Lorsqu’Helena me demanda si je travaillais dans l’après-midi, je ne m’attendais absolument pas à ce qu’elle me demande d’aller chercher Charlotte à l’école, mais elle avait fait. Cela prouvait au moins une chose : elle avait confiance en moi. C’est non sans crainte que je me rendis à la dite école. Les parents discutaient entre eux et mois je me retrouvais aux milieux d’inconnus, dans un lieu inconnu. Vraiment bizarre. Charlotte était surprise de me voir et c’était bien normal. Elle s’attendait à voir sa mère et non moi. Cependant, cela ne paru pas la déranger. Il fallu juste expliquer à la maitresse que j’étais son père et ça, c’était une tout autre histoire… Elle ne m’avait jamais vu de sa vie et je n’étais pas inscrit sur la fiche de liaison… Heureusement elle faisait confiance à Charlotte qui visiblement, me faisait confiance pour me suivre. Néanmoins, l’enseignante ne pu retenir son regard qui en disait long sur le fond de sa pensée : Encore un con qui essaie de se racheter une conscience après avoir abandonné sa gamine… Heureusement, je n’étais pas très sensible aux jugements des autres. J’avais été largement habitué à ça avec Liam.

C’était bizarre de me retrouver seul avec Charlotte. Ca n’était encore jamais arrivé et oui, ça me rendait nerveux. Encore une fois, j’avais peur de me planter et de tout faire de travers. Et si je réfléchissais trop, c’est forcément ce qui allait arriver. Je devais juste me laisser aller comme je pouvais le faire avec Liam ou Timéo. Première étape, le goûter. Je n’avais pas vraiment de goûter adapter aux enfants chez moi et de toute façon, je ne connaissais pas encore ses goûts. Voilà pourquoi, je trouvai plus sage de m’arrêtai à une boulangerie. Sauf que voilà, Charlotte n’avait pas envie d’une simple chocolatine ou d’une simple brioche, mais bel et bien d’une énorme religieuse au chocolat. Je la comprenais bien, elle donnait vraiment envie… Je n’osais pas lui dire non pour plusieurs raisons. Premièrement s’était la première fois qu’on passait un moment ensemble et, même si c’était surement bête, je ne voulais pas qu’elle me « déteste » dès le début.  Et deuxièmement… personne ne pouvait résister à une religieuse au chocolat… même pas moi… C’est d’ailleurs pour ça qu’on se retrouva avec deux religieuses au chocolat. « Okay, ça c’est notre petit secret. » souriais-je et là elle me répondit tout bonnement. « Si c’est une habitude, ça restera un secret. » Je ris face à tant d’aplomb ! « Marché conclu » riais-je alors que nous montions dans la voiture. Je n’étais pas fan du transport en voiture, mais n’ayant pas de casque pour Charlotte, je ne pouvais carrément pas la prendre en moto.

Le gouter se fit alors dans mon appartement, avec un cooky très surexcité qui essayait sans cesse de récupérer un morceau de gâteau. Malheureusement pour lui, il avait affaire à plus gourmand que lui ! La suite, je l’appréhendais, je n’avais pas énormément de jeux d’enfants et le peu qui avait, étaient plutôt destinés aux garçons. Je n’avais aucune barbie, poupée ! Remarque ce n’était peut-être pas son style. Sauver par le monopoly, je la laissai me plumer pendant une bonne heure, jusqu’à que je me déclare perdant ! C’est là que tout naturellement elle me demanda de lui apprendre la guitare. Okay, sans mentir, j’étais plus qu’heureux qu’elle me demande ça. C’était ma passion et forcément ça me faisait plaisir de la partager avec elle. Je lui montrai quelques accords et… okay… disons-le… c’était une catastrophe… Elle tenait ça du côté de sa mère, c’était certain. « C’est pas mal pour un début, je t’assure ! » dis-je pour l’encourager, ce qui sembla lui faire plaisir.  Le temps c’était écoulé, et je ne remarquai pas qu’il était déjà 19h30 passé lorsqu’on sonna à la porte. Cela devait être Helena et c’était évidemment elle.

