Looks like it's just you and me
Je m'étais braquée rapidement lorsque Gabriel m'avait parlé de Tommy. Premièrement parce qu'il n'était pas supposé savoir, mais aussi parce que je n'aimais pas parler de ça. Heureusement, Gabriel n'avait pas rendu le sujet trop lourd. Ça m'avait permis de relaxer un peu. Je ne m'étais pas ouverte non plus, mais disons que je n'étais pas partie en courant donc c'était bien. Ça ne me réconforta pas que Gabriel me parle de sa situation bien au contraire, j'étais triste qu'il ait eu à vivre ça. Il avait tellement l'air d'une bonne personne, il ne semblait pas ''endommagé'' comme on peut dire. Il ne semblait pas marqué. En même temps, je ne le connaissais pas tant que ça. Était-ce vraiment quelque chose qu'on pouvait voir chez les gens? Avais-je l'air endommagée? Je ne pense pas. J'essayais en tout cas. J'avais toujours mis cette expérience dans une petite boite, comme si ça ne m'affectait pas en fait. Comme si c'était refoulé. C'est pour ça que ça ne paraissait pas je pense. Je n'avais pas de sursaut lorsque j'entendais une voix masculine, je ne craignais pas le contact physique avec ceux-ci. Mon corps n'était pas traumatisé, seulement habitué. Mon esprit n'était pas marqué, seulement soumis. J'acceptais de me faire mal parler, de me faire dire quoi faire. C'était devenu normal.
Non seulement cela ne me réconfortait pas, mais cela me rendit vraiment triste lorsque Gabriel me partagea une partie de son histoire. J'avais les larmes aux yeux et je ne voulais pas craquer. J'eus d'ailleurs le sentiment qu'il y avait encore bien plus. C'est ce qu'il me confirma lorsque je mis le film sur pause une deuxième fois pour m'excuser de mon manque de délicatesse dans le ton de voix que j'avais pris. Après tout, il ne voulait pas mal faire.
« Je comprends. Un jour on s'en parlera peut être. » dis-je simplement. Je suivis son regard sur la photo, mais j'ajouta rien. Il en aurait parlé s'il l'avait voulu. Je respectais cela tout comme il respectait mon silence. Sa dernière phrase me fit sourire.
« Merci. C'est la même chose pour toi. » Je voulais qu'il sache que même si ce n'était pas aussi récent, j'étais tout de même là s'il voulait en parler. Je ne doutais pas du fait que Gab était bien entouré, probablement mieux que moi et je serais sûrement la dernière personne vers qui il se tournerait, mais parfois le simple fait de partager cette même douleur, ça peut être quelque chose qui nous rapproche et fait en sorte qu'il se sentirait mieux à m'en parler.
Sur une note plus légère, je mentionnai à Gabriel que j'allais tout de même réprimander mon cousin pour avoir divulguer ma vie privé. J'allais pas l'engueuler non plus, c'était pas mon genre et il avait fait tellement pour moi. Je comptais simplement lui faire part de mon méccontentement.
« T'inquiètes je lui dirai comment t'as essayé de le défendre. Il va trouver ça très touchant je suis sûre. » dis-je avec un mince sourire. Juste après ce moment plus émotif, la sonnerie de l'appartement se fit entendre. Pizzzzzas! Gab régla le tout et amena nos deux pizzas sur la table basse.
« Enfin! » m'exclamai-je vraiment soulagée. Je m'empressai d'ouvrir le carton et d'engloutir une première part. Je l'avais littéralement avalée. (comme un aspirateur
) Gab semblait me regarder vachement impressionné. Ou dégoûté à voir.
« Quoi? J'avais faim je te l'avais dit. » répondis-je pour me défendre. Afin de ne pas être trop sauvage, j'attendis que Gab amène des assiettes pour ma deuxième part. J'installai l'ordinateur sur la table basse et replia mes jambes sur le sofa pour être plus confortable. J'appuyai finalement sur play, lorsque les deux étions prêts. On allait finalement le regarder ce film.
Je ne sais pas si c'est la fatigue, l'alcool ou la pression relâchée après notre discussion, mais on ne commentait pas trop le film en fait. Pour ma part, j'étais hyper concentrée et j'avoue que je luttais un peu pour que mes yeux ne se ferment pas. À un moment, pour deux secondes, je les laissa se reposer un peu. Ma tête se posa machinalement sur l'épaule de Gabriel. Pourquoi? Je ne sais pas. Parce qu'il était là? Parce que c'était confortable, réconfortant? J'en.sais.rien. Deux secondes plus tard, ou cinq minutes franchement je sais pas, j'espérais que c'était deux secondes, une bruit d'explosion dans le film me fit sursauter. Je me redressai bien rapidement et éloigna ma tête de son épaule.
« Excuse moi. Ma tête était lourde, j'en ai perdu le contrôle. » dis-je en fronçant les sourcils. C'est beau Kenzie, tu dis presque pas de la merde. Gênant. Je remis mon focus sur le film et cette fois, j'allais définitivement pas m'endormir.