Je me montrais confiant devant elle, je voulais quand même lui montrer que j’étais capable de le faire c’était sans doute de l’orgueil qui me poussait à être ainsi, mais j’avais envie de l’impressionner un peu.
"Est-ce que tu insinues que je serais trop lourd à sortir de l’eau? JE peux nager malgré tout et qui te dis que je ne vais pas t’attirer à l’eau avec moi? "
Avais-je dit en lui faisant un petit clin d’œil. Je suivis le guide Yoko qui nous dépassait et alla nous attendre sur le pont du voilier. Un vieil homme fit un signe de la main à Adèle pour la saluer, j’avais gentiment souri à l’homme poursuivant ma route vers la quatrième passerelle. Je passai d’abord ma mauvaise jambe à bord m’assoyant sur le bord du bateau, puis j’entrer ma bonne jambe par la suite. J’étais content de pouvoir m’asseoir. Je commençais à avoir mal à ma jambe alors je fouillai dans ma poche pour en sortir mes cachets pour la douleur que j’avais mis dans un petit zipploc comme je comptais déjeuner au restaurant. J’avais souri à Adèle qui m’aidait à m’installer sur la terrasse.
"Si tu en fais pour toi je vais en prendre. Je te prendrais un verre d’eau pour prendre mes cachets s’il te plaît! "
Yoko s’approchait de moi comme à chaque séance à la clinique, puis comme à chaque fois, je lui caressais généreusement la tête..
"C’est un bon chien que tu as là… même s’il nous arrose et nous envoie plein de sable au passage… Tu ne voulais pas me passer un chandail déjà? "
Voulait-il vraiment un réponse? En gros, je lui fis un sourire et un vague haussement d'épaule avant de dire quoi que ce soit.
"Tu n'oserais pas..."
La profondeur de la baie s'élevait à plus de 5 mètres ici-même et surtout, l'eau était plus ou moins appétissante considérant la quantité de navire qui y flottait. Autant je n'avais pas envie de le voir s'essayer à la nage aujourd'hui que je ne voulais pas être mouillée.
Bien vite, nous rejoignions le navire. Je m'assurais qu'il soit bien installé, tout comme Yoko qui venait égoïstement mettre sa grosse tête mouillée sur les genoux de notre invité. Quand il me parla, je dû froncer les sourcils, il caressait Yoko et ne me regardait pas directement. J'eus un court délais avant de remettre en ordre les mots que j'avais cru comprendre. "De l'eau et un chandail? J'ai tout ça à l'intérieur... tu peux m'attendre ici!"
Répondis-je avant de l'abandonner à lui-même quelques instant. Sans attendre, Yoko me suivit, j'étais sa maman et sa protéger à la fois, il ne pouvait pas se passer de moi, comme je ne pouvais pas me passer de lui. Je m'arrêtais à la salle de bain pour laisser le surplus de liquide de la veille sortir de mon corps. Vraiment! Ça commençait à urger! Puis, j'avais été dans ma chambre pour chercher un chandail qui ferait l'affaire. Je savais que mon frère en avait laissé quelques vêtements qu'il était venu et il me suffisait de le retrouver. Finalement, je lui trouvais un t-shirt blanc et pris une serviette pour qu'il puisse retirer ses shorts sans devoir s'exhiber devant tout le monde. Avant de sortir, je pris le temps de boire un large verre d'eau et d'avaler 2 advils pour la migraine qui ne tarderait pas. Je revenais sur le pont avec ce qu'il m'avait demandé et posait le tout sur le table. Après deux autres courts aller-retour, la table fut mise et les céréales posés sur la table, je m'installer sur la banquette à la gauche de mon inviter. Je versais une bonne quantité de Lucky Charm et de lait au creux de mon bol et avant d'y plonger ma fourchette, je m'arrêtais à lui poser une question.
"Je ne sais pas si c'est trop de curiosité de te le demander mais tu te rappelles de comment c'est arrivé? Le jour où tu as été blessé?"
