ensuite de marcher,  nous approchant de plus en plus du stand de glace. «  Tu me connais, je suis au max. Je vais bien. »  Dis-je comme si de rien n’était. J’allais pas si bien que ça mais je ne voulais pas l’admettre quelque part. Fierté masculine surement. «   Bonjour. Je vais prendre une glace à l’italienne goût pistache s’il vous plait. »  Souriais-je au glacier avant de me tourner vers Lys pour savoir qu’elle prenait. Il nous fit ensuite nos glaces et naturellement, on se remit à marcher après que je lui ais payé.

Son retour semblait lui faire une sensation étrange et je pouvais le comprendre. C’est pas toujours facile de revenir dans un endroit qu’on avait décidé de mettre derrière nous.   Surtout quand beaucoup de mauvais souvenir y sont rattachés. Espérons simplement que ses mauvais démons ne reviendront pas la hanté prochainement. « Je veux bien te croire. Miami n’a rien avoir avec l’endroit où tu étais. Mais t’inquiète pas, tu vas retrouver tes marques assez rapidement. » Dis-je en souriant légèrement. Je n’avais pas de doute là-dessus et puis elle n’aura pas vraiment le choix. Il faut bien qu’elle retrouve ses repères pour pouvoir vivre ici même si ce n’est que pour une courte durée.

Lys avait choisi son parfum chocolat avant de relancer le sujet Willy lors de notre marche. Je venais de faire une gaffe mais je faisais bien de la mettre au courant. C’est pour ça qu’il y a Leyla et qu’il y a moi. Leyla peut faire énormément de chose pour lui, elle l’aime mais il y a des choses qu’elle n’oserait peut-être pas faire et que je ferai moi parce que c’est mon frère et que l’amour qu’on se porte n’est pas le même. Je l’aime comme s’il était mon sang. «  Je vais tout t’expliquer et si tu veux dire à Willy que les info viennent de moi, ne te prive pas de la faire. J’assume toujours ce que je dis. Mais je t’avoue que je pensais que tu étais au courant. » Dis-je en riant légèrement avant de gratter l’arrière de ma tête en même temps. J’allais tout lui dire, je n’étais pas du genre à faire des cachoteries.  «  William passait ses examens de médecine il y a quelques mois. Mais le correcteur a constaté que les copies étaient identiques. Il y a donc eu des vérifications de la part du jury dans son intégralité et par moi-même. C’est formel, il y a bien eu tricherie.  » Dis-je tout d’abord en continuant de marcher doucement. « Sauf que l’autre gars a accusé William et William se défend en affirmant que c’est l’autre gars. Je les ais entretenu tous les deux dans mon bureaux. Mais c’est la parole de l’un contre la parole de l’autre. Il n’y a aucune preuve. Juste un menteur. Je suis persuadé que l’autre gars ment et que Willy est innocent mais je dois suivre la procédure qui veut que l’un comme l’autre repasse l’examen dans un endroit isolé séparément.  Et en attendant que ça arrive, les deux sont suspendus. »  Ajoutais-je alors pour clarifier la situation. Je devais maintenant parler de l’état de Willy. Chose qui n’était pas simple mais c’était le mieux que je puisse faire pour lui. « Jusqu’à maintenant, il fait mine que tout vas bien mais Lys, je n’en suis pas aussi certain. Dans mon bureau il était furieux. Je crois qu’il aurait même pu le tuer et mon intuition me dit qu’il garde les choses pour lui. Sauf qu’on sait ce qui arrive quand il fait ça… Il se remet à boire et je ne veux pas que ça arrive. Je ne veux pas qu’il retombe dans l’alcoolémie. »  Dis-je alors en perdant complètement l’envie de gouter ma glace à l’italienne.

Ouai, reparler de tout ça me fit un coup au moral. J’ai mes propres problèmes mais à côté de tout ça, ce n’est rien. J’espère vraiment qu’on va réussir à faire quelque chose pour l’aider. «  Tu sais, ma première idée, c’était d’impressionner le gars. Je voulais lui faire la peur de sa vie. J’étais prêt à embarquer Nate là-dedans pour le forcer à avouer. Il a un flingue, une insigne, un uniforme. Il aurait pu parler.  Mais si ça continue… Tu sais ce que je vais faire ? Je vais me mettre une cagoule, je vais l’attendre dans une rue sombre et je vais lui faire cracher le morceau à ce fumier. »  Dis-je en sentant l’énervement monter en flèche. J’avais tellement envie de régler ça pour que mon frère soit heureux et que cette injustice n’est plus lieu d’être.

