Ma respiration ainsi que mon rythme cardiage, étaient maintenant revenus à la normale. Elizabeth prit donc le temps de s'intéresser à moi et plus particulièrement à mon boulot. Mon boulot était en réalité bien loin des clichés habituels! On ne sauvait pas la vie de nos clients tous les jours et nos clients ne s'appelaient pas tous Beyonce ou Brad Pitt! Bien au contraire. Nous avions sous notre responsabilité des gens riche oui, mais qui souvent trainaient dans des affaires peu recommendable. En gros, on était payé pour mourir à la place de gens qui le méritait plus que nous... Voilà pourquoi ce métier ne me correspondait pas. Mourir, okay mais pour une noble cause! Pour l'instant, je n'avais pas trop eu à me plaindre, je ne m'étais fait tirer dessus qu'une seule fois. D'ailleurs, c'est ce que j'expliquai à la jeune femme qui était à la fois choquée et curieuse. "Oh, j'ai pas vraiment le droit d'en parler. Secret professionnel mais disons que je travaillais pour un mec plutôt louche et on a essayé de le buter. Fin de l'histoire..." expliquais-je simplement. D'ailleurs en parlant de Wane, je n'avais aucune idée de ce qu'il devenait! Je savais qu'il avait perdu la mémoire après sa blessure mais depuis plus aucune nouvelles et... au final ça m'allait. Je n'avais jamais vraiment apprécié ce gars... Alors même si cela pouvait paraître égoïste de ma part, je ne voyais pas l'intérêt de prendre de ses nouvelles!
Pour remercier la jeune femme de m'être venu en aide, je lui proposai un café. C'était en tout bien, tout honneur. C'était simplement la seule manière que j'avais trouvé pour lui dire merci. "Je me serai arrêté, ne t'en fais pas!" souriais-je dans un léger rire alors que nous nous dirigions vers le café le plus proche. On s'installa à une terrasse pour commander. J'en profitai pour m'intéresser d'un peu plus près à la vie de la jeune fille. Après tout, nous avions passé un bon moment à parler de moi et de mon boulot, alors c'était à présent à son tour! A part le fait qu'elle travaillait dans un café, j'ignorais tout d'elle! Et paf, gros malin que j'étais et sans le vouloir, je mis les pieds dans le plat. "Famille d'accueil", il fallait être bête pour ne pas comprendre qu'elle n'avait jamais connu son père et que sa mère était morte durant son adolescence. Enfance difficile quoi... Puis voilà que cela me faisait repenser à Enzo... "C'est vrai que Miami est une ville géniale." ajoutais-je et je le pensais vraiment. Miami était le premier et le seul endroit où j'étais venu me réfugier il y a presque 4 ans mais pour le coup, j'avais fait un bon choix. Certes ma vie ici au début n'avait pas été toute rose, mais au final, je ne m'en sortais pas trop mal. "Oh et bien non. Je suis de New-York à la base... Disons que les choses ont fait que je me suis retrouvé ici il y a quasi 4 ans. Mais comme toi, je me sens bien ici." souriais-je. C'est à ce moment là que le serveur arriva avec nos commandes et l'addition. "Arrête, c'est moi qui t'ai invité puis ça me fait plaisir." dis-je dans un léger sourire avant de tendre au billet au serveur. Ce n'est qu'une fois ce dernier parti, que je repris la discussion "En fait..., j'ai vu un petit garçon et... il m'a fait penser à mon fils, Enzo..." avouais-je pour expliquer enfin la raison de ma crise de panique. Elle devait probablement s'en moquer, mais moi, ça me faisait un bien fou!
Alors là, j’avais été assez surprise par sa révélation de s’être déjà fait tirer dessus. Mais qui pouvait dire ça dans sa vie? PAS BEAUCOUP DE GENS! En tout cas, c’était la première fois que j’avais affaire à quelqu’un qui avait déjà eu une balle dans le corps! Naturellement, ma curiosité alla un peu trop loin et il ne pouvait pas m’en dire énormément sur le sujet, il pouvait juste dire qu’il travaillait pour des gens pas toujours très gentil… ou clean. « Et ça te dérange pas de défendre des gens louches? Je veux dire… y’a pas des jours ou tu te dis que tu aimerais changer et aider les gens avec de bonnes intentions? » Je ne jugeais pas, j’essayais juste de comprendre… et peut-être même que ça venait de là ses angoisses, qui sait! Bref, par la suite, j’avais accepté d’aller boire un truc en compagnie de ma nouvelle rencontre. Disons que ça me rendait un peu nerveuse car il était joli… mais je ne vouais pas non plus qu’il s’imagine des choses, bien que théoriquement, je n’étais pas le genre de fille à intéresser les garçons.
