Avocate, voilà qui était intéressant, mais pas forcément surprenant. Alyssa semblait être une femme très affirmée qui ne se laissait pas influencer par ses pairs. Malgré un certain goût de l'aventure, elle restait loyale et prudente à ce qu'elle était, et ne dérogeait pas aux règles qu'elle s'était fixée. Elle avait montré des côtés passionné et séducteur mais devait filer totalement intègre et digne de confiance. Le droit des femmes ? Aucune surprise non plus. Elle s'assumait pleinement au naturel et pouponnée. Elle n'avait pas peur de mettre en avant ses courbes et marchait droit, la poitrine levée. Elle était fière et audacieuse, Alyssa, pour sûr que la soumission n'était pas pour elle. D'ailleurs, les convenances d'un autre âge n'étaient pas faites pour elle; la femme à la maison, aux petits soins de son époux, hors de question !

Je comprends, opina-t-il de la tête, et en même temps, c'est plutôt dingue ce que tu me dis là; pourquoi ? De ce qui m'a été raconté, ma famille a lutté pour la progression sociale et sociétale de la femme, notamment pendant la révolution constitutionnelle de l'Iran, expliqua-t-il ce point commun qui les liait, cette bataille pour une expansion des droits de la femme qui ne les opposait pas. Dean n'avait pas le temps de militer pour toutes les injustices, mais il avait été élevé de façon à ce qu'il respecte les femmes, leurs corps, leurs pensées, leurs choix. Alyssa était motivée à offrir plus de visibilité et de droit à tout ça. Le militaire n'avait pas toujours été compris de ce côté-là, avait même été poussé parfois aux vices par quelques camarades, mais il n'avait jamais failli aux principes inculqués.  

Mes aïeux ont tout fait pour quitté l'Iran dans les années 30, continua-t-il. L'Iran, pays d'Asie de l'Ouest, qui l'avait bercé plus jeune par les traditions, us et coutumes, de sa famille adoptive. Il s'était toujours senti Iranien dans l'âme malgré son physique venu tout droit de Thaïlande. L'Iran, république islamique, dont la religion musulmane dicte principalement les règles. Règles pour certaines dérogées, comme la polygamie autorisée pour l'homme, et ce dans nombreuses familles, dont les Hassani. Ca avait été insupportable, pour eux, de voir leur fille de dix-sept ans se faire maltraiter par celui qu'elle avait été obligée d'épouser, ne se retreignit-il pas dans les confessions. Alors, il comprenait, Dean, à quel point cela pouvait être une priorité, pour elle, d'aider ses semblables.

Il lui adressa alors un sourire avant de porter la coupe de champagne à ses lèvres, et d'y écumer un peu de breuvage; doucement, par contre, pour ne pas couper court à la conversation qu'ils venaient d'entamer. Il avait montré son côté respectable dans ce bref échange. Et qu'importait à quel point on pouvait le moquer pour ça, jamais il n'allait penser à en changer. Il aimait ce qu'il était, ce que sa famille et la religion lui avaient apporté pour se construire, et la femme avec qui il partagera un jour sa vie l'aimera pour ça, aussi. Il n'était donc pas pressé, gardait en tête que tout venait à point à qui savait attendre, et il savait être patient. A présent habitué, il ne voyait plus les tentations, et savait se défaire de celles récalcitrantes avec un maximum de tact. Il était adulte et responsable, après tout.

Alors là, pas du tout, plissa-t-il les paupières de façon rieuse, figure-toi que je n'y avais jamais pensé avant, confia-t-il à celle qu'il pensait être avocate. Après la "senior", j'ai osé présenter mon dossier lamentable à l'université de médecine; lamentable était un peu fort, ses moyennes étaient justes un peu basses pour le niveau exigé, et j'ai été recalé. Un échec qui ne l'avait pourtant pas rendu faible pour autant, il avait su rebondir. Après réflexion, je pense que j'avais fait ce choix pour suivre ma copine de l'époque, plus que par réelle passion, fit-il, montrant qu'il n'avait pas été célibataire toute sa vie, malgré ce que l'on pouvait en juger de ses réactions aux approches tactiles. J'ai rencontré une coordinatrice et je me suis reconcentré sur moi-même. Après coup, ça a été comme une évidence, ouais, acquiesça-t-il.

Je n'étais pas stupide et plutôt sportif déjà. Champion lycéen d'athlétisme quand même, se montra-t-il plutôt fier avant de reprendre une gorgée d'alcool de son verre. Et, s'il crut qu'il en aurait fini, qu'il aurait pu repasser à la belle brune assise à ses côtés, il s'était mis le doigt dans l'oeil : Alyssa continua à se montrer curieuse de son métier. T'es sûre que tu ne fais pas partie de la C.I.A., dit-il avant de se mettre à rire, un grand sourire scotché sur les lippes. Il est passé où le complet noir à la "Men in Black", plaisanta-t-il de nouveau avant de passer un coup d'œil rapide sur le vêtement à la couleur vive qu'elle portait qui n'avait absolument rien de discret. Plutôt sexy les agentes des compagnies de renseignements de nos jours, finit-il sa parenthèse humoristique par un : parfois, il vaut mieux que certaines choses restent secrètes.

Il lui offrit un clin d'oeil amical avant de repositionner son corps face à la table basse. Tu fais quoi, sur Tinder, changea-t-il de sujet tant qu'il en était encore temps; qu'avait-elle l'intention de trouver sur cette application ?    


