Reid & Kath'

J’avais travaillé tard ce soir. La beauté du couché de soleil avait fait venir la clientèle au snack plus tardivement que d’habitude et mon service avait donc tardé à prendre fin. J’étais heureuse car cela me faisait quelques heures supplémentaires, qui n’était pas de trop après l’investissement que j’avais fait : un nouveau smartphone à la pointe de la technologie. Petit à petit j’arrivais à comprendre comment fonctionné cette technologie dont j’avais longtemps ignoré l’existence. Mes écouteurs dans mes oreilles, j’écoutais une station de radio qui diffusait une émission d’antenne libre. J’aimais beaucoup écouter ce genre d’émission car cela enrichissait mes connaissances en matière de relations humaines, amoureuse et … sexuelle. Oui parce qu’après ce qu’il s’était passé avec William il fallait bien que je me mette au point quand même. J’étais descendue du bus un arrêt avant celui de chez moi afin de me dégourdir un peu les jambes. Je savais que je ne pourrais pas dormir sans m’être préalablement vidé de la tête. Cela faisait bien un quart d’heure que je marchais quand j’aperçu mon immeuble partiellement éclairé. Quand j’arriva à hauteur de ma résidence, j’aperçu une silhouette masculine appuyée sur le portail. Je sentis mon estomac se nouer et poliment je dis bonsoir. Je sentis le regard de l’homme me suivre. Je pressai le pas pour arriver jusqu’à la porte de mon immeuble, les voix des animateurs dans les oreilles. Je sortis mes clés avec le pass pour ouvrir la porte du hall. Je sentais que j’étais suivis de près. Mes clés en main j’ouvris la porte, m’engouffra dans le hall de l’immeuble en espérant que la porte se claque avant que l’homme ne puisse ne s’y engouffrer à sn tour. Dans la grande vitre du couloir, je l’aperçu toujours derrière moi. Mon estomac encore plus nouer, je me retournai vers l’homme et le poussa violemment pour qu’il se recule de moi.  « Qu’est-ce que vous me voulez ?! Sortez d’ici ou j’appelle la police ! » Lorsqu’il releva la tête, mon cœur manqua de s’arrêter. Je sentis ma gorge se nouer à la vue de ce visage si familier. Mes clés me glissèrent d’entre les doigts et tombèrent sur le sol carrelé. La chute résonna dans le hall pendant quelques instants.
 
Comment était-ce possible ? Etais-je en proie à une hallucination ? J’ouvris la bouche, mais les mots ne franchirent pas mes lèvres. Je sentais les larmes me monter aux yeux. Je m’avançai vers l’homme que j’avais agressé et me jeta dans ses bras sans trop réfléchir. Cette étreinte traduirait pour moi tous les mots du monde. « Reid … » dis-je dans un souffle plein d’émotions. Une larme coula le long de ma joue et glissa dans le cou de mon frère. Il m’avait tellement manqué. Je n’osais plus me défaire de ses bras qui m’avaient enlacé de peur que tout ca ne soit qu’un rêve ou une hallucination. Je voulais le sentir contre moi, je voulais sentir son odeur inchangée depuis un an. Si je le lâchais j’avais peur de le perdre. « Je suis désolée. » Je lui devais des excuses. C’est ce que je m’étais toujours promis de lui dire si un jour nous venions à nous revoir. J’étais partie sans lui dire adieu, je l’avais lâchement abandonné alors que nous nous étions promis de toujours veiller l’un sur l’autre. M’en voulait-il ? J’en était certaine ! Je relevai ma tête et le regarda. Il n’avait pas changé. Il semblait être fatigué mais il restait le même. Mes yeux croisèrent les siens et cela me gêna. Je ne compris pas pourquoi. Une question tournait dans ma tête inlassablement : « Que fais-tu ici ? »

Kath' & Reid

Miami était donc bel et bien ce qu'on disait d'elle, la ville de tous les débordements, où tous les excès n'étaient jamais assez suffisants. Reid restait observateur, encore sur ses gardes, spectateur de ce qui s'opérait autour de lui. Il arrivait à percevoir que certains se complaisaient dans leur vie pleine de déboires, s'enfonçant sans doute encore plus dans un fossé bien plus profond qu'ils ne pouvaient l'imaginer. Pour Reid, c'était bien loin de tous les principes qu'il prônait, de ces valeurs qu'on lui avait inculquées tout au long de sa vie. C'était différent de tout ce qu'il avait connu. Il finirait forcément par s'y faire, et de toute façon, ce n'était pas une option, il n'avait tout simplement pas le choix. Pas de retour en arrière, jamais. Le jeune homme avait débarqué il y a à peine deux semaines de cela dans l'état de Floride, avec une seule idée bien encrée dans sa tête. Il savait qu'elle se trouvait ici, que sa nouvelle vie avait commencé à se fonder dans cette ville. Sa petite sœur, c'était elle qu'il recherchait. Sans doute qu'elle n'avait aucune idée qu'il avait réussi à fuir lui aussi le complexe et qu'il était venu la retrouver, comme ils se l'étaient toujours promis. Il logeait depuis son arrivée dans une chambre d'hôtel un peu miteuse non loin du centre ville, dans un confort des plus rustiques. Mais à vrai dire, ce n'était rien comparé à ce qu'il avait connu auparavant. Dans tous les cas, il lui avait fallu du temps pour prendre ses repères, commencer à appréhender Miami et à chercher un moyen de retrouver sa sœur. Le cœur de Reid battait à lui rompre les côtes à chaque fois qu'il croisait le silhouette d'une jeune femme pouvant s'apparenter à celle de Kath. Elle n'était pas loin, peut-être au coin de la rue d'en face, c'était ce que Reid se répétait sans cesse et certainement ce qui arrivait à le faire tenir. Parce-que oui, il était épuisé. Seul et épuisé. Sa sœur était la seule personne qui pouvait lui apprendre à s'intégrer à la société sans le regarder de travers. Ils ont le même passé, les mêmes expériences.