Assit l’un en face de l’autre sur la terrasse d’un petit café, on échangea un peu sur notre passé et je fus assez surprise d’entendre qu’il venait de New-York également. C’était une grande ville donc les chances qu’on se soit déjà croisé était pas très grandes mais on pouvait se comprendre un peu dans tout ça. Il disait être ici depuis quelques années à peine mais être très bien, ce qui me fit sourire. Miami était un endroit génial, si c’était pas de cette Nightmare. « Disons qu’on peut pas se plaindre, il fait toujours tellement beau ici! Pas comme New-York où on est constamment sous un nuage de pollution! » En tout cas, je préférais largement cette ville à mon ancienne, et pas juste à cause de la température. J’étais libre ici et pour la toute première fois depuis des années, j’étais heureuse aussi… même plus que jamais je ne l’avais été auparavant. Puis, lorsque ce fut le temps de payer, Eggsy ne me permit pas du tout de déposer mon argent, voulant absolument que ça soit lui qui règle. D’un petit air timide, je rangeai mon porte monnaie. « Merci, c’est beaucoup trop gentil… » J’avais pas l’habitude à ça, ça me rendait un peu mal à l’aise car je ne voulais pas qu’on dépense de l’argent pour moi, surtout pour l’avoir aidé… c’était juste normal à mes yeux. Consommation devant nous, je pris une petite gorgée de mon café encore trop chaud pendant qu’Eggsy reprit un peu la conversation, m’expliquant le pourquoi du comment, de la crise de plus tôt. « Oh, t’es donc papa? Je trouve que c’est un très joli prénom Enzo en tout cas. » Je trouvais qu’il avait l’air quand même jeune pour l’être mais peut-être qu’il avait simplement une babyface ou bien qu’il avait eu son enfant jeune aussi. Étant moi-même un accident, c’était des trucs qui pouvait arriver… voulu ou pas. « Et pourquoi est-ce que ça t’a fait réagir comme ça? Il se passe quelque chose? » demandais-je en fronçant les sourcils avant d’aussitôt me reprendre. « Je suis désolée, je voulais pas être trop intrusive, on se connait à peine toi et moi… je voulais pas… » Je me sentais vraiment mal pour la peine. J’apportai mon café à mes lèvres avant de sursauter, je pensais plus que c’était brûlant! « Outch MERDE.. euh je veux dire... cacahuète!!!! C’est chaud. Tu… tu feras gaffe en tentant une gorgée! » déclarais-je, un peu maladroitement en voulant répéter mon intrusion de plus tôt.
Mon métier n'était clairement pas tout rose. Je protégeais des gens qui, dans la plupart des cas, ne le méritaient pas. Wane, mon ancien client en faisait parti. Je n'avais jamais eu une réelle confirmation, mais j'avais toujours douté de lui. Avec le temps, j'avais développé un second sens sur ces choses là. Il traînait dans des choses louche et sa tentative d'assassinat était probablement mérité. "Oh si clairement. Tu sais, je ne fais pas ce boulot de gaieté et de coeur... A vrai dire, je ne l'ai pas vraiment choisi. Au départ, je me prédestinais à être un rat de laboratoire mais les choses ne se déroulent pas toujours comme prévu. Je ne me plains pas de mon boulot, il y a pire et parfois je l'aime bien mais... on ne choisi pas qui on va devoir protéger surtout dans mon cas. On est peut à accepter les protections rapprochés du type "menace de mort". Bref... je subis un peu. Je fais ce qu'on me demande, c'est tout." Si je voulais touchait mon salaire à la fin du mois, je n'avais pas vraiment d'autres alternatives. C'est comme ça pour tous les jobs je suppose: tu fais ce qu'on te demande de faire et surtout tu te la fermes...