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J'avais des scrupules de mentir comme ça à Dean quand même et je ne savais même pas où mon mensonge allait finir ni comment ça se passerait quand il l'apprendrait. Sûrement mal. On m'a toujours dit qu'il ne fallait pas mentir et là je désobéis clairement à ce principe de vie que m'ont inculqué mes parents. Je ne suis pas très fière de moi. Alors voilà où ça m'a mené pour le moment, sur un bateau avec ce beau militaire qui croit maintenant que je m'appelle Alyssa et que je suis avocate, spécialisée dans le droit des femmes. Certes, j'aurais aimé faire ce métier mais j'en avais choisi un tout autre et qui m'avait conduit à vouloir réaliser une expérience sociale par rapport aux applications de rencontres. Comment les gens font pour utiliser ce type de réseaux et dans quel but ? Au cours de mon investigation avec ce mystérieux personnage en face de moi j'avais émis l'hypothèse qu'il s'en serve entre deux missions pour rencontrer des femmes. Je suppose qu'il n'a pas le temps et qu'il brûle certaines étapes en passant directement à la case ... Quelle case d'ailleurs ? Il n'a pas cillé quand il m'a vu en sous-vêtements il ne me drague pas non plus ou alors je suis clairement aveugle. Il est très réservé quand il s'agit d'être trop proche de lui. Se pourrait-il qu'il veuille juste discuter ? Encore plus énigmatique et troublant petit personnage que ce Dean. On sait bien que pour certains les appli de ce genre c'est pour trouver un partenaire sexuel dans un premier temps mais là rien du tout.

Je me laisse prendre dans mes pensées et entends à peine ce qu'il me dit mais je crois qu'il parle de sa famille. Je prête l'oreille et écoute désormais. Sa famille a lutté pour le droit des femmes en Iran, qu'ils ont quitté ce pays dans les années 30. Je ne connais pas assez cette région du monde pour savoir clairement ce qu'il s'y passe mais je doute oui que les conditions des femmes soient optimales là-bas et ça m'attriste. J'apprends que le mariage forcé est d'actualité et ça me glace le sang. Souvent ce sont de jeunes femmes en plus, vierges qui doivent s'offrir, je suppose, à un mari contrôlant et violent. Répugnant. Et je comprends parfaitement qu'ils soient partis et ils ont bien fait ! me permis-je de dire. C'est fou qu'au XXIème siècle on en soit toujours là à devoir se battre pour ce qui devrait être une évidence. Les femmes ont le droit d'être ce qu'elles veulent sans qu'on leur impose quoique ce soit, sans que ça puisse mettre leur vie en danger. Je préfère parler d'un autre sujet parce que je sens que la révolte gronde en moi ! Je lui parle alors de sa carrière à lui et j'apprends qu'il avait choisi médecine dans un premier temps mais son dossier n'était pas suffisant. Cette voie est des plus rudes dit-on. et j'en sais quelque chose. Mon parcours aussi brillant soit-il m'avait valu de longues nuit d'insomnies, une vie sociale réduite à pas grand chose même si j'essayais toujours de faire paraître que le contraire et un stress de malade. Il me dit ensuite qu'il en est là parce qu'au départ il avait voulu suivre sa copine et puis c'est devenu sa vocation de servir et protéger. Admirable. On n'est pas toujours destinés à ce qu'on pense au départ. Les parcours de vie des gens sont fascinants. Et j'en savais aussi quelque chose puisque je voyais ça tous les jours au cabinet. Je fais ensuite ma curieuse pour savoir dans quel corps de l'armée il est. Il me demande alors si je ne fais pas partie de la CIA et il me parle de Men in Black. Ça me fait rire. Oh non je suis démasquée aussi vite c'est agaçant quand même ... Je rentre dans son jeu et on rigole tous les deux avant qu'il me fasse sous entendre qu'il me trouve sexy. Ahhh la voilà la drague ?? Sérieux ? On garde les meilleures pour le terrain c'est bien connu ! Je lui fais un clin d'oeil avant qu'il ne m'avoue que certaines choses doivent rester secrètes. Comme mon vrai travail aussi par exemple ? Ok, je note. C'est pas gentil de dire ça à une femme vous ne savez pas à quel point on peut être curieuse et dans ces cas là oui on peut vraiment se transformer en agent de la CIA pour trouver ce qu'on veut savoir. Je t'aurais prévenu. Découvrir son secret serait un jeu amusant à mon goût. Reste à savoir comment je peux lui tirer ce genre d'information ? Je regarde le verre à moitié vide face à lui et saisis la bouteille pour lui remplir sa flûte. Perfidie Khira. Le saouler pour arriver à tes fins ? Vraiment ? Je repose ensuite le récipient quand il me demande ce que je fais sur Tinder. Sûrement la même chose que toi, non ? Petite question bien placée pour avancer dans mon enquête. Rencontrer des nouvelles têtes et m'amuser un peu. J'aime la découverte dans tous ses aspects que ce soit dans les voyages, dans la cuisine et dans les rencontres. J'aime voir où ça peut me mener. On peut toujours s'attendre à de bonnes surprises, comme des mauvaises d'ailleurs mais là je dois dire qu'avec toi c'est plutôt une bonne. Je lui fais un sourire mutin pour voir sa réaction avant de décroiser mes jambes pour les recroiser dans l'autre sens. Le bas de ma robe était légèrement remonté sur ma cuisse et je le replace sans quitter des yeux l'homme en face de moi.


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Alyssa était d'un style plutôt charmant, et se montrait enchantée par les pointes d'humour glissées dans la conversation. C'était un bon point, il fallait l'avouer : Dean était plutôt fixé sur la détente et les blagues lorsqu'il rencontrait de nouvelles personnes, -surtout pour pallier au quotidien de son métier-, alors si la jeune femme qu'il avait face à lui était réceptive, elle grimpait forcément de quelques échelons dans son estime. Le couplet gagnant était qu'elle y répondait sur le même ton, et ça faisait du bien au militaire d'accéder aux rires quand, lorsqu'il n'était pas civil, les moments enjoués étaient rares. Rares, oui. Parce que les missions demandaient sérieux et rigueur, concentration et discipline. Les instants autour d'un feu de bois n'existaient que dans les films. Les soldats n'avaient pas le temps de se poser et d'échanger sur leur vie privée, les commandos encore moins.