Je n’avais pas pu m’empêcher de rire alors qu’elle me dit que je n’oserais pas^^. Si elle voulait parier, je pourrais être capable de le faire, mais sinon je n’allais pas vraiment oser. L’eau me semblait profonde et elle avait l’air dégueulasse.
"Je pourrais, mais je ne suis pas vilain."
Lorsque j’avais caressé la tête de Yoko et que je parlais à Adèle en même temps, elle ne semblait pas avoir compris du coup, elle avait mis un peu plus de temps avant de me répondre. Elle me dit même que je pouvais l’attendre ici. Où voulait-elle que j’aille de toute façon? J’étais confortable là où j’étais alors j’allais l’attendre sagement. D’ailleurs, elle n’avait pas tardé à s’éloigner et Yoko m’avait abandonné pour la suivre par la même occasion. Je regardai un peu autour de moi, elle devait sans doute se mettre à son aise après tout, elle n’avait pas passé la nuit ici. Lorsqu’elle était d’abord revenue avec l’eau et le chandail, j’avais tout de suite pris mes cachets pour la douleur.
"Merci, on me dit que dès que ça commence à faire mal, je suis mieux de soulager la douleur tout de suite que d’attendre trop longtemps…"
J’en profitai ensuite pour retirer ma prothèse et la chaussure sur ma jambe gauche pour faciliter le retrait de mon short. Je m’Étais couvert et j’avais retiré mon short. Bien que je sois en boxer en dessous, elle ne souhaiterait sans doute pas que je me montre à ses voisins dans cette tenue^^ que diraient-ils? Bref, elle venait de finir de mettre le petit-déjeuner sur la table lorsque je retirai mon chandail mouillé pour ensuite enfiler celui qu’elle me tendait. JE me suis ensuite frotté la jambe retirant le petit bas autour de mon moignon pour laisser le tout respirer. C’était un peu rouge, mais c’était beaucoup moins enflé qu’avant. Elle me demanda ensuite si je me souvenais du jour où j’avais été blessé.
"Honnêtement… Je me souviens de l’avant, pas tellement du pendant. On était en train de traverser un village et je marchais à côté du Humvee… Il y a d’abord eu des tirs et on était en train de riposter quand il y a eu l’explosion tout près de moi. Puis je ne me souviens d’avoir repris connaissance sur le camp avant qu’on ne me mettre dans l’hélico pour m’envoyer à l’hôpital. J’ai fait le trajet vers l’hôpital Landstuhl en Allemagne.. C’est un hôpital qui appartient à l’armée américaine. On m’a opéré après m’avoir dit qu’on ne pouvait pas sauver ma jambe et que si on attendait plus longtemps, on devrait couper au dessus du genou possiblement…. J’y ai passé trois jours avant qu’on me rapatrie au pays… "
Quand il retira son chandail, je fis mine de caresser la tête de Yoko. Pas question de le dévorer du regard comme une vicieuse en manque de sexe. Non pas qu'il me rendait mal à l'aise, mais dieu du ciel qu'il avait un corps à en baver et je n'avais pas envie qu'il puisse lire dans mes pensés. Je reviens à ma petite cuillère pour une autre bouchée lorsqu'il commença son récit sur son accident. Toute cette histoire relevait du film de guerre hollywoodien classique, le genre d'histoire qui n'arrive qu'aux autres jusqu'aux jours où le vie nous fait réaliser qu'elle est une salope. J'écartais les yeux, horrifiée et surprise à la fois. Il avait dût souffrir le martyr et dire qu'aujourd'hui, il reprenait courageusement sa vie en main. Bientôt, il remarcherait sans même qu'on puisse se douter de la présence de sa prothèse.
"C'est choquant de croire que des gens vivent dans des endroits aussi dangereux et que d'autres comme toi donne leurs vies pour notre pays... il faut croire que la vie nous offre des défis desquels ont se relève plus fort! Ta famille était présente pour toi à ton retour?"