Quelques minutes après, nous fûmes enfin installés à la terrasse d'un petit café. J'entamai la discussion le plus naturellement du monde. Après tout, nous n'allions pas nous regarder dans le blanc des yeux pendant une heure. Ca en serait même génant! Tous deux n'étions pas originaires de la ville mais on pouvait dire que nous avions trouvé chaussure à notre pieds. Miami n'était peut-être pas la meilleure ville mais pour l'instant, je m'y plaisais à y vivre et c'était le principal! "Oh sous la pollution, on doit y être quand même, mais on le sens moins, c'est tout!" souriais-je. Question pollution, il devait certainement y avoir mieux comme ville.
En toute logique et parce que cela me faisait plaisir, je payai l'addition. Cela me semblait normal après tout. Attention, je n'étais pas l'un de ses mecs qui pensent être 60 ans en arrière et qui pour se sentir bien, veulent tout payer. Non, on m'a déjà invité et je ne me suis pas senti mal pour autant. C'est juste que là, c'est moi qui la remercie pour son geste alors c'est juste logique. Du moins je crois. "Ca me semble normal." dis-je dans un léger sourire alors qu'elle affirmait que cela était très gentil. Ce n'est que quelques secondes après que je lui avouai la raison de ma crise de panique. Je n'avais aucune idée du pourquoi je me confiais à elle, comme ça. Je ne la connaissais pas et elle était loin de connaitre tous les détails de ma vie, mais bizarrement, cela m'avait fait du bien. Je me sentais quelque peu soulagé. "Ouais, il a presque 4 ans." souriais-je pour confirmer ma paternité. Ma crise de panique laissait en suspend tout un tas de questions et c'était bien normal qu'Elizabeth se les posent. Si tout allait bien avec Enzo, pourquoi avoir eu une crise de panique? Ca, ça n'était pas logique. Voilà pourquoi elle me demandait s'il se passait quelque chose. Certes, sa question était quelque peu maladroite, mais je pouvais lui répondre. "Il n'y a pas de mal, puis c'est moi qui ai lancé la conversation. A cause de mon boulot et jusqu'à présent, il est en famille d'accueil. Je le vois peu. Du coup, ce n'est pas facile à gérer..." expliquais-je. Bon ce n'était pas la totale vérité mais elle n'irait sûrement pas vérifier! Gênée par ses questions intrusives, elle voulu boire son café. Grossière erreur, il était encore trop chaud. Je ris à ses paroles. Sa gêne et sa maladresse était plutôt mignon dans le fond. "C'est la première fois que j'entends quelqu'un dire "cacahuète" pour rattraper un "merde"." riais-je. Je ne me moquais pas, loin de là. "Mais message retenu. Je vais attendre pour boire." souriais-je.
« J’imagine… si la vie était faite comme on le voulait, des fois, ça serait beaucoup plus simple… mais parfois un peu moins intéressant aussi! » Parce que bon, la vie, elle apportait de belles surprises aussi, pas toujours des moins belles. « Tu dis rat de laboratoire, mais c’était quoi exactement? Chimiste, analyste? » Parce que là, c’était vraiment le jour et la nuit avec ce qu’il faisait présentement. S’il rêvait de replonger dans ses études, je me disais qu’il n’était jamais trop tard, surtout qu’il semblait encore jeune pour reprendre sa vie en main. Pas que son métier était mauvais en soit, mais je me disais qu’il pouvait peut-être avoir mieux s’il n’était pas heureux dans tout ça. « Tu sais, si c’est ça qui te branche réellement, t’as pas pensé à retourner aux études pour poursuivre tout? Il est jamais trop tard à mon avis! » Il ne fallait pas qu’il se résigne à simplement faire ce qu’il y avait de plus facile. La vie ne l’était à la base, donc aussi bien choisir ses combats, surtout si c’était pour être heureux au final. Du moins, c’était ma manière de penser à moi mais j’imagine que ce n’était pas celle de tout le monde non plus.
L’un en face de l’autre au café, on apprit bien rapidement au courant de la conversation qu’on venait de la même ville mais que nous étions tous les deux très bien où nous étions désormais. « C’est clair qu’il y a mieux, mais avec les grandes plages, les palmiers par milliers et tout, j’ai l’impression que ça respire beaucoup plus que New-York. Du moins, où je vivais les maison étaient toutes collées les une aux autres et il y avait très peu de grands espaces verts si on enlève le central park! » Parce que bon, l’état de New-York était grand mais si on parlait de la ville, c’était grand mais il y avait tellement de gens donc aucun espace pour respirer et ou se sentir seule. Bien que moi, j’étais condamnée à rester enfermée dans ma chambre la plupart du temps. Bref, je me résignai à accepter timidement qu’il paie mon café parce que je voyais bien que ça lui faisait plaisir de le faire. Il était bien gentil Eggsy, je ne voyais aucune malice en lui.