Cela me faisait bizarre de la voir ici, chez moi. Elle n’y avait jamais mis les pieds avant alors que moi, pourtant, j’étais venu à plusieurs reprises. J’étais plutôt désordonné et encore plus depuis que ma colloc était parti vivre ailleurs. J’avais gagné de la place, certes, mais clairement, j’étais moins maniaque qu’elle ! J’avais essayé de ranger un peu en début d’après-midi, mais ce n’était pas vraiment le top. « Désolé, c’est le bordel. » dis-je en la laissant entrer. Au moins, elle était prévenue.

( Pando )

J’avais été prise un peu de court lorsque ma baby-sitter m’avait annoncé être clouée au lit avec une méchante grippe. J’avais un examen assez important à l’université et je ne pouvais pas me permettre de le louper. Seulement voilà, mon examen se terminait deux heures après la sortie des classes de Charlotte. Je n’avais pas de famille sur qui comptait et je ne savais pas trop comment faire. Et puis soudain je me rappelais que le père de ma fille avait intégré sa vie. Même s’il n’était pas impliqué dans son quotidien, Timothy passait tout de même du temps avec Charlotte. Pourquoi ne pas lui demander ? Je ne lui avait jamais confié ma petite demoiselle jusque là, mais il y avait un début à tout non ? Pour mon plus grand soulagement, le jeune homme accepta de récupérer Charlotte et de la garder chez lui le temps que je termine.
 
Mon examen terminé, je ne m’attarda pas trop et me dépêcha de me rendre chez Timothy. Je lui envoyai un texto pour lui signifier que j’arrivais d’ici une vingtaine de minutes, mais je n’eu pas de réponse. Je décidai de ne pas m’en faire. Lorsque j’arriva devant la porte de l’appartement, j’entendis quelques accords de guitare. C’était pas très mélodieux, mais quelque chose me disait que ce n’était pas le jeune homme qui se ridiculisais devant sa fille. J’esquissai un sourire et appuya sur la sonnette. Des pas approchèrent et la porte s’ouvrit. « Salut ! » Il me fit entrer en s’excusant pour le désordre. Je n’étais pas non plus la reine de l’organisation, même si je faisais de mon mieux pour servir de modèle à l’adorable tête blonde. « T’en fais pas. C’est pas le principe même d’une garçonnière ? » Je lui fis un petit sourire taquin et m’avança vers Charlotte qui tenait une jolie guitare dans ses mains. « Bonjour ma puce. » Je lui déposai un baiser sur le front. « Comment s’est passé ta journée ? » lui demandai-je. Bien entendu la journée se résuma qu’à sa présence chez son père. A croire qu’elle avait fait l’école buissonnière. « Tim m’a appris à jouer de la guitare. C’est trop bien. On pourra en acheter une aussi ? » Je réprimai un petit rire et je détournai le regard pour le poser sur Tim. « Non. Je ne sais pas en jouer. Je pourrais pas t’apprendre. Mais peut-être qu’il pourra continuer à te donner des cours de temps en temps ? Tu pourrais revenir ou bien il ramènera sa guitare à la maison … » Je lançai un regard à l’intéressé en attendant une réponse de sa part. Je sentais que ça plaisait à Charlotte, alors je me disais que ça pourrait être un bon moyen pour les deux de se connaitre un peu plus. La musique comme outil de médiation. C’est ce qu’on nous apprenait en cours de psycho. « Merci en tout cas d’être allé la chercher. Tu m’as vraiment sauvé. Je ne sais pas trop comment j’aurais fait sinon. » J’aurais sans doute séché mon examen et il aurait fallut que je rattrape ensuite. Redoubler d’effort de travail alors que déjà je n’avais pas une très grande motivation à boucler mon master. Cette année était particulièrement difficile pour moi. Certains jours j’avais envie de tout laisser tomber, même si proche du but. « Je peux peut-être te remercier en t’invitant à diner ? Sauf si tu as envie de te débarrasser de nous, on peut se faire livrer à manger, t’en dis quoi ? »
 