Lys avait bien raison. Elle tenait le même raisonnement que moi au départ mais il est vrai que ce n’était pas chose facile de ne pas culpabiliser. Je ne sais pas si je m’en voulais autant  à moi ou si quelque part, j’en voulais plutôt au système de ne pas me laisser appliquer mes règles parce qu’après tout, c’est de mon université dont il s’agit. Je devrais avoir le dernier mot dans toutes les circonstances. Elle était devant moi et je ne pouvais pas détacher mon regard du sien. Ses paroles avaient du poids et elle avait clairement toute mon attention. « C’est ce que je me disais au départ Lys mais être Jordan son meilleur ami, c’est beaucoup plus important pour moi que d’être Jordan le proviseur et je ne peux pas m’empêcher de vouloir régler les choses à ma manière. Je te jure, j’ai envie d’attraper cet abrutis et de lui faire cracher la vérité. Je ne suis pas de nature violente, je pense que tu le sais mais là, je pourrai lui casser la gueule à cet enfant de pute. » Dis-je en sentant encore plus l’énervement monté. Je devais tout de même redescendre, je ne pouvais pas continuer de m’énerver sinon je risquais d’aller rendre visite à ce salopard de tricheur !

Lys semblait ensuite s’en vouloir à son tour de ne pas avoir été présente, d’être restée trop longtemps en Afrique et je la comprenais. A sa place, j’aurai surement aussi culpabilisé mais elle ne devait pas être fâchée contre elle-même. Calmé, je pris son visage entre mes mains une nouvelle fois après avoir posé ma glace dans sa main libre. Deux fois aujourd’hui que je fais ça. Je me surprenais à découvrir l’état de notre relation. Nous étions partis d’un simple aspect de connaissance par rapport à nos meilleurs amis, à son ex petit ami pour ensuite s’échanger un nombre incalculable de mail contre toute attente et terminé par être quand même aussi proche aujourd’hui. Je suis de nature tactile, c’est vrai mais avec Lys, ce n’était pas par habitude, c’était autre chose. «  Regarde-moi. » Dis-je en souriant avant d’essayer de la rassurer. «  Tu as pris soin de toi et tu as eu raison. Ta présence n’aurait rien changé au fait. Will avait Nathaniel, il avait Leyla et pour ce que ça vaut, il m’avait aussi. Et même si tu n’as pas tendance à le croire, il t’avait toi. » Dis-je alors avant de retirer mes mains de son visage pour récupérer ma glace et prendre sa main de nouveau vacante. « Parce qu’il t’avait là. »  Continuais-je en posant sa main sur mon cœur. « Loin des yeux mais près du cœur et ça, c’est quelque chose d’encore plus fort que notre présence parce que lorsqu’il était seul, il lui suffisait simplement de penser à toi pour sourire et surmonté sa peine. »  Concluais-je simplement en lâchant sa main. La main de Lys se posa sur mon bras juste après et je ne pus m’empêcher de lui sourire presque timidement.   « Ok. Je vais essayer de relativiser mais tu devras faire pareil. Deal ? »  Souriais-je de manière amusé en tendant ma main pour qu’elle me check cette dernière dans le cas où elle accepterai le deal.

Nous avions repris notre marche et mon idée m’indiqua de manger rapidement ma glace parce qu’avec la chaleur, elle ne tarderait pas à fonde complètement. « Elle est venu me voir à la salle de sport il y a quelques jours. » Dis-je simplement en repensant à ce jour. Parler d’Eli n’était pas difficile mais ce n’était pas ce dont je préférai. Je suppose que mon envie était tel que je préférai l’oublier au plus vite. « Et elle cherchait à savoir pourquoi je ne répondais pas à ses messages et pourquoi je l’évitais en fait. » Lui dis-je en continuant de marcher avant de finalement m’assoir sur la pelouse d’une confrérie. Je pense qu’ils ne nous en voudront pas de prendre place ici. « Du coup, je lui ai reparlé de la fois où je lui avais avoué mes sentiments et ce que je ressentais pour elle. Et elle m’a avoué qu’elle ne m’avait jamais prise au sérieux parce qu’Edward lui avait dit que j’étais du genre à jouer avec les filles etc, etc, etc. Donc j’ai compris facilement qu’Edward lui avait monté la tête contre moi et depuis bien longtemps. Il n’a jamais supporté que je fréquente Eli. Il a toujours été jaloux comme un chien et ça remonte même de l’époque où vous étiez encore ensemble. Je pense même qu’il était amoureux d’Eli quand il était encore avec toi. J’en mettrai ma main à couper. » Confiais-je en posant mon regard sur elle. « Enfin bref, je finirai par l’oublier. C’est la première fois que je tombais amoureux d’une fille, c’était drôle et j’étais sincère. Finalement, tu vois, aujourd’hui, je pense que c’est elle qui est perdante dans l’histoire. Elle aurait pu mettre la main sur Jojo… Elle a raté sa vie la pauvre ! » Dis-je pour rire. Je ne voulais pas paraître lamentable, je préférai plaisanter. Je n’étais pas du genre à quitter le pays donc la seule chose à laquelle je pouvais me rattacher, c’était mon humour.