Ces derniers jours, Reid les avait passé sur un ordinateur qu'il s'était procuré grâce aux quelques économies qui lui restaient encore depuis son départ. Il aurait pu être dérouté par ce type de technologie, mais à vrai dire, il avait déjà été confronté à les utiliser dans la secte. Son métier lui avait en quelque sorte permis d'être proche de certaines personnes importantes au complexe. Il n'avait pas daigné fermer l’œil de la nuit jusqu'à ce que le nom de sa sœur apparaisse sur l'écran, lui fournissant un lieu et une adresse. Pendant un instant, il eut peine d'y croire. Pourtant, ses yeux étaient bel et bien rivés sur le nom de Kathelyn Parks, et à moins qu'il soit l'homme le plus malchanceux du monde, il s'agissait bien de sa sœur. Ni une ni deux, il s'était rendu à l'adresse indiquée à la nuit tombée, planté devant cet immeuble. Les minutes s'écoulèrent, plus longues les unes que les autres, soufflant sur cette flamme d'espoir qui brûlait à l'intérieur de son ventre. Il laissa alors sa foi le rassurer, priant silencieusement pour que sa sœur fasse son apparition. Soudain, alors qu'il ne croyait lui-même plus en ses prières, une silhouette s'avança, le saluant avant de poursuivre son chemin. Il n'y avait plus de doute, c'était elle. Il aurait reconnu sa voix entre mille. Sa gorge était nouée et Reid ne parvenait plus à savoir ce qu'il devait faire. Il décida alors de la suivre, presque machinalement, ne se doutant même pas qu'il avait l'air d'un psychopathe ambulant. Elle avait fini par accélérer le pas, et pour ne pas perdre sa trace, il avait fait de même. « Qu’est-ce que vous me voulez ?! Sortez d’ici ou j’appelle la police ! » Parks releva les yeux vers son interlocutrice, ses yeux meurtris par le manque et la fatigue. « Reid … » Le jeune homme sentit les larmes embuer son regard, tandis que l'étreinte que lui offrait sa sœur avait réchauffé son cœur. Les bras du brun vinrent recouvrir la jeune femme, une de ses mains se glissa au niveau de ses cheveux, maintenant sa tête contre lui. « Je t'ai retrouvé, tu es là... tu es là. » Souffla-t-il, de manière machinale. Là maintenant, dans les bras de Kath, il en oubliait tous ses tourments. C'était tout ce dont il avait besoin. « Je suis désolée. » Reid finit par se détacher de sa sœur, lui faisant face, les yeux rougis par l'émotion de ces retrouvailles. De la rancœur ? Il en avait forcément, mais là tout de suite, elle s'était enfouie au fond de lui. Il baissa néanmoins le regard pendant une fraction de seconde, cachant du mieux la peine qu'il ressentait. « Que fais-tu ici ? » Son regard se posa sur elle, scrutant son visage. Il pouvait déjà cerner qu'elle était différente de ses souvenirs, que cette année passée loin d'elle avait déjà eu des répercutions. « Je suis venu pour toi. Je ne pouvais plus rester là-bas, pas sans toi. » Avait-il dit, sincèrement. « J'avais plus personne avec qui je pouvais rêver du monde extérieur. » Ajouta-t-il, d'une voix empreinte de nostalgie. « P-pourquoi tu ne m'as rien dit ? » Les voilà, les premiers regrets. Il avait toujours pensé qu'il serait le premier à s'enfuir, et qu'elle finirait par le retrouver. Comme quoi, le destin en avait décidé autrement.

Reid & Kath'

J’avais l’impression de me retrouver dans un rêve. Combien de fois j’avais tant espéré revoir mon frère ainé après ma fuite du complexe ? Je n’aurais pu le compter, mais il était certain que ce chiffre était élevé. Si l’étreinte que j’avais eu avec mon frère n’avait pas parut aussi réelle, j’aurais pu être remplie de doutes sur ces retrouvailles. Mais il était bien là, devant moi. Lui aussi avait pris la fuite apparemment. Il avait réussi ce que j’avais réussis un an plus tôt. Lorsqu’il parla mon cœur se serra dans ma poitrine alors qu’il se trouvait envahit d’une vague d’émotions. J’avais presque oublié sa façon de parler avec le temps qui avait filé. Je me sentais coupable d’avoir eu une belle vie pendant que lui devait sans doute être rongé par la crainte de ne jamais me revoir. Je m’excusai car c’était le moins que je pouvais faire, même si je savais que ces trois petits mots ne répareraient rien à ce que j’avais fait. Je lui demandai ensuite ce qu’il venait faire ici, même si la réponse semblait évidente. Je crois que j’avais besoin de l’entendre. « Je suis venu pour toi. Je ne pouvais plus rester là-bas, pas sans toi. » Un léger sourire glissa sur mes lèvres. Il n’avait pas changé. A travers ses mots j’avais pu sentir, même malgré notre séparation, notre complicité était toujours là quelque part. « J'avais plus personne avec qui je pouvais rêver du monde extérieur. » Je me reculai de mon frère, le lâchant avec appréhension. Si je me détachais de lui allait-il partir ? C’était absurde. Je rompis le contact physique et lui dit : « Maintenant tu n’as plus besoin de rêver, tu peux juste vivre. » Tout comme moi, à présent il allait pouvoir profiter de quelque chose dont nous avions été trop longtemps privés étant plus jeune. Connaitre le monde extérieur avait été la meilleure des décisions que j’avais pu prendre dans ma vie et il en serait de même pour Reid.
 
