Pour seule réponse à sa remarque, il eut un sourire. Il suffisait que j’y pense pour que mon évidente alcoolémie lui apparaisse aussi en plein visage. Quoi qu’il en soit, l’homme devait m’aider et sa première décision fut de me mettre à moitié nu. C’était surprenant, mais je ne luttais pas trop contre ça, en fait je m’exécutais sagement, retirant mes vêtements pour en rester qu’en boxer et lui suivre, ma main dans la sienne alors qu’il nous attire dans l’eau. C’était étrange cette situation, mais la surprise était suffisante pour repousser un peu plus la réalité. Entrant donc d’en l’eau en manquant de jurer à cause de sa fraicheur, je ne pus répondre que par un sourire lorsqu’il me demanda si c’était assez inattendu comme situation, « Oui ! » affirmais-je donc alors qu’il s’approchait. J’avais froid, du moins j’avais du mal à m’habituer, ce qui était normal en soit. La conscience un peu plus présente, je posais malgré moi mes yeux autre part que sur son visage et lorsqu’il me demanda de lui dire quelque chose que personne d’autre ne savait, j’eus plusieurs réponses évidente. La première étant ce qui définissait ma vie, mais qui n’aurait pas sa place ici si je voulais qu’il ne me dispute pas une nouvelle fois. Je garderais ça pour plus tard, ou pour quand j’aurais plus d’alcool dans le sang.

« Je peux même t’en dire plusieurs. » soufflais-je. Dire des choses que personne ne savaient était peut-être le seul moment où je pourrais avoir de l’avance. Surtout si les questions tournaient toutes autour de mon incapacité à avoir les bonnes expériences. « Je suis Japonais et j’ai horreur des Sushis. » commençais-je avec volontairement moins d’importance. « Et je regardais souvent les autres sous la douche ou dans les vestiaires. Enfin je regardais et j’arrivais pas vraiment à arrêter. », une curiosité mal placé sans doute, enfin du moins c’était ce dont je m’étais persuadé. Les femmes arrivaient bien à se regarder entre elle sans que cela soit un drame non ? Alors je pouvais regarder des mecs sans que cela soit un drame non plus. « Et ça fait plusieurs mois que je pratique l’abstinence. », plusieurs mois c’était vague non ? Avec cette approximation, on était clairement loin de se douter de la vérité, loin de se douter du drame qu’il pouvait y avoir. Mais c’était des informations un peu étrange non ? Des informations qui ne donnait rien de concret au final.

« Crois personne le sait ça… », car j’étais persuadé qu’avec celui que j’étais avant ce mariage, Lucy devait croire que je ne m’encombrais pas de respect pour elle. Dans les deux cas de toute façon c’était quelque chose qu’on ne savait pas, que je n’avais jamais verbalisé. Heureusement que l’alcool était là, mais pour mon bien, il était nécessaire que je n’en dise pas plus. Il fallait garder un peu de mystère non ? Et puis si vraiment il devait s’intéresser à quelque chose, je pense que mon torse avec sa myriade de cicatrice pourrait l’occuper aussi. « Dis moi quelque chose que personne ne sait. » demandais-je avec franchise, même si changer de sujet ne serait pas de trop, j'étais curieux de savoir qui il était.

“Light and Dark” Il y a donc trois choses que personne d’autre au monde ne sait au sujet d’Elias. Compte tenu de ces trois informations, Liam est à peu près sûr que d’autres personnes sont au courant, mais il ne fait pas la moindre remarque à ce sujet et se force plutôt à détourner les yeux. C’est de plus en plus difficile de se tenir bien et l’homme ne l’aide pas beaucoup dans ce projet, probablement parce qu’il n’a aucune idée du fait que Liam essaye très fort de ne pas faire une bêtise. Ce n’est pas parce qu’Elias est marié ou pas tout à fait sûr d’être intéressé. C’est pour lui. La folie, c’est de faire toujours la même chose et d’espérer un résultat différent. C’est bien ce qu’on dit, non ? En ce moment, Liam aurait plutôt tendance à confirmer. “Quelques mois, ça ne veut rien dire.” lâche-t-il seulement, histoire de confirmer qu’il a entendu, mais sans vraiment rebondir non plus. Il bouge un peu, s’éloignant subtilement sans que ça ne se voit vraiment, juste comme s’il avait froid et qu’il s’activait pour faire passer. Ce qui est un peu le cas, mais pas la vraie raison malgré tout.