( Pando )

( Pando )

( Pando )

On se décida à passer commande pour de la pizza. Simple mais efficace comme diner. Certaines mères parfaites diraient que ce n’est pas de la nourriture à donner à une enfant, mais je m’en fichais un peu. Ça faisait pas de mal de se faire plaisir de temps en temps et Charlotte raffolait de pizza. Timothy voulut savoir si j’avais repris contact avec ma famille. Je lui expliquai la démarche que j’avais faite, zappant le téléphone pour une lettre. Je n’avais pas pensé au faite que par le biais de la lettre mes parents et ma sœur pourraient avoir envie de prendre le premier avion pour venir à Miami. Je regardai le jeune homme un peu troublée. « Je n’ai pas marqué mon adresse, Miami est grand ce serait de la folie de venir sans détails de ma localisation. Non je pense pas qu’ils vont venir. » Je disais ça surtout pour me rassurer et me convaincre mais dans le fond je crevais de trouille de les voir débarquer. Je n’étais pas prête à les laisser entrer dans ma vie. Je ne les connaissais pas et ce que j’avais lu à propos de ma mère dans mon journal ne m’avait pas plût … Et puis, je menais une vie particulière pour subvenir aux besoins de ma fille et de moi-même, j’avais peur qu’ils ne fourrent leur nez trop loin dans mes affaires. D’ailleurs, j’espérais que Timothy n’ait pas lu l’article de Nightmare et qu’il ne le lise jamais. Elle déballait au grand jour mon travail de nuit …
 
J’expliqua ensuite au jeune homme ce que j’avais découvert dans le journal qu’il m’avait donné. Il me semblait important de dissiper ses doutes concernant notre relation d’ado. Timothy me demanda si les choses auraient pu être différentes s’il avait été mis dans la confidence. J’haussai les épaules en regardant ma fille sortir un cahier et ses crayons de couleur de son cartable. « J’en sais rien. Comme on dit avec des si on referait le monde … Peut-être que je ne me serais jamais retrouvé dans ce train, peut-être qu’on aurait vécu une belle histoire à trois. J’en sais rien et personne le sait. » Je souris faiblement en regardant Tim. J’avais pas trop envie de penser à ce qu’aurait pu être ma vie si les choses s’étaient passées autrement. C’était jamais bon de se morfondre sur le passé. L’avenir était plus important ainsi que le présent. Je l’avais bien compris au cours de ma vie. En tout cas mes paroles semblaient avoir fait du bien au jeune homme. Je pouvais comprendre que ça le soulageait de savoir la vérité, de combler des trous. « Aujourd’hui on a une sorte de deuxième chance, je pense qu’il faut en profiter. On aurait pu ne jamais se retrouver. » Je ne parlais pas nécessairement de reconstruire une quelconque histoire comme dans notre passé, mais au moins de créer une histoire pour Charlotte, une histoire où chacun de nous aurait sa place. Être une famille pas tellement ordinaire, mais une famille. J’avais peur qu’un jour Timothy ne tourne le dos à sa fille, mais je me devais de prendre le risque car elle avait le droit de connaitre son père.
 
Je penchai mon regard vers le dessin que faisait ma fille. Elle dessinait des dinosaures comme ç son habitude. Je lui avais pourtant pas fait regarder Jurassic Park. Je ne comprenais pas bien d’où lui venait cette passion pour ces espèces disparues. Ça la rendait heureuse j’allais pas l’empêcher de faire ce qui lui plaisait. « Et toi tu t’es réconcilié avec ta mère ? » Il m’avait dit à noël qu’il s’était fâché contre sa mère. Il ne comprenait pas pourquoi elle lui avait caché ma grossesse. J’avais essayé de lui apporter mon point de vue mais cela n’avait pas trop aidé à lui faire ouvrir les yeux sur la situation.
 

