Derek proposa un compromis entre nos deux envies. La garderie de son entreprise. Maxence serait près de lui mais aussi accueillis dans un endroit avec d’autres enfants. Ca pouvait être une décision qui nous satisfaisait autant l’un que l’autre. Mais d’un côté j’avais peur que Derek ait un comportement surprotecteur et passe voir Maxence toutes les cinq minutes à la garderie. Il fallait que j’y réfléchisse. Je secouai négativement la tête à sa prochaine question et ferma les yeux en laissant mon ouïe se concentrer sur le babyphone pour écouter la respiration régulière de mon petit garçon. C’était si apaisant de l’entendre dormir. Les paroles de de Derek me tirèrent de mes pensées et un léger sourire vint se glisser sur mes lèvres. Avant que je ne puisse lui répondre, il me demanda si j’allais considérer sa proposition de mettre Maxence dans la crèche d’entreprise. Je fis un léger « Oh ! » de stupéfaction alors que j’avais l’impression d’être légèrement manipulée par des mots d’amour pour obtenir gain de cause. Je me mis à rire doucement.

« Les gens sont toujours curieux de la vie des autres, comme si la leur était inintéressante … » soupirai-je. « Mais oui, je passerais, je te le promets. Par contre, je refuse d’obtenir une place grâce à ton nom, je te le dis tout de suite. Je ne veux pas de passe-droit parce que tu es Mr Watts. »

Même si Maxence était encore trop petit pour comprendre les valeurs que je voulais lui inculquer, je les mettais en application dès maintenant. Je ne voulais pas qu’il grandisse avec le sentiment de pouvoir tout avoir grâce à son nom. Je voulais qu’il travaille fort et que ses efforts paient afin qu’il soit fier de lui. Je me tournai sur le côté et plongeai mes yeux dans ceux de Derek dont la tête se glissa sur le matelas.

« Arrête les flatteries. En ce moment, je suis loin d’être au top … »

Je levai les yeux au ciel en esquissant un petit sourire. Il serait temps que je m’accorde du temps, en tant que femme et non plus en tant que maman. Que je reprenne mon footing journalier et que j’aille chez le coiffeur. Maxence était un enfant facile, j’avais de la chance, alors je me disais qu’il fallait que je profite de cela.

« Tu es bien le plus romantique de nous deux, il n’y a pas de doutes. Je t’aime aussi et je suis contente de t’avoir accordé une seconde chance. Je suis vraiment comblée. »

Je n’étais pas de ce genre de filles à clamer haut et fort des discours plein d’amour, alors c’était bien souvent Derek qui prenait ce rôle là dans notre couple. Je n’étais pas comme ces filles dans les filles qui attendaient que leur mec ramène un bouquet de fleur avec un beau bijou lors de la st valentin. Non j’étais bien loin de cette image-là, surtout depuis que Derek avait brisé mon cœur une première fois … J’avais pris une certaine distance vis-à-vis de l’amour. Au fond de moi, même si j’avais accepté que Derek entre de nouveau dans ma vie, je ne pouvais pas m’empêcher d’être méfiante.

Spoiler:

Il était tant que je me remette à courir plus régulièrement. Si je courrais tous les matins ou le soir après le travail c’était surtout pour évacuer le stress de mon travail quotidien, seulement aujourd’hui ce stress n’était plus présent et j’allais devoir courir pour une tout autre raison : me maintenir en forme. Je ne me dénigrais pas mais il était certain que mon corps avaient subit quelques transformations avec la grossesse que j’avais du mal à accepter.
 
« Dans deux ans, on ira de nouveau courir le marathon de New-York, donc pas le choix va falloir qu’on s’y mette ! »
 
Je lui offris un sourire amusé en repensant à ce souvenir de cette course que nous avions faite quand nous habitons à la grosse pomme. C’était une sorte de petit défi qu’on s’était lancé et qu’on avait remporté avec plus ou moins de difficultés. Je m’approchai de Derek et me blottit dans ses bras. La chaleur de son corps s’empara immédiatement du mien. J’éclatai de rire en l’entendant se questionner sur l’odeur nauséabonde des couches la nuit.
 
