Le patient inconscient fut aussitôt pris en charge une fois arrivé aux urgences : une infirmière lui prit la tension pendant qu’une autre préparait une intra-veineuse afin d’agir le plus rapidement possible. L’interne qui était de garde ce soir-là prit le dossier que lui tendait l’urgentiste et regarda rapidement les données : fièvre, tension bien trop basse et pouls irrégulier. Il allait avoir besoin d’analyses supplémentaires mais en attendant, il savait qu’il devait absolument stabiliser le métabolisme de l’homme, alors il aboya ses ordres aux infirmières et prit lui-même en charge l’injection d’anti-inflammatoires pendant qu’il demandait une prise de sang de toute urgence.

Il ne resta pas longtemps aux urgences : ils avaient besoin de place et sans résultats des analyses, ne pouvaient rien faire pour lui, alors il fut transféré à l’étage aux soins généraux pendant que l’interne continuait sa folle nuit : la saint-valentin était toujours signe de galères car c’était l’une des nuits qui enregistrait le plus fort taux de suicide, avec Noël et Thanksgiving. Autant dire qu’il n’avait pas arrêté depuis 18h et continuait encore à courir.

Sans nom pour l’identifier, on le baptisa Mister X et il fut placé dans une chambre à un lit en attendant les résultats. Et quand Derek Watts déboula à l’accueil du MB Hospital, on fit vite le rapport entre lui et l’inconnu de la chambre 209 : il tomba au moment même où l’interne, profitant qu’un autre était venu le relever, prenait un café bien mérité. L’infirmière de l’accueil l’apostropha et il s’approcha, prenant d’autorité le dossier du patient avant de se tourner vers Derek :

« C’est donc vous qu’on a contacté pour notre mister X ? Venez, je vais vous montrer la chambre. »

Dans les couloirs, un infirmier le rattrapa pour lui donner des feuilles de résultats et il poussa un cri d’exclamation :

« Parfait, ce sont justement ses résultats… Hum… oui je vois… Bon, ça va aller vite. »

Ils s’approchaient déjà de la chambre et l’interne lui ouvrit tout en disant :

« Nous aurions besoin de son nom et de sa police d’assurance pour payer les frais. Vous le reconnaissez ? »

Thompson était peut-être très pâle en cet instant, mais c’était dur de ne pas le reconnaître, et quand enfin il eut un nom, l’interne le nota sur la feuille avant de reprendre :

« Il a été trouvé inconscient : perte de conscience sans doute dû à ses nombreuses carences. Je n’ai jamais vu ça chez un homme de son âge : à croire qu’il a vécu dans la rue… »

Il ricana pour lui-même, n’y croyant pas, et reprit :

« C’est encore mieux que le loto, ses résultats explosent partout : carences en fer, magnésium, vitamine B2 et B3, vitamines C, vitamines E et en potassium. Il a dû présumer de ses forces en se baladant seul. Alors voilà le topo : nous le gardons cette nuit, le temps de stabiliser sa température trop élevée et de redynamiser un peu son organisme, mais pour la suite, il va devoir sérieusement se reprendre et se mettre à manger ce grand gaillard. Et repos absolu, cela va de soi. De toute façon tout sera détaillé dans l’ordonnance. Vous avez des questions ? Au fait, vous êtes de la famille ? »

Sur la route et en chemin pour sa demeure, son téléphone sonna dans sa poche. Il passa le tout sur le bluethoot de la voiture pour prendre l'appel. Il ne pensait pas que c'était l'hôpital qui pouvait le contacter, et encore moins pour la raison qui lui serait donner. Alors avez-vous déjà vu une voiture roulant dans les 120 a l'heure arrêter brusquement sur le bas côté ? Le tout aura laissé une trace sur la route et Derek écouta un infirmier lui dire qu'un homme venait d'être emmener à l'hôpital, mais n'avait que son téléphone sur lui, et aucun papier. Présageant le pire, Derek ralluma le moteur, enfin tenta car avec l'arrêt trop brusque, il était étouffé son moteur. Quelques sacres et énervement plus tard, la voiture reprit le chemin vers l'hôpital qu'on lui avait donné. Il gara sa voiture dans l'entrée, toute les chances de se faire remorquer, mais c'est la dernière chose qui le préoccupait. Le dernier de ses problèmes.

