J’étais à Londres avec Hayden lorsque j’avais reçu cet appel de ma sœur qui m’informait à propos de l’état de ma mère. On ignorait ce qui se passait au niveau de sa santé mais elle était aux soins intensifs depuis plusieurs jours déjà. Après avoir appris la nouvelle, je n’avais pas hésité une seule seconde à tout lâcher à Londres pour retourner ici auprès de ma famille. J’avais passé les deux derniers jours à l’hôpital question de tenir compagnie à ma mère bien qu’elle ne faisait que dormir si ce n’était pas pour manger de temps en temps de faibles portions. Son système s’était affaiblit au point où elle ne se ressemblait plus, elle me faisait beaucoup de peine à la voir surtout que je me sens tellement impuissante dans cette situation. Mes journées se résumaient à me lever, aller voir ma mère, retourner pour faire à manger à ma sœur… et essayer de dormir le soir. Bien que c’était beaucoup trop difficile la plupart du temps.

Je commençais à prendre conscience de ce qui était en train de se passer. Ma mère n’allait pas mieux… j’avais lâché l’école et mon boulot à Miami pour me rendre à Londres mais j’étais maintenant de retour… et je n’avais plus rien ici, plus rien même pour aider ma mère avec l’appartement, surtout que cette dernière ne travaillait plus donc ne touchait plus son faible salaire avec lequel elle n’arrivait même pas à tout payer. J’étais dépassé par les évènements car en dépit de tout ça, j’avais l’impression de me retrouver seule au monde. Ma sœur me parlait à peine, je ne savais plus où m’en tenir avec Hayden. J’avais déçu India… Nathaniel, c’était un gros con. Il me restait Madison mais cette dernière était tellement déjà trop occupée que je ne voulais pas la déranger.

En sortant de l’hôpital cette journée là… j’avais l’impression d’étouffer. J’avais les larmes aux yeux, l’esprit bourré… je commençais à paniquer. À ne plus savoir quoi faire. J’avais donc rangé les clés de ma voiture pour emprunter un chemin dans la forêt. Je savais très bien où menait ce chemin, je l’empruntais autrefois en faisant mon jogging. Il menait jusqu’au lac où j’arrivai quelques secondes plus tard. Je laissai tomber mon sac au sol, et mon corps aussi par le fait même. Assise sur le bout d’une grande roche, je regardai plus loin et c’est à ce moment, alors que je pensais être seule au monde que je mis à pleurer. Que je me permis de me laisser aller. Je tentais continuellement de me montrer forte pour ma sœur, pour ma mère. Essayer de montrer que j’étais en parfait contrôle de la situation mais ce n’était pas le cas. Je paniquais, je ne savais plus quoi faire. Je courrais après ma respiration tandis que les larmes roulaient sur mes joues. Je sursautai alors en entendant des branches craquer derrière moi. Moi qui pensais être seule, ce n’était pas le cas. Je me tournai aussitôt pour voir un jeune homme debout, qui me regardait avec de gros yeux, peut-être aussi surpris que moi de croiser quelqu’un?

« Je suis désolée… c’est une propriété privée? » dis-je en commençant à me lever de sur la grosse roche.

Après tout, je ne m’étais renseigné à savoir si l’endroit appartenait à quelqu’un. C’était surement le cas d’ailleurs. Je ne voulais pas avoir encore plus de problèmes.

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Je questionnai l’individu devant moi à savoir comment il savait mon nom. Car bon, j’avais beau être chambouler, je l’avais bien entendu m’appeler. Ce n’était pas un hasard non plus car bon j’avais un prénom de petit gars. Le « e » n’enlevait rien à la fin de mon nom. À partir du lycée, lorsqu’il était le temps de prendre les présences, on cherchait continuellement un petit garçon et il y avait toujours ce visage de surprise de la part des enseignants lorsqu’il voyait ma longue chevelure rousse lever la main. Avant 14 ans, je n’avais pas ce problème mais ça… c’était une autre histoire. Il avait proposé qu’on marche pour discuter… je ne savais pas trop pourquoi, mais j’avais accepté. Je ne savais pas trop si j’allais réellement parler avec lui, mais je me sentais seule et d’avoir la compagnie de quelqu’un me faisait beaucoup de bien. Je n’avais que Françoise, une collègue infirmière à ma mère pour m’offrir un semblant de support moral lorsqu’elle venait me porter des moccacino dans la chambre de ma mère mais cette dernière me regardait toujours avec pitié et ça n’avait rien de bien encourageant.

