Il attendait, Dean, au détour d'une ruelle qu'il commençait à connaître par cœur. Caché derrière le poteau d'une étale à poissons, il se montrait patient, comme chaque samedi depuis deux semaines déjà, dans l'espoir qu'Elle ne loupe jamais son petit tour au marché portuaire. Elle, c'était Alyssa. Une jeune femme qu'il avait rencontré un vendredi soir après lui avoir furtivement parlé via l'application que tout le monde s'arrachait. Malgré qu'il avait voulu la soirée pleine de charme et de drague bien placée, elle avait surtout été pleine de rebondissements. Son côté joueur impulsif avait fait fuir, à moitié nue, la belle aux origines des îles, et tout ça pour un cocktail renversé. Il ne s'était pas ennuyé, avait reçu une déesse porto-ricaine à sa table bourrée de conversations pourtant, mais l'Hawaïenne avait marqué son départ, peut-être malgré elle, d'un défi qu'il garda en tête toute la soirée : la retrouver.

Il avait joué de son côté observateur et du peu d'informations qu'elle avait bien voulu lui céder pour déduire les endroits qu'elle pourrait souvent côtoyer. Certains pourraient penser qu'il avait triché en usant des tactiques apprises à l'armée, mais qu'importait, tant que le résultat était là. Justement, comme chaque samedi matin, Alyssa apparut dans l'allée principale où les pêcheurs avaient pour habitude de s'installer afin de vendre leur récolte fraîche de l'aube. Dean resta terré dans l'ombre, suivant progressivement l'avancée de la brune vers les différentes plateformes à la recherche des saveurs de son île. Et l'Asiatique sourit, comme il esquissait à chaque fois que les traits de la jeune femme exprimaient ce bonheur qu'il connaissait par cœur, car lui aussi appréciait retrouver les mets de son enfance. Pourtant, aujourd'hui, il n'attendit pas qu'elle se décide.

Il sortit de sa cachette et vint se poster près d'elle, l'interpellant ainsi en un murmure près de son oreille : je crois qu'il est inutile de faire des emplettes aujourd'hui. Il recula d'un pas, les mains liées derrière le dos et plissa les paupières à tel point que ses pupilles disparurent presque. Je vous avais prévenu que je vous retrouverai, lui rappela-t-il avant de passer sa langue sur sa lèvre inférieure, et maintenant que c'est chose faite, je peux vous affirmer que vous n'aurez pas à cuisiner de poissons aujourd'hui. Et si cette intervention fut un poil trouble, il déclara, tout en tournant le menton vers les bateaux amarrés du port : je me suis chargé de tout, pour me faire pardonner. Il avait loué un C44 pour l'occasion, et il ne manquait plus qu'elle le suive pour découvrir le paquet qui contenait la fameuse robe rouge qu'elle avait quémandé en remplacement de celle qu'il avait ruiné.

C'était un atout d'être militaire : il avait enchaîné les permis pour exercer tout type de missions; et ça ajoutait un plus auprès des femmes.

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Samedi. Jour de repos. Je vais pouvoir enfin me reposer et faire ce qui me plaît après cette semaine bien remplie. J'adore mon travail mais il est tellement prenant parfois qu'il en devient fatigant et puis ça dépend aussi des patients que j'ai. Certains sont plus faciles que d'autres et là ces derniers jours c'était beaucoup de cas assez lourds. Alors quand c'est comme ça j'apprécie encore plus d'être en repos. Ce matin comme à peu près tous les samedis matins, je pars au port de la ville pour acheter mon poisson frais. Les saveurs de mon île me manquent. J'aimais passer du temps au marché à choisir mes fruits et légumes ainsi que les bons produits que l'océan pouvait nous livrer. L'ambiance marché me manque surtout. C'est pourquoi je viens ici pour retrouver un peu de chez moi. J'ai toujours adoré le poisson depuis toute petite. Je pourrais en manger quasiment tous les jours. Il y a tellement de variétés et de façon de les cuisiner aussi. Et puis là on a les pêcheurs en face de nous au moins on voit que c'est de la bonne qualité pas comme dans les supermarchés. J'aime savoir d'où vient la nourriture que j'achète et là pour le coup je ne peux pas être trompée.