Rendu à la réception, la voix grave, en colère mais à la fois apeuré, il signala être celui qu'on avait appelé pour l'inconnu retrouvé. Un infirmier viendra à lui, sûrement celui qui s'occupait du cas du patient. « C’est donc vous qu’on a contacté pour notre mister X ? Venez, je vais vous montrer la chambre. » Est-ce l'infirmier qui suivait ? Derek faisait d'immense enjambés, dépassant bien trop souvent l'infirmier et donc la chambre, on dû le ramener a l'ordre. Une fois arivée, Derek se jeta sur Thompson lui prenant la main. « Nous aurions besoin de son nom et de sa police d’assurance pour payer les frais. Vous le reconnaissez ? » Lui n'eut de yeux que pour le malade beaucoup trop pâle. Voir même encore inconscient.

''- Il... il se nomme Thompson McMillian, mais n'a aucun numéro d'assurance. Je vous donnerai le mien pour les frais... et oui je le connais..''

On lui donna ensuite la liste de toute les carences et là Derek fut complètement abattut, mais il grogna a la blague de la rue. Oui, ce fut le cas, et ce n'était guère une raison de se moquer. Le fusillant du regard, il serait prêt a attaqué, mais au lieu de cela, il écouta avant de se tirer une chaise. Les jambes lui tremblaient et il avait lui-même peur de faire une chute.

''- Je... suis son compagnon. Nous emménageons bientôt ensemble... alors... je pense que vous pouvez me mettre comme... conjoint de fait.''

Derek tira une carte de sa poche pour la tendre à l'infirmière.

''- Le numéro de mon adjoint, il vous donnera les numéros que vous avez besoin et ira chercher les cartes de monsieur McMillian. Par contre, faite déménager le malade dans une chambre double. Et vous... enfin voyez le reste avec mon adjoint, il vous posera les questions nécessaires et vous donnera les indications pour la couverture de ma police.''

Tremblant fortement, il posa sa main sur le front de Thompson, le lui caressant, oui, il était son compagnon, il faudrait être aveugle pour ne pas le voir. Mais Derek ne se cacha même pas. D'ailleurs, l'infirmier pourra ainsi lire le nom de Derek Watts, sur la carte, soit un immense donateur de l'hôpital et le plus gros invertisseurs de toute la ville. Vous ne saviez pas que l'homme était gay ? Maintenant il le saura et derek ne s'en cachait aucunement.

''- Chéri... je suis là... Aller... réveille-toi... si tu savais comment je m'en veux. ''

L’interne ne l’entendit même pas grogner, bien trop occupé par les résultats abracadabrants qu’il avait sous les yeux : ce type manquait pratiquement de tout ! Et non seulement c’était extrêmement mauvais et provoquait ce genre de malaises, mais au long cours, ce serait préjudiciable à l’ensemble de ses organes… Il ne savait pas à quel régime il s’astreignait, puisqu’il portait des vêtements corrects et semblait avoir quand même de l’argent, mais il devait absolument le mettre en garde.

Il ne tiqua pas quand l’homme qu’il avait amené jusqu’ici lui dit être son compagnon : à vrai dire, vu comme il lui tenait la main, il l’aurait parié. Il semblait réellement inquiet pour lui et ils n’avaient pas l’air d’être des frères, en tout cas physiquement parlant, donc la deuxième hypothèse se tenait. Il écrivit rapidement les informations dans le dossier et la lumière ne se fit dans son esprit que lorsqu’il aperçut le nom sur la carte tendue.
Bon sang, Derek Watts !!! Le Derek Watts, l’un des plus gros donateurs de l’hôpital ! Même en tant qu’interne, il connaissait cette information, et il se sentit devenir fébrile. Tout d’un coup, l’envie même de rire lui passa illico et il hocha la tête, redevenant tout à fait sérieux.