Il ne m'avait jamais parlé de s'il avait une fratrie ou des parents encore vivants. Son histoire me replongeait dans mes souvenirs d'adolescentes, me rappelant la nuit où je m'étais réveillé du coma. En se réveillant, lui avait perdu une jambe, moi, un de mes sens et aucun mot de pourrait décrire à quel point je m'étais sentis anéanties et désorientés. Heureusement, j'avais eu une famille présente et aimante pour m'aider dans toute les étapes de ma rééducation. Aujourd'hui, je ne le voyais plus comme un malheur mais probablement une chance qu'on m'avait offert de voir le monde différemment. D'ailleurs, Yoko quitta mes côtés se dirigeant vers l'intérieur du voilier. À la porte, il se retourna, jappant 1 fois puis revenant à mes côtés pour me pousser le bras du museau. Qu'est-ce qu'il avait bien pu entendre? La cafetière? Il recommençait sa petite mascarade, retournant à l'entrée de la loge puis revenant vers moi pour attirer mon attention avec insistance. Ça devait être un bruit provenant de l'intérieur, l'alarme qui avertissait que le café était prêt. "Je crois que le café est prêt, tu en veux une tasse? Ou ton eau te vas? Ou j'ai du jus... "
Je n’avais pas envie qu’on s’apitoie sur mon sort, j’étais un homme maintenant et je devais agir comme tel. Bon, je n’allais pas non plus dire que les émotions c’était pour les femmes et même si j’étais un homme, il n’en restait pas moins que toute cette histoire m’avait profondément marqué. Quand le médecin m’avait dit qu’il ne pouvait rien faire pour sauver ma jambe et qu’il devait me l’enlever je n’avais pas pu m’empêcher de pleurer, il y avait aussi le choc de l’explosion dans la journée, mais bon, je vivais quand même avec. Je n’avais pas le choix de faire avec ça. Quand j’avais pris l’avion pour rentrer au pays, ça avait été difficile, j’avais longuement regardé ce vide avec lequel je devais composer maintenant. Puis, quand j’avais vu ma famille à l’aéroport, je n’avais pas pu m’empêcher de pleurer tout comme eux lorsqu’ils m’avaient vu. Ils étaient heureux de me voir en vie, et moi j’étais tout simplement heureux de voir que je n’étais pas seul.
"Avec tout ça, il y a plein de gens qui sont heureux de nous voir les aider et d’autres qui ne le sont pas et…. Bah ça nous le prouve quand on est blessé là-bas. Bref… Ma famille était présente oui, mes parents m’aident surtout financièrement. Ils ne voulaient pas que je sois laissé à moi-même et ils ont d’ailleurs payé ma prothèse entre autre… Je suis le dernier né de la famille et j’étais le seul garçon. Mon père a proposé de payer ma scolarité si jamais je désirais y retourner. Il me reste une sœur, Michelle. Irène qui était entre nous deux, a fugué quand j’avais 8 ans et elle est décédée il y a longtemps… Elle a même eu une fille qui a 21 ans, mais Lily n’a pas connu sa mère. Et toi, tu as de la famille?"
Puis, alors que je répondais à sa question, Yoko s’était éloigné, mais en s’éloignant, il s’était arrêté dans l’entrée qui menait à l’intérieur du voilier et avait jappé une première fois avant de revenir près d’Adèle, mais elle n’avait pas semblé l’entendre alors que moi j’avais tourné la tête vers lui pour voir ce qu’il voulait, il était revenu vers elle et il était même reparti jappant de nouveau. "Yoko jappait justement…. Je vais te prendre une tasse, s’il te plaît….. "
Pour ma part je pris le temps de manger quelques bouchées de céréales. Ce n’était pas très nourrissant comme repas, mais j’appréciais qu’elle m’ait invité. On pourrait discuter un peu de tout et de rien.