« C’est juste que la nuit t’es moins en capacité de supporter l’odeur d’une selle, t’as juste qu’une envie dormir. »
 
Je me mis à bailler, jetai un dernier coup d’œil à l’écran vidéo du baby-phone avant de fermer mes yeux. La personne qui venait me dire qu’être mère au foyer n’était pas fatiguant n’avait sans doute jamais vécu cette situation. J’avais parfois l’impression d’être plus fatiguée que lorsque j’enchainai mes gardes à l’hôpital. Morphée ne tarda pas à venir m’emporter avec elle dans le pays des songes.
 
 
****
 
Les messages de Derek ne m’avaient pas du tout plût. Sa petite escapade avec son frère m’avait mise de mauvaise humeur et avait fait remonter à la surface tout un tas de souvenirs que je m’efforçais d’enfouir depuis plusieurs années. J’avais refusé son appel car je savais que j’allais m’emporter et je ne voulais pas de ça. Et puis ce n’était pas des choses à régler au téléphone. Je fus réveillée par Derek qui venait toquer à la porte. Je regardai l’heure, il était 3h passé du matin. Je grommelai dans mon oreiller et l’entendis frapper de nouveau. Il avait ses clés, il n’avait qu’à entrer. J’avais pas envie de me lever du lit. Il me restait moins de deux heures avant que Maxence ne se réveille pour boire son lait alors je voulais profiter de ce moment au maximum. Je mis ma couette par-dessus ma tête et me rendormi sans savoir si Derek était entré ou non dans la maison.
 
Mon fils me réveilla 1h53 plus tard et je me levai pour aller le chercher. C’est au moment de m’installer dans le fauteuil d’allaitement que je me rendis compte de l’absence de Derek dans la maison. Je me relevai et descendis d’un étage alors que je donnais le biberon à Maxence dans mes bras. Personne dans le salon. Il n’était quand même pas resté sur le pas de la porte ? J’ouvris celle-ci et le vit pose sur la balancelle de la terrasse, un bouquet de fleur et une boite de chocolat sur le sol. Je ne pu m’empêcher de rire en le voyant.
 
« Derek, lève-toi ! » lui lançai-je amusée.
 
Ma voix sembla le réveiller car il ouvrit les yeux et se releva. Je secouai légèrement la tête et rentra à l’intérieur de la maison pour aller m’assoir sur le canapé du salon pour continuait à donner le biberon à Maxence. Au moins cette scène assez drôle avait eu pour don de ne pas me laisser emporter par de l’agacement suite aux révélations de Derek plus tôt.
 
« Tu devrais aller prendre une douche, comme ça je finis de donner à manger à Maxence et je le recouche et on pourra … parler. »
 
Mes derniers mots avaient été dit sur un ton sérieux, grave pour bien montrer que cette discussion n’allait certainement pas être une partie de plaisir mais qu’elle était nécessaire …

Derek m’avait apporté des fleurs et une boite de chocolat, tous deux bons marchés, comme je les aimais. J’aimais la simplicité et il me connaissait trop bien pour s’encombrer d’un bouquet de 10 roses et d’une boite d’un grand chocolatier suisse. L’attention était touchante et je le remerciai d’un sourire, non sans oublier que c’était sans doute pour tenter d’apaiser la situation. Je terminai de nourrir Maxence, lui fit faire son rot et le vit fermer doucement ses yeux. Généralement il se rendormait pour une ou deux petites heures de sommeil. Je m’empressais de remonter à l’étage et d’aller le coucher. Dans un mouvement d’une infinie tendresse, je lui caressai doucement le haut de son crâne duveteux. La paisibilité de cet enfant me gonflait toujours le cœur d’une chaleur extrême. Lorsque je descendis de nouveau, Derek s’affairait dans la cuisine. Comme il l’avait dit, il préparait le petit-déjeuner. Je m’installai à ses côtés sur la table de la cuisine et saisit mon café bien noir comme je l’aimais, tout fumant, puis je fixai mon regard sur mon compagnon.
 
« Pourquoi tu as dormi sur la balancelle ? Tu n’avais pas tes clés ? » lui demandai-je avec une curiosité que j’avais besoin d’assouvir.
 