Sans grande surprise, Elias lui retourne sa question et même s’il est assez évident que l’homme a essayé de jouer le jeu autant que possible, Liam n’est pas très sûr de vouloir en faire autant. “Je ne suis pas trop le genre à avoir des secrets.” dit-il et c’est plus ou moins vrai. Ici, il y a bien des choses qu’il garde pour lui, mais ça ne veut certainement pas dire que personne au monde ne le sait, loin de là. Il se sent un peu étrange, mal à l’aise. Partagé entre l’envie de profiter encore de cette soirée, de cet homme, et la peur de trop en profiter en quelques sortes. “Enfin… Il y a bien une chose que je peux te dire et que personne d’autre dans cette ville ne sait.” nuance-t-il quand, après une brève réflexion, il décide qu’il peut encore s’en sortir. Ce n’est qu’une soirée, demain tout sera différent et il trouvera sûrement un autre endroit pour acheter son café. “J’ai plus ou moins changé de vie en venant vivre ici. Volontairement. J’avais besoin de changer d’air, alors j’en ai profité pour changer tout un tas d’autres choses au passage.” Il ne dit pas quoi, considère qu’Elias en sait déjà trop. “On devrait bouger un peu avant de mourir de froid !” reprend-t-il comme si de rien était. Et il n’attend pas que l’homme réagisse pour prendre la fuite, plongeant de nouveau dans l’eau.

Il nage pendant quelques minutes seulement avant d’en avoir assez. Il fait beaucoup trop froid et clairement, c’était une très mauvaise idée de s’offrir un petit bain de minuit à une telle période de l’année. Il est un peu tremblant quand il retourne auprès d’Elias, mais beaucoup plus détendu aussi. “J’en peux plus, il fait trop froid…” avoue-t-il dans un sourire. “Ne va pas te faire d’idées, mais je n’habite pas très loin. On peut aller chez moi au moins le temps de se réchauffer un peu ?” Il a de plus en plus froid en retournant vers la plage, où il essaye tant bien que mal de se sécher avec son t-shirt. Prenant bien soin de tourner le dos à Elias, il se déshabille entièrement quand il est plus ou moins satisfait du résultat et remet son jeans et son pull dans l’espoir de se réchauffer un peu. Une nouvelle rasade de whisky vient conclure ses efforts inutiles. Quand l’homme est prêt à le suivre, il ouvre la voie dans un silence qu’il trouve vite assez pesant, bien qu’il ne trouve rien de mieux pour le briser que de demander : “Pourquoi tu détestes les sushis ?” Au moins son ton est toujours léger et ils n’en ont que pour une dizaine de minutes avant d’arriver chez lui. Rien d’insurmountable.

 

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Quelques mois pouvait semblait acceptable dans l’optique d’un couple marié, mais ma réalité devait être bien plus douloureuse et il ne la remarqua pas, fort heureusement. Lui retournant la question, il botta dans un premier en touche avant d’expliquer qu’il avait changé de vie pour venir vivre ici. Besoin de changer d’air, et d’autres chose au passage… Qu’est-ce qu’il avait bien pu vivre pour vouloir changer les choses à ce point ? J’avouais être assez perplexe, assez surpris qu’on puisse en arriver là, mais j’avais fait quoi moi pour changer de vie, pour arrêter ce qui était en train de me tuer ? Chassant donc cette idée de ma tête, je me contentais de suivre à nouveau ce qu’il voulait. Bougeant donc avant qu’il ne faille sortir et aller chez lui pour se réchauffer. Revenant donc sur la plage, j’essayais tant bien que mal de limiter les dégâts, mais le moins que l’on puisse dire c’était que j’étais trempé, pas forcément frais et surtout perdu dans mes pensées. J’avais beaucoup de question quant à sa décision, mais visiblement il ne voulait pas en parler et je n’allais pas le forcer.

Je finis simplement par relever les yeux lorsqu’il posa une question sur les sushis, sur pourquoi je les détestais. C’était pas le sujet du siècle, mais c’était sans doute mieux que le silence, « Pour en avoir des bons il faut payer une fortune alors que la cuisine Japonaise c’est tellement plus que ça. D’une région à une autre t’aura toujours des plats, du street food tellement meilleur qu’une pièce de thon à 60 dollars sur du riz vaguement assaisonné. Déjà juste l’Unagi, c’est un plat un peu gastronomique, mais c’est beaucoup moins sur-côté et tellement meilleur. Je te parle même pas des Okonomiyaki, Takoyaki, Yakitori ou même juste des Onigiri qu’on trouve dans les rues, ou les marchés, ça c’est tellement simple et pourtant tellement bon ! Pareil les Soba, les Udon, les Katsudon, les Ramens ou juste un bon Curry Japonais… C’est tellement plus savoureux. », j’avais peut-être une passion pour la nourriture de mes ancêtres, mais j’adorais ma grand-mère et j’adorais sa cuisine qui était d’une simplicité et d’un gout… Il n’y avait rien à redire, rien à envier aux Sushis. « Les Sushis c’est simplement un moyen qu’on les occidentaux de se croire supérieur et ouvert aux autres. Et en plus ils sont immangeable dans ce pays. » concluais-je en lui demandant, « Si tu es ce genre de mec, je suis désolé, mais tu vas devoir me montrer que t’as d’autre qualité, car fan de Sushi ignorant le reste de ma culture c’est un blasphème. Je serais même presque obligé de te tirer dans les rares bonnes adresses de cette ville pour te montrer que j’ai raison et que tu ne faisais que louper ta vie avec des bouts de poisson cru. », c’était à moi de lui donner un coup d’épaule, comme pour essayer de briser cette ambiance un peu compliqué.