Mon regard se mit à fuir le sien lorsqu’il me posa une question dont j’avais un peu honte. Je baissai le regard vers le sol et y vit mes clés. Je me penchai pour les ramasser et répondis d’une voix un peu tremblante. « Ca été si soudain. J’avais pas prévu de partir, enfin pas sans toi … » Je relevai mon regard et croisa celui de mon frère dans lequel je pouvais y lire le mal que je lui avais fait en m’enfuyant, seule. « Je savais que c’était ma seule chance et que tu comprendrais. Je t’ai rien dit parce que j’avais peur qu’il s’en prenne à toi ou quelqu’un de la famille. Je m’en serais voulu s’il vous été arrivé quelque chose. » Je sentais ma gorge se nouer et les larmes remonter à nouveau vers mes yeux. Je jouai nerveusement avec mon trousseau de clés qui tintait en résonance dans le hall. Je n’avais pas vu d’autre solution que de m’enfuir seule sur le moment. Après-coup, je m’étais dit qu’on aurait puis fuir ensemble, mais le risque de se faire prendre aurait été plus grand. « C’est lui qui t’a aidé à sortir aussi ? » Je n’avais pas besoin de mentionner son nom, il savait de qui je parlais. Cet homme qui avait toujours tout fait pour que je sois la plus heureuse possible et à qui je serais éternellement redevable. Il aurait pu me poignarder dans le dos après mon départ mais visiblement il ne l’avait pas fait. La porte du hall d’entrée s’ouvrit et un voisin entra. J’essaya mes larmes son sous regard inquisiteur. Avec un sourire je le saluai poliment. « On devrait monter. » J’ouvris la marche dans les escaliers et grimpa jusqu’à notre étage dans le silence. Quelques voix filtraient à travers les portes des appartements. J’ouvris la mienne, derrière laquelle tout semblait bien calme. « J’habite avec Alec, mais il n’est pas là ce soir. » informai-je mon frère en me débarrassant de ma veste et de mes chaussures. Lorsque je me retournai je vis sur le visage de mon frère un petit air interrogateur. Je ne compris pas tout de suite pourquoi avant de me rendre de ce que je venais de dire. Je me mis à rougir légèrement et balbutia. « Oh Alec … c’est mon coloc … C’est pas lui mon petit-ami … enfin je veux dire que c’est juste un copain … » J’avais soudain un petit coup de chaud. J’avais jamais été très à l’aise à parler de mes sentiments envers les garçons avec mon frère parce qu’il était mon frère justement. Toujours un peu trop protecteur envers moi. « Tu veux boire quelque chose ? » dis-je subitement pour changer de sujet. Je m’avançai dans le salon pour aller jusqu’à la cuisine en passant une main sur ma nuque.
 

Kath' & Reid

Pour certains, un an ce n'était rien, ça ne représentait qu'un temps bref, rien de bien dramatique. Pour lui, ça avait été une éternité. Une éternité où il avait vécu une véritable descente aux enfers, ni plus ni moins. Il s'était repassé en boucle ses derniers instants avec sa sœur, essayant de se rappeler le moindre indice qu'elle aurait pu lui donner, le moindre mot, la moindre expression qui l'aurait volontairement trahi. Il avait longtemps refusé de croire qu'elle avait caché sa fuite, qu'il avait forcément dû louper quelque chose. Finalement, il s'était résolu, non pas sans peine. Ses rêves de liberté avaient été plus grands que les siens, sa peine n'avait pas suffit à la retenir. Mais le voilà, un an plus tard, devant l'immeuble où logeait Kath', lui prouvant que pour lui aussi, ça n'avait jamais été des paroles en l'air. Et c'était la sincérité de cette étreinte, toutes ces émotions qui s'en dégageaient qui lui faisaient un bien fou. Il n'avait pas ressenti ça depuis si longtemps, cette sensation de sécurité, comme s'il venait de retrouver sa maison et que plus jamais il ne devait craindre le danger. Ses yeux balayèrent rapidement le visage de sa sœur, voulant s'assurer qu'elle allait bien, qu'elle ne montrait aucun signe de faiblesse. Ça avait toujours été comme ça avec Reid, son côté un brin trop protecteur qui avait parfois agacé Kath'. Il ne pouvait pas s'en empêcher, et elle le savait. « Maintenant tu n’as plus besoin de rêver, tu peux juste vivre. » C'était ce qu'il s'était répété depuis son évasion, mais bizarrement, sortant de la bouche de sa sœur, ces quelques mots prenaient tout leur sens. Reid esquissa un léger sourire, presque victorieux. Savoir que sa sœur allait bien, c'était ça le réel élément déclencheur de cette nouvelle vie qui lui ouvrait les bras. « Maintenant que tu es là, oui. »