Je commence à déambuler devant les étals, à regarder un peu tout ce qu'on me propose. J'échange quelques phrases avec les commerçants. Toujours avec le sourire. Je recherche les mets que j'apprécie le plus et quand je vois l'étal convoité. Je le dirige droit dessus. Je regarde un peu et hésite mais avant que j'ai pu dire le moindre mot un homme me murmure à l'oreille. Je me retourne, surprise. C'était Dean. Il se recule et affiche un air malicieux. Ça pour une surprise ! Je ne m'y attendais clairement pas c'était sûr. Je lui avais donné certes le défi de me retrouver mais je suis bluffée. Miami est une grande ville et il n'a pas mis si longtemps à me débusquer. Il me rappelle mon défi et j'aquiesce. Il l'a réussi haut la main. Mais pourquoi pas besoin de faire mes courses ? Je fronce les sourcils et il me dit qu'il s'est chargé de tout. De tout de ? Il me montre alors un bateau amarré au quai. Tu n'es pas sérieux quand même ? Mais je crois bien que si puisqu'il m'invite à le suivre. Je remercie le commerçant et suis donc Dean vers ce fameux bateau. La grande classe ! Je vais de surprises en surprises et ça me plaît bien. Pour te faire pardonner han ? Ça va bien plus loin que ce j'avais demandé ... Je lâche un petit rire tout en continuant de le suivre.

Il avait sagement haussé les épaules à l'interrogation de la brune, car elle n'avait qu'à le suivre pour savoir si c'était bien réel. D'ailleurs, il se mit en route après avoir tourné les talons, et elle pouvait encore décider de ne pas se lancer dans l'aventure, lui ne se priverait pas de s'éloigner des côtes portuaires, en tout cas. Bien évidemment, elle était de nature curieuse et téméraire, comme il avait réussi à le deviner, et le rejoignit. Ils parcoururent l'abord de l'Océan à même hauteur, et il conduit la conversation. Vous ne m'en pensiez pas capable, demanda-t-il, ou vous espériez que je n'y arrive pas, posa-t-il; peut-être n'avait-elle jamais ressenti l'envie de le recroiser ? L'un comme l'autre, c'était raté, et elle devra subir volontairement -ou pas- sa présence, et ce pendant un bon bout de temps.

Ils arrivèrent sur le ponton en bois où nombreux bateaux étaient alignés les uns après les autres. Bien entendu, il n'avait pas loué un de ces navires de croisière pour eux deux, il n'avait pas le don de voir les choses de manière disproportionnée, mais un de ceux sportifs avec lequel ils pourraient aussi bien se balader qu'user de sensations fortes selon les goûts de la demoiselle. Devant le C44, il sauta en premier à l'arrière du yacht puis tendit la main, juste au cas où : besoin d'aide ? Dès qu'ils furent tous deux sur le plancher foncé de l'engin, il tourna la tête vers l'intérieur et pointa la banquette en cuir couleur crème : il y a un paquet qui attend d'être déballé, j'arrive tout de suite. Suite à ces mots, il s'affaira autour de la corde nouée pour la détacher, faisant légèrement tanguer le véhicule marin.

Habitué, il ne mit pas bien longtemps, empêchant ainsi de donner le mal de mer à qui que ce soit. Il revint à deux pieds sur le bolide et s'invita auprès de son invitée du jour qui venait tout juste de découvrir le présent. Elle vous plaît, interrogea-t-il avant de reprendre, ou devrais-je peut-être te tutoyer, supposa-t-il, après tout..., je t'ai déjà vue en sous-vêtement, plissa-t-il les yeux; et il n'y avait clairement pas plus intime que ça à ses yeux. La robe était rouge, comme elle l'avait demandé, printanière et arrivant à mi-cuisse. Il n'avait pas voulu en faire des tonnes, ne connaissant pas les goûts vestimentaires de celle qui se trouvait face à lui. Les bretelles fines du linge coloré irait parfaitement avec son teint halé, c'était une certitude. Ah, s'exclama-t-il, j'ai failli oublier.

Il courut dans le cockpit pour dénicher un dernier paquet qu'il s'empressa de lui tendre, puis il souffla : bonus. A l'intérieur, le vêtement de leur première rencontre, qui avait été souillé par le whisky, transformé en une jolie jupe crayon. J'ai la chance d'avoir une soeur qui aime s'adonner à la couture, fit-il; il avait omis de raconter l'histoire toute entière, de manière à s'éviter un interrogatoire.