( Pando )

Helena n’avait pas réussi à appeler directement sa famille, elle avait préféré leur envoyer une lettre. Au moins, elle ne n’avait pas à répondre du tac au tac, sauf si ses parents débarquaient à l’improviste. Ca serait légitime de leur part. Personnellement, on m’annoncerait que mon père est vivant et qu’il se trouve à l’autre bout de la planète, sans réfléchir, je prendrais le premier avion pour le rejoindre… Bon, ça n’arriverait jamais, mais ça laissait présager que ses parents n’allaient pas tarder à débarquer. « Moi c’est ce que je ferai. Avec ou sans adresse… » avouais-je. Et puis… sa mère était toujours en contact avec la mienne et savait qu’on vivait ici… Puis il y avait aussi sa sœur. Ce n’était pas une grande amie, mais nous étions restés en contact après… après tout ça. « Tu sais que nos mères sont toujours en contact ? Et que ça m’arrive de temps à temps de parler à ta sœur ? » demandais-je. Elle n’avait pas dû penser à ça et de ce fait, cela me mettait dans une position délicate. Helena ne voudrait probablement pas que je dise quoi que ce soit. Il allait falloir filtrer mes appels. Au pire, peut-être qu’un simple appel serait suffisant pour eux ! « Si je sais quelque chose, je te le dirais. » souriais-je.

Depuis son retour dans ma vie, je ne cessais de me demander comment se seraient passées les choses, si j’avais été mis au courant dès le début. Bien sûr, à chaque fois, je me faisais une version différente et ça n’aidait pas vraiment. De toute façon, il était trop tard. Ce qui était fait, était fait. On ne pourrait pas y venir dessus… « Ouais… » dis-je simplement. Elle avait raison, personne ne le saurait jamais. Cela ne servait à rien de ressasser le passé. Il fallait simplement penser au présent. « Clairement ! Premièrement, physiquement, j’aurais jamais pu te reconnaitre, si je n’avais fait que te croiser dans la rue et deuxièmement, si tu t’étais pas évanoui de l’autre côté du trottoir, on ne se serait même pas croisé… Trop de coïncidences pour parler d’un simple hasard. » Je ne croyais pas vraiment au destin. Je trouvais même que c’était une connerie de penser que deux personnes pouvaient se retrouver seulement car s’était prévu. Non, c’était carrément impossible, mais soyons francs, les chances de retrouver après tout ce temps, dans ces circonstances, étaient tout de même très minimes !

Elle, allait retrouver sa famille et moi je devais pardonner la mienne… « Je lui ai parlé… mais de là à dire que tout est comme avant, j’ai du mal… Je me sens trahis … » dis-je une nouvelle fois. Je savais que pour le coup, elle était du côté de ma mère et qu’elle la comprenait. Moi, j’en étais incapable. Je me sentais trop trahis pour ça ! « Ca viendra peut-être avec le temps… » Je ne comptais pas non plus effacer ma mère de ma vie. Elle comptait trop pour ça !

Les pizzas arrivèrent rapidement et je les installai sur la table basse du salon. « Oui, j’en ai pris une de plus. Elle se mangera de tout façon. » riais-je. Si ce n’était pas aujourd’hui, ça serait demain. On s’installa donc sur le canapé pour une soirée vraiment décontractée. Charlotte avait demandé à regarder un film… J’avais dit oui, sans savoir qu’elle me parlait d’un film d’amour d’adolescents ponctué de musique… Un bon HSM versionne 2019 en somme !