Je me risquai ensuite à le questionner sur les révélations qu’il m’avait fait à propos de son fils, car il semblerait que c’était la raison pour laquelle il avait paniqué plus tôt. « C’est clair que ça ne soit pas être facile à gérer! » dis-je en affichant soudainement un air bien triste, car je l’étais pour lui, pour eux… de pas pouvoir être ensemble comme ils le voulaient. « Mais...je ne comprends pas… tu es là, tu sembles apte à pouvoir t’en occuper pourtant! Un enfant, c’est fait pour être avec ses parents! » Et la mère dans l’histoire? Bref, j’étais soudainement bien touché par tout ça parce que moi-même, n’ayant pas de père et à la suite à la mort de ma mère, je m’étais promené de famille d'accueil en famille d'accueil jusqu’à mes 21 ans, l’âge où j’étais finalement majeure. Je ne souhaitais pas ça à aucun enfant, du moins, je leur souhaitais de trouver de bonnes familles, pas comme moi. Je fus un peu mal à l’aise par mon manque de tact, et j’en fis un peu n’importe quoi. Heureusement, ça semblait le faire rire plus qu’autre chose… surtout le fait que j’utilise cacahuète au lieu de merde. Je ne pu échapper un petit rire en penchant un peu la tête. « Ouais eh bien, je garde aussi des enfants donc j’essaie de surveiller mon langage le plus possible, bien que je ne sois pas très porté vers les jurons. » Je trouvais pas ça très joli en fait, les gros mots! « Vaut mieux oui, je dis ça pour ta propre sécurité! » dis-je en riant de nouveau avec lui. C’était une belle rencontre que je venais de faire là, bien que ça ne s’était pas commencé d’une manière bien jolie. « Sinon, quand tu n’es pas en train de défendre les gens et passer du temps avec ton fils, qu’est-ce que tu aimes faire dans la vie? » J’étais une passionnée et de savoir ce qui branchait les autres, je trouvais ça tellement intéressant!
Non ma vie ne se déroulait pas comme je me l’imaginais, loin de là. Je ne m’étais jamais vu garde du corps et pourtant c’était bel et bien mon métier. « Probablement. » dis-je simplement. Enfin… j’étais plutôt du genre à penser que ma vie serait bien moins ennuyante si je la passais dans un laboratoire. « Je touchais un peu à tout, mais je préférai la biologie. Je voulais même intégrer la police scientifique. » souriais-je. Ouais, c’était mon plan, mais comme je dis souvent, parfois, les plans changent. « Non c’est vrai qu’il n’est jamais trop tard mais… jusqu’à présent, ça n’a jamais été le moment… » Puis financièrement c’était compliqué. Je gagnais bien ma vie mais avec l’école spécialisé d’Enzo, je ne pouvais pas me permettre de retourner sur les bancs de la fac. Je n’en avais pas les moyens ! « Mais je me plains pas. Certes, je ne m’éclate pas dans mon boulot mais… au moins j’en ai un et de nos jours, c’est le principal. » souriais-je.
Suite à cela, nous nous rendîmes dans un café puisque je tenais à la remercier pour son aide. Nous apprenions à nous connaître tranquillement. « C’est vrai. » souriais-je. Comme toute grande ville, Miami était polluée mais, il y a avait bien pire. New-York était un bon exemple ! Je payai ensuite son café avant de lui faire part de la raison de ma crise de panique : mon fils. Curieuse, Elizabeth me questionna à son sujet. « C’est assez compliqué… » je n’allais tout de même pas lui avouer que j’étais un ancien alcoolique et que du coup, l’assistance sociale avait du mal à me faire confiance. « Je ne fais pas un boulot stable et… jusqu’à présent je vivais chez mes clients. Sa mère est partie quand il était bébé. J’ai pas de famille ici donc c’est compliqué de m’en occuper à plein temps… Ouais je sais, je gère absolument pas mais… je vais réduire mes heures de boulot pour pouvoir avoir sa garde totale. » souriais-je . Du moins, c’était l’option que j’espérais.