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J'étais scotchée sur le coup. Je ne m'attendais pas à voir Dean ce matin mais alors vraiment pas. En lui lançant le défi, je ne pensais pas qu'il aurait pu me retrouver et pourtant. Il l'a dit, il l'a fait. Je noterai qu'il est un homme de paroles à voir si cela va aller jusqu'à l'honneur. Il me demande si je le pensais capable de me retrouver ou si je ne le voulais pas. Je ne t'aurais pas lancé ce défi si d'un, je ne t'en pensais pas capable et de deux, si je ne le voulais pas. Je suis surprise et agréablement, je dirais que tu l'aies fait. Je lui fais un petit sourire et je le regarde grimper habilement sur le bateau. Il me tend ensuite sa main et de me demande si j'ai besoin d'aide. Non, bien sûr que non, sur mon île bien évidemment que j'avais déjà navigué un peu mais juste pour apprécier le geste, je calai ma main dans la sienne et le laissai m'aider pour monter à bord, à mon tour. Il me glisse à l'oreille qu'un paquet m'attend à l'intérieur. Je plisse les yeux quand je me souviens de ce que je lui avais dit. La robe. Rouge. Je m'avance alors vers le canapé qu'il m'a indiqué et effectivement un paquet est posé, là. Je m'assieds pour le déballer juste quand Dean revient auprès de moi. J'ouvre la boîte et découvre une belle robe rouge comme je lui avais demandé de me trouver. Il a réussi ce défi haut la main et je ne peux pas être plus ravie du choix qu'il a fait. Elle est magnifique.   Elle me plaît beaucoup oui ! Et tu as l'air bien perturbé. Un coup tu me vouvoies l'autre tu me tutoies tu es sûr que tout va bien ? Je n'aurais pas la prétention de dire que c'est moi qui le perturbe mais il doit y avoir quelque chose dans l'air. Lors de notre première rencontre, il me tutoyait déjà. Ça t'a marqué de me voir en sous vêtements ! Je ris. La tête des clients n'empêche, c'était trop drôle à voir. J'en avais fait halluciner certains. J'étais fière de ma connerie. Le jeune homme s'exclama ensuite d'avoir faillir oublier quelque chose. Wow qu'est ce que c'est ?! Il revient en vitesse avec un autre paquet. Je le regarde, médusée. J'ouvre alors et je reconnais le tissu de ma robe. Celle que je portais l'autre soir et sur laquelle du whisky s'était malencontreusement ou pas retrouvé. Il m'annonce que sa sœur s'adonne la couture. S'adonner oui ! Elle a même un don je dirais ! Waouh ! Je ne pensais pas retrouver ma robe comme ça ! C'est juste splendide. Tu pourras la remercier chaleureusement de ma part. J'étais ravie. J'y tenais beaucoup à cette robe et qu'elle soit ainsi transformée ça me faisait vraiment plaisir. Les vêtements aussi ont le droit a une seconde vie après tout !

Je n'étais pas de toute première classe aujourd'hui, je ne m'attendais pas à être invitée sur un beau bateau en charmante compagnie mais j'avais bien envie d'enfiler cette robe. Est ce qu'il y a une cabine ou un endroit plus discret ? Je lui demande en montrant le vêtement que je tenais dans ma main pour lui faire comprendre que je voulais me changer. J'attends qu'il me l'indique et je file. J'enlève mes vêtements et passe la jolie tenue sur moi. Mes chaussures ne vont pas du tout avec mais qu'importe, je les retire. La cabine est pourvue d'un miroir et je me regarde sous toutes les coutures allant même jusqu'à détacher mes cheveux. Elle me va trop bien. Je l'adore. Les fines bretelles, le tissu léger, la coupe, tout me va ! Je ressors de la pièce et retourne auprès de Dean. Je range mes affaires dans un des paquets avant de tourner sur moi-même devant lui. C'était le résultat que tu avais imaginé ? Je le laisse me regarder avant de me rasseoir à ses côtés. En tout cas, je vais me répéter mais oui, elle me plaît énormément ! Merci beaucoup ! Je lui offre un bisou furtif sur la joue et je vois son air surpris limite à se reculer. Pardon. C'était comme un merci de plus. Je ne le referai plus. Ou pas ... Sa réaction m'a amusée en fait. C'était plus mignon que troublant. A noter. Derrière son air assuré se cache peut être autre chose de plus sensible ? Tu as prévu quoi pour la suite ? Tu m'as fait abandonné mes courses en disant que tu avais tout prévu ... Ça implique quoi de beau ? J'étais bien curieuse de savoir.