Je me sentais un peu coupable de ne pas être descendue lui ouvrir pendant la nuit, mais jamais je n’aurais pensé qu’il toquait à la porte car il ne pouvait pas rentrer à la maison. Il avait toujours ses clés sur lui et sur le moment je m’étais dis que c’était sans doute sa façon de s’annoncer. Je fronçai légèrement les sourcils et portai ma tasse de café à mes lèvres en l’écoutant me dire que sa voiture était tombée en panne. Derek enchaina ensuite en me racontant les détails de son escapade. Je m’empêchai de faire des commentaires qui seraient certainement sorti bien plus agressifs que je ne l’aurais voulut de ma bouche. Je préférai me taire et lui laisser une totale chance de s’expliquer, même si ce que j’entendais ne me faisait pas plaisir. Je sentais mes mains se serrer un peu plus autour de ma tasse à fur et à mesure que son histoire avançait. Puis il termina en s’excusant. Je ne pu réprimer un rire jaune que je tu en buvant une autre gorgée de mon café. Peut-être devrais-je abandonner le café et boire une camomille au vu du contexte ?
 
« Un peu rude … c’est rien de le dire. Tu te rends compte que cette escapade est juste … hallucinante ? Je sais même pas comment je dois réagir à tout ça. Je ne savais pas comment réagir à tes sms et je ne sais toujours pas là maintenant. »
 
J’avais envie de hurler de colère, je me sentais trahie quelque part qu’il ait pu avoir de telles pensées envers d’autres hommes mais aussi parce qu’il se sentait totalement incapable de se contrôler qu’il avait dû utiliser … une ceinture de chasteté ? C’était juste totalement incroyable.
 
« Je devrais peut-être moi aussi aller fumer un petit joint parce que tu viens de me contrarier, tu crois pas ? Ca m’aiderait peut-être à encaisser tout ce que tu viens de me dire, tu sais dans ce moment de détresse que je vis … »
 
Ok, j’étais peut-être pas sympa avec mon ton cinglant mais au fond de moi tout cela me touchait et j’activais le meilleur moyen de défense que j’avais sous la main pour essayer de me protéger. Je ne pouvais m’empêcher d’avoir peur de le perdre de nouveau. De revivre cet enfer que j’avais vécu lorsque Thompson avait surgi dans sa vie. J’avais essayé de faire des concessions mais tout avait finis par s’embraser et je m’étais retrouvé sur le banc de touche, le cœur endolori.
 
« Ecoute, je n’ignore pas que tu as des désirs pour les hommes. Je connais cet aspect de toi, mais tout ce que tu me dis là ébranle considérablement la confiance que je te porte et que tu as eu tant de mal à regagner. Tu me dis avoir été sur le point de craquer, comment je peux être certaine que la prochaine fois ce ne sera pas le cas ? » Je regardai Derek, le fixant intensément dans les yeux. « De plus, cela me fait me demander si tu es vraiment heureux de la vie que tu mènes avec moi … Si tu as eu tant de mal à te contenir, n’est-ce pas parce que tu as envie de plus que notre vie peut te donner ? »
 
Je ne voulais pas le garder prisonnier d’une vie qui ne le comblerait pas entièrement. Je n’en avais pas le droit. Je ne pouvais pas lui imposer de rester avec moi et Maxence juste parce que je le voulais. Et je ne pouvais pas non plus le forcer à être quelqu’un qu’il n’était pas.

J’avais clairement du mal à digérer tout ce que je venais d’entendre. Je confiai à Derek mes craintes quand au bonheur qu’il pouvait ressentir à se cantonner à une vie de famille avec moi. Peut-être n’était-ce pas suffisant à ses yeux ? Peut-être qu’il avait besoin de plus, de choses que je ne pouvais lui offrir. Derek me répondit que ce n’était pas le cas. Ses mots me réchauffèrent le cœur. Je savais qu’il disait cela avec une entière sincérité et honnêteté. Mais, il finit par avouer qu’il était tout de même en manque d’homme dans sa vie. Il me tendit un morceau de croissant qu’il avait taillé en cœur. J’esquissai un petit sourire et regardai la viennoiserie que je tenais entre mes doigts pendant quelques instants.
 
« Si cela te perturbe c’est peut-être parce que tu es insatisfait de la vie que tu mènes actuellement Derek. »
 
Je soupirai légèrement et mangeai le bout de croissant puis mes revinrent se poser autour de ma tasse de café. Je n’en revenais pas de m’entendre dire ce que je venais de dire mais je ne pouvais pas me mentir à moi-même. Je savais au fond de moi qu’il avait besoin de plus, même s’il semblait dire le contraire.  Enfin … Mon compagnon finit par avouer qu’il avait peut-être besoin à assouvir, des besoins qu’il avait réprimé ses dernières années mais qui étaient toujours bel et bien là. Je terminai de boire ma tasse de café bien noir.
 