Un homme averti en vaut deux, comme on dit, plissa-t-il ensuite les yeux. Il s'amusait, Dean, parce qu'Alyssa ne se doutait pas une seule seconde qu'il avait été violemment entraîné à ne rien révéler de son identité en-dehors de sa vie banale d'homme. Oui, les exercices avaient été éprouvants. Les jours passés à avoir été enfermé dans une pièce obscure, maintenu debout dans des positions désagréables durant des heures, assis, les genoux posés sur des pièces tranchantes et rouillées toute une nuit, et couché sur un ciment épais et délabré sans pouvoir espérer une couverture pour le réchauffer du froid. Il avait subi des simulations d'entretien face à l'ennemi, pendant lesquelles il avait été obligé à maintenir une version inventée, à oublier qui il avait été réellement pour ne pas craquer et tout avouer. Alors non, elle ne savait rien Alyssa de tout ça, ne pouvait peut-être même pas l'imaginer.

Dean n'était pas qu'un simple militaire, et l'alcool non plus ne lui faisait pas peur. Alors, quand il la vit verser de la boisson pour remplir sa coupe de champagne, il ne paniqua pas, regarda simplement sa main entourer la bouteille, et son joli poignet fin et halé pivoter. Il devina la mascarade mais la mit volontairement de côté pour comprendre davantage sa présence sur Tinder, et ses intentions, par la même occasion. Et elles s'avérèrent bien loin des siennes. Disons que j'ai compris un peu trop tard pour quel genre de recherches cette application avait été mise sur le marché, avoua-t-il à la demoiselle assise à ses côtés. Ces mots, il les avait lâché sans louper le petit jeu de jambes de sa partenaire de discussion. Bien sûr qu'il posa les yeux dessus, et bien sûr qu'il trouva ces membres, à moitié mis à nus devant lui, parfaitement lisses et colorés.

Mais, malheureusement, il savait aussi qu'il ne serait pas celui qui se permettrait de les effleurer de sa paume, ni celui qui se pencherait pour venir les couvrir de baisers; de quel droit ? Il releva ses pupilles noires du mouvement du tissu qu'elle remit en place pour les reporter sur le visage de son interlocutrice, et il n'eut d'autre option que de lui sourire. Il savait qu'elle n'attendait pas d'excuse de ce regard qu'il avait posé sur elle, parce que c'était une femme libre qui faisait comprendre qu'elle la recherchait, l'excitation d'un homme pour elle, pour son corps. Elle ne croyait pas en Dieu, elle pratiquait la séduction. Et c'était intéressant pour Dean. Parce que, loin d'oublier ses limites, lui aussi aimait séduire et être séduit. Même s'il se défendait de la toucher, il cherchait à mettre un peu de piment dans sa vie, un peu pour se féliciter d'avoir été un brave type pour le monde.

Peut-être que je ne suis pas la bonne surprise à laquelle tu t'attendais, par contre, dit-il d'un ton bourré de suspens; que voulait-il dire par là ? Je ne pense pas être de ces hommes que tu as, peut-être, eu l'occasion de rencontrer sur cette application avant moi, commença-t-il à expliquer, sans perdre une seconde, juste un peu... différent. Elle n'était pas de ces femmes qui appréciaient la routine, il en aurait mis sa main à couper. Pourtant, si elle s'attendait à passer un moment dans les bras de Dean, dès lors qu'il l'avait invitée à un tour de bateau en tête-à-tête, ce dernier ne la voyait pas être déçue pour autant qu'il n'en soit rien. Pourquoi ? Il n'en savait trop rien. Peut-être parce que les autres internautes de Tinder avaient mis bien moins de temps avant de montrer leur côté bestial, et que leur rendez-vous s'était donc soldé plus vite que prévu, contrairement au leur ?  

T'es vraiment ravissante, poursuivit-il sans ciller, franc et honnête, ses obsidiennes plantées dans ses billes à elle, et il n'y a aucun doute sur le fait que ton toi, tout entier, puisse faire perdre la raison à de nombreux mecs; son sexe s'était gonflé à la simple idée que le bas de sa robe puisse se remonter davantage, mais j'ai un respect assez particulier et très prononcé pour les femmes, fit-il. Qu'elles se donnent facilement ou non aux autres, elles méritaient toutes d'être traitées selon ses règles à lui, celles qui lui avaient été inculquées, et qui précisaient qu'aucun homme ne pouvait se jouer du corps d'une demoiselle pour son simple plaisir. Et j'veux pas que tu crois que je puisse être gay, se mit-il à rire; bien qu'il n'avait rien contre les homosexuels, et que tu puisses être juste une nana que j'ai choisi au pif pour me prouver quoi que ce soit. Il était loin de tout ça, Dean.

Il préférait être clair sur le pourquoi il ne lui sautait pas dessus, parce qu'en réalité... Tu me plais, mais genre vraiment, n'eut-il besoin de mettre aucun filtre sur le fait qu'elle était attirante à ses yeux, ta personnalité et ton physique sont vraiment agréables, se montra-t-il tout aussi cash avec elle, loin d'être habitué à tourner en rond, mais faut pas que tu t'attendes à ce que j'puisse te prendre sur la banquette, là, maintenant, tout de suite, plissa-t-il de nouveau les paupières, le souffle rieur et amical. J'aime m'amuser aussi mais... d'une autre manière, laissa-t-il ses lèvres s'entrouvrirent, et sa langue en sortir pour venir caresser le côté de la plus haute des deux. Ils n'étaient clairement pas faits l'un pour l'autre, mais ils pouvaient toujours passer un bon moment ensemble, à se connaître, à user d'un brin de séduction et, peut-être, à trouver le moyen d'expérimenter autrement; qui pouvait savoir ? 

Du coup, je vais chercher le plat ou j'ai plombé entièrement l'ambiance, demanda-t-il, toujours aussi plaisantin, avant d'agripper de nouveau la coupe de champagne et de la déverser entière dans sa bouche; ô damn, non, Alyssa n'arrivera pas à le rendre ivre aussi facilement...


