Il s’était passé quelque chose ce soir là, ou du moins j’avais dit quelque chose car l’homme changea presque du tout au tout en quelques secondes. Il voulait juste du sexe, pas perdre son temps avec quelqu’un qu’il ne pourrait pas ramener dans son lit. Alors je l’avais laissé tranquille, le regardant simplement partir avant d’en faire de même. Il avait pointé du doigt des choses que j’avais moi-même relevé. Il avait été plus loin que l’intégralité de mes proches et il était parti. C’était frustrant, clairement, d’autant plus lorsque les jours qui suivent, il revint comme si de rien n’était. Alors j’avais essayé de lui parler, ou laisser des messages sur son café sans grande réussite du moins jusqu’à ce soir ou à quelques minutes de la fermeture, je me retrouvais seul avec lui et assez en avance pour pas avoir besoin de m’occuper de la fermeture immédiatement. Alors après un énième regard, j’avançais vers lui, pour m’arrêter à un pas et déclarer, « Je crois que c’est la première fois qu’un mec me frustre autant. », déclarais-je dans un sourire se voulant rassurant. Je n’aimais pas vraiment la situation, d’autant que je n’aimais pas la tournure qu’avait prit la discussion. Quelque chose l’avait dérangé dans ce que j’avais dit, ca m'apprendra à trop en dire, mais maintenant j’avais besoin de savoir quoi et j’espérais qu’il soit de meilleure humeur.

« Je te dérange pas longtemps, c’est promis. » le rassurais-je alors, il était là pour travailler, pas pour parler, « J’ai aucun doute sur le fait qu’un hétéro marié avec une vie naze n’est pas le compagnon d’une soirée dont tu rêves, et je t’en veux pas de préférer prendre du bon temps. Quand on peut le faire, pourquoi s’en priver franchement ? », je ne savais pas trop ce que je voulais dire, mais j’essayais, « J’ai dit un truc qui t’as pas plu, je sais pas quoi, je sais pas si c’est la tournure, mais t’es passé d’un gars agaçant, mais intéressant et étrangement humain à un gars froid et distant, je dis pas te connaître, c’est même tout l’inverse, mais je suis désolé d’avoir dit la mauvaise chose. », et avant qu’il ne me reprenne, « Et oui je m’excuserais même si j’ai aucune idée de pourquoi, mais ca me semble important de le faire quand la personne en face a eu une réaction positive et constructive envers toi et que ça n’était pas arrivé depuis une éternité. », même Lucy ne prenait plus cette peine, mais comment lui en vouloir ? C’était impossible. On devait subir ça, rien de plus, mais lui, lui il avait trouvé ça injuste sans doute, con, stupide, et il l’avait dit.

« J’irais pas jusqu’à dire que tu peux me draguer et que si ça me plait on ira plus loin, parce que t’es pas un chien devant qui j’ai le droit d’agiter une friandise et qu’en plus je suis même pas certain d’avoir le courage d’affronter une nouveauté, mais... » c’était compliqué pas vrai ? « Qu’est ce qui t’es arrivé ? Je dis pas que t’es pas normal, juste, je reconnais les personnes devant vivre avec un poids et si je peux faire un truc qui soit pas juste de mettre des blagues sur un gobelet, je crois que je suis prêt à essayer… Pas amicalement bien sur ! » concluais-je dans un léger rire. Il ne voulait pas d’amis, je le savais, alors autant essayer d’être léger.

“Light and Dark” Il revient d’abord pour montrer qu’il n’en a rien à faire, ou du moins c’est ce qu’il se dit. Quoi de mieux pour prétendre que cette soirée n’a jamais existé que de revenir dès le lendemain matin, commander son café en ignorant superbement l’homme qui lui sert ? Ca fonctionne, un jour ou deux, mais les regards en coin sont difficiles à éviter et les messages ridicules sur ses gobelets le font sourire sans qu’il ne puisse s’en empêcher. Il met un peu de temps à réaliser que quand il entre dans le Coffee Shop, finalement, il s’attend à trouver Elias derrière le comptoir et s’impatiente de trouver quels mots stupides seront inscrits sur son gobelet cette fois. Il a de moins en moins envie de devenir ami avec cet homme à mesure que son agacement grandit de le savoir marié et de repenser à tout le reste. Mais ce truc qu’ils font là, ce n’est pas vraiment une amitié, pas vraiment quoi que ce soit, n’est-ce pas ? Dans le monde de Liam, ça ressemble surtout à du flirt, ce qui est définitivement exaspérant quand on sait que ce n’est probablement pas l’intention du barista, mais… ça semble inoffensif. C’est comme s’ils avaient un petit crush l’un pour l’autre, quelque chose d’enfantin et de mignon qui n’aura jamais la moindre consistance dans la réalité. Liam se force à s’en accommoder et tout rentre dans l’ordre.