Glissant une main sur son poignet, puis sur ses doigts, je le fis ralentir avant de s’arrêter, « Ca te dirais ? Que ce soir se limite pas juste à ce soir ? », je jouais avec le feu, j’avais de l’alcool dans le sang, mais entre nous… Je m’en fichais pas mal à cet instant. Aussi étrange pouvait-être ces moments avec lui, je les appréciais, ils me faisaient du bien, réfléchir aussi. J’avais besoin de ça de ce sentiment, de ce qu’il me faisait ressentir à cet instant. Ca ne changerait peut-être rien, mais ça me faisait souffler et si il était là c’est que ce n’était pas sans intérêt pour lui non ?

“Light and Dark” La question sur les sushis a surtout pour but de combler un peu le silence, mais c’est de toute évidence un sujet de thèse digne de ce nom aux yeux d’Elias. C’est du moins ce qu’il laisse croire, vu la façon dont il s’enflamme sur la cuisine japonaise, ce qui a au moins le mérite de faire sourire Liam, faisant s’envoler son inquiétude un moment. Il n’y a probablement aucun autre homme au monde qui puisse disserter sur un tel sujet avec la même passion et ça le rend étonnamment attachant. Mais bien sûr, la pause est de courte durée. Avant même que Liam ait le temps d’admettre qu’il aime effectivement les sushis - beaucoup - la main d’Elias se referme sur la sienne et ils se retrouvent à se faire face au milieu de la rue, pour un nouveau moment un peu trop gênant au goût de Liam. Un soupir lui échappe et instinctivement, il baisse les yeux vers le sol sans tellement chercher à se dérober plus que ça. Bien sûr qu’il voudrait que ce soit plus que ce soir, mais pour combien de temps pourra-t-il oublier la gentille épouse qui attend sagement à la maison ? Il l’a déjà dit, il ne veut pas se faire un nouvel ami et plus il apprend à connaître Elias, moins il a envie d’être seulement son ami. “Y a vraiment aucune chance que tu arrives à me faire arrêter de manger des sushis.” souffle-t-il quand le silence commence à devenir beaucoup trop lourd et qu’il réussit à relever les yeux sur Elias.

Il dégage sa main de celle de l’homme et se détourne légèrement pour lui échapper. “Mon appartement est juste là.” informe-t-il en pointant le bout de la rue d’un geste du menton. S’il n’y va pas en courant, c’est définitivement un miracle et la preuve d’une immense maîtrise de soi. Il traverse tout de même les derniers mètres assez vite pour que sa nervosité devienne palpable et ça ne s’arrange pas quand il fait entrer Elias chez lui. Il augmente le thermostat dès que la porte du loft est fermée et emmène l’homme jusqu’au canapé où il se laisse tomber dans un soupir. “Je n’ai pas envie de devenir ton nouveau meilleur ami ou je ne sais quelle connerie du genre.” souffle-t-il au bout d’un moment. La soirée avait si bien commencé, mais si Elias persiste à jouer à ce petit jeu, ils n’ont pas le choix que d’en parler une fois pour toute, n’est-ce pas ? “Je t’aime bien, vraiment, mais ça ne va pas fonctionner.” Il boit encore un peu, à la fois pour gagner du temps et pour se donner un peu de courage. Ce n’est pas le genre de conversation qu’il avait envie d’avoir ce soir et ça l’agace d’y être obligé, mais maintenant qu’il a commencé… “J’ai envie de t’embrasser à chaque fois que tu t’approches de moi et plus tu parles, plus ça devient difficile de se retenir. Alors franchement, Elias, je crois que ce n’est pas une très bonne idée qu’on continue de se voir après ce soir.”