« Tu sais, je crois que justement… j’ai tapé le fond. »

Rien ne pouvait être pire. À part que ma mère meurt… ça serait bien ça le comble. Que je me retrouve orpheline. Oui, j’avais toujours mon père, mais il était mort à mes yeux donc ça revenait à la même chose. Tout était en train de partir de travers et je ne pouvais rien y faire. Cette pensée m’arracha un long soupire mais je fus sortis très rapidement de mes pensées par mon compagnon de marche qui fit face à face avec le sol. Je sursautai en me penchant comme pour lui offrir mon aide mais ce dernier se leva à la vitesse éclair en disant qu’il avait deux pieds gauches.

« Est-ce que ça va? Je crois que tu as déchiré ton pantalon. » dis-je en pointant le trou encerclé de terre au niveau de son genoux.

Nous marchâmes un petit moment en silence. Ça faisait étrange de passer du temps ainsi avec un parfait inconnu. Je ne savais rien de lui et il semblait un peu maladroit, pas seulement avec le contrôle de ses pieds… mais de manière générale. En même temps, nous avions des amis communs si nous nous étions vu dans une fête donc je ne devais pas craindre quoi que ce soit d’être seule dans les bois avec lui non? D’un autre côté, ce n’était pas parce qu’il avait une babyface qu’il ne cachait pas de couteau dans ses poches. C’était surement moi aussi qui avais l’imagination trop fertile. Il faut se le dire : c’était l’endroit idéal pour un prédateur : une jeune femme vulnérable seule dans les bois… un lac à porter pour cacher le corps… J’avalai aussitôt ma salive en me tournant vers le jeune homme qui était assis à l’autre extrémité du banc. Peut-être avait-il les mêmes pensées que moi et me voit-il comme une possible tueuse en série ? C’était peut-être mon stratagème de faire semblant de pleurer pour attirer les hommes roses aux cœurs sensibles prêts à tour pour sauver la fille d’une peine immonde. Ou peut-être aussi que je puais… Mhm…

« Tu connais mon nom, mais j’ignore le tien. Tu t’appelles comment? »

Après tout, c’était la base, non? Avant qu’il me réponde, j’ajoutai :

« Oh, et je suis désolée de n’avoir aucun souvenir de toi. J’ignore si on avait discuté ensemble ou quoi que ce soit mais si c’est le cas, je ne devais pas être dans mon état car j’ai souvent une très bonne mémoire pour les prénoms et les visages. »


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Bon, c’était un peu dommage pour son pantalon. Surtout qu’il affirmait avoir uniquement trois paires. Je pouvais comprendre ça… je ne devais pas en avoir beaucoup plus et dès que j’avais le malheur de tâcher un chandail ou e trouver un vêtement, c’était un peu comme une mini fin du monde. À avoir de l’argent, je lui aurais proposé de l’aider… mais ce n’était pas le cas donc je n’ajoutai rien, me contentai d’aller m’asseoir sur le banc tout en lui demandant son prénom car bien qu’il disait m’avoir déjà rencontré, j’en avais plus le moindre souvenir. Il s’appelait Edward, Edward comme dans Twilight.

« On doit te la faire assez souvent, non? »

Car pour qu’il mentionne que c’était comme Twilight automatiquement,  il devait bien y avoir une raison. Il avait réussi à m’arracher un semblant de petit sourire, ce qui me surprit puisque je ne pensais pas ça possible depuis plusieurs jours. Simplement, ça me rappelait es souvenirs et à bien regarder mon compagnon, je trouvais qu’il avait des ressemblances avec monsieur Cullen. Élancé, maigre… assez pâle avec les yeux brun doré. Je n’allais quand même pas lui passer le commentaire et puis moi, j’avais toujours été plus branché Jacob Blake. Un beau bronzé musclé… ça se rapprochait de mon genre d’homme. N’empêche, Edward que j’avais sous les yeux restant charmant avec sa babyface. Ce dernier affirma de ne pas m’en faire, qu’il passait assez inaperçu.

« Avec la chute que tu as fait, j’en doute. »

Je le regardai avec un petit regard légèrement amusé. Puis, ce dernier me demanda ce qui se passait. Pour un jeune homme qui semblait très timide, c’était assez surprenant qu’il prenne l’incitative de vouloir m’écouter. En même temps, je ne connaissais strictement rien de lui donc je ne pouvais pas me montrer surprise de sa manière d’être, si ça se trouvait, il pouvait avoir de bons conseils, une bonne écoute. Je me lançai.