« Bien Monsieur Watts, cela serait fait dans les plus brefs délais évidemment. Par contre… »

Ramenant le dossier contre lui, il reprit avec gravité :

« Les carences de Monsieur McMillan sont très importantes. Autant vous dire qu’à ce stade, cela devient préoccupant et sa santé risque d’aller en s’aggravant. Et je ne parle pas de malaises accompagnés de fièvre comme aujourd’hui : ses organes vont finir par subir un contrecoup important. Je vous recommanderai de consulter un nutritionniste et très rapidement pour qu’il recouvre rapidement la santé. Pour l’instant, cela va encore : je veux dire, hormis ce malaise, je suppose qu’il vit tout à fait normalement, mais cela ne durera pas s’il ne se reprend pas. Si jamais il suit un régime quelconque, il faut immédiatement l’arrêter. Vous comprenez ? »

Parce qu’il était tout bonnement impensable que le compagnon de Derek Watts vive dans la rue, l’interne ne pensait qu’au régime, sans se douter des antécédents du patient.
Là-dessus, après avoir certifié qu’on s’occuperait au plus vite de transférer Thompson dans une autre chambre plus confortable, il s’empressa de quitter la chambre, les laissant ensemble. Nul doute qu’il allait sûrement prévenir le directeur de l’hôpital que Derek Watts était ici, mais ils avaient quelques minutes devant eux.

Thompson bougea légèrement la tête et entrouvrit les yeux en grimaçant : il avait vraiment mal à la tête et se sentait atrocement lourd. Il voulut porter la main à son front mais quelque chose le retint, et il aperçut l’aiguille plantée dans sa main : il écarquilla aussitôt les yeux en se redressant à demi.

« Mais qu’est-ce… ? » croassa-t-il, en panique totale.

Derek se doutait bien que la situation n'avait rien d'anodine, mais il n'allait pas raconté à cet infirmier la vie qu'avait eut Thompson par le passé. Si ce dernier souhaitait en faire part à son médecin, il le ferait une fois réveillé, mais pour le moment, le milliardaire allait respecté la vie privée de son amant. On écouta les recommandations pour le nutritionniste et l'arrêt du régime, bien que le visage de Derek l'allongea. Il semblait dire : Mais tu rigoles? Cet homme ne suit aucun régime. Par contre, Derek n'aurait jamais cru que la situation était si dramatique. Thompson avait l'argent pour se nourrir, de quoi se payer les meilleurs restaurants, mais voilà, peut-être que justement la nourriture n'était pas suffisante en vitamine et minéraux. Grimaçant, on se maudit de ne pas avoir été assez à l'écoute des premiers signes et Derek remercia le subordonné.

''- Je réveillerai personnel à ce qu'il se nourrisse mieux et davantage. Merci à vous.''

On laissa l'homme s'en aller, car lui était vraiment inquiet pour la santé de son amant et avait peur qu'il ne se réveille jamais. Il fallut plusieurs minutes de patience, avant que Thompson ne sursaute et ne se mettent à paniquer. Derek se leva pour lui poser une main sur le torse, manquerait plus qu'il se débranche des machines. On imposa une force presque brutale et un regard à la fois ferme mais juste.

''- Chut... calme-toi, tu es à l'hôpital. Tu as dû faire une bonne chute, et tu as besoin de repos.''

La main resta en place le temps que Thompson soit calme, et on se rassoit à côté de lui, reprenant sa main pour la serrer.

''- Tu es en carence d'un peu de tout, la liste est tellement longue que j'ai rien retenu, mais tu vas devoir mieux t'alimenter et te reposer pendant quelques jours.''