« Ça été si soudain. J’avais pas prévu de partir, enfin pas sans toi … » Il fronça les sourcils, pas certain de tout comprendre. Il resta silencieux, la laissant continuer. « Je savais que c’était ma seule chance et que tu comprendrais. Je t’ai rien dit parce que j’avais peur qu’il s’en prenne à toi ou quelqu’un de la famille. Je m’en serais voulu s’il vous été arrivé quelque chose. » Son cœur se serra, inévitablement. Reid baissa les yeux au sol avant de les reposer sur Kath'. Bien sûr qu'il avait compris sa fuite, elle n'avait jamais été heureuse dans ce complexe, ou du moins pas ces dernières années. Il aurait pu compter sur les doigts d'une main le nombre de fois où il avait vu sa sœur sourire ces six dernières années. « Aujourd'hui, je le comprends. Mais je te mentirais si je te disais que je ne t'en ai pas voulu. J'pouvais pas me faire à l'idée que je t'avais perdu, toi aussi... » Une drôle de sensation l'envahit soudainement, comme si sa peine et ses regrets venaient de se rencontrer pour ne former qu'une seule et même émotion. Kath' savait où est-ce qu'il voulait en venir lorsqu'il lui disait "toi aussi". La disparition de Nora avait tristement chamboulé sa vie, voir sa sœur prendre la fuite sans même lui dire un mot avait considérablement alourdi le fardeau. « C’est lui qui t’a aidé à sortir aussi ? » Reid reporta son attention sur sa sœur, hochant furtivement la tête en guise de réponse. Qui aurait cru qu'il finirait par l'aider aussi ? Et bien, certainement pas Reid. Vu la façon dont il s'était pris à lui les jours suivants la fuite de Kath', il n'aurait pas parié un centime sur ce scénario. « On devrait monter. » Reid salua à son tour l'homme d'un signe de tête avant de suivre sa sœur vers son appartement. « J’habite avec Alec, mais il n’est pas là ce soir. » Le brun interrogea sa soeur des yeux, comme un sous-entendu pour savoir qui était cet Alec. « Oh Alec … c’est mon coloc … C’est pas lui mon petit-ami … enfin je veux dire que c’est juste un copain … » Bon très bien, si ce n'était pas son petit-ami, alors il ne devrait pas s'en faire. En revanche, le réel petit-ami -parce-que Reid en avait deviné l'existence- allait devoir être passé au crible avant qu'il puisse pouvoir émettre un jugement sur cet inconnu. Sa sœur était ce qu'il avait de plus précieux, hors de question qu'elle puisse fréquenter un type pas à la hauteur. « A l'occasion, tu me les présenteras. » Dit-il, sans vouloir passer pour un inspecteur bien que c'était un peu l'intention qui se cachait derrière ses paroles. « Tu veux boire quelque chose ? » Reid se débarrassa lui aussi de sa veste, qu'il laissa à l'entrée de l'appartement. « Un café serait pas de refus, j'ai pas dormi depuis des jours. » Et ça se voyait. Ses traits étaient tirés par la fatigue, il parvenait à peine à se concentrer dix minutes. Pas vraiment son meilleur état. « Faut que j'te dise Kath'... Ça m'ennuie de te demander ça, mais... je viens seulement de trouver quelqu'un pour m'embaucher et j'ai plus aucun moyen de me payer une semaine de plus à l'hôtel. Est-ce que tu penses que tu pourrais m'héberger juste quelques jours, histoire que je commence à toucher mes premières payes ? Ça ne sera pas long, je le promets. » Et s'il le fallait, il accepterait même un sac de couchage et un sol en guise de lit. La seule chose dont il aspirait était un toit, rien de plus.

Reid & Kath'

Lorsque mon frère sous-entendis la mort de sa défunte femme dans ses propos, je sentis les remords et la culpabilité m’envahir. Je l’avais en effet abandonné dans un des moments les plus dur de sa vie, en ne pensant égoïstement qu’à mon bonheur. Un voisin entra dans le hall, interrompant notre conversation. Je proposai alors à mon frère de monter à mon appartement au lieu de se retrouver au beau milieu de l’entrée de mon immeuble. Je n’avais pas tellement envie que tous mes voisins sachent que je venais d’un complexe sectaire et qu’il me catégorise comme une folle. Une fois là-haut, j’expliqua que j’habitais avec Alec, mais qu’il était absent pour la soirée, jusqu’à lâcher maladroitement une information sur Will et moi. « A l'occasion, tu me les présenteras. » Les joues rouges, je préférai changer de sujet avant que je ne vienne à en dire trop sur ma vie sentimentale. Il y avait bien des choses que je confiai à mon frère mais il y en avait d’autre sur lesquels je préférais être discrète. Je savais que les mots que venaient de lâcher mon frère n’avaient rien d’anodin. Je représentais beaucoup pour lui et il voulait surement s’assurer que j’étais ben entourée. Cependant, envisager de confronter William à mon frère me gênait un peu. Pas que je ne faisais pas confiance au premier pour être exemplaire, mais je redoutais plutôt le comportement du second. Je sortis d’un placard de la cuisine de deux tasses et appuya sur la cafetière pour faire couler du café. « Faut que j'te dise Kath'... Ça m'ennuie de te demander ça, mais... je viens seulement de trouver quelqu'un pour m'embaucher et j'ai plus aucun moyen de me payer une semaine de plus à l'hôtel. Est-ce que tu penses que tu pourrais m'héberger juste quelques jours, histoire que je commence à toucher mes premières payes ? Ça ne sera pas long, je le promets. » Je m’appuyai sur le meuble de cuisine avec un sourire compatissant. Je comprenais sa situation, j’aurais pu me retrouver dans la même galère si Lina n’avait pas été là pour subvenir à mes besoins les premiers temps. « Bien sûr que tu peux rester ici. Lina n’est pas là en ce moment et Alec dort sur le canapé. Si tu veux t’auras qu’à prendre ma chambre et je dormirais dans la chambre de Lina jusqu’à ce qu’elle revienne … » Elle me manquait terriblement. Ma meilleure amie avait eu besoin de prendre un peu de recul ces derniers temps et son absence à l’appartement se faisait cruellement ressentir. Alec était gentil et je m’entendais super bien avec lui, mais il ne serait jamais une présence féminine. « Lina c’est la fille qui m’a récupéré à l’extérieur du complexe. On ne s’est jamais quitté depuis ce moment-là. » Jusqu’à dernièrement. Je pris les deux tasses de cafés remplies de café et en tendis une à mon Reid. Je pris le lait dans le frigo et en versa un peu dans ma tasse. Déjà que j’avais quelques soucis de sommeil, si en plus je buvais un café corsé je n’allais pas pouvoir fermer l’œil de la nuit. Je portai ma tasse à mes lèvres et bu silencieusement une gorgé de la boisson bien chaude et fumante. Mon regard, par-dessus ma tasse, croisa celui de mon frère et lorsque je retirai ma tasse de mes lèvres je ne pus m’empêcher de sourire, heureuse. « Tu es là depuis combien de temps ? » lui demandai-je intrigué par son parcours. « Comment tu m’as retrouvé ? » J’avais pris soin à me faire discrète dans le paysage depuis ma sortie du complexe. Je ne voulais pas qu’on retrouve ma trace et que l’on me force à revenir. Cela me terrifiait au plus haut point. Cette liberté que j’avais acquise depuis ma venue dans ce monde extérieur, elle m’était trop précieuse. J’avais besoin d’elle pour vivre à présent, au même niveau que l’oxygène dont j’avais besoin.
 