C’est dit et ça ne fait pas tant de bien que ça. Pourquoi faut-il qu’il soit tombé sur un homme marié qui a une conscience ? Sérieusement. Il a dû être une personne horrible dans une autre vie pour que son karma soit aussi mauvais. La bouteille est presque vide après une nouvelle gorgée, mais il la tend quand même à l’homme aussi naturellement que possible. Après ce soir, c’est ce qu’il a dit et il s’y tiendra. “Je dois avoir quelques bouteilles dans la cuisine.” annonce-t-il comme si ça avait la moindre importance. “Tu veux des vêtements secs ? Tu peux mettre les tiens dans le sèche-linge.” Il a dit ce qu’il avait à dire et Elias peut en faire ce qu’il veut, mais Liam compte bien continuer la soirée sans en faire tout un drame. Il suit d’ailleurs ses propres conseils en se levant pour aller se changer et mettre ses vêtements dans la machine. Il revient auprès d’Elias avec une bouteille de bourbon pleine après quelques minutes seulement, priant de toutes ses forces pour que l’homme ait compris le message et ne cherche plus à l’embrouiller davantage.

 

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Je m’en voulais un peu pour l’ambiance, mais je préférais être honnête avec lui. Je ne pouvais tellement pas l’être avec les autres. Arrivant donc dans un appartement vraiment superbe, mais à peine avais-je fini de regarder ce qu’il y avait autour de moi qu’il m’assurait qu’il ne voulait pas devenir mon meilleur ami. Je savais, je l’avais compris et j’avais l’impression que c’était pareil pour moi, seulement je n’avais aucune idée de ce que j’attendais vraiment. Il m’aimait bien, il voulait m’embrasser, et c'était pire dès que je m’approchais, dès que je parlais. Alors pour lui ce n’était pas une bonne idée qu’on se revoit. Accusant donc le coup en prenant la bouteille, je le regardais partir sans avoir vraiment la moindre idée de ce que ce que je pouvais faire pour sauver le coup et finir la bouteille ne m’aiderait clairement pas. Alors je réfléchis. Si j’avais besoin de lui dire les choses, si je l’éloignais, alors autant jouer carte sur table. Attendant donc qu’il revienne, je pris une grande inspiration avant de retrouver mon courage.

« J’ai jamais couché avec ma femme. Quand je disais quelques mois c’était surtout pour pas avoir l’air encore moins normal. » déclarais-je un peu nerveusement. Il n’y avait aucune méchanceté dans ma voix, rien d’autre que ce sentiment de stupidité, mais je ne pouvais pas faire autrement. Pour une raison que je ne comprenais pas, savoir qu’il n’y aurait aucune suite ne m’allait pas. Il m’intriguait autant qu’il me faisait souffler et j’avais besoin d’une chance de plus, juste de ça. « Elle est ma meilleure amie, j’ai jamais pu la toucher. », continuais-je, « Je l’ai trompé au début, même si c’est arrivé que deux ou trois fois, je l’ai fait et même si nous… Si on a jamais été un couple, nos parents auraient pu faire bien plus de dégât si ils l’apprenaient. », mais aujourd’hui je n’arrivais pas à comprendre ce qui m’arrivait, pourquoi c’était de plus en plus compliqué. « Je sais que je suis stupide d’être fidèle à une histoire qui existe pas, mais j’ai pas envie de faire du mal, elle reste importante et même si j’ai perdu notre relation, j’ai du mal à… C’est stupide je sais, mais là…  », m’avançant pour prendre la bouteille qu’il venait de ramener, j’en bus quelques gorgées avant d’arriver à ma conclusion, « J’aime ta présence Liam, c’est plus que perturbant, mais j’aime être avec toi et c’est frustrant. » concluais-je dans un sourire fade, mais un sourire quand même, je savais pas ce que je cherchais maintenant, mais l’alcool était clairement en train de faire des dégâts et moi j’étais incapable de lutter.

Reposant donc la bouteille sur la table basse après avoir bu une nouvelle gorgée, je reprenais, « Et je veux bien des vêtements, même si tu me demandes de rentrer chez moi, je te les rendrais promis. », mon cerveau ne savait plus quelle info traiter, ou du moins il avait du mal, « Et si c’est pas pour moi, fais le pour toi ! » déclarais-je avant de me dire que ça sonnait sans doute un peu étrange, « Pour manger autre chose que des sushis. Tu pourrais être surpris. » lui assurais-je avec un vrai sourire cette fois. Quoi qu’il décide, au moins n’aurait-il plus la moindre excuse pour ne pas connaitre la vrai cuisine.