Plusieurs questions seraient sûrement bonne a être parler, des choix à faire, comme où irait Thompson, ce qu'il allait devoir faire en sortant de l'hôpital, mais tout cela pourrait attendre qu'il soit un peu plus fort. Réalisant que son homme avait peut-être soif, il se releva pour venir lui tendre le verre d'eau et la paille.

''- Je sais, que tu m'en veux, mais écoute... tu ne peux plus me fuir, tu es un peu faible, alors tu acceptes que je m'occupe de toi.''

D'ailleurs, le téléphone de Derek vibrait sans arrêt, mais il ne semblait guère y prêter d'intérêt, seul Thompson comptait pour le moment. Au diable le reste. On allait s'occuper de son amoureux, et bien décider a rester dans la chambre avec lui pour toute la nuit, plus question de le quitter des semelles. Thompson allait devoir endurer la présence de Derek qui était plus qu'inquiet.

Passée la première vague de panique d’avoir vu cette aiguille dans sa main et d’entendre le bip des machines autour de lui, il sentit un bras se plaquer sur son torse et l’obliger à se recoucher. Il était tellement perdu qu’il jeta un regard déboussolé sur Derek et lui obéit, clignant des yeux pour tenter de comprendre ce qu’il lui arrivait.
Bon sang, tout ce dont il se souvenait, c’était de cette ruelle… Les néons d’un bar et… Et plus rien. Le noir total ! Mais qu’est-ce qu’il lui était arrivé ?
Il se força à reprendre doucement sa respiration, essayant de se détendre même si tout autour de lui lui criait qu’il était à l’hôpital : et d’une manière générale, c’était un endroit où les gens n’aimaient pas atterrir. Du moins pas volontairement.
Il hocha la tête et déglutit aux paroles de Derek, tâchant de prendre sur lui pour se calmer. Ainsi donc il était tombé ? Bon sang il ne se rappelait vraiment rien du tout ! Tombé comme ça ? Les seuls souvenirs qu’il avait, c’était d’avoir quitté l’hôtel furieux et d’avoir eu besoin de marcher. Marcher pour échapper aux paroles décevantes de Derek et à sa propre colère…
Colère qu’il ressentait encore au creux de lui, mais plus ténue, plus adoucie. A vrai dire, l’angoisse latente d’être à l’hôpital dominait pour l’instant, mais ce n’était de toute évidence que partie remise.

« Oui, oui… D’accord. »

Il aurait dit oui à n’importe quoi pour pouvoir sortir d’ici de toute façon, il fallait bien l’avouer. Par contre il fut content de voir que Derek avait pensé à sa soif, et il se désaltéra un bon coup : il ne s’était même pas rendu compte à quel point sa gorge était sèche… Sans doute à cause de la perfusion.
Rien que de repenser à cette aiguille en lui, il eut un frisson et détourna le regard pour le poser sur Derek, cherchant à la fois à se changer les idées et à se rassurer. Instinctivement ses doigts se serrèrent autour de ceux du milliardaire, mais quand ce dernier ramena sur le tapis qu’il ne pourrait plus le fuir désormais étant donné qu’il était cloué sur ce lit d’hôpital, il leva les yeux au ciel et soupira.

« Je n’ai rien pour payer l’hôpital… »

Il savait que Derek allait lui dire qu’il payerait pour lui : après tout, cela ne représenterait pas un budget énorme, surtout quand on connaissait la fortune du brun, alors par pure méchanceté, avide d’avoir sa revanche et de rappeler à son amant qu’il était toujours aussi fâché, il ajouta en le regardant droit dans les yeux :

« A moins que ce ne soit quelque chose pour lequel j’ai le droit de dépenser TON argent ? Oui, l’hôpital, c’est une bonne cause hein, quelque chose de… propre. Tu me diras combien de nuits je te devrais pour te rembourser hein, histoire que nos comptes soient équilibrés. »

C’était méchant et de la pure provocation, mais Thompson n’avait pas digéré ce que Derek avait osé lui dire, et il comptait bien le lui faire payer chèrement.