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Un jeu de séduction s'installe entre Dean et moi et ce n'est pas pour me déplaire. On s'était matché sur Tinder et j'avais voulu faire de lui mon expérience sociale. Je voulais savoir pourquoi lui, en particulier, était sur ce genre d'application de rencontres et j'avais eu quelques bribes de réponses mais ça n'était pas suffisant car maintenant le jeune Asiatique piquait réellement ma curiosité. A mesure que j'en apprenais un peu plus sur lui j'avais envie d'en savoir davantage. Dean était comme un bon polar qu'on dévorait d'une seule traite parce qu'on avait envie de savoir le dénouement de cette histoire qui nous tenait en haleine depuis le début. A chaque minute une nouvelle page, une nouvelle action, un rebondissement et je me laissais volontiers divertir. Quand il me dit qu'il n'est pas la bonne surprise à laquelle je m'attendais je souris. Il se targue d'être différent. J'hausse les épaules. Tu entres quand même dans mon jeu et je plonge dans le tien. Tu es une bonne surprise. Et puis ce que je ne rajoute pas c'est que ce n'est pas mon habitude de traîner sur ce genre de réseau alors je ne sais pas vraiment comment ça peut se passer avec d'autres. Je n'ai pas réellement envie de ça et pas besoin non plus je dois avouer. Il enchaîne en me disant que je suis ravissante et ça me fait de nouveau sourire mais ces mots dans sa bouche ne laisse pas présager la suite à laquelle on pourrait s'attendre. Il continue en me disant que je dois faire perdre la tête aux hommes que je peux rencontrer et pas qu'aux mecs, j'ai envie de rajouter mais je me tais. Je me mords la lèvre en continuant d'écouter ce qu'il me raconte. La moindre de ses mimiques ne m'échappent pas et ce n'est vraiment pas évident parce qu'en tant que militaire bien entraîné, il est plutôt difficile à lire. Il me parle de son respect profond envers les femmes. Je comprends bien qu'il n'ira pas plus loin avec moi alors là sur ce bateau mais ça ne l'empêche pas d'avoir une réaction bien masculine quand il me regarde. Ce qui laisse penser que c'est son cerveau qui dirige et non son sexe en cela il peut peut être être différent des hommes que l'on peut rencontrer sur ce genre d'application. Il veut me rassurer ensuite sur le fait qu'il n'est pas gay et qu'il ne veut rien se prouver en me draguant. Non je ne pense pas ça. Je ne suis pas du genre à juger de cette manière. Je vois qu'il a besoin de continuer alors je me tais. Il me dit que je lui plais beaucoup mais qu'il ne faut pas que je m'attende à ce qu'il me saute dessus et qu'il aime s'amuser autrement. Je me mords l'intérieur de ma joue en secouant la tête. J'affiche un large sourire alors qu'il me demande s'il peut aller chercher la suite ou s'il a tout ruiné. Je lui fais signe que ça va. Il se lève alors et amène notre repas puis il se rassoit. J'ai eu le temps de digérer tout ce qu'il m'a dit et je peux enfin lui répondre. Avoir du respect envers les femmes ne t'empêche pas de pouvoir passer du bon temps avec elles. Tu peux t'amuser avec celles qui en ont envie il n'y a rien de mal là dedans. J'ai plus l'impression que c'est là-haut qui dirige même si le bas aimerait vraiment son indépendance de temps en temps. Mais je respecte ton choix et je ne m'attendais pas à grand chose en arrivant sur ce bateau et encore moins à ce que tu me sautes dessus. Je t'ai déjà agrippé et tu t'es crispé quand je t'ai montré un peu trop ma spontanéité alors ce n'est pas avec toi que je ferais des folies sur les flots, sur le plancher de ce beau bateau. Étais-je déçue de ça ? Oui et non. J'aurais aimé voir ce que vaut un militaire sur ce plan là mais je m'amusais bien à être séductrice avec lui et ça a marché dans un certain sens. Maintenant que tout était révélé le jeu serait un peu moins palpitant mais qui sait peut-être me réserve t-il d'autres surprises ? C'est toi qui a fait ce repas ? demandais-je pour repartir sur un sujet neutre. C'est vraiment très bon ! Un talent de plus que je dois bien lui reconnaître.

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Un simple signe en guise de réponse, voilà ce que Dean récolta pour avoir été franc avec la femme qu'il avait tenté de surprendre jusque-là. Les lèvres qu'il avait légèrement entrouvertes en une esquisse se refermèrent l'une sur l'autre, et il se leva après avoir tapoté ses doigts sur la coupe qui rejoignit sa place sur le meuble de salon. Quelques mètres plus loin, il disparut derrière la porte qui menait à un étage plus bas, sans prendre le temps de la fermer. Il n'était pas en colère, ni contre lui, ni contre elle, mais il fallait bien avouer que son esprit était, un temps soit peu, bouleversé par le peu de réaction de la part d'Alyssa. Peut-être aurait-il préféré la savoir charmer par ce côté de sa personnalité, ou bien entendre de sa bouche son envie de quitter le navire au plus vite; il n'avait pas peur du rejet. Ce fut donc dans le même mutisme qu'il coupa et ajouta les derniers ingrédients frais de ses poke bowls sur sa base de riz, et y glissa une fleur colorée sur le dessus.

Il gravit ensuite les marches en bois, un plat dans chaque main, tel un serveur. Il n'oublia pas de pencher la tête pour éviter de se prendre le dessus de l'encadrement en plein sur le front, et déposa les bols à l'hawaïenne avant de rejoindre la banquette. Malgré tout ça, on n'oublie pas le thème de la balade, plissa-t-il les paupières avant de tirer sur une poignée de la table basse et en sortir des couverts propres. Il les rangea soigneusement de chaque côté de la recette qui prenait de plus en plus d'ampleur sur tous les continents, au point où des restaurants en faisait leur spécialité. Il en existait sous plusieurs déclinaisons, mais Dean avait tenté de reproduire celle au poisson cru mariné d'Hawaii pour rappeler les saveurs du pays qui manquait tant à sa voisine. Après tout, il était là pour se faire pardonner d'avoir agi stupidement à leur rencontre et, du début à la fin, il s'était promis d'y mettre tout son cœur et toute son âme pour la satisfaire.