Et puis, le même drame se produit une seconde fois. Le café se vide, l’ingénieur travaille seul à sa table depuis des heures et quand il relève les yeux, c’est parce que la voix d’Elias vient le tirer de ses pensées. Il n’est pas vraiment surpris cette fois, il n’a pas trop fait attention à ce qui se passait depuis un moment, mais c’est presque comme s’il attendait de se retrouver dans cette situation depuis des jours. Il lâche quand même un soupir exaspéré à la seconde où il lève les yeux sur l’ancien soldat qui, une fois encore, balance quelques mots que Liam prendrait pour tout autre chose dans la bouche de n’importe qui d’autre. Il se prépare à le rembarrer ne serait-ce que pour la forme, mais n’a pas le temps d’en placer une que l’homme se lance dans un genre d’étrange monologue qui réussit tout juste à rendre la situation encore plus complexe et obscure. “Tu n’as rien fait.” lâche-t-il sans cacher sa contrariété quand Elias le laisse enfin en placer une. Il n’est même pas en colère, même pas vraiment mécontent que l’homme soit revenu vers lui et il y a quelque chose dans ce petit laïus idiot qu’il apprécie vraiment. C’est insupportablement agaçant, mais c’est bien là. Alors même s’il a très envie de ne rien répondre, les mots lui échappent presque contre sa volonté.

“Il s’est passé un truc, mais ça n’a rien à voir avec toi.” Bien sûr, il y a peu de chance qu’Elias avale cette excuse, mais Liam n’a-t-il pas déjà largement prouvé qu’il n’était pas le genre à s’encombrer de politesses pour rien ? “Je n’ai pas envie d’en parler pour l’instant.” ajoute-t-il, parce que même s’il ne sait pas pourquoi, il n’a pas envie de fermer totalement la porte. Peut-être qu’il voudra lui dire la vérité un jour, pourquoi pas ? Peu de chances que ça se produise, cela dit. “Et j’ai bien aimé les blagues sur mon gobelet.” Il aurait presque envie de lui demander de ne pas arrêter, mais ce serait admettre qu’il y a quelque chose et il ne le fera pas. “T’as réfléchi ?” demande-t-il, plutôt que de passer plus de temps sur lui. “À ce que tu voudrais faire si tu pouvais être quelqu’un d’autre pendant quelques heures ?” La suite de cette conversation va à l’encontre de tout ce que Liam tente de changer dans sa vie depuis qu’il a quitté La Nouvelle-Orléans, mais pour l’instant, il n’arrive pas tellement à s’en soucier. C’est un regret qu’il laisse au Liam de demain, celui de ce soir est en roue libre, impossible de lui faire entendre raison. “Mon offre tient toujours, si tu n’as pas envie de rentrer chez toi ce soir.”

 

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Un instant j’eus peur d’avoir été trop loin. Un instant je crus qu’il allait m’envoyer balader, mais à la place il m’assura que je n’avais rien fait. Je voulais bien le croire, mais vu sa réaction… Il expliqua qu’il s’était passé quelque chose qui n’avait rien à voir avec moi, ce que j’eus du mal à croire, sauf si j’avais involontairement rappelé un truc. J’aurais bien voulu lui demander quoi, mais il me contrat bien rapidement en me disant qu’il n’avait pas encore envie d’en parler. Au moins un jour j’aurais peut-être une chance de pouvoir le comprendre, savoir ce qui pouvait le faire changer autant. Hochant donc la tête pour lui signifier que je le laissais tranquille, j’étendais un léger sourire quand il avoua alors aimé les blagues sur les gobelet. Je n’avais sans doute fait aucun miracle, mais au moins avait-il apprécié quelque chose. C’était une première victoire qui ne dura pas longtemps quand il me demanda si j’avais réfléchi à ce que je voudrais faire si je pouvais être quelqu’un d’autre pendant une poignée d’heure. Il était de nouveau enclin à vouloir m’aider, quoi que je n’étais pas certain que cela ait jamais changé, mais au vu de notre dernière conversation, j’avais eu quelques doutes. Alors après une longue hésitation, un longue moment de réflexion, je finis par donner la seule chose dont j’étais sur à cet instant, « J’aimerais ne pas être marié, juste n’avoir aucun compte à rendre, aucune réputation à tenir. J’aimerais juste pas me soucier de ce qu’il pourrait se passer le lendemain. », n’être accusé de rien si jamais je trompais, si jamais je rentrais complètement bourré, ou si simplement je passais des heures à courir juste pour le principe de se vider la tête.