La jeune femme voulut boire son café, mais apparemment celui-ci était trop chaud. Elle jura avec son propre langage et il fallait avouer que cela prêtait à sourire. « T’as raison. Ils en apprennent déjà assez entre eux à l’école, pas besoin d’en rajouter. » souriais-je. Pour le coup, j’avais bien de la chance avec Enzo. Je pouvais jurer tant que je voulais s’il n’était pas en face de moi pour lire sur mes lèvres. Elizabeth relança ensuite la conversation, en me demandant qu’elles étaient mes hobbies. « Hum… Crois-moi, rien qu’avec ça, la semaine est déjà bien remplie ! » riais-je. Et au fond, ce n’était pas totalement faux. « J’ai pas vraiment de passion, si c’est ça que tu veux savoir. J’aime bien me balader dans la nature et la musique, mais ça s’arrête là quoi. Et toi ? »
J’étais assez impressionnée par ce que Eggsy me disait à propos de ses « anciens » plans de vie. Je lui disais qu’il était jamais trop tard pour retenter le tout, il semblait jeune en plus! La police scientifique, ce n’est pas rien quand même!!! Mais je pouvais comprendre que la vie n’était pas toujours facile et qu’il fallait faire certains choix, bien malgré nous, pour continuer à avancer, même si ce n'était pas ce qui était prévu initialement. « C’est vrai que ce n’est pas évident de trouver du boulot. L’important c’est de gagner sa vie au final. » Bien qu’il y avait de meilleurs moyens que d’autres. Edward avait cherché longtemps avant de commencer finalement à avoir des contrats de détectives. Je l’avais toutefois connu plongeur, puis préposé aux sandwich à mon café avant de faire ce qu’il avait vraiment envie de faire. Et moi-même, présentement… je bossais dans un café et je gardais enfants alors que je voulais être illustratrice, graphiste… ou mêm travailler dans une galerie, bref, je voulais bosser dans ce qui me passionnait et j’espérais qu’un jour, j’allais pouvoir vivre de tout ça. Pour le moment, j’étais encore loin de mon but.
Après avoir échangé quelques banalités devant un café - beaucoup trop - chaud, Eggsy aborda un sujet assez sensible. Il me dévoilait enfin la raison du pourquoi de sa crise de panique de plus tôt. Au début, je ne compris pas réellement en quoi voir un enfant qui ressemblait au sien avait provoqué une telle réaction mais c’est lorsqu’il m’expliqua qu’il n’avait pas la garde, que son fils était placé dans une famille pour le moment que mon coeur se serra aussitôt. Oh non. « Faut pas dire que tu ne gères pas, je suis certaine que tu fais ton possible! » commençais-je en enroulant ma tasse de mes deux mains. C’était un sujet qui venait me chercher tout particulièrement parce que moi aussi, j’avais grandis dans une famille d'accueil. « Je suis certaine que tout va s’arranger. Ça se voit que tu l’aimes, que tu tiens à lui et Enzo a de la chance d’avoir un papa qui est prêt à tout pour lui, malgré tout! » C’était pas tout le monde qui avait cette chance, d’ailleurs. Peut-être que présentement, c’était vraiment la pagaille mais je voulais être confiance pour les deux, qu’ils allaient finir par se retrouver et vivre heureux ensemble, comme une belle petite famille.
Je décidai de prendre l'initiative de changer un peu le sujet, je ne voulais pas provoquer une autre crise ou lui foutre en l’air son moral non plus. C’est pourquoi je le questionnai à propos de ses passions, s’il faisait d’autres trucs en dehors du travail et tout. Le jeune homme me parla de nature et de musique, c’était chouette! Je ne pouvais que sourire, puis, il me retourna la question. « Oh eh bien je te dirais que j’aime beaucoup la musique aussi. Je n’en joue pas et je chante très mal mais pour ce qui est de l’écouter, je suis assez douée. » dis-je en riant un peu. « Sinon j’ai étudié en art donc le dessin, c’est vraiment ce que je préfère faire! On parlait de boulot tout à l’heure et dans le meilleur des mondes, j’aimerais pouvoir en vivre. » Mais bon, je rêvais… comme la plupart des artistes car c’était pas un milieu facile, loin de là.