Malgré un enthousiasme qu'il ne mit pas sous silence, Alyssa, quant à elle, resta plutôt pensive et ne prit la parole qu'après un instant qui parut une éternité. Naturellement, ce fut le sujet de son monologue précédent qui refit surface, et le militaire resta tout ouïe, à tel point qu'il se tourna vers la jeune femme et observa chacune des mimiques que son visage apportait à son discours. Bizarrement, il était d'accord avec sa vision du respect, sur le plaisir consentant, et ce fut pour cette raison qu'il hocha de la tête à chacune de ses fins de phrase. Il n'avait pas pour habitude de poser des à-priori sur les personnes qui avaient décidé de vivre pleinement les moments qui leur étaient offerts, ni à les pointer du doigt; ô ça non. Mais il avait une éducation qui lui avait inculqué beaucoup de principes, un caractère compatissant qui le forçait à se mettre à la place de celle qui partagera sa vie, et un passé amoureux qui l'entravait encore aujourd'hui.

C'était surtout ce dernier point qui l'empêchait d'accepter de s'aventurer dans les contacts, même les plus innocents. Cette séparation d'il y a cinq ans avait été douloureuse, avait frappé d'un coup critique l'homme qui s'était construit autour de mille projets liés à cette relation. Pire encore, elle avait été annoncée de manière brutale et non conventionnelle : par téléphone. Cela avait été perçu comme un cauchemar éveillé en plein cœur d'un champ de bataille irakien. Encore aujourd'hui, il se rappelait la sensation glaciale qui avait enveloppé son cœur, cette même sensation que l'on ressentait lorsqu'on se prenait une balle en plein dans le mille. Un bon bout de temps avait passé avant qu'il ne revienne à lui, comme s'il avait été effacé de l'équation des combats, comme s'il avait connu la mort avant d'en ressusciter; pourtant, il avait bien participé à chacune des missions. Une amnésie avait paralysé la souffrance pour le garder en vie.

Le cerveau avait des particularités bien étranges, une case pleine de super-pouvoirs, mais Dean préféra ne pas s'aventurer sur ce sujet de conversation qui relevait de la psychologie, ni même glisser sur la pente raide et hasardeuse d'un débat autour de la croyance, des us et des coutumes. Après tout, Alyssa exerçait dans le domaine du droit, et ne pourrait pas comprendre, elle. Quant à l'amour et la religion, ils étaient deux thèmes généraux auxquels il ne fallait pas toucher, qui risquaient de heurter le civil qu'il était. Il tenta alors une pointe d'humour pour clore cette parenthèse. Le haut et le bas, répéta-t-il, c'est donc comme ça que l'on nomme le cerveau et le sexe par chez toi, sourit-il malicieusement de côté. Pas très original, je m'attendais quand même à mieux de ta part. Un truc un peu plus cash peut-être..., la charia-t-il tout en gardant son regard profondément ancré dans ses gemmes foncés.  

Je ne peux pas dire que le plat va être froid, puisqu'il l'est déjà, mais je t'invite quand même à y goûter, termina-t-il avant de se remettre face au bol qui avait patienté jusque-là. Il choisit la grosse cuillère et la plongea à l'intérieur pour en sortir plusieurs éléments de la préparation à venir mettre en bouche. Il dégusta et, même si ce n'était pas aussi ressemblant que ceux qu'il avait goûté, il fut tout de même satisfait de son premier essai. Avec les conseils culinaires d'un ami, ouais, répondit-il lorsqu'elle fut surprise du mélange des saveurs, on remerciera, bien évidemment, les corvées militaires pour la découpe quasi-parfaite des légumes et du poisson. Effectivement, ce n'était pas une légende, les soldats connaissaient ce qu'était la débrouille faite avec perfection. Un entraînement spécial était d'ailleurs réservé à inculquer la discipline dans tout ce qui traitait des tâches ménagères, de la cuisine au lit carré.

Je suis content que ça te plaise, fit-il, sincèrement, tout en laissant de côté son repas pour agripper la bouteille de champagne et resservir une coupe pleine à l'avocate assise à ses côtés. Aucune intention malsaine de sa part, juste le retour de monnaie; n'avait-elle pas rempli son verre, un peu plus tôt ? Tu tiens bien l'alcool, d'habitude, demanda-t-il sans, là non plus, d'arrière pensée, ou je vais devoir te porter sur mon épaule lorsqu'on aura regagné la terre ferme ? Pourquoi pas. C'était une image assez marrante qui laissa, d'ailleurs, un doux souffle chaud et rieur se mélanger à la faible brise marine. J'peux pas trop en abuser, sinon il faudrait qu'on se trouve un autre capitaine pour le retour, expliqua-t-il, ça serait bête de jeter le restant, secoua-t-il ce qui restait d'alcool; un verre, un seul et unique verre. Il reposa le champagne à son emplacement avant d'enchaîner : t'as déjà eu de longues relations par le passé ?

Il replongea dans le met hawaïen tout en espérant que, par cette question, il pourra en apprendre davantage sur la jeune femme. Qui savait, peut-être avait-elle été aussi brisée que lui l'avait été en amour, et qu'ils se découvriraient un point commun ? Ou, au contraire, peut-être que les paroles qu'elle utiliserait le conforterait à l'idée de passer outre son passé amoureux chaotique ? Il se trouva scotcher à ses lèvres mais fut très vite distrait par une odeur agréable et enivrante qui ne relevait pas du repas qu'ils consommaient. Le vent s'était levé, et l'air marin emmena un goût de sel qui, à son passage, releva quelques pigments odorants. T'as mis du parfum, l'interrogea-t-il sur les saveurs qui venaient piquer délicatement son nez, peut-être un gel douche sucré, un truc..., ferma-t-il les yeux pour concentrer son odorat, à moins que ce soit ta peau, se permit-il de supposer que les fragrances de son pays natal avaient imprégné son épiderme dès sa naissance.

C'était bien différent des touches d'argan desquelles il était habitué, alors... Je peux, posa-t-il une interrogation, afin d'avoir son aval et, ainsi, de l'approcher d'un peu plus près.