“Light and Dark” Le message que Liam pensait faire passer n’est peut-être pas si clair que ça, finalement. Ou bien Elias prend un malin plaisir à le torturer, honnêtement ça devient difficile à dire. En tout cas, sa réponse n’augure rien de très joyeux : il ne veut pas tromper sa femme, même s’ils n’ont de couple que le nom. Et Liam se demande sincèrement pourquoi il lui dit ça. C’était déjà clair bien avant que l’homme ressente le besoin de le répéter à voix haute et franchement, c’est plus exaspérant qu’autre chose. Ou du moins, l’ingénieur peine à ressentir la moindre empathie et la moindre forme de pitié envers l’homme, c’est plutôt la colère et l’incrédulité qui se battent pour la première marche du podium. “Je ne t’ai pas demandé de rentrer chez toi.” lâche-t-il quand Elias s’arrête de parler, ignorant tant bien que mal toutes les confessions qui ont précédé. “Je t’ai promis une nuit entière et je tiens toujours mes promesses.” Il secoue la tête vaguement, ne sachant pas trop quoi dire de plus, agacé par toute cette situation. Des choses à dire, il en a et même beaucoup, mais à quoi bon ? Il tourne les talons un peu brusquement et va se cacher une seconde fois derrière le rideau qui cache son lit du reste du loft, le temps de récupérer quelques vêtements pour Elias qu’il laisse au pied du lit. “Je t’ai laissé de quoi te changer sur le lit.” informe-t-il quand il revient près de l’homme, devant lequel il passe sans s’y arrêter, allant retrouver sa place sur le canapé.

Il profite de ces quelques minutes de solitude pour essayer de se calmer. Quelle importance, de toute façon ? Il n’a pas envie de se retrouver coincé au milieu d’un mariage, qu’il soit compliqué ou seulement d’apparence, ça lui est bien égal. Et pourtant quand Elias revient, cette histoire l’obsède toujours et on ne peut pas vraiment dire qu’il soit calmé. “Je ne comprends vraiment pas.” lance-t-il de but en blanc, l’homme à peine revenu près de lui. “Qu’est-ce que ça vous apporte d’être tous les deux malheureux, sincèrement ? Que vos parents vous laissent tranquilles ?” C’est la seule explication qui ressort de tout ce qu’Elias raconte au sujet de son mariage depuis qu’ils se connaissent et ça n’a aucun sens. Il comprend, d’un point de vue purement théorique et intellectuel, mais dans les faits, ce ne sont que des excuses bancales. “Vous êtes tous les deux adultes, non ? Vous avez passé l’âge de vous faire dicter votre vie par vos parents ou par des pressions sociales imaginaires. Toutes les barrières que tu te mets, elles sont dans ta tête et vous êtes les deux seuls à en payer le prix. Tu ne peux pas dire que tu tiens à quelqu’un à qui tu fais du mal volontairement en lui refusant le droit d’être heureux.” Bien sûr, ce ne sont pas ses affaires et il semble l’avoir oublié. Même s’il ne dit pas tout ça pour lui, pour obtenir ce qu’il veut vraiment et que ça l’enrage sincèrement de ne pas comprendre la logique derrière ce raisonnement… Il n’a pas son mot à dire là-dessus.

“Excuse-moi.” souffle-t-il, dépité. “On ne devrait pas parler de ça, t’es censé être célibataire cette nuit, tu te souviens ?” Il essaye de sourire et y arrive assez bien, à vrai dire. “Tu tiens à respecter l’engagement que tu as pris auprès de ta femme et il n’y a rien de mal à ça, au contraire c’est vraiment honorable. Même si je trouve ça stupide, il m’arrive quelquefois d’avoir tort.” Un soupir lui échappe et il passe une main sur son visage dans l’espoir d’en chasser la fatigue assez soudaine que toute cette conversation arrive à provoquer. “C’est juste que tu me plais vraiment beaucoup et je n’ai pas du tout envie de passer les prochaines semaines à te tenir la main pendant que tu désespères au sujet de ton mariage, en rêvant secrètement de me jeter sur toi. Je peux me retenir une nuit, mais plus que ça, ça deviendrait seulement pathétique.” Et il en a terminé avec ça. La période pathétique de sa vie appartient au passé, il l’a laissé derrière lui à La Nouvelle-Orléans. “Si on continuait avec le jeu des questions ?” propose-t-il, ce qui lui semble quand même un peu pathétique dans le fond. Mais il ne le fait pas parce qu’il a désespérément envie d’être avec ce mec, il n’y a rien de mal à vouloir échapper un peu à sa solitude, même si c’est en toute amitié, pas vrai ?