Il allait être important d'être au petit soin pour son homme. On allait devoir pensé à le nourrir, le faire boire, mais commençons par la seconde chose. On posa la paille prêt des lèvres de Thompson pour lui permettre de boire un peu d'eau. Ce qu'il fit sous le regard impérial de Derek qui surveillait. D'un geste, il reposa le verre a moitié sur la petite table avant de se rasseoir tout en rapprochant la chaise du lit. On entrelaça nos mains, avant de sourire le plus beau sourire au monde. Il pouvait maintenant se détendre un peu, voyant que Thompson allait mieux. « Je n’ai rien pour payer l’hôpital… »  Devait-il lui dire qu'il avait été raconter qu'il avait mis conjoint et que de ce fait, il s'occuperait de tout? Peut-être que cette information allait être crucial. Il allait le lui dire mais avant cela, il fallut que Thompson remettre la conversation sur le tapis. Le pourquoi de leur chicane.Derek détourna le visage avant d'hausser l'épaule.

''- Dépends, j'imagine que tu dois être en robe d'hôpital, ça doit d'aller fichtrement sexy avec l'ouverture sur les fesses, mais je doute que ce lit soit suffisamment solide pour le genre d'ébats que nous avons.''

On préféra de loin, user d'une blague volasse pour esquiver la phrase de son beau et il viendra plutôt lui embrasser la main.

''- En fait... je suis peut-être aller dire que... nous.. étions conjoint, alors cela me permets de prendre le tout sur la charge de mes assurances qui couvrent toute les dépenses de soins. Alors, tu ne me devras rien, car ce n'est pas moi qui va payer. Donc, si tu acceptes d'être mon conjoint, mes assurances pourront pouvoir à tes besoins. D'ailleurs, tu seras aussi transférer de chambre, dans un endroit beaucoup plus tranquille et avec des soins plus personnels.''

Lentement, on lui caressa affectueusement le pouce, espérant que Thompson ne lui fasse pas de scène. Après tout, on ne voulait que l'aider et être présent pour lui. Certes, leur chicane avait dépassé les limites du raisonnable, mais il serait con d'en reparler maintenant quand le malade avait plutôt besoin de repos.

''- Je m'en veux... terriblement, et je sais que je n'aurais pas dû m'emporter, alors pour le moment, oublie tout ça, et repose-toi... et saleté de téléphone de merde...''

Cette fois, il le sortit pour en couper la sonnerie, ou même le ferma complètement avant de le ranger dans une poche du veston. Donc plutôt loin de lui.

''- Georges va s'occuper de tout ce qui sera paperasse d'hôpital, tout ce que nous avons à faire, c'est de te soigner. Tu veux bien faire ça? ''

Il lui en voulait encore : en fait, maintenant que ses pensées s’alignaient correctement et qu’il arrivait à réfléchir sainement malgré sa fièvre latente, il sentait revenir à la charge toutes ses émotions de la soirée. La déception, plus forte que tout, puis la colère, la rage et l’humiliation… Il avait été tellement blessé qu’il doutait d’arriver à pardonner facilement à Derek cette fois-ci. Pas quand en quelques mots, le milliardaire lui avait fait comprendre qu’à ses yeux, il était resté cet homme qu’il avait acheté il y avait deux ans de cela et que son statut n’avait guère évolué.

Alors les mots furent plus forts que lui, crachés avec hargne et envie de faire mal au brun. Mais ce dernier esquiva d’une pirouette, feignant de prendre cela à la rigolade et coupant l’herbe sous les pieds de Thompson qui soupira, lui renvoyant un regard noir qui lui montrait bien qu’il n’était absolument pas dupe. Pas quand il avait autant besoin d’extérioriser sa colère !
Derek embrassa sa main et Thompson détourna volontairement la tête, agacé plus que de raison que le milliardaire refuse la confrontation. Mais l’autre reprit la parole et Thompson sentit sa gorge se serrer quand il lui avoua l’avoir déclaré comme son conjoint.