Alors certes cela ne voulait pas dire que je pourrais, ni que j’irais dans les excès, mais je voulais juste cette pause. « Ça fait de moi un salaud de vouloir tromper ma femme non ? » demandais-je avant de secouer la tête, « J’arrive pas à rester dans le personnage une minutes sans culpabiliser du mal que je pourrais faire, tu me crois réellement capable d’y arriver pendant une soirée ? Y’a sans doute quelque chose de moins… De moins dans la trahison et d’aussi efficace non ? », il n’allait pas pouvoir répondre pour moi, il n’avait pas à le faire de toute façon, pourtant cette envie elle avait toujours été là et ce depuis le premier jour. J’étais un homme qui avait beaucoup, mais alors vraiment beaucoup mis ses désirs de côté.

« J’ai pas envie de rentrer chez moi, alors aides moi Liam », lui demandais-je en abdiquant. J’avais beau espérer m’en sortir, j’avais beau croire que je pourrais tenir, le fait que ce mec soit rentré dans ma vie, qu’il ait réussi à toucher une corde sensible en quelques mots, ce n’était pas anodin. Alors je croyais moyennement au destin, mais là… Qui d’autre me proposerait ça ? Qui viendrait un jour me voir pour me dire " Hé Elias, tu mérites d’être heureux non ?! Alors bouges toi le cul." ? Je ne rencontrerais sans doute aucune autre personne voulant ça et même si son objectif était au final juste de me mettre dans son lit, alors peut-être que c’était un risque à prendre. De toute façon j’étais un adulte, un adulte entrainé au combat, la situation ne pourrait jamais autant m’échapper que ma vie. J’avais besoin de souffler, de prendre un risque et là, j’étais beaucoup trop nul pour y arriver seul. C’était réellement effrayant.

“Light and Dark” Ce n’est pas vraiment une surprise, mais Elias semble bel et bien avoir réfléchi à la question et la réponse qu’il donne est aussi triste qu’elle est attendue. Liam ne fait pourtant aucune remarque désobligeante et se contente de l’observer tristement. Il ne comprend vraiment pas pourquoi cet homme se laisse enfermer dans sa propre vie. Ça lui fait du mal, c’est évident et il y a fort à parier que sa femme n’est pas dans un meilleur état. C’est une chose qui dépasse totalement Liam. Il a envie de comprendre, besoin de comprendre. “Je veux bien t’aider,” concède-t-il à la demande que l’homme formule finalement, “mais que ce soit bien clair, il est hors de question que je t’aide à t’envoyer une inconnue !” Il sourit même s’il y a du vrai dans cette mise en garde. Il veut bien faire des efforts, prendre sur lui pour une bonne action, mais il ne va pas rester assis dans son coin à regarder Elias se tirer avec une fille. Si Liam ne peut pas l’avoir, alors personne ne l’aura. C’est aussi simple que ça.

Sur cette décision, il range son ordinateur et se lève. “Allez, c’est parti.” invite-t-il sans grand enthousiasme. Il ne sait même pas quoi faire, parce que sérieusement, ce que veut Elias est plutôt vague et la solution la plus simple reste d’aller dans un bar. Mais ils ne feront pas ça, pas si Liam a son mot à dire à ce sujet. Alors, quand ils sortent du café, il se contente de choisir une direction au hasard dans l’espoir de trouver quelque chose qui l’inspire sur la route. “Est-ce qu’elle est chez vous ce soir ?” demande-t-il, après quelques secondes à marcher sans rien dire, les mains dans les poches de son jeans et son regard posé sur le sol. Il ne lève pas les yeux vers Elias maintenant non plus. Cette femme l’intrigue presque autant que son mari. Il se demande si elle a l’air aussi malheureuse, elle aussi, ou si elle l’est tout simplement. Si elle rêve, elle aussi, de trouver un peu de bonheur dans les bras de quelqu’un d’autre et si elle se retient comme le fait Elias. “Tu ne l’as jamais fait ? La tromper, je veux dire.” reprend-t-il, tendu malgré une évidente tentative de montrer tout le contraire. “J’ai du mal à envisager le genre de relation que vous devez avoir, tous les deux… Presque autant que j’ai du mal à comprendre pourquoi tu restes.”