Nolan avait une famille présente, tout comme j'en avais une. C'était rassurant de savoir qu'il ne traversait pas tout ça en solitaire et que son père l'aidait avec les frais médicaux. "Je crois que tu m'avais dis que ton père était médecin c'est bien ça? Nos pères se connaissent peut-être, le mien est urgentologue à l'hôpital de Miami depuis plusieurs années... enfin, aujourd'hui, il a un bureau à la maison et se considère à la retraite mais probablement qu'ils ont dût se croiser! Mes parents sont encore en couple, ils voyagent beaucoup depuis quelques années. J'ai un grand-frère et une petite soeur... la famille est très importante à mes yeux!"
Je finis par aller chercher les deux tasses de café, non seulement, je rapportais aussi un petit panier de fraise qui pourrait accompagner nos céréales. Je repris ma place, prenant une fraise et la portant à ma bouche avant de reprendre ma cuillère.
"Yoko est un chien d'assistance, tu disais qu'il a japper tout à l'heure et je sais que ça dérange parfois et c'est une mauvaise habitude. Je n'en parles pas à mes clients habituellement mais comme c'est un déjeuner entre amis... L'histoire est que... pour faire un résumer : J'ai fais une méningite à 17 ans, le diagnostique à été trop long et j'ai eu de gros dommage à mon nerf auditif... c'est donc Yoko qui m'a fait comprendre que le café était prêt! Il n'est pas supposé japper mais c'est difficile à gérer comme problème quand on ne l'entend pas... Je suis complètement sourde... mais ça ne change rien... si tu me regardes en face, j'arrive à comprendre la majorité de ce que tu me dis sans trop de mal..."
Lui avouais-je en espérant ne pas faire erreur sur lui. J'espérais qu'il ne commence pas à agir étrangement à cause qu'il le savait. Chaque personne réagissait à sa manière et d'autres n'étaient tout simplement pas à l'aise avec mon handicap.
J’étais heureux de la tournure de cet matinée qui avait suivi mon insomnie. On devenait amis et ça m’allait parfaitement. Elle me parlait sincèrement et semblait me faire assez confiance pour se confier à moi et j’appréciais cette marque de confiance. "Ils ont dû se croiser pendant longtemps comme tu dis, il travaillait à l’hôpital de Miami également. Il était chirurgien, mais maintenant il est à la retraite. Ils m’ont eu au début de la quarantaine alors maintenant ils sont tous les deux à la retraite. Ils ont quand même 71 ans. Les miens sont toujours ensemble également, ils voyagent de temps à autres, mais ils aiment bien le confort de leur maison. La famille c’est important pour moi aussi. C’est aussi pour ça que je souhaite fonder une famille également."
Je profitai de son absence pour prendre quelques bouchées de mes céréales avant qu’elles ne ramollissent trop sinon j’étais proche de manger de la bouillie. Elle était revenue près de moi et j’avais pris la tasse de café pour l’aider un peu. J’humai un peu le parfum du café avant d’en prendre une gorgée. Je ne m’attendais pas à ce qui suivi quoi que ça expliquait parfaitement pourquoi son chien la suivait partout et pourquoi elle tenait temps à ce que je lui écrive en cas de besoin plutôt que de l’appeler.
"Tu es tout de même très courageuse! Ça n’a pas dû être évident de perdre l’ouïe à cet âge là! C’est bien de voir que malgré tout ça, tu aide les gens comme moi à apprendre à vivre avec leur handicap. Ça fait de toi une super ergothérapeute. Est-ce que d’entendre te manque parfois? Tu dois parfois te sentir seule à n’entendre aucun son?.... Tu m’impressionnes en tout cas. J’espère que je ne te choque pas trop en disant ça… "
J’étais un peu sous le choc, mais au fond, j’étais heureux qu’elle me fasse assez confiance pour me confier ça, ce n’était pas un sujet évident à aborder et peut-être avait-elle peur que je la traite différemment, mais de mon côté, je ne souhaitais pas non plus être traité différemment parce que j’avais une jambe en moins.