Je décidai de me risquer à prendre de nouveau une gorgée de mon café, ce fut beaucoup mieux que la première fois et il était bien délicueux. « Tu sais, quand ça ira mieux avec ton fils et tout, j’occupe la majeure partie de mon temps à garder des enfants donc on pourrait échanger nos numéros et si t’as besoin d’aide ou quoi que ce soit, ça me ferait plaisir de t’aider! » Parce que bon, être père monoparental, j’imagine que ce n’était pas toujours facile et il aurait besoin de temps pour lui, non? Je proposai ça comme ça, il n’était pas obligé d’accepter et puis bon, je voulais pas non plus qu’il pense que je voulais ABSOLUMENT avoir son numéro de téléphone. D’ailleurs, à cette pensée je rougis, oh mon dieu… il pensait peut-être que j’étais intéressée… d’une autre façon et que c’était uniquement un prétexte pour pouvoir garder contact et se revoir? « Je je suis pas en train de te draguer hein! Je..enfin… je veux pas que tu penses que c’est déplacé ou quoi que ce soit hein! Pas que je te trouve pas beau enfin, t'es beau... oui mais... aaah, je m'enfonce là! Bref...promis, je vais pas t’harceler! » soupirais-je en fermant les yeux. Pouvais-je disparaître maintenant, svp?
J'étais passionné par les sciences et depuis mes 7 ans, je rêvais de travailler dans la police scientifique. J'avais d'ailleurs débuté mes études dans cette optique. Cependant lorsque je m'étais trouvé à la rue avec Enzo, je n'avais eu d'autres choix que de trouver un emploi. J'avais d'abord enchaîné les petits boulots sans pouvoir joindre les deux bouts. Par chance, j'étais tombé sur un homme: Jake qui m'avait aidé. Sans lui, je ne sais pas ce que je serais devenu. Alors oui, je n'étais pas totalement heureux professionnellement parlant mais au moins je touchais un salaire chaque fin de mois. Tout le monde ne pouvait pas en dire autant. C'est pourquoi je considérais ne pas être à plaindre. "Tout à fait" souriais-je pour confirmer ses propos. Cela était encore plus vrai quand on avait des responsabilités.
Après avoir discutés de la ville, je me confiai sur la raison de ma crise de panique. Je n'étais pas vraiment fier de tout ça. En fait, je me sentais totalement inapte. Mon boulot n'avait été qu'une excuse pendant plus de trois pour ne pas m'occuper totalement d'Enzo. A l'époque, je n'étais sûrement pas assez mature pour le prendre en charge totalement. J'espérais sincèrement que cela avait changé. Je souris aux propos d'Elizabeth, sans rajouter un mot. Oui, je faisais mon possible, mais ça n'était probablement pas assez...C'était bizarre, la jeune femme ne me connaissais absolument pas et pourtant, elle était là à me réconforter comme une amie aurait pu le faire. "Merci..." dis-je dans un léger sourire.
Elizabeth changea de discussion et je la remerciai intérieurement. Au mois, cela me faisait penser à autre chose. Elle s'intéressa à mes passes-temps et on ne peut pas dire que j'avais tellement le temps pour ça. En fait, jusqu'à maintenant, le temps que je ne passais pas à travailler, je le passais principalement avec mon fils alors difficile d'avoir d'autres passe-temps. Je ris avec elle et rajoutai. "C'est déjà pas mal!" souriais-je. Elle aimait le dessin et d'après ses dires elle semblait douée. Je n'étais clairement pas apte à juger et pas seulement parce elle n'avait rien à me montrer. L'art, ce n'était clairement pas mon domaine. Je pouvais bien sûr donner mon avis mais c'était subjectif. "Beh écoute, j'y connais rien en art, mais j'espère sincèrement que tu perceras dans ce domaine." dis-je avant de prendre une gorgée de mon café qui avait eu le temps de refroidir un peu. Néanmoins, il lui faudrait beaucoup de courage pour percer dans ce domaine. J'en savais quelque chose! Enfin, pas personnellement mais par rapport à Erwan! Il en avait bavé et finalement ne percerait pas...
Elizabeth, à ces heures perdues, gardait des enfants. C'est pourquoi elle me proposait de s'occuper de mon fils, du moins quand je l'aurais récupéré! Un échange de numéro était donc indispensable pour cela. Son offre était vraiment généreuse et même si je n'avais pas pris le temps d'y penser avant, il est clair que j'allais avoir besoin de quelqu'un pour s'occuper d'Enzo lorsque je travaillerais. J'allais lui donner mon numéro mais elle reprit la parole quelque peu gênée que je perçoive son idée comme une tentative de drague. J'aurais pu si les circonstances étaient différentes. Comme elle le signifiait elle même, elle était en train de s'enfoncer. Mais on ne va pas se mentir, un compliment fait toujours plaisir! "Oh ne t'inquiète pas, je ne crois rien du tout, mais j'accepte ta proposition... Enfin par rapport à mon fils je veux dire." Pas besoin de m'enfoncer moi aussi... "Enfin... euh... ça va te paraître bizarre mais euh... tu maitrises le langage des signes?" Enzo savait parfaitement lire sur les lèvres mais pour se faire comprendre il n'utilisait que la langue des signes, ou encore l'écrit!