Il ne veut pas le forcer à en parler pour autant. Ou du moins, pas pour l’instant. Il a bien eu droit à garder ses histoires plus lui, alors pourquoi Elias n’aurait pas ce même droit ? “Bon, allez, arrêtons de parler de ta femme. Ce soir et jusqu’au lever du soleil, tu es célibataire !” Il regarde autour d’eux à la recherche d’une idée qui puisse transformer cette promesse en réalité. Il n’y a pas grand chose qu’il trouve intéressant, pas grand chose qui soit amusant et qui change un peu des habitudes. C’est désespérant et après un soupir, son regard s’arrête sur un liquor store. “On va s’acheter une bouteille, marcher jusqu’à la plage et…” C’est la partie qui coince, au point d’en devenir agaçant. Dépité, le jeune homme sort son portable, pianote quelques secondes dessus avant de relever les yeux sur Elias. “Jouer à ce jeu stupide : 164 questions inhabituelles à poser à un premier rencard !” décide-t-il en montrant l’écran à l’homme. “Non pas que ce soit un rencard, mais j’ai vraiment envie de savoir ce que tu ferais si tu étais Président.”

 

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Je me doutais bien que si il devait m’aider à m’envoyer quelqu’un ça serait lui, mais certainement pas une inconnu. Je ne me faisais aucune illusion, il n’y aurait que lui vers qui il pourrait me pousser. Acceptant donc ce deal, je finis ce que j’avais à faire avant de sortir avec lui et de me heurter à des premières questions qui semblaient bien loin de ce que l’on devait faire. Penser à Lucy, à ma fidélité à cet instant était… Angoissant ? Sans que je n’eus à répondre à l’évidence, il repoussa bien loin ce sujet pour qu’on s’en tienne au plan. Être célibataire jusqu’au levé du jour. Ne pas penser à ce que je faisais, même si je doutais qu’il puisse se passer grand chose. Au final il ne proposait que d’acheter une bouteille pour aller sur la plage et jouer à un jeu sur son portable. Des questions sur un premier rencard ? Sa justification m’arracha un sourire franc qui réussit à éloigner ces pensées pas forcément positive. Qu’est-ce que je ferais si j’étais président ? J’estimais clairement pas avoir la sagesse nécéssaire pour ça et à moins de faire des textes de lois stupide, je ne voyais pas quoi faire d’autres. Achetant donc la bouteille, l’on reprit la route vers la plage alors que je trouvais une réponse, « Je pense que j’aurais pas envie d’autant de responsabilité. Imagine un instant les gros titre : Le président vu en compagnie d’un homme ! », vu qu’on faisait souvent couler beaucoup d’encre pour pas grand chose c’était complètement possible. Après ça ne répondait pas à la vrai question, mais vu qu’elle avait été posé sur le ton de l’humour, ça irait.

Arrivant donc non loin de la plage, je ralentis le pas jusqu’à ce qu’on s’approche du sable et qu’il soit nécéssaire de retirer ses chaussure pour ne pas revenir avec plus de sable qu’autre chose. « Il y’a vraiment 164 questions à poser lors d’un premier rencard ? » demandais-je alors, « Le prénom, l’âge, le métier à la rigueur, c’est ce qu’il faut pour un rencard non ? », à moins que ce soit pour se faire quelqu’un, mais pour ce soir… Ca n’avait pas trop d’importance. M’arrêtant finalement non loin de l’eau, je m’asseyais sur le sol avant de tendre mes jambes. On ne voyait pas vraiment l’eau avec cette obscurité, on l’entendait, on sentait l’air chaud qui l’a poussait, mais c’était tout.

« Alors ces questions, j’ai hâte de savoir ce qu’il en est pour toi tiens. », mais je doutais surtout d’avoir assez de patience pour jouer jusqu’à la fin. C’était un jeu pas forcément très développé, ni qui risquait de me passionner longtemps, car même si je ne pouvais pas me taper de femme comme il disait, j’avais pas envie de juste répondre à des questions. Mais pour l’heure ça ferait l’affaire. Ouvrant donc la bouteille de Whisky que l’on avait prit, j’en bus une gorgée avant de tendre la bouteille à l’homme. Au moins j’aurais une gueule de bois.