Son conjoint. L’homme officiel de sa vie.
En théorie, on ne pouvait avoir qu’un seul conjoint et… Derek avait donné son nom. Pas celui de Lily-Anne, mais le sien.

Des frissons le parcoururent tout entier et refusant toujours de le regarder, il lui retira sa main et la ramena près de lui. Instinctivement il vint serrer le drap entre ses doigts comme pour retenir l’afflux d’émotions qui l’envahissait. Bon sang, était-ce dû à sa fièvre s’il avait autant envie de pleurer tout d’un coup ? Lui qui détestait se donner en spectacle… Pire que cela, il ne supportait pas d’afficher ses faiblesses, et il s’obligea à serrer ce drap, quitte à s’en faire mal, plutôt que de verser une seule larme.

Mais son cœur était broyé. Partagé entre sa colère et le bonheur incroyable d’entendre Derek qu’il était son conjoint. Pas un prostitué, un amant ou un coup d’un soir qu’il cachait aux autres… Non, son conjoint officiel. Qui apparaîtrait sur les papiers et serait connu de tous.

Il écouta en silence le reste des paroles de Derek, comprenant que le milliardaire semblait vraiment inquiet et voulait surtout qu’il se repose et se soigne. De toute façon, il n’aurait pas le choix ici, et il pressentait déjà que le brun déploierait des montagnes d’attention pour le forcer à prendre soin de lui.

Mais… Son conjoint. Le nom qui apparaîtrait sur la feuille de soin et qui ne serait bientôt plus un secret pour personne…

Il déglutit, sentant une vieille angoisse lui étreindre le cœur qui affola légèrement le moniteur cardiaque. Et tournant toujours le regard de l'autre côté de la chambre, il demanda doucement :

« Derek, si tu déclares que je suis ton conjoint, inévitablement, les journaux vont être au courant… Ils vont en parler, je… Tu ne pourras plus me cacher. Et les journaux people vont hurler partout que tu es gay… Tu t’en rends compte, tu es prêt à affronter ça ? »

Mais de toute façon, même si Derek s’en sentait la force, il y avait encore un autre détail dont il devait absolument lui parler et… le moniteur s’affola un peu plus alors que son rythme cardiaque s’emballait. Il avait tellement honte…

Derek aurait-il dû garder leur relation secrète? La situation de s'y prêtait guère, après tout, avait dit ami ou une relation moins importante, on ne lui aurait pas permis de prendre son compagnon a charge, et on aurait même finit par lui demander de quitter l'hôpital après les temps de visite accordé. En dévoilant le mot conjoint, il en gagnait les avantages, bien qu'il espérait seulement ne pas avoir fauter ou mis Thompson au pied du mur. Derek avait prit sa décision, mais jamais il n'aurait cru qu'on allait devoir mettre Thompson dans cette situation aussi rapidement. Espérons seulement que l'hôpital allait gardé certaine information confidentielle. Pas que cela dérangeait Derek, loin de là, mais c'était pour Thompson qu'il pensait cela. On lui avait clairement dit qu'on ne souhaitait pas cela, mais pour Derek, la situation l'avait obligé à précipitée les choses. Allait-il davantage le détester? Se mordant la lèvre, ce n'était pas son souhait, il voulait que Thompson comprenne enfin à quel point il était important pour lui. « Derek, si tu déclares que je suis ton conjoint, inévitablement, les journaux vont être au courant… Ils vont en parler, je… Tu ne pourras plus me cacher. Et les journaux people vont hurler partout que tu es gay… Tu t’en rends compte, tu es prêt à affronter ça ? » Un vague sourire apparut sur les lèvres du milliardaire. Oui, il s'y était préparé, bien des papiers avaient déjà été écrit. Ce n'était pas rien qui allait surprendre Derek qui s'était déjà bien préparé à cette situation.