J’avais toujours eu cette facilité à voir le bon dans chaque personne. Du moins, chez qui le bon semblait évident hein! Et puis parfois, ça tournait contre moi, c’était souvent arrivé parce que je voulais tellement que tout soit positif alors que parfois, c’était inévitablement l’inverse. C’était toutefois facile avec Eggsy qui semblait être un jeune femme très gentil, malgré les mauvaises décisions qu’il pouvait prendre, ça partait toutefois de bonnes intentions. Parfois, les bonnes personnes faisaient de mauvais choix mais ils ne devenaient pas mal en soi. Des fois, la vie nous donne tout simplement pas le choix… regardons Edward par exemple qui avait volé pendant longtemps pour survivre. Bref, j’avais un assez bon feeling concernant le jeune homme devant moi. J’en devenais de moins en moins gênée d’ailleurs. Je le questionnai à propos de ce qu’il aimait faire dans la vie… parce que bon, pourquoi pas! Peut-être avions-nous des passions communes, qui sait! Je n’étais pas une fan de nature, ayant toujours vécu dans les grandes villes mais j’aimais les grands espaces, c’était magique… comme la plage par exemple. Pour ce qui était de la musique : eh bien naturellement que ça m’interppelait. Je ne connaissais d’ailleurs personne qui n’aimait pas ça… comment pouvons nous détester ça après tout? Bon, je pouvais comprendre qu’on aime pas tous les genre mais pas du tout… c’était impossible, non? C’était de l’art, j’aimais ça… comme les arts plastiques d’ailleurs et j’en fis part à Eggsy, et de mon envie d’en faire éventuellement mon métier. Ce qu’il me répondit me fit immédiatement sourire. « Merci, c’est gentil. » Il fallait pas non plus que je me voile la face : c’était difficile d’en vivre mais je ne perdais pas espoir, du moins, pas encore. Je voulais y croire.
Sinon, je lui fis part que je gardais aussi des enfants de temps à autre. Du moins, souvent Logan, le fils de James et quelques fois Riley, celui de Geane. J’aimais bien ça… et ça payait assez bien également. D’ailleurs, Eggsy ayant un fils, je ne pu faire autrement que de lui proposer de l’aider quand il le voulait bien. Je me doutais que dès qu’il aurait de nouveau la garde de son fils à temps plein, il allait avoir besoin de temps pour lui de temps en temps. Je lui demandais son numéro de téléphone puis le gêne me prit soudainement en réalisant qu’il pensait peut-être que je le draguais. En plus, j’étais tellement gentille avec lui!!! OH NON! j’avais une bague au doigt moi hein! Il fallait pas s’imaginer n’importe quoi. Heureusement, ça ne semblait pas trop le rendre mal à l’aise, même qu’il en riait en acceptant mon offre…. de garder son fils! J’avais le visage tout rouge. Comme je sortais mon téléphone, le jeune homme me posa une question bien particulière. J’arrêtai mon geste en fronçant les sourcils. « Non, pourquoi? » demandais-je aussitôt avant de faire un lien facile. Il ne me demandrait pas ça pour rien après que lui ait proposé mon aide pour son fils. « Oh, il est malentendant… » ajoutais-je en essayant de garder un ton neutre. Je voulais pas qu’il pense que je prenais son fils en pitié non plus. J’étais certaine qu’il menait une belle vie malgré tout, bien que ça soit un peu triste un tel handicape. « Bon, j’me doute que ça n’a pas dû être facile d’apprendre le langage des signes hein! J’crois que je te serai pas d’une grande aide alors! » en conclus-je en affichant une petite moue déçue parce que bon, j’aurais bien aimé l’aider moi.