Kath' & Reid

La disparition de Nora avait clairement été le tournant de sa vie, et il était clair qu'il mentirait s'il affirmait le contraire. L'amour au sein d'un complexe sectaire contrôlé jusqu'aux ongles, ça pouvait paraître compliqué me diriez-vous. Et ça l'était. Reid avait été l'homme le plus chanceux du monde, il était simplement tombé sur la bonne personne, au bon moment. La jeune femme avait été son âme sœur, jamais une personne ne l'avait aussi mieux compris qu'elle pouvait le faire. Reid avait toujours su au plus profond de lui qu'ils étaient faits l'un pour l'autre, que son destin avait été relié au sien à la minute où il avait posé les yeux sur elle. Alors oui, dire adieu à tout ça du jour au lendemain n'avait pas été la tâche la plus facile à accomplir pour le beau brun. Ça l'avait abattu, tout simplement. Sa sœur aurait été l'unique personne à pouvoir le faire remonter à la surface. Cependant, son instinct lui avait dicté qu'il était temps pour elle d'échapper à la secte, laissant Reid affronter seul ses démons. A l'heure qu'il était, le brun refusait de remettre toute cette histoire sur la table, il était encore trop... tôt pour ça. Là, seul le sourire et le regard réconfortant de Kathelyn comptaient vraiment. C'est avec une hésitation certaine et une gêne impossible à dissimuler que Reid demanda à sa sœur si elle était en mesure de l'héberger, ne serait-ce que quelques nuits, afin qu'il ait le temps de se prendre un minimum en main. « Bien sûr que tu peux rester ici. Lina n’est pas là en ce moment et Alec dort sur le canapé. Si tu veux t’auras qu’à prendre ma chambre et je dormirais dans la chambre de Lina jusqu’à ce qu’elle revienne … » Soulagé par sa réponse, un sourire reconnaissant se dessina sur les lèvres de Reid. « Merci Kath', tu me sauves la mise. Je te revaudrai ça. » Ajouta-t-il, suivi d'un clin d’œil malicieux. « Lina c’est la fille qui m’a récupéré à l’extérieur du complexe. On ne s’est jamais quitté depuis ce moment-là. » Le jeune homme acquiesça aux paroles de Kathelyn, pensant silencieusement qu'il était impatient de mettre un visage sur cette jeune femme dont lui parlait sa sœur. « J'suis content que tu sois bien entourée, t'as l'air heureuse, c'est tout ce qui m'importe. » Il ne la connaissait pas encore, mais Reid savait que Lina devait être une femme digne de confiance. Elle avait aidé sa sœur, et pour cela, elle méritait toute sa reconnaissance. « Tu es là depuis combien de temps ? Comment tu m’as retrouvé ? » Le brunet croisa de nouveau le regard de sa sœur, impatient de lui relater ses péripéties. « Je suis à Miami depuis deux semaines officiellement... mais j'ai quitté le complexe il y a cinq mois. » Avoua-t-il, le regard pétillant de souvenirs qui remontaient à la surface. « J'ai voyagé, j'suis parti à l'aventure. J'ai traversé l'Europe Kath'... et on avait raison depuis le début, c'est incroyable. » Reid regarda la jeune femme, avec cette émotion qu'elle seule était capable de percevoir. Gamins, ils se racontaient leur envie d'aventure, et l'Europe avait toujours été au centre de leurs discussions. « Après ça, je me suis mis à ta recherche. Ceux qui m'ont aidé à m'enfuir m'ont donné quelques informations, je me suis débrouillé avec ça. » Reid attrapa sa tasse de café pour en boire une gorgée avant de reposer son attention sur sa sœur. « Tu m'as manqué. » Ces derniers mots, empreints de sincérité, il en avait rêvé de les lui dire. Parce-qu'il savait qu'ils ne prendraient leur sens qu'une fois qu'il aurait retrouvé la jeune Parks. « Et toi, dis-moi, comment tu t'en sors ici ? »

Reid & Kath'

