Il se sentait misérable et idiot… Misérable d’avoir contracté de telles dettes avec des gens aussi dangereux, et idiot de n’en parler que maintenant ? Et en même temps, si Derek ne l’avait pas désigné comme son conjoint, s’il n’avait pas exposé publiquement leur liaison… Cela dit, s’il n’était pas tombé dans les pommes… S’il avait mangé suffisamment et s’était entretenu… Si Derek n’avait pas gâché leur Saint-Valentin… Et s’il n’avait pas pris ces cours de strip-tease…
On refaisait le monde avec des si, malheureusement, et le leur était bien trop construit autour de leurs multiples petites erreurs pour qu’il songe à enlever la moindre pierre.
Parce que s’il n’avait pas fait ce malaise, il ne se serait jamais retrouvé avec Derek sur ce lit trop petit pour eux deux, à s’avouer leurs sentiments… Il n’aurait jamais compris à quel point le milliardaire l’aimait. Et il n’aurait jamais eu le plaisir intense d’être désigné comme le conjoint officiel de Derek.

Alors finalement, même si elle était désastreuse, cette situation lui convenait telle qu’elle était. Mais il tenait quand même à assumer ses erreurs, et il proposa un remboursement au brun qui le refusa net. Ses arguments se tenaient : vu le caractère ombrageux du milliardaire, il risquait effectivement un jour ou l’autre de lui parler de cette dette qu’il avait avec lui, et d’exiger quelque chose en retour et… Thompson se connaissait : lui aussi prenait vite la mouche. Ce serait là un sujet de dispute bien trop brûlant, alors il acquiesça sagement :

« Oui tu as raison. Nous connaissant, il vaut mieux que je ne contracte pas de dette avec toi. Ça nous péterait à la figure un de ces jours. »

Et il ne voulait plus de ce rapport entre eux : il avait suffisamment souffert autrefois quand, rentrant ivre et complétement instable, Derek lui criait qu’il ne vivait que grâce à son argent. Il ne voulait plus jamais entendre cela, donc mieux valait accepter ce don et rabattre son amour-propre quelques temps.
Malgré tout, il réussit à sourire quand Derek lui assura qu’il pourrait devenir millionnaire… Là par contre il n’y croyait pas un seul instant et… Et il ne voulait pas le devenir, surtout pas ! Devenir indépendant, avoir un peu d’argent à lui pour pouvoir s’acheter un petit quelque chose sans avoir à demander à Derek, oui : c’était pour cela qu’il désirait ouvrir cette boutique d’ailleurs et qu’il comptait tout faire pour s’en donner les moyens.
Mais pas avoir des millions en banque parce que si jamais un jour il se fâchait vraiment, si tout cet argent lui montait à la tête, alors il serait en mesure de s’enfuir loin de Derek et à tout jamais. Il connaissait son caractère buté, ses sales manies et ses airs de diva et… Il préférait largement continuer à se sentir un peu prisonnier de Derek que libre de foutre sa vie en l’air.

« Il faut déjà que je les contacte tu sais… Ça ne va pas être facile. Et évidemment si jamais ils me fixent un rendez-vous, je n’irai pas seul. »

Et quand Derek continua de s’inquiéter, il lui sourit tendrement et leva sa main pour venir la passer sur l’épaule d’abord, puis sur la nuque du brun, le massant doucement sans pour autant le distraire de sa conduite.

« Promis je ferai attention. Nous prendrons toutes les sécurités et tu ne me perdras pas. Jamais. Je t’aime trop : même mort je reviendrai te hanter en fantôme. »

Il rit doucement et se redressa en s’apercevant que Derek ralentissait et qu’ils étaient arrivés. La maison était proche de la mer et en voyant le splendide paysage, il s’extasia :

« Attends c’est…. C’est CA la maison ? C’est paradisiaque Derek !!! Oh mon dieu, tu es complétement fou ! » s’exclama-t-il en riant comme un gamin, heureux comme tout.