“Light and Dark” La proposition de Liam n’est certes pas la plus excitante au monde, mais il semble un peu plus enjoué qu’Elias à l’idée. Il ne dit rien, pourtant, et lève seulement les yeux au ciel avant d’entrer dans le liquor store où il choisit une bouteille de Whisky d’une marque qu’il connaît, paye sans faire le moindre commentaire et ressort en quelques minutes seulement. Peut-être que quand l’alcool coulera à flots dans ses veines, il trouvera une meilleure idée. Ou bien, Elias acceptera de se laisser un peu aller et verra tout ce qu’il y a de passionnant à poser des questions aux gens qu’on ne connaît pas encore. Pour le moment, il n’est pas très doué à ce jeu. Liam l’observe du coin de l’oeil, incapable de cacher son exaspération à la réponse que lui donne le barista sur ce qu’il ferait s’il était Président. “J’adorerais être le premier Président gay de l’Histoire du monde ! Même si je suis à peu près sûr que le Président français l’est, tant qu’il reste dans son placard, je serais le premier à m’assumer et ça, ce serait une véritable victoire pour le monde.” lance-t-il en réponse à ce que l’homme à ses côtés pense être un vrai problème. Autant, il peut comprendre l’histoire des responsabilités, autant il ne voit pas vraiment quel mal cela ferait au monde de voir un homme politique à la tête du pays le plus influent du monde en compagnie d’un autre homme, bien au contraire. Sauf bien sûr, si dans cet univers alternatif, Elias est toujours marié à sa femme, mais c’est en contradiction directe avec le principe de cette soirée, aussi Liam n’y fait-il pas allusion.

Mais très vite, alors qu’ils s’approchent de leur destination, Liam se rend compte que ce n’est pas seulement sur la question de la présidence qu’Elias rencontre quelques difficultés, mais bien sur tout le principe d’un rencard. Son regard surpris se pose sur l’homme, ses sourcils relevés, incapable de croire ce qu’il entend. Est-ce que ce mec est sérieux ? Ok, il est marié depuis un moment, son dernier rencard doit remonter à loin, mais… Vraiment ? Secouant la tête pour disperser ses pensées dépitées, Liam s’installe près de lui dans le sable, retirant son pull qu’il roule en boule pour le coincer sous sa tête quand il s’allonge au sol et plante son regard sur le ciel vaguement étoilé. La pollution lumineuse gâche un peu l’effet, mais il apprécie plutôt l’ambiance détendue de la plage à la nuit tombée. “Il remonte à quand, ton dernier rencard ?” demande-t-il après quelques secondes d’un silence pensif, incapable de retenir ses pensées plus longtemps. “Le siècle dernier ?” Malgré ces questions, il ne laisse pas la moindre chance à Elias de répondre et reprend déjà la parole.

“Il n’y a pas 164 questions à poser obligatoirement, c’est seulement quelques idées pour discuter de trucs un peu moins barbants que le nom, l’âge ou le travail, justement.” explique-t-il, bien que ça lui semble plutôt évident en fait. “On s’en fiche de savoir quel âge a la personne avec qui tu sors ou ce qu’elle fait de sa vie. Ce n’est pas de sa fiche de poste que tu vas tomber amoureux, mais de la personne qu’elle est réellement… Le but du jeu, c’est d’apprendre à connaître l’autre !” Il se redresse pour prendre la bouteille des mains d’Elias quand ce dernier lui offre, avale une longue gorgée d’alcool avant de reprendre. “Moi, si j’étais Président, je commencerais par faire voter une loi qui obligerait tous les hommes qui me plaisent de coucher avec moi !” Il rit doucement en rendant la bouteille à Elias, espérant sincèrement que l’homme devine tout seul qu’il s’agit seulement d’une blague. “Tu te prends trop au sérieux ! Allez, on en essaye une autre.” De nouveau, il sort son téléphone de sa poche et fait défiler la centaine de questions sur l’écran jusqu’à en trouver une qui lui convienne à peu près. “Ok, celle-là est bien ! Quel est le pire rencard que tu aies jamais eu ?” demande-t-il en baissant le téléphone pour regarder vers Elias. “Moi, c’est facile ! Je suis sorti avec un mec qui a fait une réaction allergique à peu près dix ou quinze minutes après qu’on ait commencé. Finir la nuit aux urgences avec un inconnu, ça n’a vraiment, vraiment rien d’amusant, tu peux me croire… A ton tour ! Et interdiction d’échapper à la question cette fois.”

 

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Si Liam pensait cela impossible, il était pourtant tellement proche de la vérité. Heureusement que je n’eus pas à répondre à ça, qu’il se limita à revenir à ce jeu et son importance. Il en profita même pour répondre à concernant le fait d’être président, m’arrachant un nouveau sourire à cette idée. C’était moi ou l’optique de coucher avec lui car il était président n’était pas si effrayant. Enfin c’était de l’humour, mais ça ne manquait pas de marquer les esprits. Me contentant donc simplement de boire une nouvelle fois quand il me tendit la bouteille, je l’écoutais me raconter son pire rencard avec un mec et clairement je ne pouvais qu’approuver. Se retrouver aux urgences avec un inconnu était sans doute une expérience gênante, et qui ne présageait rien de bon. Lui rendant donc la bouteille, j’avais d’avance un sourire désolé sur le visage lorsque je commençais à lui répondre, « Je te promets que je veux pas fuir, ni que je suis anormal. », commençais-je en me tournant un peu plus vers lui.