Un an avait passé depuis que j’avais fuis et pourtant je retrouvais mon frère comme s’il ne s’était jamais écoulé de temps. Reid avait toujours été mon pilier dans ma vie et vivre sans lui avait été dur pour moi. Mais j’avais pris sur moi, je m’étais endurcie et j’avais tout fait pour être une femme indépendante. Je voulais tant lui montrer qui j’étais devenue, qu’il soit fier de moi pour tous ce que j’avais accomplie. Il était vrai que je n’avais rien d’accomplis de bien extraordinaire en soit, mais pour moi ce que j’avais fait, c’était beaucoup. Lorsqu’il me demanda timidement si je pouvais l’héberger, je ne pus le lui refuser, après tout ce qu’il avait fait pour moi c’était bien la moindre des choses. Intriguée par le chemin qu’il avait fait pour me retrouver, je le questionnai. « Je suis à Miami depuis deux semaines officiellement... mais j'ai quitté le complexe il y a cinq mois. » Deux semaines à Miami et cinq mois qu’il avait quitté le complexe ? Tant de temps que j’aurais pu passer à ses côtés ! De penser à cela, mon cœur se serra dans ma poitrine. « Tu es à l’extérieur depuis longtemps … » dis-je avec une voie presque remplie de regrets. « J'ai voyagé, j'suis parti à l'aventure. J'ai traversé l'Europe Kath'... et on avait raison depuis le début, c'est incroyable. » Je sentis la jalousie m’envahir. L’Europe. C’était notre rêve et il l’avait vécu sans moi. Pourquoi ne m’avait-il pas attendu ? Ses yeux étaient illuminés de ses souvenirs de son voyage et cela me fit d’autant plus mal de voir cela. Moi aussi j’aurais aimé voir les différents pays de l’Europe, des pays que nous avions tant rêver. Je n’avais pas eu cette chance. J’avais vu un peu des Etats-Unis mais seulement une partie infime de notre grand territoire finalement. « Tu as de la chance, Reid. J’espère qu’on pourra quand même y aller ensemble un jour … » Je m’efforçai de sourire par politesse plus que par contentement sans doute. Je plongeai mes lèvres dans mon café tandis qu’il continuait son histoire qui concernait nos retrouvailles. Il avait eu de la chance de bénéficier d’aide comme moi. Enfin, il lâcha un « Tu m'as manqué. » qui voulait dire beaucoup plus que ce qu’il n’y paraissait. « Toi aussi tu m’as manqué. Il n’y a pas un seul jour où je n’ai pas pensé à vous, à toi. » Je serrai ma tasse un peu plus fort dans mes mains alors que je sentais les émotions m’envahir. Ma famille me manquait, même si je n’acceptais pas leur mode de vie et leurs pensées, et retrouver une partie de celle-ci me faisait du bien. Reid s’intéressa ensuite à moi en me demandant comment je m’en sortais. De nouveau, un sourire se glissa sur mes lèvres, mais cette fois-ci beaucoup plus heureux. L’envie de lui raconter mes aventures et ce que j’étais devenue ne manquait pas. Je pris place sur l’une des chaises du bar et posa ma tasse de café sur le comptoir. « J’ai un job. Je suis serveuse dans un snack au bord de la plage, c’est vraiment cool. J’ai trouvé la voie dans laquelle je veux m’épanouir je pense, la cuisine ! » Mon sourire s’élargit un peu plus. J’avais toujours été bonne cuisinière, une excellente même et ca je le devais à ma mère. Même si j’avais toujours trouvé ca trop injuste que les femmes soient assignées aux tâches ménagères et à la cuisine, il fallait dire que cela me servait quand même aujourd’hui. « J’aimerais travailler dans un restaurant un jour, mais j’ai pas la prétention de dire que je suis à la hauteur pour devenir cheffe. Alors je me fais un peu d’expérience dans une petite boite pour le moment. » Mais mon projet n’était pas oublié, bien loin de là. Je n’attendais que le bon moment pour me lancer. Je souhaitais intégrer une cuisine, peut-être comme commis dans un premier temps, et puis grimper les échelons petit à petit. « Je me suis mise au sport, c’est mon exutoire quand ca va pas trop bien. J’ai appris les arts martiaux alors me cherche pas trop ! » Je me mis à rire doucement en fronçant faussement les sourcils. Je pris une inspiration et ajouta en dernière information. « Je vais également voir un psy. Il m’aide à faire face à ce monde. Je vais bien, mais le passé a laissé des traces. C’est William … » je rougis légèrement et me rattrapa un peu en corrigeant le statut de ce dernier « Mon médecin … qui me l’a conseillé. Il a dit que ca me ferait du bien. » Et ca m’avait fait du bien. J’avais appris à faire confiance à ce professionnel que je voyais toutes les semaines et je lui confiai mes angoisses, mes craintes, mes souvenirs, tout ce dont je ne pouvais ou je n’arrivais pas à dire aux personnes de mon entourage.

Kath' & Reid

Reid se rappelait du vent de panique qui l'avait emporté lorsqu'il avait compris que sa sœur s'était enfuie, sans armes, sans préparation, seule face à ce mur qui se dressait devant elle et qui la séparait de l'extérieur. Il se souvenait très bien de cette journée là, où le vide avait été encore la seule chose qu'il puisse ressentir. De nature plutôt calme habituellement, le jeune Parks n'avait pas su contenir sa colère et s'était acharné sur ce pauvre homme qui avait pensé bien faire. Il avait fini par regretter ses gestes lorsqu'il avait compris qu'il n'était de toute façon pas possible de faire machine arrière. Reid avait réalisé que c'était à lui d'aller de l'avant, et d'enfin rendre concret ce désir de voir plus grand. Alors oui, il avait voyagé pendant ces cinq mois, avec les ressources qu'on lui avait données. Et même si sa sœur n'avait pas été à ses côtés, il se rappelait ne s'être jamais senti aussi libre qu'à cette période de sa vie. « Tu es à l’extérieur depuis longtemps … » Reid observa sa sœur, ressentant de plein fouet les regrets dans ses paroles, aussi aiguisés et douloureux que des lames de couteaux. « Kath', ça aurait été trop dangereux d'essayer de te retrouver aussi vite. Je t'aurais mis en danger si je l'avais fait, ils étaient encore sur ma trace et ça aurait été prendre le risque de les mener à toi aussi. » Dit-il, d'une voix douce et emplie de sincérité, les yeux rivés vers ceux de sa sœur. Finalement, le brunet lui avoua qu'il avait eu la chance d'explorer le continent européen, cette terre dont ils avaient longtemps pris plaisir à s'imaginer les paysages. « Tu as de la chance, Reid. J’espère qu’on pourra quand même y aller ensemble un jour … » Il lui adressa un sourire se voulant réconfortant, tandis qu'il ne lâchait pas Kathelyn des yeux. « On y retournera ensemble, je te le promets. » Les évènements avaient fait que certaines de leurs promesses avaient dû être brisées, contre leur volonté. Mais celle-ci, représentant le rêve de toute leur vie, il s'y tiendrait, coûte que coûte. Il voulait voir de lui-même les yeux de sa sœur pétiller, comme les siens l'avaient fait lorsqu'ils avaient découvert ces décors hors normes. Reid avala une seconde gorgée de la boisson chaude, se retournant vers sa sœur lorsque leur famille se glissa au milieu de leurs paroles. « Toi aussi tu m’as manqué. Il n’y a pas un seul jour où je n’ai pas pensé à vous, à toi. » Reid soutint le regard de Kath', comme pour essayer de la rassurer. « Ils feront ce qui leur semble juste. En attendant, c'est toi ma famille... et ce qui compte c'est qu'on se soit sorti de tout ça. » Kathelyn tout autant que Reid savaient que leurs parents étaient très embrigadés dans l'organisation de la secte et même si c'était déchirant à envisager, le jeune homme commençait à comprendre qu'il n'y avait sûrement plus d'issue pour eux. Les regrets de côté, le brun se concentra sur sa sœur, et sur ces aventures qu'elle vivait depuis son arrivée à Miami. « J’ai un job. Je suis serveuse dans un snack au bord de la plage, c’est vraiment cool. J’ai trouvé la voie dans laquelle je veux m’épanouir je pense, la cuisine ! J’aimerais travailler dans un restaurant un jour, mais j’ai pas la prétention de dire que je suis à la hauteur pour devenir cheffe. Alors je me fais un peu d’expérience dans une petite boite pour le moment. » Un sourire étira ses lèvres presque instinctivement, comme une réponse de son corps face à la joie de sa sœur. Il s'approcha à son tour du petit bar pour prendre place à côté de Kath'. « T'as toujours été douée dans la cuisine, alors je m'en fais vraiment pas pour toi, tu vas y arriver. » Si son instinct lui dictait que la cuisine était faite pour elle, alors elle se devait de le suivre. C'était aussi simple que ça. Maintenant, ils n'avaient plus besoin de barricader ces envies qui leur étaient autrefois interdites. Aujourd'hui, c'était eux qui décidaient. « Je me suis mise au sport, c’est mon exutoire quand ça va pas trop bien. J’ai appris les arts martiaux alors me cherche pas trop ! » Reid fit mine d'être surpris, avant de rire à son tour et d'ajouter : « Wow, je vais devoir faire attention à ce que je dis maintenant. » Kath' était du genre à exceller dans tous les domaines qu'elle entreprenait, alors valait mieux pas que Reid fasse le malin auquel cas elle pourrait lui botter les fesses. « Je vais également voir un psy. Il m’aide à faire face à ce monde. Je vais bien, mais le passé a laissé des traces. C’est William … Mon médecin … qui me l’a conseillé. Il a dit que ça me ferait du bien. » Parks acquiesça, bien qu'intrigué par le fait qu'elle puisse appeler son médecin par son prénom, comprenant assez vite qu'elle le connaissait sûrement personnellement. « Si c'est ton médecin qui te l'a conseillé... c'est qu'il a sans doute raison. » Reid laissa un moment de silence planer au dessus d'eux avant de reprendre la parole. « Est-ce que tu entres dans les détails de ce qu'il s'est passé là-bas ? » Il était curieux de savoir si Kath' en venait à se confier à des professionnels ou si comme lui, elle préférait encore passer tout cela sous silence. Reid n'était clairement pas prêt pour se laisser aller à des confidences. La mort de Nora le hantait encore, jour et nuit, et elle était encore bien trop présente en lui pour qu'il ne puisse passer à autre chose. « Elle me manque, tu sais. J'essaye de ne pas y penser, mais c'est juste trop dur, j'en suis pas capable. » Avoua-t-il, dans un souffle empreint de cette douleur qu'il ressentait lorsque ses pensées étaient destinées à sa défunte femme.