''- Ne t'en fait pas pour moi, mes attachés-presses savent plus au moins. Nous attendons seulement le bon moment, et ne ne craint pas les répercussions que cela aura. Ce n'est pas comme si j'étais une vedette ou autres. J'aurais juste de nouveau fan et d'autres moins.''

Son regard fixa les machines, et déjà une horde d'infirmière viendront dans la pièce pour tenter de stabilisé le patient. On écarta Derek, pour mieux injecté des calmants à Thompson, de plus forte dose. Forçant même ce dernier à ce reposer. Des anesthésiants lui furent ajoutés pour faire diminuer la pression et voilà qu'on demanda a Derek d'aller attendre dehors.

''- Quoi... mais... mais... ''

On le poussa vers l'extérieur le temps de s'occuper du patient et de le stabiliser. Suite à quoi, une fois Thompson endormit comme un bébé, on le changea de chambre, même d'étage pour le mettre suite devant un centre d'infirmière.

Pendant ce temps, Derek avait appelé George pour le tenir informer, avant de se retrouver de nouveau dans la chambre, assis à côté de Thompson qui dormait depuis 3h. Des infirmières venaient a chaque heure pour changer les transfusions et voilà que l'ennui prit Derek. Ce dernier sortit son smartphone pour jouer a Candy crush. Le petit bruit des bonbons qui se font fusionné se mélangeait au bruit des machines bien que par moment, Derek cognait des clous de sommeil, mais refusait de dormir sans savoir comment allait Thompson, donc on luttait fortement contre la fatigue. Il aurait pu aller dormir a côté, dans le lit de cette chambre double, mais il s'y refusait, malgré la fatigue et le froid qui l'envahissait.

En temps normal, il aurait juste eu un peu de stress, mais son malaise combiné à sa fièvre emballa son cœur à tel point qu’il vit des infirmières débarquer dans sa chambre avant même d’avoir eu le temps de dire ouf ! Il fallait croire qu’elles avaient été mises au courant de la personnalité qui se tenait aux côtés du patient, et plusieurs d’entre elles jetèrent des regards inquiets vers Derek, espérant qu’il ne retirerait pas ses généreuses donations parce qu’elles s’occupaient mal de son conjoint.
Alors elles firent de l’excès de zèle, malgré les protestations de Thompson qui s’éteignirent bien vite quand elles lui injectèrent des calmants. En quelques minutes, ses paroles furent de moins en moins audible et il s’endormit profondément.
Il ne se rendit compte ni qu’on le changeait de chambre, ni d’étage, plongé dans un sommeil profond et revigorant. Et pendant ce temps, tout le monde fut aux petits soins pour Derek : on lui apporta même des rafraîchissements dans la chambre, comme si c’était là tout ce dont il avait besoin.

Ce ne fut qu’un long moment après que Thompson émergea, et encore, ce n’était pas reluisant : elles y avaient été un peu trop fort dans les doses, et il dû plisser les yeux pour mieux voir Derek. Sa grande silhouette était affalée sur une chaise à côté de lui : dans le couloir, l’obscurité prouvait qu’on était en plein milieu de la nuit…
La nuit de la Saint-Valentin, et lui était cloué dans ce lit, Derek obligé de dormir sur un fauteuil qui n’était pas confortable du tout et… Attendez une minute, ce n’était plus la même chambre ! Ils étaient dans une chambre double !
Mais alors Derek aurait très bien pu dormir dans l’autre lit : pourquoi restait-il là ? Etait-ce pour veiller sur lui et ne pas le quitter un seul instant ?

Incapable d’écouter sa colère, il esquissa un petit sourire fatigué et attendri… Sacré Derek…
Il tendit le bras et vint poser sa main sur celle du géant, attirant son attention.