« Est-ce que tu as déjà eu l’impression d’être littéralement en train de de t’engouffrer, de taper le fond… et de te sentir vulnérable et impuissant au point où tu ne vois plus du tout la lumière? »

Bon, ça sonnait très déprimant dit comme ça mais c’était le seul moyen que j’arrivais à exprimer ce que je pouvais ressentir. Peut-être aussi que je faisais une dépression? Ça ne serait pas surprenant avec tout ce qui se passait.

« J’ai jamais été la fille la plus chanceuse au monde, mais j’étais sensiblement heureuse à Miami. Puis, j’ai quitté en passant que tout serait encore mieux ailleurs et voilà que je reviens ici… et que j’ai tout perdu. »

J’étais vague… mais je ne savais pas si j’étais à l’aise de lui parler concrètement de ce qui se passait. Je ne le connaissais pas du tout et s’il y avait bien une chose que j’avais appris c’était qu’on ne pouvait faire confiance à personne ici. Parfois, même pas à soi-même.  Je soupirai en regardant mes doigts entremêlés pour finalement tourner la tête et croiser l’espace de quelques secondes le regard d’Edward. Ce dernier baissa aussitôt la tête, comme si mon regard l’intimidait, je ne savais pas trop…

« Tu n’as pas enduré mes états d’âme Edward, tu sais. Si tu es venu ici, c’était bien parce que toi aussi, tu avais besoin de temps pour toi, non? »



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J’avais secoué la tête à ce qu’il m’avait dit. Pas d’amis… et peu de famille. En fait, j’avais des amis… mais disons qu’ils se faisaient plutôt rares dernièrement. Avec l’appel que j’avais eu de Nathaniel qui avait décidé de me retirer de sa vie, tout comme sa sœur et comme Ryan. J’étais un peu perdu et je ne savais plus trop vers qui me tourner. Ma relation avec Hayden était très étrange donc bon. Il ne me restait plus grand-chose mis à part mes amies d’école mais ce n’était pas la même chose. Je soupirai parce que je ne voulais pas ennuyer Edward à mes côtés qui se montrait beaucoup trop gentil alors qu’il n’était pas du tout obligé. On ne se connaissait pas lui et moi et il se montrait plus à l’écoute que la plupart de mes amis réunie.

« Je suis pas si bien entourée mais je te remercie pour le reste. Je tente d’être forte à nouveau mais quand l’espoir tombe… la force aussi. Tu comprends? »

J’avais baissé le regard. On disait que c’était l’espoir qui faisait vivre et je le croyais de plus en plus. J’avais l’impression de mourir un peu à l’intérieur de moi. Je n’avais jamais eu une vie bien bien rose mais jamais je me serais douté descendre aussi bas. J’avais toujours réussie à trouver mon bonheur un peu partout dans les petites choses mais là… il était de plus en plus difficile à trouver.

« J’apprécie ta présence et non… j’en ai marre de rien entendre. Parle-moi. »

C’était un peu étrange de demander ça comme ça. Je sonnais un peu désespérer. Je l’étais en même temps. Je regardai mes mains et des larmes se remirent à couler. Je pleurais tellement souvent que je me disais bien qu’un bon jour, j’allais plus avoir de larmes à pleurer et pourtant! Je me pinçai les lèvres et après quelques instants de silence, je retournai la tête vers le jeune homme à mes côtés.

« Ma mère est hospitalisée et on ignore ce qu’elle a. J’étais à Londres et j’ai tout quitté pour venir m’occuper d’elle et ma sœur. Plusieurs de mes amis ont jugés bon de me supprimer de leur vie. Je ne sais pas quelle image tu t’es fait de moi… mais je crois qu’elle est fausse. J’ai loin d’avoir la petite vie parfaite qu’on pense que j’ai. »  

Je pris mon sac à main que je posai sur mon épaule pour finalement me lever. J’en avais marre qu’on pense que je l’avais facile… que je ne souffrais pas car j’avais tout sous la main. Je n’étais pas comme ça, je n’avais pas cette chance. Et pourtant, je m’étais battu longtemps pour pouvoir ressembler à tout le monde. Finalement, ça n’apportait rien de bon.

« Je pense que je vais rentrer chez moi. Merci pour l’écoute Edward. »




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