 

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Il n’allait pas me mettre dehors, il m’avait promis une nuit il s’y tiendrait. Le regardant alors partir dans ce que je supposais être une chambre ou il me prépara de quoi me changer. Rejoignant donc les lieux avec plus ou moins d’équilibre, je me changeais pour passer des vêtements un peu plus grand. Alors ce n’était pas une question de taille, mais bien de carrure. Ca n’avait rien d’étonnant quand on s’arrêtait deux minutes sur la carrure de l’homme, mais sur l’instant, avec l’alcool que j’avais dans le sang, ça suffisait à m’occuper l’esprit. Revenant finalement dans le salon, il déclara directement ne pas comprendre. Ça ne nous apportait rien d’être ainsi, si ce n’est la tranquillité face à nos parents. Je pense que c’était là ou Liam avait du mal à se projeter, mes parents étaient compliqué, impossible même, enfin surtout ma mère. Si je n’étais pas très réceptif aux arguments avancé le fait que je rendre volontairement Lucy malheureuse me secoua un peu. Si j’arrêtais de faire semblant, serait-elle plus heureuse ? Si je rompais, si j’arrêtais d’être un mari ? Je n’étais pas un homme marié pour ce soir et il avait peut-être tort, sauf que j’en doutais, c’était pas le genre d’homme croyant pouvoir avoir tord, surtout là, à cet instant, il avait l’air de tout sauf d’avoir tord.

Il y eu alors cet aveux, celui que je lui plaisais, qu’il n’avait pas envie de me tenir la main en évitant de se jeter sur moi. Il avait envie de plus et il acceptait de se replonger dans un jeu stupide ? N’allez pas me demander ce qui s’est passé exactement dans mon cerveau à cet instant. Il avait raison, il avait juste raison. Et j’étais bien en sa présence non ? Alors si je ne voulais pas le faire souffrir, si je voulais être raccord avec moi même j’avais besoin d’une chose, du courage. Et dieu merci l’alcool était le parfait moyen d’y arriver. M’avançant donc sans vraiment me poser de question, je m’arrêtais à son niveau avant de me pencher sur lui, de glisser une main sur son visage et de tout simplement l’embrasser. Que ce soit un mec ne m’inquiéta absolument pas. Quelque part dans mon esprit je savais, j’avais tenu une image pour faire plaisir, j’étais malheureux, Lucy aussi et pour la première fois depuis longtemps j’arrivais à sourire, à rire franchement sans me forcer. Alors je n’allais pas hésiter plus longtemps, même si c’était me mettre plus en difficulté. Là… Il était gentil avec moi. Il était ce que personne n’était en tant normal. Il était franc, honnête et visiblement prêt à ravaler sa fierté. Alors je sais pas, si c’était moi qui commettait l’erreur en premier, peut-être qu’il arrêterait de se forcer à être un autre à cause de moi. J’avais déjà suffisamment à faire avec Lucy, je refusais de pousser tout mon entourage à ça.

Lui rendant malgré tous sa liberté après quelques secondes, je me reculais juste assez pour prendre conscience que déjà l’embrasser était quelque chose de réellement salvateur, mais aussi que maintenant, j’allais sans doute devoir lui expliquer pourquoi je venais de faire ça sans lui demander son avis. « Je force déjà quelqu’un à être malheureuse avec moi, j’ai pas envie de te forcer à être un autre pour ménager mon égo. », reculant donc un peu plus, je me laissais tomber sur le canapé, le regard toujours vissé sur lui, le coeur battant un peu trop vite pour mon propre bien, « T’as pas l’air du genre à avoir tord, l’admet pas pour me faire plaisir, je lui fais du mal… J’avais juste ignoré tout ça pour mieux le vivre. », mais maintenant c’était impossible et j’avais embrassé un mec, ce mec et c’était définitivement compliqué.

“Light and Dark” Il y a des choses qui ne s’expliqueront jamais, comme par exemple pourquoi, de tous les habitants de cette ville, Liam est tombé immédiatement sur le plus compliqué de tous. Ou pourquoi, malgré les complications qui s’annoncent depuis le premier soir, il ne peut pas s’empêcher de rester là et même de revenir. C’est pourtant les deux questions principales qu’il se pose lorsque l’homme se penche dangereusement sur lui et finit par l’embrasser. Il s’interroge, une seconde ou deux, mais se laisse quand même faire. Parce qu’il en a envie, principalement. Parce que c’est incroyablement agréable, le premier depuis des semaines, des mois. Tout ce temps que Liam a passé à essayer de se tenir tranquille, de travailler sur lui-même dans l’espoir de trouver ce qu’il veut vraiment. Ça n’a plus tellement d’importance, tout à coup. Ce qui se passe maintenant, c’est une autre preuve qu’Aiden a raison, qu’il n’est pas capable de vivre une relation sérieuse et saine, qu’il choisit toujours les mauvaises personnes. Et ça lui est complètement égal. Même quand l’homme s’éloigne, recommence à parler, Liam n’écoute pas, ne regrette pas. S’il était un peu attentif, sans doute serait-il de nouveau exaspéré de voir qu’Elias se porte encore en martyr, comme si toute cette situation était sa faute et uniquement sa faute. Ce n’est pas le cas, bien sûr.

