C’était surprenant de voir à quel point quelqu’un pouvait se faire une image d’une autre personne uniquement parce ce que cette dernière dégageait et qu’au final, rien de tout ça n’était vrai. Je n’avais pas de petite famille parfait. Mon père nous avait abandonné quand j’avais 12 ans pour une autre femme qu’il avait mis enceinte. À partir de ce moment-là… j’avais arrêté de lui parler, c’était devenu assez maladif puisque j’avais fait beaucoup de changement dans ma vie et ce, drastiquement. J’étais clairement le genre de personne que lorsqu’elle était déçue, elle pardonnait très difficilement. Du moins, c’était presque jamais arrivé que je pardonne complètement à quelqu’un qui m’avait souffrir. J’étais incapable de le faire avec mon propre père donc ça pouvait en dire long sur la chose. J’écoutai attentivement Edward qui me disait de belles choses, de belles choses qu’on m’avait rarement dit ou voir, même… jamais. C’était un peu triste quand on y pensait qu’il fallait que ça soit quelqu’un sortit de nulle part comme ça qui me dise ce que je rêvais de me faire dire depuis longtemps. Et pourtant, j’avais les paroles de Nate qui raisonnait dans ma tête aussi comme quoi je n’avais pas été spéciale. Tant de contradictions dans mon petit cœur.

« J’apprécie ce que tu me dis Edward. On a rarement été aussi gentil avec moi. Mais je commençais à croire que j’étais le problème et quelqu’un ne s’est pas gêné pour me confirmer que oui. Peut-être que je suis tout simplement fait pour rester seule. »

Pas d’amis, pas d’amour… pas de gens à aimer… ni personne pour m’aimer en retour. Bon, je broyais du noir mais dans la situation où je me trouvais, je ne voyais pas comment faire autrement. Je me trouvais tellement ridicule que je m’étais levée pour placer mon sac sur mon épaule et regarder Edward, dans le but de lui dire que j’allais rentrer chez moi. Je ne voulais pas lui faire endurer ma négativité plus longtemps. Ce dernier s’était levé au même moment et, alors que je pensais qu’il allait me saluer, il me proposa d’aller prendre une glace. J’avais haussé les sourcils, bien surprise. Je n’eus même pas le temps d’ajouter quelque chose qu’il commença à s’excuser. Je secouai aussitôt la tête.

« Non… ce n’est pas ça… c’est que je ne peux pas mais j’aurais aimé. »

Il était la seule compagnie que j’avais. Il avait beau être un peu étrange, ça ne me dérangeait pas du tout. Mais bon, voilà… Edward me questionna du regard et ça me prit tout mon courage pour lui dire la raison. Je ne disais jamais ça… mais j’avais l’impression que le jeune homme devant moi n’était pas du genre à rire de moi ou bien à me juger. Peut-être aussi que je me trompais et qu’il allait tout balancer à tout le monde mais ça… rendu où j’en étais… c’était même plus un souci.

« Je ne crois pas avoir assez d’argent pour pouvoir m’en acheter une… j’ai... euhmm… »

Je baissai la tête en fronçant les sourcils. Je venais de dépenser le 50$ qui me restait afin d’essayer de faire une petite épicerie pour ma sœur et moi afin de passer la semaine. Je devais attendre mercredi afin d’avoir ma dernière paye de mon boulot à Londres et ensuite, je ne savais pas trop ce que j’allais bien pouvoir faire. Edward me proposa aussitôt de payer et je secouai la tête.

« Quoi? Non… je ne disais pas ça pour que tu te proposes Edward. T’as pas à me payer une glace…on se connait à peine. Tu devrais garder ton argent pour t’acheter un nouveau pantalon! »  



.

Je ne pouvais tout simplement pas accepter qu’Edward me paye une glace. C’était un peu un choc sur l’orgueil que de lui expliquer que je ne pouvais même pas sortir un 3$ de ma poche dans le but de m’offrir une glace. J’étais vraiment trop serré dans mon budget pour m’offrir des luxes non-nécessaire. Pourtant, ce dernier insista en disant que ça serait bien triste pour lui d’aller manger seul. J’aurais pu lui répondre qu’il n’avait tout simplement pas à y aller mais c’était un peu méchant et il ne méritait pas de méchanceté, il semblait d’ailleurs être une petite perle sur deux pattes… avec une patte de pantalon déchirée. Ça faisait son charme!