( Pando )

Tim n’était pas très rassurant concernant ma famille et leur possible venue à Miami. Je ne voulais pas d’eux ici pour le moment, mais il m’assurait que cela risquait bien d’arriver. Cela me faisait un peu paniquer. Il ajouta que nos deux mères étaient toujours en contact et qu’il risquait fort d’y avoir une passation d’informations entre elles. Lui-même était encore en contact avec ma sœur. J’espérais que de son côté il n’irait rien divulguer. Je ne refusais pas de les voir à tout jamais, mais je voulais faire les choses petit à petit. Le jeune homme me questionna sur le passé, me demandant si les choses auraient pu être différentes si le secret sur ma grossesse ne le lui avait pas été dissimuler. Ma réponse n’en fut pas tellement une, car je ne pouvais pas savoir ce genre de choses. Le passé c’était le passé. Mieux valait se concentrer sur le présent et l’avenir. « …Trop de coïncidences pour parler d’un simple hasard. » Ces dernières paroles résonnèrent en écho dans ma tête. C’était bien vrai, même si je ne croyais pas tellement en toutes ces choses liées au destin. Je n’avais jamais trouvé un très grand sens à ma vie et à la tournure des évènements qu’il y avait eu pour croire en cela. Le destin pour moi c’était juste une façon de se déculpabiliser de nos actes. Pour moi c’était seulement un hasard, rien de plus.
 
Je le questionnai à mon tour sur ses relations familiales, plus précisément sur sa relation assez conflictuelles avec sa mère. Timothy me dit qu’il avait reparlé à sa mère mais qu’il n’arrivait pas à lui pardonner. Je pouvais comprendre même si je comprenais sans doute bien plus le choix de sa mère. « Ne gâche pas la relation que tu peux avoir avec elle. C’est important la famille, c’est ce qu’on a de plus précieux. Et tu le sais aussi bien que moi qu’on passe jamais assez de temps avec les personnes qui nous sont chères. » Je faisais allusion à la mort soudaine de son père. Sans doute avait-il regretté de n’avoir pas passé de temps avec lui, de ne pas avoir assez profité. On ne savait pas de quoi la vie était faite. Il était vite fait d’avoir un accident, comme un train qui déraille et qui vous fait tout oublier, jusqu’au moindre souvenir …
 
Les pizzas arrivèrent. Je demandai à Charlotte de ranger ses dessins pour que l’on puisse diner sur la table basse. Non pas deux pizzas arrivèrent mais trois. Je regardai le jeune homme pour l’interroger et il me répondit avec amusement qu’il en avait quand même commander une de plus. Je souris en l’aidant à sortir des verres et des boissons pour accompagner notre repas. « J’aime ça, les petits moments simples comme ça. Accompagnés de pizza ça c’est le pied ! » dis-je en mettant une part dans ma bouche. Je regardai ma fille avec un tendre sourire. Elle était également ravie de manger de la malbouffe pour une fois. Charlotte demanda à son père si elle pouvait regarder un film. Je regardai l’heure et d’un hochement de tête donna mon approbation. On pouvait bien tarder un petit peu si ça ne le dérangeait pas. Demain c’était le week-end. Il n’y avait pas école et je ne travaillais pas ce soir. Charlotte se décida pour un film comédie musicale qui, malgré son rythme très entrainant, la fit tomber de fatigue en à peine 20 minutes. « Je ne sais pas ce que tu lui as fait faire cette après-midi, mais tu l’as fatigué apparemment. Je vais peut-être te la confier plus souvent. » chuchotai-je avec un petit sourire. « Même si le film ne vole pas haut, j’ai bien envie de voir la suite. Ce serait trop abusé de ma part de te demander de rester jusqu’à la fin ? Enfin sauf si tu veux mettre autre chose … » Je regardai Tim en le regardant avec un petit air suppliant. Je pouvais très bien le regarder chez moi, mais je savais que toute seule devant mon écran, je m’endormirais sans doute avant la fin. « Tu crois que je peux mettre Charlotte dans ta chambre ? » Le jeune homme accepta. Je pris alors ma fille dans mes bras et suivit Tim pour la coucher dans un grand lit qui la faisait paraitre toute petite. Je la bordai avec douceur, déposant un baiser sur son front puis je quittai la pièce sur la pointe des pieds.
 