“Tu te poses vraiment beaucoup trop de questions.” souffle-t-il seulement, aussi hypocrite ces mots soient-ils. C’est pourtant vrai, non ? Ils sont tous les deux dans ce cas, visiblement, même s’il semble que l’équilibre est en train de s’inverser. Pourtant, Liam continue. Il observe Elias de son côté du canapé, pèse le pour et le contre et détruit peu à peu chaque bonne raison qu’il trouve de ne surtout pas continuer sur cette pente glissante. Il peut passer une nuit avec un type qu’il connaît à peine et tourner la page sans le moindre remords, il l’a déjà fait tellement souvent. Cette nuit ne l’empêchera pas de trouver ce qu’il veut plus tard, quand il sera prêt, quand il rencontrera la bonne personne, peu importe. Il n’a aucune, aucune raison valable de s’interdire quelque chose dont il a envie et qu’Elias veut aussi, de toute évidence. “La nuit commence à peine.” murmure-t-il, quand sa décision est prise, ou du moins qu’il accepte de le reconnaître.

Il ne laisse pas passer plus d’une seconde avant de se pencher à son tour, retrouvant les lèvres d’Elias avec beaucoup moins de douceur que l’homme n’en a montré plus tôt. Il s’accroche à sa taille, se presse contre Elias jusqu’à ce que, dans l’effervescence, il se retrouve au-dessus de lui, ses lèvres dans son cou, ses mains sur ses côtes. Il va sûrement trop vite pour Elias qui n’a jamais fait ça avant, mais peine à s’en soucier réellement. Il y a comme une forme d’urgence dans ses gestes, comme s’il fallait qu’il se dépêche tant qu’il en a le courage, que ce soit fait avant qu’Elias réalise et qu’il change brusquement d’avis. Il se calme quand même légèrement quand sa main abandonne le ventre d’Elias pour s’accrocher au pantalon qu’il lui a emprunté. Il se redresse légèrement pour chercher le regard de l’homme. “Si tu ne veux vraiment pas tromper ta femme, c’est le moment de le dire.” lâche-t-il, essoufflé. Ça l’ennuie vraiment de laisser une dernière porte de sortie à Elias, mais c’est la moindre des choses, n’est-ce pas ? Il n’a pas envie de se retrouver avec un type en pleine crise de culpabilité au réveil, pas alors qu’il a tout fait pour leur éviter ça.

 

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Je voulais bien le croire quand il disait que je me posais beaucoup trop de question, mais en même temps la situation ne réclamait pas toutes les précautions du monde ? Si, mais l’homme ne comptait pas me laisser réfléchir davantage. Et c’était mieux ainsi. Retrouvant ses lèvres avec plus de passion que je n’avais osé en mettre, je sentis ses mains, son corps commencer à se presser contre moi. Glissant mes propres mains dur ses hanches lorsqu’il fut sur moi, je laissais mes doigt remonter jusqu’à la peau sous son t-shirt sans vraiment me poser de question. La pression montait vite, je n’avais plus trop conscience de ce qu’il fallait faire ou non et ce fut justement lui qui me rappela à l’ordre en quelque sorte. Si je ne voulais pas tromper ma femme, je devais le dire maintenant. En fait la vrai question c’était davantage de savoir si je ne voulais pas d’une nouvelle expérience dans ma vie, mais là. Sentir quelqu’un contre soit, perdre son souffle dans celui de l’autre, ça avait plus d’importance que tout ce qu’on aurait pu faire. Sans doute aurais-je quelque doute un peu plus tard, mais je ne voulais pas penser à Lucy, juste à ce sentiment que j’avais réellement oublié et qui était si grisant. Qu’il soit un homme ou non, ça serait un détail auquel je n’aurais pas de mal à m’accoutumer. Après tout je n’avais jamais réellement douté lorsque je levais des gens dans un bar, ici ça reviendrait au même et au pire, j’apprendrais. Je voulais juste pas que ça s’arrête.

« Tais-toi… » suppliais-je donc à moitié en glissant mes mains plus loins sous son t-shirt tandis que je retrouvais ses lèvres. Sa peau était brulante sous mes doigts, à moins que ce soit moi ? Je n’en savais rien, mais bien rapidement je lui retirais le vêtement superflu avant de redescendre le long de sa colonne pour m’accrocher à son pantalon. Il n’y avait pour le moment pas grand chose de différence, attirer son bassin contre le mien m’arrachait autant de frisson que j’en aurais eu avec une femme. C’était même mieux j’avais l’impression. Quant au corps… Ce que je sentais sous mes doigts était tout aussi plaisant. Ca serait belle et bien la suite l’inconnue, celle que je rencontrerais au moment de glisser mes doigts sous son jeans. Je me doutais bien qu’il fonctionnait comme moi, qu’il y avait les même mécaniques, mais ça serait une nouvelle fois. Une nouvelle expérience. Elle n’était pas si effrayante que ça au final, c’était plus du stresse sur la réussite d’un partage, d’un plaisir dans les deux sens. Après ça serait mentir que de dire n’avoir que très peu de crainte sur le côté douleur de l’acte, mais si des milliers de personne le faisait c’était bien qu’il y avait un intérêt et puis c’est pas comme si je n’avais jamais rien testé avec les filles que je croisais dans les bars. Je savais qu’il y avait mieux qu’un rapport hétéro classique, juste le monde n’était pas prêt.