« Bon, puisque tu ne veux pas être seul… »

J’avais donc accepté d’un signe de la tête et ça semblait lui faire plus que plaisir. Pourtant, ce n’était pas comme si j’étais d’une bonne compagnie! Bref, nous quittâmes les lieux pour retourner en ville vers une crèmerie où nous passâmes notre commande. C’était un petit cornet de crème glacée au chocolat pour moi. Si je pouvais bien manger quelque chose jusqu’à la fin des temps, c’était bien ça. Et puis, je trouvais que la crème glacée en soit avait quelque chose de réconfortant. Le stéréotype de la fille en peine d’amour avec la bouche pleine de glace ne sortait pas de nulle part, c’était bien clair. Edward me questionna à propos de ma mère alors qu’on attendait pour recevoir nos trucs.

« J’espère aussi. Pour le moment, elle est sous observation donc oui, je vais rester à Miami. Je dois me trouver un nouveau boulot et essayer de trouver un moyen de reprendre l’école malgré que les inscriptions soient terminées. »  

Je ne pensais pas que ça allait être possible. Dans le pire des cas, j’allais essayer à nouveau à l’hiver. J’avais probablement mes chances. De toute façon, c’était plus la recherche d’emploi qui était une priorité. La demoiselle nous donna nos cornets et mon compagnon s’occupa de payer le tout. Je le regardai faire et lorsqu’il se tourna vers moi, je croisai son regard et je lui souris quelque peu.

« Merci pour ça… je vais t’en devoir une! »

Et j’étais bien sérieuse là-dessus. Après tout, il était un peu étrange mais il était loin d’être méchant en soi et pour l’instant, il était le seul à bien vouloir m’écouter et me consoler. Ça me faisait bien plaisir. Nous traversâmes la rue pour continuer à marcher dans le petit parc.

« Et toi, qu’est-ce que tu fais dans la vie? »

Car je lui parlais depuis bientôt une heure et j’ignorais tout de lui… et il avait le don de m’intriguer.


.

C’était fascinant d’avoir un détective privée devant moi. Il avait bien raison, l’infidélité ne venait pas uniquement des hommes bien que les seules histoires dont j’avais été témoin en résultait de la faute d’un homme. Je voulu faire une blague à Edward mais ce dernier semblait un peu paniqué en posant ses mains au niveau de son entre jambe. Limite s’il pensait que j’allais tenter de le déshabiller ici. Il n’était pas mon genre d’homme, il n’avait pas à s’en faire avec ça. Le sujet changea et je lui expliquai quelques malheurs de ma vie. Disons que d’en parler, ça me faisait du bien, mais ça me rappelait aussi à quel point ma vie était merdique. Edward se mit à me consoler, me proposant même l’aide de ma sœur. J’avais foncé les sourcils en tournant la tête vers lui.

« Tu sais que j’ai une sœur? Tu la connais? »

Eh non, il rectifia le tout en disant qu’il ignorait ma situation familiale, à savoir si j’étais enfant unique ou pas. N’empêche, c’était un peu étrange mais je n’en fis pas un plat, préférant terminer mon cornet en haussant les épaules.

« Oh… eh bien. Ma sœur n’est pas très sérieuse. Elle n’est pas vraiment capable de garder un boulot stable. Ça toujours été ça…c’est plutôt moi qui s’occupait de ce genre de chose. »

En fait, il n’avait jamais été question de discuter du fait qu’elle pouvait possiblement aider à tout payer. Si j’avais fait tout ça dans ma vie, c’était principalement pour offrir un semblant de vie normale à ma sœur, qu’elle n’ait pas à se stresser avec ce genre de chose. Elle était ma petite perle et je voulais la protéger contre tous les problèmes, tous les dangers. Je regardai rapidement mon téléphone, une fois mon cornet de crème glacée terminé.

« Je dois retourner à l’hôpital, c’est l’heure du repas à ma mère donc si je suis chanceuse, je vais pouvoir discuter un peu avec elle. »

Je m’étais levée pour faire quelques pas vers la droite dans le but de jeter ma serviette et revenir vers Edward qui s’était levé à son tour. Je lui fis un petit sourire.

« J’ai été heureuse de te rencontrer Edward. J’espère qu’on se reverra. »

Je m’avançai vers lui pour lui faire la bise mais je le sentis se raidir à peine lui avais-je embrassé sa première jour. Je me redressai alors en fronçant les sourcils. Je ne voulais pas le rendre mal à l’aise et pourtant, sa réaction me fit bien comprendre que je n’aurais probablement pas dû lui dire au revoir de cette façon.

« Est-ce que ça va? »


.