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Notre virée en bateau se poursuit avec ces délicieuses pokebowl que Dean nous a préparé. La discussion s'enchaîne tout aussi naturellement et des révélations sont faites. Un jeu de séduction s'était installé entre nous et je pense que l'attirance physique était là mais le beau brun semblait toutefois réticent à passer le cap. Cela ne me gênait pas vraiment après tout on n'était pas obligé de se sauter dessus à chaque fois que l'on se sentait attiré par quelqu'un. Non. Il ne fallait pas que j'oublie le pourquoi du comment il s'était retrouvé sur ce genre de réseaux sociaux. Je pensais bien avoir un aperçu. Dean est joueur, séducteur et avec le boulot qu'il fait aussi prenant soit-il je doute qu'il puisse nouer une réelle relation. Le fait de faire ce genre de rencontres lui permet de tester son pouvoir de séduction. Ce qu'il doit voir pendant qu'il est en mission doit être assez effrayant, consternant peut être même jusqu'à être traumatisant alors revenir à cette réalité plus légère doit le rassurer quelque part. Savoir que malgré toutes les horreurs qu'il a en tête ça ne le change pas doit le réconforter. Une question me vient alors en tête mais je la garde encore un peu. Je préfère le complimenter sur son repas. Ces mets évoquent en moi bon nombres de souvenirs et même si sa recette n'est pas exactement comme l'originale, elle s'en rapproche drôlement et ça me fait plaisir qu'il ait eu cette attention pour moi. Il dit qu'il devra remercier son ami qui lui a soufflé la recette et ça me fait sourire. Tu t'es donné tant de mal pour moi aujourd'hui et ça me touche vraiment. Il est content que ça me plaise et je lui souris avant qu'il me resserve un verre de champagne. Il me demande si je tiens bien l'alcool d'ordinaire. Ça peut aller, on a de bons cocktails bien dosés sur mon île t'inquiètes pas. Tu ne devras pas me porter sur ton épaule, rassure toi. Je ne voudrais pas qu'il soit mal à l'aise à l'idée de devoir me toucher. Il me dit ensuite qu'il ne peut pas trop abuser de l'alcool sinon il devrait missionner un autre capitaine. Oh non ne chipote pas ! Un militaire je suis sûre que ça doit avoir l'estomac solide pour ça et ne me dis pas le contraire ! Ça non je ne pouvais pas croire qu'il ne tienne pas mieux que ça.

Je continue notre bon repas et il enchaîne sur une question bien plus personnelle. Je bois une gorgée de champagne avant de répondre. Non, pas vraiment. Pas hyper longues en tout cas ptêt un ou deux ans. Et toi ? Mais au lieu de me répondre à son tour, il me parle de mon odeur. Il essaye de détourner l'attention ou c'est vraiment une question sérieuse ? Il me demande si j'ai mis du parfum et je le vois fermer les yeux et sentir dans ma direction avant de me demander s'il peut s'approcher de moi. Curieux, mais j'acquiesce d'un signe de tête. Se laisserait-il envoûter au final ? A voir mais j'ai quelque chose qui me trotte dans la tête depuis tout à l'heure alors ... Maintenant que j'ai ton attention ... Réponds à ma question. Tu fais quelques rencontres durant tes permissions, sûrement comme celle là, dis-je en parlant de nous, là maintenant. C'est un peu jouer avec le feu quelque part ? Si jamais une femme venait à s'éprendre de toi comment ça se passerait ? Tu la laisserais pour repartir au loin, dans des contrées qui pourraient te coûter la vie. Tu lui briserais le cœur ou tu serais capable d'abandonner cette vie pour elle ? Est ce que je vais loin dans ma question ? Je ne pensais pas que ça sortirait comme ça. Mon regard se perd dans le sien. Ma curiosité était sans pareille. Il ne répondit pas tout de suite préférant garder le mystère tout en continuant de sentir ma peau. Le savoir si près de moi et si intrigué me fait frissonner. Un long frisson qui parcourt tout mon corps. Tu sais ce qui arrive aux gens qui restent trop près de moi comme ça ? Je le regarde d'un air amusé. Je te jure que t'aimerais pas le savoir ... J'arque un sourcil avant de rire. Ça pouvait être dangereux. Une petite dose de spontanéité et mes lèvres pourraient très bien retrouver les siennes en une fraction de seconde. Je sais que les militaires n'ont pas peur du danger mais là quand même avec ce que tu me disais plus tôt je me méfierai si j'étais toi... Qui sait ce qui pourrait se passer ensuite. J'espère d'ailleurs que tu as prévu un bon dessert sous peine que ça soit toi qui y passe. Je dis ça avec un sourire mutin avant de boire une nouvelle gorgée dans ma coupe de champagne. Il voulait du cash plus tôt non ? Beh voilà.

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Plus qu'il n'y parut, il s'intéressa vraiment à la réponse qu'Alyssa lui donna. Un ou deux ans, se satisfaisait-elle de ce genre de relations ? Sa présence sur Tinder semblait bien confirmer cette hypothèse. A moins qu'elle s'était, elle aussi, perdue sur cette application en pensant faire des rencontres bien plus sérieuses ? Être novice en recherches virtuelles n'avait rien de honteux, car la toile renfermait tellement de pièges difficiles à désarmer au premier clic, que ça paraissait presque plus aisé, aux yeux du militaire, de rendre docile une grenade dégoupillée. En tout cas, pour ce type de sujet de discussion, les questions auraient pu être davantage intrusives si l'air océanique n'avait pas brièvement relevé une attirante odeur. Le sel était déjà connu pour relever le goût de plat culinaire, mais, d'une certaine façon, il semblait également raviver les saveurs naturelles de la peau.