« Tu vas avoir froid… »

Et comme Derek semblait se redresser, prêt à protester, il lui sourit tendrement et ajouta, lui coupant la parole :

« Je sais qu’aucun de nous n’avait pensé passer notre première saint-valentin comme cela, mais… Si je me pousse, je peux te faire un peu de place. Tu ne voudrais pas venir te mettre au chaud, avec moi ? Promis, je serai sage, mais… »

Son sourire se fit un peu plus rêveur, sans doute dû à l’abus de calmants, et il ajouta en regardant Derek avec amour :

« Tes bras me manquent. Je dormirai mieux avec toi. »

La soirée avait été longue, tout comme les premières heures de la nuit. Derek avait l'habitude de veiller, mais jamais dans un silence qui rappelait la mort. Depuis qu'on avait fermés les lumières pour la nuit, Derek s'était sentit plus oppressés, comme si la fatigue était devenu encore plus importante. Un regard sur Thompson, et cela le réveillait toujours juste assez. Par contre, cela ne le faisait pas se sentir mieux, bien au contraire. Les remords et cette honte de savoir que si Thomp était là c'était à cause de lui. Cette pensée d'auto-destruction lui faisait beaucoup de mal. Il en grognait à chaque fois, et peu à peu, il commençait à sombrer. La fatigue et le froid trop important. Par contre, un bruit le fit sursauter. Ce n'était rien de plus qu'un bruit de couloir. Affolé pour rien, il bu une gorgée de thé encore un peu chaud, y retrouvant un peu de chaleur, mais rien de bien suffisant. De nouveau, ses yeux se fermèrent mais cette fois, ce furent des mots qui le firent se réveiller. Il déposa son téléphone, lequel n'avait plus bouger depuis un moment. « Tu vas avoir froid… » Il était froid, ses pieds étaient semble-t-il congeler dans ses chaussures en cuir, et il aurait bien aimer être sur le bord d'un bon feu.Il voulut dire que tout allait bien, qu'il avait pas si froid, mais on lui refusa les mots. « Je sais qu’aucun de nous n’avait pensé passer notre première saint-valentin comme cela, mais… Si je me pousse, je peux te faire un peu de place. Tu ne voudrais pas venir te mettre au chaud, avec moi ? Promis, je serai sage, mais… » Un petit suspense autour d'eux, mais à quoi pensait Thompson, en plus le lit serait sûrement trop petit. « Tes bras me manquent. Je dormirai mieux avec toi. » Cette fois c'est lui qui succomba au petite douceur de son amour. Il allait venir se coucher à ses côtés. Avant cela, on prit le second lit, en déverrouillant les petites roulettes pour venir le placer a côté du lit. On remit le verrou avant de surveiller la porte. Personne ne semblait les avoir vu.

''- Je t'avertis, j'ai les pieds gelés.''

On retira le veston qui le tenait encore un peu au chaud, et les chaussures aussi, chaussettes humides et froides, on enleva aussi avant de monter sur le lit. En quelques secondes, la bête froide était venus se coller à Thompson. Se jetant les pieds contre les siens qui étaient vraiment tout brûlant. Thompson ferait-il encore un peu de fièvre? Sa peau était si bonne, si bienveillante, qu'on ne pu que s'y réfugier.

''- Désolé... je suis un peu … congelé.''

Juste un peu, un vrai gros et immense glaçon qui faufila les mains sous cette robe d'hôpital qui se donnait visiblement aucune intimité. Fallait pas être pudique pour porter ce genre de chose. On se colla, car malgré le deuxième lit, ce dernier n'était pas assez prêt mais permettait tout au moins, de ne pas tomber sur le sol. Bien qu'on avait une partie des fesses dans le vide.

''- Ça ira pour toi? Je ne prend pas trop de place?''

Mais sa phrase se termina par un baîllement et il posa sa tête contre celle de son ''conjoint''. Diable qu'on était fatigué de cette journée de la St-Valentin.