« J’ai jamais été très relation. Mes parents voulaient me marier et je sais pas, ça me faisait peur l’engagement, du coup quand j’étais encore célibataire, j’ai jamais eu de rencard, c’était plus des coups d’un soir, deux grand max. Mais vu que je te dois un peu de franchise, je peux te raconter la première fois catastrophique que j’ai eu avec une cheerleader qui était complètement catastrophique et minable avec le recule, ou te raconter le pire coup d’un soir de l’univers. » déclarais-je amusé à cette idée, ça ne ferait peut-être pas l’affaire, mais c’était déjà quelque chose à échanger. « C’était dans un bar ou j’avais vraiment, mais vraiment très faim. » ce début n’était pas très prometteur en soit, « Ne me juge pas, je sais que tu sais ce que ça fait d’avoir vraiment envie d’un truc, mais de devoir se retenir. », ce truc c’était pas moi dans ce cas là ? Si peut-être, mais passons. « Il y avait cette fille, sublime, mais franchement, après avoir parlé deux minutes avec elle c’était évident qu’on irait pas plus loin qu’une nuit, mais au moment de sortir, elle m’a vomit dessus. De une elle était con comme ses pieds et en plus elle a ruiné une chemise que j’adorais. Enfin quoi qu’il en soit je suis rentré seul avec une énorme envie de douche. », après ça, j’évitais les filles trop alcoolisé, enfin c’était valable avant que je me maris. Après j’avais bien une énorme liste de rencard raté avec Lucy, mais quelque chose me disait que reparler de ma femme ne serait pas une bonne idée.

« Ton meilleur rencard ? » me permis-je alors de demander. Pour ma part il n’y aurait pas grand chose à dire, pas grand chose à ajouter. Je n’avais eu que des histoires courtes, banale, rien ne pouvant vraiment me faire envie d’autre chose. « En fait racontes moi ce que ça serait ton rencard idéale. Genre celui qui te fait comprendre que quoi qu’il arrive, l’histoire qui en naitra sera magique. », car quoi qu’il dise ou qu’il fasse, ce mec n’était pas complètement désintéressé. Il y avait forcément des expérience plus agréable qu’une nuit aux urgences et étrangement je voulais les entendre.

“Light and Dark” La réponse d’Elias ressemble vraiment à une blague, malheureusement son air presque désolé suffit à convaincre Liam que ce n’en est pas une. Il le regarde, presque vide, tant il peine à croire que ce soit possible. Comment peut-on passer trente quatre ans sans avoir un rencard ? Même un tout petit, n’importe quoi ? Autant dire que quand l’homme lui pose une question en retour et même si elle est très bonne, l’ingénieur est à des années lumières d’envisager d’y répondre. “Comment tu peux n’avoir jamais eu de rencard ou de vraie copine en trente quatre ans ?!” demande-t-il plutôt, le choc évident dans sa voix. “Sérieusement, si t’existais pas, faudrait t’inventer…” ajoute-t-il en secouant la tête, exaspéré une fois de plus, un sentiment qu’il commence peu à peu à associer à cet homme. C’est impensable pour lui, mais pourquoi mentir sur un tel sujet ? C’est forcément vrai et ça le rend complètement dingue. “Ok, oublie ce que j’ai dit. Considère que ce soir, c’est ton premier rencard, parce que sérieusement, je ne peux pas accepter que tu restes vierge d’une telle expérience pour le reste de ta vie !” Malgré la légère pointe d’humour dans sa voix, il ne plaisante pas et ne demande pas non plus son avis à Elias. Après tout, ce n’est pas parce qu’il demande à l’homme de considérer cette soirée comme tel que quelque chose doit se passe, n’est-ce pas ?