Il avait été prouvé scientifiquement que certains individus étaient capables d'être très captivés par les effluves de l'épiderme d'un pair, et qu'ils pouvaient les intégrer à tel point que cela pouvait changer la donne dans leur rapport à l'autre; ça passait ou ça cassait. L'odorat était un sens important en séduction.  L'être humain en était bien conscient ; qui ne se parfumait pas avant un rendez-vous galant ? Mieux qu'une parade de l'amour, l'olfaction avait une puissance érotique qu'on ne soupçonnait pas toujours, et Dean se laissa transporter sans peine, au point de zapper le retour de question de son interlocutrice. Le toucher et le goût n'étaient rien dans un premier contact, parce qu'il ne posait pas ses mains sur le corps des femmes, ni ne les testait de sa bouche. Le son d'une voix, l'allure des courbes et les phéromones naturelles étaient ses premiers repères.  

Alors, avec son approbation, il glissa sur la banquette de façon à réduire la distance qui les séparait, posa son avant-bras sur le haut du dossier afin de garder contact avec la réalité, et se pencha vers la rotule de l'épaule d'Alyssa pour en humer la saveur. Son nez resta à bonne distance, le jeune homme ne l'effleura pas, et ça lui suffit à voyager sur l'archipel d'origine de sa voisine. Ses sourcils se mirent à mouvoir quand ses paupières s'étaient refermées. Il essaya de jouer de son sens pour décrypter les odeurs qui se dégageaient de ses pores remplis de soleil. La soit-disant avocate en profita pour l'interroger, ce à quoi il répondit par onomatopée : Uhm; la vanille fut la première odeur à être détectée. Elle rappelait ces grands jardins botaniques découverts au XVIIIème et contés par les premiers Européens à être revenus vivants de leur expéditions sur les îles hawaïennes.

Dean ne put s'empêcher de remonter un peu, arrêtant ses narines entre l'acromion et la clavicule, là où les senteurs lui parurent plus abondantes. Uhm, acquiesça-t-il de nouveau lorsqu'elle demanda confirmation des rencontres qu'il avait pour habitude de faire durant ses permissions; la fleur de tiaré fut la deuxième, n'était-ce pas celle qui décorait de temps à autre les cheveux des Hawaïennes ? Elles étaient plus ou moins nombreuses, ces rencontres, et cela dépendait surtout des semaines ou mois qu'on lui accordait. Il fallait dire que Dean s'était toujours tenu prêt à signer une énième mission et à partir sur le champ, de jour comme de nuit. Jouer avec le feu. Le feu, la lave. Le volcan, le souffre ? Non. Rien de tout ça n'apparaissait sur la peau de celle qu'il respirait. Il leva légèrement la tête et plongea son regard dans celui de la brune.

Le marron glacé de ses iris l'hypnotisa, envoûtant à souhait, mais ce qu'exprimèrent les siennes se rapprocha bien plus de la béatitude. Il ne savait quoi répondre, ne s'était pas vraiment attendu à cette question ; se l'était-il déjà posé ? Il baissa ses pierres après quelques secondes et, à présent à quelques millimètres de son cou pourtant , se retrouva incapable de capter la moindre odeur. Intrigué, complètement intrigué. Ses maigres soupirs de réflexion vinrent même s'écraser sur le pourtour d'oreille d'Alyssa, ce à plusieurs reprises, sans qu'il ne pense à les contrôler. Ce fut elle, à nouveau, qui l'éveilla de sa voix aussi interrogatrice que charmeuse, amusée quand lui ne trouva rien de mieux qu'à quémander la suite d'un mouvement bref de sourcils. Et il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre là où elle voulait en venir, et le sourire en coin de Dean le lui affirma.

Est-ce que la proximité lui faisait plus d'effets qu'escompter ? En tout cas, elle ne se contenta pas de rester vague sur le sujet, n'hésita pas à jouer franc-jeu. Cette pointe de "cash", qu'il avait tant attendu de cette femme de caractère, vint ajouter un peu de piment à leur rapprochement. Un peu ? Beaucoup. A tel point que le simple fait de descendre, un court instant, ses pierres sur la bouche voluptueuse de la pseudo-avocate étendit quelques couleurs plus vives sur le dessus de ses joues. Et il ne se retint pas à exprimer un rire quand ses doigts se crispèrent sur le tissu du dos de la banquette sur laquelle ils étaient installés. Jamais, ô grand jamais, on ne lui avait exprimé la possibilité qu'il puisse finir en dessert. Pourtant, et malgré le fait qu'il ait baigné dans l'argan depuis sa plus tendre enfance, ses senteurs corporelles, à lui, étaient plutôt thaïlandaises; fruitées, donc.

Il se recula de quelques centimètres seulement, afin de garder une certaine promiscuité avec Alyssa et demanda alors : t'aurais pas peur de t'éprendre de moi, toi, si on jouait trop avec le feu ? Et, étrangement, il ne ressentit pas le besoin de cueillir une réponse de ses lèvres, il lui suffit de reporter ses billes dans les siennes à peine quelques secondes pour ajouter des balancements négatifs de la tête. Non, elle ne lui semblait pas être capable de s'amouracher aussi facilement. Peut-être trop libre ;  Y.O.L.O. pourrait probablement être son crédo. Il lui sourit, et se résigna à ne pas s'aventurer sur ce terrain miné, au risque d'y perdre, lui-même, quelques plumes. Elle l'attirait, par son physique, son caractère, et maintenant son odeur, mais ... Je pensais prévoir un troisième rendez-vous, fit-il après avoir rétabli de l'espace entre eux, non sans déception.

T'as pas vraiment kiffé l'apéro, référença-t-il ainsi leur première rencontre, le plat semble à ton goût, continua-t-il, alors j'me dis que le dessert pourrait décider de la finalité des choses; ne disait-on pas jamais deux sans trois ? La grande question était de savoir s'ils étaient censés devenir quoi que ce soit l'un pour l'autre, ou s'il faudrait juste renoncer et juger leurs moments simples de plaisir comme éphémères. Un troisième rencard, il n'y avait rien de plus probant. Pour répondre à ta question de tout à l'heure, t'es la première que je vois plus d'une fois, confia-t-il tout en se resservant du champagne, comme elle l'avait si bien suggéré plus tôt. Qu'il ait rencontré des femmes lors de sorties ou sur application, jamais il ne les avait recontactées. Alors tu imagines bien qu'elles n'ont pas le temps de s'attacher, conclut-il; et c'était peut-être ce qu'il cherchait.