J'Je n'étais pas très doué en art, à vrai dire, je n'y connaissais rien du tout. Je pouvais dire si je trouvrais une oeuvre jolie ou non, mais ça s'arrêtait là et en aucun cas mon avis se trouvait être objectif. D'ailleurs c'est ce que je tentai de lui expliquer. J'espérais de tout coeur qu'elle puisse travailler dans ce domaine, si c'est ce qui lui plaisait vraiment. Il faut toujours poursuivre ses rêves, même si cela ne se fait pas tout de suite. C'est ce que je me répétais sans cesse. Un jour, j'arriverai à reprendre mes études et mon boulot se fera dans un laboratoire!
A ce jour, l'art n'était encore qu'un passe temps. Elle n'arrivait pas à en vivre. Du coup elle travaillait à la fois dans un café et gardait des enfants. Deux métiers bien différents mais qui étaient souvent assimilés. Elle me proposait même ses services. Si tout ce passait comme prévu, je n'allais pas tarder à récupérer Enzo et aux vues de mes heures de boulots, j'allais bien sûr avoir besoin d'une baby-sitter. Le problème c'est qu'Enzo était sourd. Il savait lire sur les lèvres sans aucun soucis mais parler continuellement en face de lui, peut vite s'oublier. Cela m'arrivait même parfois... Voilà pourquoi je la questionnait sur sa maitrise de la langue des signes. Ce n'était clairement pas évident de trouver un personne compétente. Les nous pour malentendant, cela ne courrait pas la rue! "Oui, de naissance. On l'a diagnostiqué à deux mois et pour l'instant la médecine n'est pas assez avancé pour l'aider." dis-je simplement. Cependant, je ne désespérais pas. Cela viendrait avec le temps. Puis, Enzo vivait très bien avec ce qu'on pouvait qualifier de "handicap". La jeune femme ne maîtrisant pas le langage des signes, elle n'était donc pas "apte" à s'occuper entière d'Enzo. "Hum... je m'y suis mis de suite alors qu'il n'avait que 4 mois. Du coup ça m'a laissé le temps de l'apprendre correctement. Pour lui c'est un peu différent. C'est naturel. C'est comme un enfant qui apprend à parler. D'abord des mots puis ensuite des phrases et après tu l'arrêtes plus." souriais-je.
Eggsy était réellement une bonne rencontre. Je me disais que c’était pas si mal finalement, d’apprendre à connaître une personne de cette façon. Il n’avait pas eu une vie facile, moi non plus et je pouvais comprendre qu’on était un peu plus sensible face à certaines situations. Je le sentais toutefois plus calme, plus apaisé et ça me faisait plaisir de le voir ainsi. Je me disais que j’en étais peut-être un peu pour quelque chose. Lorsque le jeune homme me parla de son fils et des difficultés qu’il y était relié, je ne pu faire autrement que de lui offrir mon aide. Après tout, c’est ce que je faisais présentement dans ma vie : garder des enfants. Et si je pouvais l’aider un peu à ce que ça soit plus facile pour lui, ça me ferait plaisir. Ma mère m’avait élevé pendant 12 ans toute seule et ça n’avait pas dû être toujours facile. C’était important de bien s’entourer. Toutefois, ça n’allait pas être aussi simple que Riley et Logan puisque le fils d’Eggsy était malentendant de naissance. Wow...« J’imagine oui, mais c’est quand même quelque chose je trouve! Ça dû être beaucoup d’adaptation pour toi! » C’était admirable, en même temps, c’était pas comme s’il avait eu le choix. Il devait absolument communiquer avec son fils. Rapidement, je jetai un coup d’oeil à mon téléphone, j’avais plusieurs SMS manqué d’Edward et il voulait savoir si on allait toujours au cinéma. Merde! « Oh, désolée… c’est mon fiancé, il s’inquiète un peu. Je crois que je vais devoir partir car on avait des plans... mais t’as mon numéro… et ça m’a fait plaisir de faire ta connaissance, même si c’était pas dans les meilleures circonstances… » Je me levai en mettant mon sac à main sur mon épaule. « Hésites pas à m’appeler s’il y a quoi que ce soit… que ça soit un besoin d’une nounou rapidement ou bien si t’as envie de parler à quelqu’un qui peut relativement te comprendre! J’espère qu’on aura la chance de se revoir Eggsy et merci encore pour le café! » Je lui fis un petit sourire avant de quitter les lieux, bien heureux par ce petit moment. Je me trouvais d’ailleurs bien douée d’avoir été en mesure de bien gérer une conversation avec quelqu’un que je ne connaissais pas du tout.