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Perturbé ? C'était le moins que l'on puisse dire. Il fallait avouer qu'après avoir été planté à la table de leur rendez-vous, Dean n'avait su comment interpréter les choses. Avaient-ils fait un bon en arrière, ou étaient-ils entrés dans un jeu dont ils ne connaissaient pas les règles ? Le vouvoiement s'était donc naturellement imposé, jusqu'à ce qu'il prenne conscience qu'Alyssa n'avait pas gardé un mauvais souvenir de leur rencontre. Il n'avait pas répondu en tout cas, avait simplement hausser un des coins de ses lippes pour marquer le fait qu'elle n'était pas à cent pour cent dans le tort. Pourtant, il allait parfaitement bien; ses conditions physiques et mentales n'avaient pas été atteints. Elle devait être consciente de l'effet qu'elle avait produit, et pas que sur lui mais sur l'ensemble des clients qui, célibataires ou non, avaient eu droit à un spectacle bien surprenant qui n'avait pas été annoncé au menu.

Je n'y manquerai pas, fit-il; et il pensera à la manière de tourner les remerciements plus tard. Quand j'ai vu le résultat, j'ai eu peur que ce ne soit pas à ton goût, ajouta-t-il, car il fallait avouer que les jupes telles quelles ne plaisaient pas forcément à toutes les femmes. Tu peux aller te changer là-bas, montra-t-il rapidement une porte qui cachait des escaliers menant à la chambre secrète. Rapidement, oui. Car il ne voulait pas qu'elle se mette nue devant lui une fois de plus; il la savait capable. Il la regarda prendre la poudre d'escampette et disparaître de sa vue. Pour l'attendre, il posa son dos contre l'un des murs qui soutenaient l'habitacle du bateau et patienta, immobile, comme un militaire trop bien entraîné à faire le guet; inaperçu. Bras croisés en-dessous de ses pectoraux, jambes au repos, ses yeux fixaient intensément le parquet comme s'il s'attendait à ce qu'il ne vibre sous ses semelles.

Presque ? Etrangement, il leva le regard avant même qu'Alyssa n'apparaisse. Fruit du hasard ou sens développé ? Qu'importait. Elle revint marquer la plate-forme de sa présence et il s'autorisa à regarder, respectueusement, tourner le tissus. Je t'avoue que je ne m'étais fait aucune idée, ne se permit-il pas de mentir à sa vis-à-vis, mais... c'est une évidence : elle t'embellit encore plus. Il sourit légèrement, élargit simplement la place que prenait ses lèvres, et il ne vit pas venir ce qui allait pourtant se passer. La métissée s'approcha de lui, souleva le poids de son corps sur la pointe de ses pieds et laissa ses croissants de chair colorés se joindre à la peau très légèrement halée de Dean. Ce dernier n'eut le temps de réagir après coup : ses yeux se débridèrent, et sa tête se colla à la paroi contre laquelle sa colonne s'était postée. Le toucher bref fut de trop, au point de faire battre son cœur bien plus vite.

Il ne put s'empêcher de dévier son regard et elle s'excusa; avait-elle compris ? On oublie, accepta-t-il avant de mettre de la distance entre eux deux. Il se dirigea vers le moteur et l'alluma tout en répondant à l'interrogation de la jeune femme : on va déjà se servir proprement d'un bateau. Ce n'est pas fait pour rester à quai, tu le savais ? Il se moquait, surtout pour faire redescendre la pression qui rythmait encore ses veines. J'imagine que tu en as déjà fait autour de ton île, supposa-t-il, peut-être à tort. Après tout, on avait beau vivre à côté de ports, d'un océan, ou de la mer, cela n'impliquait pas forcément avoir mis les pieds sur un engin sportif tel que celui-ci. Il prit les commandes, en tout cas, comme un vrai marin, appuyant sur les boutons nécessaires au bon pilotage du bolide. Ses yeux naviguaient de part et d'autre du bâbord et du tribord pour éviter la collision, et puis la liberté.

Je me disais que ça te ferait du bien de quitter la terre ferme, commença-t-il, et de sentir les bienfaits de l'eau et du vent mêlés. L'archipel où était née la jeune femme connaissait les alizées et le liquide était omniprésent. Il n'y avait rien de mieux pour faire passer la nostalgie d'Alyssa, -celle qu'il avait ressenti et comprit en l'espace de quelques minutes-. Il n'avait plus qu'à prier qu'elle aimait l'aventure et les sensations fortes, car il ne s'agissait en rien d'une simple balade. On a le temps de s'éloigner un peu avant de passer à table, fit-il, toujours planté derrière la barre de gouvernail, concentré sur les directions comme on pouvait l'être à bord d'une voiture. Tu veux essayer de piloter, demanda-t-il une fois en sûreté, loin du port. Il était prêt à se pousser un poil de côté. Après tout, le moteur n'était pas poussé à son maximum; pas encore.