Je voyais mes parents ce week-end même et je demanderai à mon père s'il connaissait un certain Dr. Wilkins. Qui sait, peut-être est-ce que Nolan nous connaissions déjà sans le savoir. Je pensais à retrouver les vieilles photos d'évènements reliés au travail de mon père. À chaque année, l'été, nous recevions certain de ces collègues et leurs familles. Mise à part, à Noel se déroulait toujours une remise de cadeau pour les enfants des employés et mon frère, ma soeur et moi, y étions allée à plusieurs reprises. Petite à l'époque, je ne me rappelais pas les visages des enfants avec qui j'y avais joué, par contre, je savais que chez mes parents, nous aurions probablement des photos souvenirs dans l'un ou l'autre de nos milliers d'albums. "Qui sait si on ne s'est pas déjà croisé..."
Je dû rougir quand il me souligna à quel point j'étais courageuse mais non seulement une super ergothérapeute. J'eus un petit rire. Pour ma part, je n'avais fais que survivre. Nolan était plus le genre de personne que l'on pouvait qualifié de courageux et il méritait beaucoup plus ce titre que moi. "C'est gentil, mais je ne sais pas si c'est vraiment être courageuse ... je me suis réveillée et j'étais guéris, mais je n'entendais plus rien... après, il faut continuer à vivre. Je n'ai pas quitté mon pays pour aller combattre et défendre ses valeurs!"
Répondis-je avec un petit sourire. Étant quand même assez patriote par défaut (à cause de mon père), j'avais beaucoup de respect pour Nolan et le service qu'il avait rendu aux États-Unis. Sans des hommes comme lui, nous n'aurions pas le luxe de dormir en paix chaque nuit.
Sa curiosité me fit sourire, je pris le temps de pêcher la dernière guimauve de mon bol avant de lui répondre. "C'est difficile de trouver la bonne réponse à tes questions. J'ai fais moitié de ma vie comme ça et pour l'instant, je m'en tires pas mal. Parfois, il y a des situations où j'aimerais entendre... dans les soupers lorsqu'on est plusieurs autour de la table. Je peux pas toujours tout comprendre... Et la musique, ou entendre je sonnes comment! Mais en général, ça ne me manque pas autant qu'on peut le croire. Mon père m'offre souvent de me payer la chirurgie pour obtenir un implant... au début, j'avais peur... maintenant, je ne sais pas vraiment qu'est-ce qui m'empêche de lui dire oui...Probablement que lorsque j'aurai des enfants, que je ne pourrai pas les entendre pleurer... rire... ou m'appeler maman! J'y réfléchis souvent c'est temps-ci!"
Répondis-je m'appuyant contre le dossier de la banquette caressant la tête de Yoko quelque peu pensive. J'aidais sans cesse les gens à apprendre à utiliser de nouveaux outils pour amélioré leurs vies et leurs conforts, ça sonnait bizarre de dire que je refusais un aide qui me serait d'une grande utilité.
Je me demandais si on s’était déjà vu dans le passé, mais comme on avait une petite différence d’âge, je ne l’avais peut-être pas remarqué dans ce temps-là. Et puis les garçons et les filles ne jouaient pas toujours ensemble quand j’étais petit. C’était une autre époque, mais je me demandais si les enfants de nos jours jouaient ensemble ou pas. MA sœur avait eu deux filles à des intervalles donc elles n’avaient pas vraiment joué ensemble toutes les deux. "Sans doute, mais on avait pas le même âge, on devait être dans des groupes différents..."