Mon corps ne s’encombrait de toute façon pas de toutes ces réflexions. Il se laissait porter, il endormait mon esprit. Mes mains s’étaient d’ailleurs glissés sous son pantalon, sous le sous-vêtement et là, inconsciemment, je ralentissais. Mes lèvres cherchaient toujours autant les siennes, ma respiration continuait toujours de grandir, mais mes mains se faisait un peu moins courageuse, sans doute le temps d’accuser le coup, la découverte de ce nouveau terrain de jeu.

“Light and Dark” Liam apprécie rarement qu’on lui donne des ordres, mais celui-là, il y obéit sans trop se poser de question. Il a donné sa chance à Elias d’avoir un cas de conscience, de revenir en arrière, si l’homme ne veut pas la saisir c’est son problème et l’ingénieur ne va certainement pas s’en plaindre. Lui, il ne fait rien de mal, pas vrai ? Il n’a pas à penser aux épouses trompées et aux réputations brisées, ni aux regrets ni aux lendemains douloureux. Seulement à lui et à ce qu’il veut. C’est simple, une danse qu’il connaît par coeur pour l’avoir répété cent fois. Tout ce qui change, c’est l’homme dans ses bras, beaucoup moins assuré que ceux dont il a l’habitude. L’hésitation d’Elias, pourtant minime compte tenue qu’il n’a jamais fait ça avant, semble pourtant assez brutale à Liam quand il s’en rend compte. Mais à moins d’un non ferme, il n’est plus du tout dans l’optique de revenir en arrière quand il met fin à un énième baiser pour observer l’homme, sourire presque imperceptible au coin des lèvres.

Il se remet debout dans un mouvement étonnamment fluide et attrape la main d’Elias dans la sienne. “Viens.” ordonne-t-il, d’un ton pourtant d’une inhabituelle douceur venant de lui, alors qu’il tire sur la main de l’homme pour l’entraîner avec lui jusqu’à son lit. Il retire ses vêtements et aide Elias à se débarrasser des siens avant de le repousser contre le matelas, s’empressant de retrouver ses lèvres. S’il essaye un instant de rester dans la mesure, d’être attentif, ça devient vite une autre de ces bonnes résolutions qui ne font pas long feu, trop vite emportée par celui qui brûle dans ses veines. Oh, il prend le temps de découvrir, de faire découvrir aussi chaque nouveau plaisir qu’il peut offrir à Elias, de profiter de chaque seconde d’une nuit dont il s’est déjà persuadé que ce serait la dernière. Mais il ne s’arrête jamais pour se demander si l’homme est inquiet de ce qu’il est en train de faire, de ce que ça implique. Pour lui laisser le temps de respirer, de regretter. Pas avant de le posséder enfin et que la pression ne devienne trop forte, même pour lui, l’obligeant à se calmer un instant. Il reste immobile un instant, serre Elias contre lui alors qu’il essaye de retrouver le contrôle de sa respiration et embrasse sa mâchoire avec douceur jusqu’à le sentir se détendre.

Il est à bout de souffle et de force quand tout s’arrête et qu’il retombe, épuisé, contre Elias, son visage caché dans son cou. Il a l’impression de rester là pendant des heures, même s’il n’a pas dû s’écouler plus d’une minute avant qu’il ne se laisse retomber sur le matelas à côté de l’homme. Il l’observe du coin de l’oeil, étrangement nerveux. “Est-ce que ça va ?” demande-t-il, sa voix pleine de précautions. Il craignait un peu que les regrets soient immédiats et viennent autant d’Elias que de lui-même, mais réalise bien vite qu’il ne regrette absolument rien. À part peut-être que ça ne puisse jamais se reproduire, mais ça c’est une autre histoire à laquelle il ne veut surtout pas penser maintenant. “Tu veux un verre ? Manger quelque chose ?” Ne pas laisser une occasion à Elias de culpabiliser, c’est maintenant sa grande mission pour aussi longtemps qu’il pourra retenir l’homme chez lui.

 

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