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J'avais eu la surprise ce matin, alors que j'étais au port, de tomber sur Dean. Enfin c'était plutôt lui qui était tombé sur moi. Il m'avait cherché et trouvé. J'étais scotchée mais dans le bon sens. Après tout, c'était moi qui lui avait lancé ce défi. C'était pour qu'il le réussisse sinon ça n'avait pas d'intérêt. Et puis, on n'avait pas encore fini l'expérience sociale que j'avais lancé sur lui. J'avais hâte de la continuer et là c'était l'occasion. D'ailleurs, fait assez marrant quand j'ai voulu le remercier pour la robe qu'il m'a offerte, après avoir ruiné celle que je portais pour notre premier rendez-vous, il s'est crispé. Un simple bisou sur la joue aussi spontané soit-il n'aurait pas dû provoquer une telle réaction. Je note ceci dans un coin de ma tête pour le développer un peu plus tard. Serait-il du parti des timides ? Ça pourrait expliquer pourquoi il passe par une application pour faire des rencontres. Mais il me semble bien trop à l'aise et aucun autre signe de timidité ne transparaît dans son attitude. Cet homme pique bien trop ma curiosité mais ça m'amuse. Je m'excuse quand même et il me dit qu'on oublie ça. Je fais un signe de tête que oui tout en souriant. Il s'écarte de moi et file vers le poste de commandement du bateau quand je lui demande ce qu'il a prévu de beau. Il me répond alors qu'on va faire marcher cet engin car il n'est pas fait pour rester à quai. Ah bon ? Je pensais que c'était juste pour faire joli moi ! Je lui rétorque sur le même ton d'humour que lui. Puis, il suppose que j'en ai déjà fait autour de mon île. Évidemment ! Même si j'avoue que c'était très différent de celui ci. Papa a un catamaran. Mon père m'avait habituée depuis toute petite à voguer avec lui sur son bateau et j'aimais ça. C'était son plaisir et ça l'est toujours d'ailleurs. En y pensant j'ai hâte de le retrouver, il me manque. Avec ce foutu virus je ne peux pas retourner sur mon île j'espère que l'interdiction sera bientôt levée. Je ne suis jamais restée aussi longtemps sans voir mes parents. Ils me manquent et c'est naturel.

Le moteur du bateau vrombit et nous voilà maintenant en mouvement pour sortir du port. Je regarde Dean faire et je suis impressionnée par sa dextérité. Il n'en est pas à son coup d'essai ça c'est certain. C'est rassurant. Après tout, je ne sais rien de lui, il aurait pu louer ça pour faire le malin et ne pas savoir le gérer. Mais apparemment, il n'en est rien et c'est tant mieux. Après quelques manoeuvres habiles nous sommes enfin libres. Cette sortie en mer était un moyen pour lui de montrer qu'il était attentionné et soucieux de mon bien être et ça me fit plaisir. Il avait pensé que, comme je viens d'une île, ça me ferait du bien de m'éloigner de la terre ferme pendant un moment. J'apprécie son geste. Merci beaucoup c'est gentil de penser à ça. C'est vrai que mon île me manque et les balades en mer avec mon père aussi. Une idée me vient en tête et alors que je lui réponds je pose ma main sur son avant bras et je lui souris pour souligner sa belle attention. De nouveau, je le sens se crisper en sentant mes doigts sur sa peau. Je retire ma main doucement et ne le regarde pas comme si encore une fois mon geste était spontané. Je fais comme si de rien était, comme si tout était normal mais je ris intérieurement. Non pas pour me moquer méchamment mais je trouve ses réactions tellement mignonnes et drôles en fait que ça en devient touchant et ça me pousse à vouloir le connaître encore plus. Il m'indique ensuite qu'on a le temps avant de passer à table et, en se poussant légèrement, il me demande si je veux piloter. Tu n'as vraiment peur de rien ! Je n'ai jamais piloté d'engin aussi puissant. Il me montre alors les commandes et j'essaye un peu mais je ne me sens pas à l'aise alors je le laisse faire, cela vaut mieux. Où as-tu appris à piloter ce genre de bateau ? Je dois bien avouer que tu m'impressionnes là ! Cette sortie me fait vraiment plaisir et j'aimes beaucoup qu'on me surprenne ! Ça plus les petits cadeaux que demander de plus ? J'attends avec impatience que tu me régales ! La fin de ma phrase est un peu plus sensuel que je ne l'aurais voulu mais ça tombe bien au final. Je vais joue la séduction et voir ses réactions parce qu'après les deux contacts "charnels" j'ai bien envie de voir comment il va réagir face à la séduction. Va t-il être aussi gêné ? Après tout quand on a eu notre premier rendez-vous c'était un peu le but de se séduire non ? Il m'intrigue vraiment trop !