De retour dans le salon, je pris une petite part de pizza qui trainait malheureusement dans la boite, la sépara en deux et en proposa la moitié à Timothy. « T’as raison, cette pizza supplémentaire allait être mangé. » Je mis dans ma bouche la pizza et on relança le film mit sur pause. Ça faisait pas de mal de regarder des films un peu gniangnian de temps en temps. Au moins, y avait pas à se prendre la tête à réfléchir sur des sujets importants de la vie. « J’adore cette chanson ! » Je me mis à chantonner doucement et puis je lachai un rire tellement je me sentis ridicule. Je savais bien que j’avais pas particulièrement de talent pour la chanson. Le film passa et vint une scène où l’un des acteurs jouait de la guitare. Cela me fit repenser à ce que j’avais assisté en arrivant ici. « Tu joues depuis longtemps de la guitare ? J’ai toujours voulut apprendre d’un instrument, pour moi mais aussi pour en faire profiter Charlotte. Mais j’ai jamais pris ou trouver le temps d’apprendre. » J’avais eu envie de faire connaitre à Charlotte le solfège et j’étais pas mal heureuse de savoir que son père allait peut-être pouvoir prendre part à ce souhait.
 

( Pando )

e n’étais pas vraiment du genre à croire au destin. Pour moi, ce n’était que des foutaises ! Mais là, il fallait admettre qu’il y avait beaucoup de coïncidences.  Premièrement nous retrouver tous les deux à Miami après tant d’années, alors que nous étions anglais, était déjà surprenant. Deuxièmement Miami était une ville immense, quelle probabilité pour que nous nous croisions ? 0,0001 % ? Et puis quelle probabilité pour qu’elle fasse un malaise à côté de moi ? Encore 0,0001% ? Et pour terminer, quelle probabilité pour que je la reconnaisse alors que je la croyais morte ?! Bref tout ça pour dire que nos retrouvailles tenaient du miracle : un enchainement de situation qui nous avait réussi. Et tant mieux, nous n’allions pas nous en plaindre, si ?

J’avais toujours été proche de ma mère, pas autant que de mon père, mais nous nous étions rapprochés depuis que mon frère était sorti du coma. J’avais essayé de l’aider au mieux et voilà que j’apprenais qu’elle m’avait menti. J’en avais tellement souffert de ce mensonge que je n’arrivais pas à lui pardonner. Je ne pouvais pas faire comme si tout était normal. Mais je ne pouvais pas non plus la rayer de ma vie. J’en avais totalement conscience. En somme, j’étais perdu.  « Je sais… je suis juste incapable de faire comme si rien n’avait changé entre elle et moi… » J’avis beau essayé, ça ne marchait pas. Pourtant, comme le soulignait Helena, je ne pourrais pas agir ainsi bien longtemps. Sinon la haine que j’aurais à son égard changerait de direction et cette même haine, je l’aurais contre moi.

Les pizzas arrivèrent, me sortant de cette discussion un peu trop sérieuse à mon goût.  On s’était installé sur la table basse pour ce repas peu diététique. C’était beaucoup plus convivial à mes yeux. « C’est encore meilleur avec des bières, mais comme j’ai pas envie que tu me prennes pour une alcoolique de suite, ça sera pour la prochaine fois. » plaisantais-je alors que nous attaquions les pizzas devant un film qu’avait choisi Charlotte.  D’ailleurs cette dernière, après un repas copieux, commença à fatiguer et Helena me demanda s’il était possible de la mettre dans ma chambre. Je lui montrai donc ma chambre et Charlotte ne mit pas longtemps à s’endormir. La fatigue de la semaine probablement.