Reid & Kath'

J’étais heureuse de ma vie mais je ne pouvais m’empêcher de l’envie lorsqu’il me dit qu’il avait visité l’Europe sans mois, surtout après m’avoir annoncé que cela faisait déjà 5 mois qu’il était dehors. S’il m’avait retrouvé à sa sortie, peut-être aurions-nous pu faire ce voyage ensemble ? Si je l’avais attendus avant de m’enfuir égoïstement, ce voyage aurait pu également avoir lieu. Finalement c’était de ma faute si j’avais raté cette occasion. Si j’avais pris mon mal en patience tout ça aurait été bien différent. Enfin, ce qui était fait ne pouvait plus être changé et il fallait que je fasse avec à présent. J’expliqua à mon frère la vie que je menais maintenant, fière d’avoir accomplis de petites choses. Il me flatta pour la cuisine et pris ma mise en garde à la rigolade, mais devint beaucoup plus sérieux lorsque j’évoqua mes séances chez le psy sur les conseils de William. Il me questionna sur ce que je pouvais bien évoquer lors de ces rencontres. « Est-ce que tu entres dans les détails de ce qu'il s'est passé là-bas ? » J’haussai les épaules en me remémorant ce que j’avais pu bien dire. « Ça dépends. Il sait d’où je viens mais je ne rentre pas dans les détails forcément. J’ai du mal à en parler, c’est … douloureux » Je baissai la tête comme gênée d’être atteinte de la sorte par mon passé. Moi qui avait toujours été si forte au complexe, j’avais l’impression qu’ici ce que j’avais refoulée ressortait avec intensité. En faite au fil des séances avec mon psy, j’avais compris que j’étais en colère contre cette micro-société qui enfermait les gens. Je n’aimais pas trop celle que je devenais quand je m’ouvrais sur ce sujet-là. Et puis en plus de ça, parler de mon histoire personnelle au complexe c’était me rappeler que j’avais laissé ma famille derrière moi, une famille qui n’était pas forcément celle que j’aurais voulut avoir mais qui était tout de même celle que j’aimais. Je relevai la tête pour voir Reid s’approcher de moi. « Elle me manque, tu sais. J'essaye de ne pas y penser, mais c'est juste trop dur, j'en suis pas capable. » Je sentis ma gorge se nouer sous l’effet de ses mots. Nora. Elle avait été aussi importante que mon frère dans ma vie. Il avait eu la chance d’épouser une femme formidable et partageant ses idéaux, ses valeurs mais malheureusement, celle-ci avait disparu. Je m’approchai de Reid et le pris dans mes bras. « Je suis certaine qu’elle aurait été fière de nous voir à l’extérieur. Et pour la rendre encore plus fière on devrait vivre notre vie pleinement, comme elle l’aurait voulu. » Je me décollai de lui et déposai un baiser sur sa joue avant de rompre notre contact physique. Ce que j’avais dit je le pensais fortement. Nora avait toujours eu la tête remplie d’aventures à l’extérieur comme Reid et moi. Nous formions un petit trio de rêveurs, des petits marginaux qui se raccrochaient chaque jour à l’espoir d’une vie plus libre. Mes yeux se plongèrent dans les siens et sans lâcher le regard, la voix hésitante je lui dis : « Je suis désolée de pas avoir été là. Je m’en veux d’avoir préférer ma liberté plutôt qu’à toi … » Je savais que je n’aurais pas dû l’abandonner alors qu’il traversait une passe difficile mais ca avait été plus fort que moi. Jusque-là j’avais réussi à mettre de côté ma culpabilité, mais de revoir mon frère envahis de douleur, je n’avais d’autre choix que d’y faire face. « J’espère que tu me le pardonneras un jour Reid. » Je savais qu’il pourrait faire comme si tout allait bien entre nous mais je ne voulais pas qu’il fasse seulement semblant. Je pouvais accepter qu’il m’en veuille mais pas qu’il me mente sur notre relation. Je ne voulais pas que l’on se cache des choses l’un envers l’autre. S’il m’en voulait il pouvait me le dire, j’étais prête à l’entendre.