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Elle ne craignait rien, pourtant. La belle brune aux cheveux frisés n'avait qu'à garder le cap en posant ses mains sur le cercle de pilotage, et le bateau faisait le reste. D'autant plus que Dean n'était pas bien loin, s'était juste mis de côté pour la laisser face aux commandes, et s'il la voyait dévier, pour sûr qu'il aurait eu le réflexe de remettre les choses en ordre. Non, clairement, tous deux n'avaient absolument aucune raison d'être effrayés du changement bref de capitaine; et le véhicule marin n'était pas encore poussé à son maximum. L'Asiatique avait confiance en lui, et il n'aurait jamais proposé une telle expérience à la jeune femme s'il avait pensé cette dernière trop stupide pour gérer le poste du gouvernail. Elle avait peut-être ressenti cette qualité de caractère car elle s'était laissée tenter quelques secondes; longues pour elle, courtes pour l'habitué. Il reporta ses doigts à l'emplacement initial, mais garda Alyssa près de lui.

Plus c'est long, mieux c'est, répondit-il au ton sensuel qu'elle eut emprunté. Même si cette réplique concernait principalement le temps d'attente qui leur restait jusqu'au plat de résistance promis par le grand gaillard, Dean eut tout de même un sourire en coin. Lui, timide ? Plutôt rêvé. Il se laissait facilement aller à la séduction et aux connotations sexuelles. Il était joueur. Bon enfant, mais joueur. Et ça contredisait complètement avec les réactions corporelles lors des touchers. Intriguant, n'était-ce pas ? Bon alors, commença-t-il, tournant légèrement en observant les aiguilles de la boussole, tu n'essayes même pas de deviner, se montra-t-il joueur quant à l'interrogation exprimée plus tôt, l'honneur qui lui avait valu d'être tombée sur un homme ayant la capacité de manier un engin de ce type. Il resta discret sur la raison qui lui donnait ce droit, haussant les épaules si elle tentait de résoudre l'énigme.

Un indice, lui autorisa-t-il, c'est en rapport avec mon métier. Quels métiers utilisaient le bateau ? Beaucoup trop, et c'était bien pour ça qu'il avait facilement cédé à le lui donner. D'autant plus qu'il avait préféré ne pas indiquer sa profession sur le site de rencontre sur lequel ils s'étaient trouvés. Pêcheur, marin, sauveteur des mers, tout pouvait y passer; même le fait d'être professeur de voile. Mais comment faire le rapprochement avec l'armée ? Ou mieux encore, avec les forces spéciales ? Il était grand et bien bâti. Une légère couche graisseuse enveloppait ses muscles, mais il pourrait jurer que ça n'arrivait pas souvent, -la faute aux plats faits maison et à l'absence d'entraînements par des instructeurs de l'extrême. Ses grandes mains et longs doigts indiquaient qu'il faisait beaucoup de sport ou que son métier était physique.

Ses veines n'avaient aucune pudeur à se montrer saillantes et colorées, et sa peau était très épaisse, signe qu'il avait passé du temps sous de nombreuses zones différentes, alternant les climats continentaux et arides. Il portait quelques vieilles égratignures, mais les plus impressionnantes blessures, -celles avec une histoire-, étaient bien cachées sous les tissus. T'es prête à t'envoyer en l'air avec un militaire, questionna-t-il, avant de jeter un regard malicieux vers Alyssa. Ils se regardèrent un instant, et elle n'eut pas le temps de réagir à ce manque volontaire de tact qu'il enclencha la manette à son maximum. Le geste fit tourner le moteur d'une rapidité folle, et le dessus du bateau se souleva, -tel un cheval brutalement appelé à avancer au galop. Le vent leur souffla en pleine face; Alyssa eut plutôt intérêt à trouver un endroit sur lequel s'accrocher.

Ils avaient l'impression de voler.