Je pris une gorgée de café et posai la tasse sur la table. Je vis bientôt les joues de la belle rougir un peu à mon compliment et elle me le rendit bien car elle dit que c’était plutôt moi qui était courageux de m’être battu loin du pays. "D’accord tu gagnes . Je suis courageux, mais tu es une battante tant qu’à moi! Je ne sais pas ce que j’aurais fait si j’avais perdu l’audition"
Je repoussai un peu mon bol vide avant de prendre une fraise la croquant sans plus attendre.. Je restai surpris de l’entendre dire que son père lui avait offert de payer un implant pour qu’elle puisse entendre, mais c’était surtout le fait qu’elle ne lui ait pas dit oui encore. "Je ne te comprends pas… Tu pourrais avoir la chance d’entendre et tu hésites? L’homme qui t’aimera ne pourra pas te chuchoter des mots doux à l’oreille et te dire qu’il t’aime quand il t’enlace le matin. C’est certain que pour des enfants, ça pourrait être difficile de ne pas entendre, mais quand tu as un mari avec toi, c’Est plus facile. J’ai toujours voulu des enfants et maintenant que je ne quitterai plus le pays pour la guerre, il ne me reste qu’à trouver la femme avec qui je pourrai partager tous ces projets de vie. "
Elle apportait son aide à tout le monde mais n’était pas prête à avoir de l’aide pour elle-même. Je ne comprenais pas. Sans doute n’était-elle pas prête ou avait-elle peur.
Je repliai les jambes sur la banquette, m'installant de façon plus confortable pour papoter. Manger m'avait fait du bien et je me sentais déjà mieux malgré que j'avais peu dormi la nuit dernière. Tenant mon café entre mes doigts, comme pour me réchauffer, je le portais à mes lèvres écoutant les questionnements de Nolan. Sans le savoir, nous avions énormément de points communs. Nous avions tous les deux traverser une épreuve qui nous avait laisser une marque indélébile. Il parlait de l'importance de sa famille et je pouvais m'entendre répéter le même discours. Puis, il pensait énormément au futur, à se caser et à trouver la personne idéale pour bâtir sa vie.
"Je ne sais pas ce que j'aurai fais si j'avais perdu une jambe!"
Répondis-je avec humour pour le taquiner comme quoi il aurait sa réponse de cette façon. La vie continuait malgré tout et il fallait continuer, se réadapter et trouver des façons de fonctionner malgré tout. J'étirais le bras pour cueillir une fraise, imitant mon invité, je n'en faisais qu'une bouchée. Elles étaient de saison, fruités, sucrées comme jamais et délicieusement juteuse, parfaite pour garnir accompagnée un gâteau avec de la crème fouettée. De suite, j'en prenais une autre mais avant d'y gouter, je répondis à Nolan. "Au début, j'avais peur, de l'opération et des risques. Maintenant que je suis habituée, je ne vois pas les choses de la même manière. Tu sais, il y a une centaine de façon de dire je t'aimes, autrement qu'en le disant."
Après tout, les sourds ne s'empêchaient pas d'aimer pour si peu. Nous avions notre propre langage, nos façons de se dire des petites mots doux et de se chuchoter des je t'aimes. J'avais quand même eux quelques petits copains depuis le temps, parfois sourds et parfois entendant. À date nous avions toujours trouver un moyen de communiquer d'une façon ou d'une autre. Certains hommes n'y arrivaient tout simplement pas, n'arrivant pas à se figurer comment communiquer un message sans leurs mots tandis que d'autres s'y habituaient. Après quoi, je n'avais pas collectionné les hommes depuis ma maladie. "Il y a plusieurs façons de réapprendre à marcher.... certain choisisse la chaise roulante, d'autres les béquilles, et d'autres d'avoir une prothèse... disons que dans mon cas, j'ai choisis la béquille! J'ai Yoko qui m'aide énormément, j'ai appris le langage des signes, mais c'est vrai que ça ne me redonne pas ce que j'ai perdu. Par contre, ça s'est avantage aussi, tu peux ignorer les idiots plus facilement!"
Finis-je par dire ne pouvant m'empêcher de rire un peu à cette pensée, je caressais la tête de Yoko qui avait levé son gros nez en ma direction en m'entendant.
"Donc, tu as une fille en vue?"
Il parlait tellement de trouver la bonne que ça sonnait comme s'il avait déjà quelques plans derrière la tête. Peut-être avait-il dernièrement rencontré la perle rare avec qui il souhaitait fonder une famille?