« Je te l’ai dit, ça se mange sans faim ces trucs-là ! » répliquais-je alors qu’elle coupait la dernière part qui restait. Le film reprit son court, toujours aussi gnangnan, mais ça avait l’air de plaire à Helena. Un moins une personne sur deux convaincue ! « Okay, donc évites la carrière de chanteuse ! » la taquinais-je dans un léger rire.  « Oh depuis tout petit. Je ne serais pas te dire exactement quand, j’ai pas de souvenir concernant la première fois que j’ai joué. Je pense que mon père a du me mettre une guitare dans les mains avant même que je sache marcher. » plaisantais-je avant de reprendre. « C’est à lui que je dois cette passion, et aussi la moto. » avouais-je avant de me tourner vers elle. « Et toi, des passions ? A part ton don incontesté pour le chant, bien sûr. »  lui répliquais-je dans un clin d’œil taquin.

( Pando )

Timothy accepta pour que l’on regarde la suite du film tandis que Charlotte dormait dans une chambre voisine. J’avais terriblement envie de voir la fin et j’étais assez contente que le jeune homme m’en laisse l’occasion. On termina le dernier bout de pizza et puis je me mis à chantonner. Je n’étais vraiment as bonne en chant et mon ex ne se priva pour me le faire remarquer. « Oh ! » m’exclamai-je en le tapant doucement sur son avant-bras. « Moi qui espérais un jour devenir une star mondiale, tu viens de briser tous mes rêves ! » Je fis une moue faussement triste. Je le questionna ensuite sur son talent à la guitare. Il m’expliqua que depuis tout petit il gratouillait les cordes et cela grâce à son père. Je trouvais ça chouette qu’il ait gardé quelque chose de son père décédé malgré tout, quelque chose qu’il aurait toujours en commun avec lui. Il ajouta aussi que c’était grâce à lui qu’il aimait aussi la moto. « Ça, jamais tu ne le transmets à Charlotte. La guitare ok, la moto tu la gardes éloignée. » Je souris un peu amusée. Je savais bien que si ma fille, au détour de sa crise d’ado, voulait s’essayer à la moto, il vaudrait mieux que je la sache entre de bonnes mains – entre autre celles de son père – qu’il ne lui arrive un accident aux mains d’un inconscient ou des ses propres mains. Mais j’espérais que cette lubie ne lui viendrait jamais en tête. Tim me retourna la question des passions, me taquinant à nouveau à propos de chant. Je lui fis quelques secondes de gros yeux avant de lever les épaules. « Pas vraiment. Je crois que jamais vraiment eu le temps de me trouver une passion. J’ai été assez vite balancé dans le monde bien trop sérieux des adultes, et avec une fille à élever je crois que j’ai pas eu l’occasion de trouver quelque chose pour lequel je suis douée. »  Un jour peut-être que cela viendra, mais pour le moment je n’avais pas de passion. J’aimais des choses dans la vie, mais rien auquel je me consacrais pleinement corps et âme. Rien que je n’avais réellement à transmettre à ma fille en faite. Peut-être ce serait elle qui m’apporterait cela un jour, qui sait … Un peu comme sa passion pour les dinosaures en ce moment. « Tu penses que tu pourrais lui apprendre la guitare de temps en temps ? Je crois qu’elle aime bien ça et puis je pense que … Qu’elle t’aime beaucoup aussi. » Je lui souris. Charlotte m’avait parlé à plusieurs reprises de Timothey, même si c’était pour des choses anodines, je me disais que cela devait être assez important pour ma fille si elle engage la conversation à son propos. J’étais contente que le courant passe bien entre eux. « Peut-être que tu pourrais la récupérer quelque fois à son école, si elle est d’accord et si tu veux bien toi aussi. Ou bien passer à la maison quand la baby-sitter l’a récupérer. Bon bien sûr interdiction de draguer ma baby-sitter, j’y tiens. C’est une perle et je voudrais pas à devoir m’en trouver une autre. » Je me mis à rire.
 

( Pando )