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Je suis impressionnée par ce rendez-vous je dois bien l'avouer et je me demande où Dean a appris à piloter ce genre d'engin. Il me rétorque que je n'essaye même pas de deviner. Je ne suis clairement pas bonne en devinettes tu a pu t'en rendre compte la première fois. Le but était de deviner de quelle origine il était. Je n'avais pas réussi, alors là je doutais de trouver. Il y aurait bien trop de possibilités. Je lui réponds alors qu'il me dit que ça a un lien avec son métier. Le fait qu'il soit pilote de courses de bateau serait bien trop évident alors je ne le dis pas. Je cherche un moment mais rien ne me vient vraiment et c'est là que sans m'y attendre, il me demande si je suis prête à m'envoyer en l'air avec un militaire. Je tourne mon regard vers lui et décèle une pointe de malice dans ses yeux. Je ne quitte pas son regard comme si je tentais de déchiffrer les secrets du monde. Notre contact se rompt quand je sens le bateau rugir et j'ai à peine le temps de m'accrocher à ce que je peux, c'est à dire Dean lui-même, que je vois l'avant de l'embarcation se soulever. La côte s'éloigne vite, très vite. Le vent et les embruns de l'océan fouettent nos visages assez fortement. La vitesse est impressionnante et les sensations exaltantes. Je ne lâche pas prise, mes bras entourent la taille du jeune homme. Je l'ai senti se raidir de nouveau mais là pas le choix il fallait pas partir à fond les ballons sans me dire de m'agripper au passage. Puis, ce n'est pas comme si j'essayais de le tripoter en même temps, alors il peut se détendre. Peu à peu, je me fais aux mouvements du bateau et je desserre légèrement mon étreinte. Je ne sais pas exactement où nous nous dirigeons, devant nous il n'y a qu'une vaste étendue d'eau peu importe où je regarde.

Après un moment à toute allure, je sens l'allure du bolide se réduire progressivement. Mon cœur peut reprendre alors un rythme plus tranquillement. Je remets un peu mes cheveux et ma robe en place. Ça décoiffe au sens figuré comme au propre ! J'en profite pour m'asseoir tout en ne quittant pas Dean du regard. Militaire han ? Ça pourrait expliquer les rencontres sur les réseaux sociaux ? Il ne doit pas avoir beaucoup de temps quand il est en permission pour rencontrer des gens alors ça serait un moyen rapide pour lui de voir du monde et passer du bon temps. Quoi que s'il sort avec des filles et qu'il est aussi raide, ça doit être un chouia compliqué. Je me mords la lèvre pour ne pas lâcher un petit rire. Dans la Marine du coup ? Ça semblerait logique mais avec ce mystérieux Dean je dirais bien que je ne suis jamais au bout de mes surprises. J'ai hâte de voir ce qu'il va me répondre.


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Et elle s'agrippa Alyssa, parce que son instinct lui avait dicté qu'il valait mieux, au risque de devoir retrouver le bateau à la nage. Et, loin du rivage, loin du port, nul ne pouvait deviner quel type de bestioles tournaient dans les profondeurs de l'océan. Alors elle s'accrocha. Ses bras s'enroulèrent autour de la taille du pilote piqué à vif du besoin de sensation. Il n'avait pas eu à l'idée de demander l'avis de son invitée, car il lui semblait que son caractère était capable d'apprécier. Elle ne hurla pas, serra juste, et Dean n'eut d'autre choix que de contracter ses muscles. Cette fois-ci, ce ne fut pas par surprise ou dégoût, non. Ce fut tout simplement parce qu'il eut à supporter le poids de la jolie jeune femme quand le bolide fut en pleine accélération. Les doigts ne lâchèrent pas la barre et ses semelles restèrent clouées au sol malgré les secousses ressenties. Le sourire aussi large que l'infini de l'eau qui les entouraient, il s'amusait.

Quelques minutes suffisaient à prendre son pied, et il descellera progressivement pour retrouver une allure normale. Pendant ce temps-là, Alyssa avait retiré ses membres de lui et partit s'asseoir sur la banquette. Elle avait raison : ça décoiffait, si bien qu'elle ne fut pas la seule à remettre quelques mèches de cheveux à leur place habituelle. Le militaire passa ses doigts dans sa chevelure avant de couper le moteur; il était temps de profiter de l'horizon et de faire plus ample connaissance. Disons que je touche un peu à tout, répondit-il en bloquant le gouvernail. Il réduit la distance qui le séparait de l'Exotique et s'assit près d'elle. Lorsqu'on s'engage dans l'armée, tous les permis utiles aux missions affectées sont offerts, expliqua-t-il, et ajouta : je sais même voler. Il s'était exclamé en jetant son regard vers le ciel. Mais je trouvais ça bien moins pratique pour discuter, plissa-t-il les yeux avant d'ouvrir un tiroir réfrigérant de la table basse autour de laquelle ils étaient installés : champagne ?