Il prend la bouteille, ne pouvant supporter cette nouvelle information sans une bonne rasade d’alcool et lâche un autre soupir exaspéré quand il l’éloigne de ses lèvres. “Mon rencard idéal, alors…” reprend-t-il après quelques secondes de silence supplémentaire. Mieux vaut qu’il ne reste pas bloqué sur ce qu’il vient d’apprendre ou il risque d’y passer la nuit. Il a tellement de questions. Et sait d’avance qu’aucune réponse ne lui suffira. “Je ne sais pas trop, rien de trop extravagant… Je crois que tout simplement passer une nuit entière à parler sans me rendre compte du temps qui passe, ce serait un bon indice que je viens de trouver la bonne personne.” Ce n’est probablement pas à la hauteur de ce dont rêve la plupart des gens, mais Liam est plutôt satisfait de cette réponse. “Mais bon, je suis le genre de mec à vouloir poser 164 questions à un type que je ne connais pas donc, j’imagine que ce n’est pas trop une surprise. J’aime parler. Mon ex dirait plutôt que j’aime m’écouter parler, mais ce sont vraiment les autres qui me passionnent le plus.” Quand il secoue la tête, cette fois, ça n’est pas la faute d’Elias, mais seulement pour en chasser les tristes souvenirs d’Aiden qui essayent de pointer le bout de leur nez dans son crâne. Pas ce soir, non. Il est peut-être en compagnie du type le plus impossible de l’univers, mais il passe un bon moment et il ne laissera pas cet enfoiré venir tout gâcher.

Une nouvelle gorgée d’alcool termine de chasser le fantôme du soldat de sa tête et Liam reporte toute son attention sur l’homme assis à côté de lui. “Et toi, alors ?” demande-t-il, sans prendre la peine de trouver sa propre question. Après tout, ce n’est pas lui ici qui n’a jamais eu de rencard. “Laisse-moi deviner, tu n’as jamais pris le temps d’y réfléchir avant ce soir, pas vrai ? Tu vas quand même devoir trouver quelque chose, je te préviens. Et peut-être que si c’est dans mes cordes, je ferais en sorte de t’offrir ce rencard de rêve. Que tu puisses au moins profiter de la vie ne serait-ce qu’une fois !” D’un léger rire, il tente de retirer un peu ce qu’il y a de désagréable dans ces mots et vient doucement frapper l’épaule d’Elias de la sienne. “J’arrive pas à croire que tu sois réel…” souffle-t-il, tout autant pensif que moqueur. Il ne va pas s’en remettre, c’est clair.

 

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Bien sûr qu’il ne pouvait pas comprendre, c’était impensable, même pour moi avec le recul d’en être là. Une nouvelle fois je souris, le fait que ce soir soit un premier rencard avec lui était à la fois étrange et définitivement signe que l’objectif était rempli. Je n’allais pas passer une soirée comme les autres, je n’allais pas être l’homme enchainé à une situation. J’aurais presque envie de lui dire merci, mais avant que cela puisse arriver et que je devienne définitivement désespéré, il répondit à ma question d’une façon simple, d’une façon qui avait beau différer du comportement qu’il avait pu avoir avec moi, mais qui collait à l’image que j’avais de lui. Il s’intéressait, peut-être pas de façon si innocente, mais il était cérébrale et c’était quelque chose qui se perdait. « Ton ex est surtout un connard narcissique. » déclarais-je donc sans même avoir su me retenir quand il souligna comment son ex avait pu le juger. Ça ne me regardait pas, je n’avais même pas à parler, mais les gens capable de critiquer ouvertement les autres m’agaçaient et surtout… Liam m’aidait, inconsciemment je pense que je venais de le protéger, même de quelque chose de terminée.

À nouveau il me retourna la question, m’interdisant de fuir tant que je n’aurais pas trouver quelque chose et une fois que cela serait fait, il essayerait de me l’offrir. Je souriais encore, ça en devenait perturbant, mais c’était sans doute l’alcool qui faisait ça. Je ne buvais pas vraiment d’alcool fort et je n’avais jamais vraiment bien su tenir. « Je crois qu’un rencard idéal, c’est celui dont tu n’attends rien, que tu ne planifie rien et que tu laisses simplement les choses venir naturellement. », ça pouvait passer pour une réponse bateau, mais pourtant c’était la vérité, j’avais tellement vécu une vie planifier, encadré que si un rencard devait-être un jour d’actualité, je voudrais que ce soit sans pression, juste une chance, une porte ouverte. « Ça à l’air ridicule, pourtant ça serait réellement quelque chose que j’aimerais. », me penchant pour prendre la bouteille, j’en reprenais une gorgée avant de la reposer un peu brusquement sur la sable, signe que je commençais lentement à être affecté par tout ça. « Je sais pas si c’est le fait d’être irréel à tes yeux, mais j’ai presque envie de remercier le destin de m’avoir fait travailler dans ce café. » déclarais-je en ayant conscience de la portée de mes mots, mais c’était vrai non ? Il était entrain de faire plus que n’importe qui pour moi. « J’ai de la chance d’avoir croisé le chemin d’un mec comme toi et même si c’est juste pour essayer de coucher avec moi, ça change rien à ce que tu fais là maintenant. » avouais-je dans un sourire.