Il porta sa coupe à ses lèvres, pensif, avant de secouer la tête et d'ajouter : jamais je ne pourrais quitter le rang, même si ça devait me coûter encore six ans de relation. Malgré son jeune âge, il l'avait aimée, fièrement et sincèrement, mais ça n'avait pas suffi à lui faire lâcher l'uniforme. Un quinquennat avait passé depuis leur séparation, et il lui restait encore cette impression d'être lié à elle. Il espérait d'ailleurs pouvoir trouver le moyen d'en guérir un jour, de n'importe quelle manière que ce soit. C'est compliqué à expliquer, cette liaison que j'ai avec mon boulot mais..., chercha-t-il ses mots tout en plongeant sa cuillère dans le bol, en plus de l'éducation que mes parents m'ont donné, ça m'a permis de devenir l'homme que je suis aujourd'hui et, sans vouloir me vanter, souffla-t-il un rire, je ne pense pas pouvoir demander mieux.

Que ferait-il, que deviendrait-il, s'il perdait ça ? Il stoppa tout geste de couvert entre les grains de riz et sourit malicieusement. T'aurais dû être psy, lâcha-t-il, moqueur; elle était vraiment douée à le faire parler. J'te propose qu'on finisse de manger et... j'te ramène au port, dit-il, interrogateur; avaient-ils autre chose à espérer vivre de plus sur ce bateau, elle et lui ?


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J'aimais de plus en plus cette rencontre avec Dean. C'était aussi inattendu qu'excitant. Je ne savais pas du tout où ça allait nous mener mais j'aimais ça, clairement. C'était grisant. Ce qui ne devait être à la base qu'une expérience sociale se révèle être bien plus intéressante que cela. Cet homme, par son esprit, me fascine et par son physique m'attire. Je sens que l'attirance est réciproque d'ailleurs. Il se rapproche de moi, sentant le parfum qui émane de ma peau. Oserais-je dire qu'il serait envoûté ? L'avenir nous le dira. Il me retourne ma question et je prends un temps de réflexion. Je n'ai pas froid aux yeux en général. Je n'ai pas peur de grand chose et si je tombe sous ton charme c'est que c'était écrit quelque part et advienne que pourra. Je ne prédis pas l'avenir pour ça. Je reste vague dans ma réponse tout en lui souriant. J'aime cette proximité avec lui mais j'aime encore plus sa retenue. Craquera ou craquera pas ? Ça a un côté bien excitant. Finalement le bel asiatique remet une distance entre nous et je soupire. Mais ce qu'il me dit ensuite me redonne un certain sourire. Il veut un troisième rendez-vous. Il enchaîne sur le fait que je n'ai pas trop aimé l'apéro. J'hausse les épaules. La fin était spéciale mais ça nous a amené de manière surprenante à ce petit tour en bateau alors ça a eu du bon quand même. On ne peut pas dire le contraire. Il le fait très bien remarquer d'ailleurs et je souris quand il dit que le plat a été à mon goût. Ça oui. J'acquiesce avec un sourire mutin. Il parle ensuite du dessert et je ne peux m'empêcher de repenser à ce que je lui ai dis quelques instants plus tôt. Un troisième serait parfait. Jamais deux sans trois dirons nous. Reste à savoir ce qu'il y aura après ...

Je bois une gorgée de ma coupe de champagne et il répond à ma question posée précédemment. Je suis la seule qu'il ait vu plus d'une fois. Je suis intriguée. Pourquoi moi ? Mais ça explique bien que les autres femmes qui l'ont croisée n'ont pas pu s'attacher. Quoiqu'un coup de foudre peut toujours surgir au moment le plus improbable. Puis il enchaîne en disant qu'il ne pourrait jamais quitter son travail même pour une femme et visiblement c'est ce qui s'est déjà passé. Il a vécu une longue relation et il a fini par choisir son uniforme. J'admire son abnégation mais qu'adviendra t-il du soldat quand ses frères d'armes le trouveront trop âgé pour les suivre ? Quand il rentrera seul chez lui sans chaleur humaine pour le réconforter de toutes les horreurs qu'il a pu voir ? C'est horriblement triste. On le sait tous qu'on ne peut pas garder autant de choses en soi. On a besoin d'évacuer, de parler à l'autre et là il manquera cruellement de ces dialogues. Il doit en manquer cruellement déjà. Je me mords l'intérieur de la joue tout en réfléchissant quand il finit par me dire qu'il est fier de l'homme qu'il est devenu. Et tu peux l'être c'est sûr. Je lui souris franchement et ris même quand il me dit que j'aurais dû faire psy. Si seulement il savait ... Il me propose ensuite qu'on finisse notre repas puis il me ramènera sur la terre ferme. J'acquiesce avec un nouveau sourire. Je pense déjà au troisième rendez-vous. Je sais qu'on va se revoir et on a beaucoup appris l'un de l'autre aujourd'hui alors je pense qu'on peut se quitter et que ça sera pour mieux se retrouver.

Nous finissons nos verres et nos bowls. Nous discutons encore un peu tout en digérant avant qu'on ne mette les voiles pour revenir au port. Il me laisse même m'agripper à lui quand il remet les gaz à fond et je ne me fais pas prier ça sera sûrement le dernier contact que l'on aura avant notre prochaine rencontre. Une fois arrivés à bon port, Dean amarre son petit bolide et saute sur le quai avant de m'aider à descendre. Je garde un peu plus longtemps sa main dans la mienne. Je plonge mon regard dans le sien et lui souris. Je crois que c'est le moment de se dire à bientôt ? Je me rapproche de lui, assez pour lui murmurer à l'oreille : J'ai vraiment hâte de te revoir et qu'on partage ensemble ce dessert. Je te fais confiance pour savoir où quand et comment ... Allait-il encore me surprendre ? Je l'espérai bien. Je dépose mes lèvres sur sa joue un bref instant avant de partir pour rentrer chez moi.

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