« Ecoute Derek, c’est en effet beaucoup tous ça. Tu le sais, ce qui s’est passé il y a de cela quelques années m’a vraiment fait beaucoup de mal … » Je ne citai pas le nom de Thompson mais il comprenait sans doute de quoi je voulais parler. « Je t’aime, je t’aime vraiment beaucoup. J’aime notre vie, j’aime pouvoir me dire que je vais vieillir à tes côtés, j’aime te voir avec Maxence et je ne veux pas perdre tout ça. J’ai mis du temps à te laisser reprendre une place dans ma vie et même si aujourd’hui tu l’as, je n’en reste pas moins fragile, avec une peur au ventre qui me fait redouter de te voir choisir un homme ... »
 
Je me levai de ma chaise pour aller remplir de nouveau ma tasse de café. Je saisis la bouteille de jus d’orange au passage et me versa un verre que je m’empressai de boire d’une traite. Il vaudrait mieux que je n’enchaine pas trop vite la caféine. Je m’assis de nouveau sur ma chaise, saisit ma fourchette et commença à couper mes œufs posés dans mon assiette.
 
« Je ne veux que ton bonheur et je sais que ton bonheur passe par la satisfaction de pouvoir assouvir tes besoins. Je ne veux pas être une femme égoïste et te forcer à rester dans une vie qui ne te comble pas. Je ne peux pas. Et je ne veux pas non plus à me questionner sans cesse lorsque tu ne seras pas à la maison, me demandant si tu n’es pas entrain de voir un homme derrière mon dos … »
 
Je levai mes yeux vers Derek et plongeai mon regard dans le sien. Je sentais mon cœur se serrer dans ma poitrine et mon pouls s’accélérer un peu plus. Je voulais pouvoir équilibrer notre vie de couple, je voulais pouvoir être tolérante et ouverte d’esprit même si tout cela me faisait mal …
 

Je ne pouvais pas ignorer que Derek m’aimait profondément, il me le montrait encore une fois en me disant vouloir faire passer mes besoins avant les siens, quitte à les réprimer. Il m’affirmait ne pas avoir de regrets à vivre sa vie à mes côtés. Peut-être aujourd’hui, mais quand serait-il dans plusieurs années ?
 
« Tu dis ça maintenant, mais un jour ou l’autre ce sera plus fort que toi et ce qui arrivera, arrivera … »
 
Je soupirai légèrement. Je ne voulais pas le brider, je ne voulais pas qu’il vive en fonction de moi. Je voulais qu’il soit lui-même. Aimer une personne c’était ça … l’aimer et l’accepter dans son entièreté, même si cela était difficile.
 
« Ecoute … J’y pense depuis l’histoire de Thompson … Pourquoi ne pas se mettre d’accord pour nous ouvrir à d’autres ? Je te laisse la possibilité de faire ce que tu veux avec qui tu veux, tant que je reste ta priorité. »
 
C’était une idée qui m’était venue en tête à l’époque et qui n’avait cessé de quitter mon esprit. Car même si on en parlait plus, mes doutes, mes craintes avaient toujours été là. Je m’étais préparée à ce que ce moment arrive. Derek accepta et une longue discussion s’en suivit. On établit des règles pour chacun de nous. Je souhaitais que les choses soient claires, qu’il n’y ai pas d’ambiguïté entre nous. Ensuite, Derek me raconta la suite de l’histoire de son escapade. Je fronçais les sourcils.
 
« Ton frère est vraiment un homme bien immature d’agir de la sorte. »
 
Qui engrenait son frère dans ses plus sombres travers ? Ne savait-il donc pas que Derek essayait de s’en sortir avec ses démons pour qu’il le pousse de la sorte à la tentation ? Je n’avais pas une très bonne image de lui là … J’entendis Maxence tousser dans le babyphone et je tendis l’oreille un court instant. Pas de pleurs. Il dormait toujours. Derek me demanda ensuite si j’allais me tenir à un seul amant. Je levai les yeux au ciel.
 
« On verra. J’ai aucune réponse à t’apporter. »
 
Je terminai ma deuxième tasse de café qui avait bien refroidie. L’idée de fréquenter un autre homme était encore loin et presque irréaliste pour moi. Je n’avais jamais fait ça, j’avais toujours été la femme d’un seul homme. Pour moi, la fidélité était importante. Pour le coup, ici il ne serait plus question de fidélité. La fidélité serait résumée par l’honnêteté que nous mettrions dans notre couple.