La bouteille d'un litre de Ruinart fut posée sur la table, juste le temps de sortir les deux coupes qui l'accompagnaient. Dean revint aussitôt se charger de retirer le papier doré, le fer et fit sauter le bouchon de liège qui atterrit plus loin sur le parquet. Et, tout en remplissant les verres longilignes, il dit : tu ne m'as très peu parlé de toi, finalement. Et c'était vrai. Ils n'avaient pas eu le temps de discuter proprement la première fois qu'ils s'étaient rencontrés, c'était peut-être le moment de délier les langues. Que fait Alyssa dans la vie, et quelles sont ses passions dis-moi, demanda-t-il en tendant une coupe à moitié remplie, -histoire de ne pas avoir de remords d'en remplir une deuxième par la suite.


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Cette sortie en bateau était des plus exaltantes si bien que je m'étais retrouvée agrippée à Dean. J'avais senti ses muscles se contracter et je pouvais affirmer qu'il devait être bien foutu sous son t-shirt. En même temps, un militaire se doit d'entretenir son corps comme il convient. Une vie saine sûrement même s'il doit s'octroyer quelques plaisirs dans une enveloppe saine et bien solide pour résister à tout, surtout à la pression et aux rudes conditions de l'exercice de ses fonctions.Intéressant. Voilà peut-être le pourquoi du comment. Entre ses permissions il n'a peut-être pas le temps de nouer de réelles et durables relations alors Tinder serait un moyen de garder ce contact avec la gente féminine ... De tester son pouvoir de séduction et pourquoi pas passer à l'acte si toutes ses bonnes conditions sont réunies. Tout un personnage et je vais aimer continuer de jouer avec lui en sachant cela.

Nous nous installons tranquillement et je lui demande s'il est de la Marine. Sa réponse est vague. Il est touche à tout mais je me permets une pensée déplacée qui me fait sourire. Ça, ça sera à moi de le déterminer plus tard. Mais pour l'heure je me reconcentre sur ce qu'il dit. Il peut même voler. Qui peut bien être affecté au sol, dans les airs et sur la mer en même temps ? Quel corps de l'armée peut faire ça ? Je ne suis pas assez calée en la matière pour pouvoir répondre à cette interrogation. Je la garde donc dans un coin de ma tête et reviendrais sûrement la poser un peu plus tard. Ça doit être passionnant de pouvoir faire autant de choses. Et bien pratique pour draguer ... Je me garde bien de dire cela à voix haute pour ne pas le brusquer mais je le pense fortement. Il me propose ensuite une coupe de champagne et j'accepte avec plaisir. Merci beaucoup ! De nos jours rares sont les hommes à agir de cette manière. La drague est plutôt grossière et ils ne s'embêtent pas avec les convenances. Là, avec Dean, c'est une toute autre chose. Il reste bel et bien une énigme pour moi. Un mystère que je veux percer. Un secret que j'aimerais dévoiler. Il me tend ma boisson et je le gratifie d'un large sourire. Il est temps de faire plus ample connaissance. Le premier rendez-vous avait été écourté et on n'avait pas trop eu le temps de se découvrir. L'entendre m'appeler Alyssa me fait sourire intérieurement. S'il savait ... Pour le bien de ma mission, je continue de jouer le jeu. Je suis avocate spécialisée dans le droit des femmes. Wahou ouais ... Je me découvre une nouvelle vie là ! J'ai toujours su que j'étais féministe Ce qui n'est pas faux ... et j'ai toujours voulu œuvrer pour la défense des droits des femmes. J'aurais bien aimé faire ce boulot là aussi. J'avais longtemps hésité et puis finalement je m'étais tournée vers la psychiatrie. J'aidais aussi les gens. C'est une priorité dans ma vie d'aider les autres. Je sème des morceaux de vérité dans mon mensonge ainsi j'ai l'impression de ne pas le tromper totalement. Je sais que ce n'est pas bien quand même mais bon sinon mon jeu s'arrête et ça ne me plairait pas du tout. Je m'amuse bien avec lui. J'ai vraiment envie de voir jusqu'où cette rencontre peut aller. Et toi tu as toujours su que tu voulais être militaire ? Pardon d'insister mais dans quel corps es-tu ? Tu sembles pouvoir tout faire hors je ne sais pas si c'est clairement possible. Tu m'intrigues beaucoup trop toi, c'est dangereux.


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