Je suis énervée qu'Alec ne puisse pas venir avec moi au Brésil pour l'enterrement de mes parents. Je n'ai pas l'habitude qu'on me dise non et ça me déplaît fortement. J'essaye de protester, de bouder mais rien n'y fait. Il faudra que j'y aille seule tant pis. Je soupire et je lui tourne le dos sans un mot pour commencer à voir ce que j'allais bien pouvoir me mettre pendant cette semaine. Direction ma chambre. Je prends ma valise et mets quelques fringues dedans avant de réaliser que j'ai laissé Alec seul dans la cuisine. Je ne peux pas me comporter comme ça avec lui. Je retourne alors le voir. Il n'a pas bougé ďun poil. Je l'enlace et me colle contre lui.

Pardon. Je n'ai pas le droit de réagir comme ça, pas contre toi.

Je pose ma tête contre son dos et le serre un peu plus fort.

Pardon si je t'ai blessé. Je sais que depuis qu'on se connaît tu fais beaucoup d'efforts pour t'en sortir et je suis fière de toi. Encore pardon.

Je desserre mon étreinte et file de nouveau dans ma chambre. Ce n'est clairement pas dans mes habitudes de m'excuser comme ça et de demander pardon. Je voyais plutôt ça comme une preuve de faiblesse avant mais là, avec lui, je change peu à peu ma vision des choses. Il me change pour une meilleure version de moi-même et si je ne veux pas totalement l'assumer je sais très bien que c'est ce qui est entrain d'arriver. La petite peste capricieuse au cœur de glace s'adoucit. Sa présence fait fondre l'armure que je m'étais forgée au fil du temps. Je n'aime pas vraiment ça cela dit. Je me trouve trop vulnérable. Il pourrait me faire du mal comme ... Je n'ose repenser à ce connard qui m'a brisé le cœur et qui a fait de moi celle que je suis aujourd'hui. Alec n'est pas comme ça je le sais mais une partie de moi se méfie toujours. Je chasse l'image du mec qui m'a fait du mal et je me concentre sur ma valise de nouveau. Je n'ai pas beaucoup de temps. Le conseiller de mes parents doit m'envoyer d'une minute à l'autre mes billets.

Je vois Eileen partir de la cuisine en direction de la chambre. Je soupire alors comme une âme en peine, essayant de comprendre là ou j'ai pu agir de travers. Si j'avais pu, je serais parti avec elle sans hésiter. Mais j'ai des obligations, un boulot à finir, un loyer à payer. Je ne peux pas partir comme ça et je suis un peu peiné qu'elle ne le comprenne pas. Je suis encore dans la même position que quand elle est partie, quand je la vois revenir vers moi. Elle se colle à moi, tout contre mon dos en s'excusant, me serrant un peu plus fort puis, s'excusant de nouveau avant de partir dans la chambre. Je range alors mon petit bazar dans la cuisine et la retrouve dans la chambre. Elle est en train de finir sa valise. Je viens l'interrompre doucement en prenant ses mains et entrelaçant nos doigts. "Je suis là et je t'accompagnerais à l'aéroport." Je commence doucement en déposant ses mains sur mes épaules avant de la prendre par la taille et de déposer un baiser sur le bout de son nez. " Je sais que ce ne sera pas pareil, mais il y a le téléphone et la visio, tu pourras me contacter à n'importe quelle heure du jour et de la nuit, j'aurais toujours mon téléphone sur moi et puis, j'expliquerais la situation au patron qui je suis sûr m'accordera une heure de pause pour pouvoir te parler!" Je finis en souriant. Après tout avec toutes les technologies qui existaient maintenant, même à l'autre bout de la terre, on pouvait avoir l'impression d'être à côté l'un de l'autre. Je caresse son doux visage et enlève le bracelet de force qui me sert de cache blessures pour venir le poser sur le délicat poignet de la jeune femme. Je la regarde ensuite dans les yeux pour lui dire " Comme ça, je serais toujours avec toi."

Je me rends à l'évidence, j'irais seule au Brésil. Alec doit travailler et je le comprends. C'est vrai qu'on naît pas tous avec une cuillère en argent dans la bouche. Il faut que j'arrête mes caprices avec lui, surtout pour des choses aussi importantes. Je trouverai toujours le moyen de le soudoyer autrement. Je souris en y pensant. Oh ça oui ! Je laisse mes pensées divaguer quand je l'entends entrer dans ma chambre. Je me tourne vers lui et il entrelace ses doigts aux miens. Sans savoir pourquoi ce geste me fait frissonner. Il a toujours été super attentionné avec moi depuis qu'on se connaît. Toujours aussi doux, mis à part quand je lui demande de ne pas l'être. Ça me touche plus que je ne voudrais l'avouer. Il me dit qu'il est là pour moi et qu'il m'accompagnera à l'aéroport. Je le gratifie d'un sourire avec qu'il ne m'attire vers lui pour déposer un baiser sur mon nez ce qui me fait rire. Mon regard est plongé dans le sien alors qu'il reprend la parole. Je ne m'aperçois pas tout de suite de mes gestes tendres envers lui. Je lui caresse doucement la nuque et les cheveux. Oui c'est vrai. Ça ne sera pas pareil que si tu étais avec moi mais c'est toujours mieux que rien. Je lui réponds simplement avant qu'il ne défasse son bracelet de force en cuir qui ornait son poignet droit. Il me l'accroche ensuite et mon poignet paraît tout petit. Et, pendant qu'il me dit qu'il sera toujours avec moi de cette manière je vois les marques sur sa peau. J'en trace le contour avec mon doigt et je me replonge dans ce qu'il me disait au début. L'horreur qu'il a vécu dans cette secte, lui, qui n'était que douceur. Il veut retirer son bras mais je le maintiens fermement et dépose un baiser sur sa cicatrice. Plus jamais tu n'auras à vivre ça. Tu es en sécurité ici. Mais promets-moi que tu feras attention à toi. Il me le promet et je l'embrasse. Un baiser aussi spontané que surprenant comme si c'était normal. Ça me déstabilise mais c'est plaisant. Bon, il faut que je termine ma valise. Je dis ça pour changer de sujet et surtout pour cacher mon malaise suite à cette étreinte non contrôlée et plus sentimentale que je ne l'aurais voulu. Il me laisse faire et en à peine trente minutes tout était bouclé. J'étais fin prête à prendre l'avion le lendemain matin. En m'endormant contre Alec j'espérais que tout allait bien se passer là-bas.