Kath' & Reid

Peut-être que Kathelyn était bien plus courageuse que lui en se prenant en main et acceptant de se confier afin de se faire aider. C'était ce qu'il pensait silencieusement. Reid n'était pas capable de revenir sur cette époque, pas pour le moment du moins. C'était trop tôt. Encore trop douloureux. Et il n'était définitivement pas prêt à affronter cela. Depuis la mort de Nora, il avait cette impression de saigner de l'intérieur, et que rien n'était capable d'arrêter cette hémorragie. Mais, il se trouvait que sa liberté avait atténué un tant soit peu cette douleur permanente, lui laissant quelques moments de répit. Évidemment, il lui arrivait de se réveiller deux ou trois fois dans la nuit, percuté par ces visions du passé, ces moments qu'il aurait parfois aimé oublier. Mais ce n'était pas aussi simple que ça et ça ne le serait sans doute jamais. « Ça dépends. Il sait d’où je viens mais je ne rentre pas dans les détails forcément. J’ai du mal à en parler, c’est … douloureux » Reid hocha la tête, silencieusement. Il comprenait sa sœur, il savait ce qu'elle ressentait. Parce-qu'au final, c'était leur histoire, leur passé et ils avaient tous les deux été embarqués dans cette déshumanisation organisée. Ils devaient réapprendre à vivre par eux-même et il était certain que ça leur demanderait un peu de temps. « Je te trouve courageuse Kathelyn, bien plus que n'importe quelle personne. » Avoua-t-il d'une voix très douce, voulant re-capter l'attention de sa sœur qui avait baissé la tête. Elle n'avait pas à être gênée. Reid le refusait. La force dont elle faisait preuve était à peine descriptible et tout ce qu'il ressentait sur le moment était de la fierté. « Je suis pas encore prêt pour en parler à quelqu'un d'autre, mais... je t'ai toi, et tu m'as. A deux, on a toujours été plus forts, n'est-ce pas ? » Un léger sourire empreint de nostalgie se dessina sur les lèvres du jeune Parks. Avec elle, c'était plus simple. Kathelyn était sa sœur certes, mais elle était aussi une amie pour Reid, il pouvait compter sur elle plus que quiconque d'autre sur cette planète. La conversation finit par dériver inévitablement sur Nora, sur la fin tragique que la vie lui avait réservé. « Je suis certaine qu’elle aurait été fière de nous voir à l’extérieur. Et pour la rendre encore plus fière on devrait vivre notre vie pleinement, comme elle l’aurait voulu. » Reid ferma les yeux, aussi forts que possible, serrant sa sœur dans ses bras tandis que ses paroles se frayèrent un chemin tout droit jusque son cœur. « C'était elle ma vie... » Finit-il par dire, l'émotion le frappant en plein ventre. « Mais tu as raison, on doit vivre maintenant. » Ajouta-t-il, sur un ton se voulant plus ferme, comme s'il souhaitait se convaincre de ses propres mots. Cela dit, il ne pouvait s'empêcher de s'imaginer ce qu'aurait pu être la vie ici, avec elle. Si leur trio magique avait pu être réunis comme ils l'avaient toujours rêvé. « Je suis désolée de pas avoir été là. Je m’en veux d’avoir préférer ma liberté plutôt qu’à toi … » D'entendre ces mots sortir de la bouche de Kathelyn ré-ouvrait un peu plus cette plaie qu'il tentait de cacher face à sa sœur. Reid se rappelait de l'incompréhension, de ce sentiment d'abandon mais surtout de cette peine incommensurable qu'il avait ressenti lors de la fuite de sa jeune sœur. « Je pensais que toi et moi, on se dirait toujours tout, qu'on ne s'abandonnerait pas même dans les pires circonstances. » Il marqua un silence, avant de reprendre. « Tu as fait ce qu'il te semblait juste, tu as saisi l'opportunité de ta vie, je peux pas te blâmer pour ça. » Pas éternellement en tout cas. Il ne voulait pas que la culpabilité s'éprenne d'elle, mais il savait qu'ils seraient à un moment ou à un autre confrontés aux erreurs du passé. Ce moment semblait être arrivé. « J’espère que tu me le pardonneras un jour Reid. » Sa gorge se noua mais il essaya de ne rien faire transparaître. Il hocha simplement la tête, ses yeux posés sur Kath'. « Je l'espère aussi. » Le pardon était difficile à obtenir de la part de Reid. Mais ici, la situation était différente, il s'agissait de sa sœur, de la personne qui comptait le plus pour lui, et il avait décidé que plus rien ne se mettrait en travers de leur route, même pas les regrets. « T'as l'air de... bien t'entendre avec ton médecin, je me trompe ? » Dit-il, changeant rapidement de conversation, se rappelant que quelques minutes plus tôt, elle l'avait appelé par son prénom. Bien curieux pour une simple patiente... « Dis moi, j'sais pas toi mais moi je suis affamé, on se commande quelque chose ? » L'émotion des retrouvailles lui avait sûrement ouvert l'appétit. Et autant dire que maintenant qu'il avait retrouvé sa sœur, il n'allait pas se priver de tous ces moments qu'il pouvait passer avec elle.