Ce gars n’avait définitivement pas l’air d’être celui qui empirerait les choses. Enfin si peut-être sur le papier, mais dans le fond, le poids qui commençait à se soulever de sur mes épaules, de mon coeur… C’était pas un hasard, cette soirée n’allait peut-être pas me sauver, mais elle me rappellerait sans doute ce que je pourrais gagné en vivant autrement. « Offres moi un rencard de rêve ! » exigeais-je alors sans trop savoir si c’était possible et dans un rire de plus en plus franc. Je réfléchirais aux conséquences demain, là, pour l’heure, rien ne pouvait m’atteindre.

“Light and Dark” L’inattendu. C’est une bonne réponse, qui arrache un sourire à Liam, presque pâle à côté de celui qui lui échappe aux mots qui suivent. Il ne sait pas si le Destin a quoi que ce soit à voir avec ce qui se passe ce soir, si c’est seulement la faute de l’alcool ou d’autre chose, mais l’ambiance commence à changer et pas forcément pour le mieux. Il ne voit pourtant pas le mur vers lequel il fonce à toute vitesse, n’ayant d’yeux que pour Elias qui, lui, est définitivement impacté par l’alcool. “T’es au courant que tu ne tiens vraiment pas l’alcool ?” demande-t-il, pour toute réponse à l’exigence de l’homme. Il n’a toujours aucune idée de quoi faire pour rendre ce moment inoubliable et c’est pire maintenant qu’il sait ce qu’attend Elias. Ou plutôt, ce qu’il n’attend pas. C’est trop de possibilités, trop de pression aussi, puisque pour une raison que Liam préfère ne pas trop comprendre, il tient à ce que le résultat soit à la hauteur des attentes de l’homme. Il est même un peu jaloux de ne pas être encore aussi alcoolisé, puisqu’il ne peut pas encore s’empêcher de se poser trop de questions. Dans l’espoir que ça change assez rapidement, il récupère la bouteille et avale trois longues gorgées de whisky d’une seule traite.

Ce n’est pas encore suffisant pour lui faire perdre l’esprit, mais il s’efforce de prétendre le contraire quand il repose la bouteille dans le sable. “Ok.” souffle-t-il pour s’encourager un peu. Après tout, quand il y réfléchit bien, c’est plutôt facile de marquer des points auprès de quelqu’un qui n’a aucun point de comparaison. Tout ce qu’il peut proposer sera une première pour Elias, même le plus cliché. Rassuré par cette certitude, Liam se relève assez brusquement et se tourne vers l’homme. “Déshabille-toi !” ordonne-t-il avant de commencer à retirer ses vêtements lui-même. Il sait d’avance qu’il va regretter cette décision quand ils seront devant le fait accompli, après aussi, mais on ne peut pas faire plus inattendu qu’une idée qu’il vient juste d’avoir, n’est-ce pas ? “Allez dépêche-toi ! Je te promets que quand j’en aurais après ta vertu, tu le sauras. Tu ne risques rien pour le moment.” ajoute-t-il, pour encourager un peu l’homme à se laisser faire. Cela dit, vu comme il a l’air ivre, ça ne semble pas si difficile de le convaincre de tout et n’importe quoi.

Il abandonne tous sauf ses sous-vêtements dans le sable et attrape la main d’Elias quand il est prêt lui aussi, le tirant plutôt fermement vers les vagues. “Vas-y en une seule fois, ce sera moins douloureux !” conseille-t-il avant de lâcher la main de l’homme pour se jeter à l’eau, littéralement. Dire qu’elle est froide est un euphémisme, mais Liam essaye tant bien que mal de lutter contre l’envie soudaine de faire demi-tour et se contente plutôt de pousser un immense cri quand il refait surface, trempé et glacé, bien vite suivi par un rire. Il bouge quelques secondes pour s’habituer à la température de l’eau avant de retourner auprès d’Elias. “Ça va, c’est assez inattendu pour toi, ça ?” demande-t-il quand il s’arrête à un peu moins d’un mètre de l’homme, distance de sécurité oblige pour s’éviter de commettre une erreur impardonnable. Et honnêtement, la tentation est plutôt forte. Il est même presque sûr qu’Elias ne le repousserait pas s’il tentait quelque chose, mais qu’importe les histoires qu’ils se racontent ce soir, le lendemain finira bien par arriver et Liam doute de ses capacités à oublier. Penser à tout ça n’est vraiment pas une bonne idée, aussi le jeune homme s’empresse-t-il de changer de sujet tant qu’il le peut encore. “Raconte-moi quelque chose sur toi que personne d’autre ne sait.” exige-t-il.

 

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